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  Bachar al-Assad a commencé par souligner qu'il était impossible de procéder à la réforme intérieure sans tenir compte de la situation - troublée - sur le terrain : des mesures radicales immédiates peuvent aggraver le chaos. C'est pourquoi, pour le président syrien, la réforme politique doit aller de pair avec la lutte contre le terrorisme. Mais, ajoute-t-il, elle était prévue et même initié dès avant la crise. Cette dernière a compliqué sinon ralenti le processus réformateur. Pour autant, a rappelé Bachar, [...]



Le discours de Bachar : 2) les réformes & le dialogue avec l’opposition

Par Louis Denghien,



 

Bachar al-Assad a commencé par souligner qu’il était impossible de procéder à la réforme intérieure sans tenir compte de la situation – troublée – sur le terrain : des mesures radicales immédiates peuvent aggraver le chaos. C’est pourquoi, pour le président syrien, la réforme politique doit aller de pair avec la lutte contre le terrorisme. Mais, ajoute-t-il, elle était prévue et même initié dès avant la crise. Cette dernière a compliqué sinon ralenti le processus réformateur.

Pour autant, a rappelé Bachar, malgré les risques de provocations et d’exploitation de la mesure par les groupes activistes, l’état d’urgence en vigueur depuis des années a symboliquement été levé même si l’impact de cette décision a forcément été réduit par la nécessité de faire face aux activités des bandes armées. Mais puisqu’il abordait le chapitre de la répression, le n°1 syrien a répété qu’aucun ordre n’avait jamais été donné de tirer sur des citoyens, fussent-ils des manifestants de l’opposition, et que du côté des forces de l’ordre, l’usage des armes était circonscrit aux cas de légitime défense. Par ailleurs, a-t-il insisté, jamais le gouvernement n’a couvert des abus dans ce domaine, et du reste un « nombre limité de personnes appartenant aux services de l’Etat » ont été arrêtées pour avoir commis ce genre de crimes.

Lutter contre la corruption, une priorité bachariste

En ce qui concerne les réformes, Bachar al-Assad a abordé les points suivants :

-la loi sur les partis a permis et continue de permette l’émergence de nouvelles formations d’opposition : une autorisation a ainsi été accordée « voici quelques semaines », et d’autres autorisations sont en cours.

-une nouvelle loi sur l’administration locale a présidé aux récentes élections municipales, lesquelles, a reconnu Bachar, se sont tenues dans des circonstances très difficiles qui ont affecté le résultat.

-une loi sur l’information permetant une plus grande liberté d’expression est « en passe d’être mise en vigueur« .

-Autre loi, dont le chef de l’Etat a reconnu qu’elle était la plus importante à ses yeux, celle ayant trait à la lutte contre la corruption. C’est, admet-il, « la seule à être en retard » car elle nécessite un examen minutieux des nombreux aspects de la question. Bachar s’est assez longuement étendu sur un sujet qui lui tient manifestement à coeur, et qui a été du reste au coeur des critiques entendues au début du mouvement, au printemps dernier : « Je veux voir la lutte contre la corruption se réaliser via les canaux juridiques normaux pour parvenir à une solution touchant des millions de Syriens« .

-Autre (vaste) chantier, déjà assez avancé, la réforme de la constitution. D’après Bachar, le comité chargé de plancher sur le dossier est arrivé « aux dernières phases » de son travail : le nouveau texte entérinera le passage à un multipartisme plus effectif, et consacrera le principe que la source de tout pouvoir est dans la volonté du peuple, ce à travers des élections pluralistes. D’ailleurs le projet de constitution sera soumis à référendum, puis le texte sera promulgué deux ou trois mois après le référendum ; dans la foulée de la dite promulgation auront lieu les élections législatives.

Pour un « élargissement » politique du gouvernement

Passant de l’institutionnel et du cadre juridique à la politique concrète, Bachar al-Assad a rejeté l’idée d’un « gouvernement d’union nationale », au motif que le pays, quoiqu’en dise la propagande adverse, n’est pas ou plus divisé sur l’essentiel : « Nous avons aujourd’hui de nouvelles cartes politiques. De nouvelles forces politiques sont apparues que nous devons prendre en considération ; certains proposent de les impliquer au gouvernement alors que d’autres insistent pour les rejeter dans l’opposition. Moi je dis que le gouvernement est celui de toute la patrie et non celui d’un parti ou d’un Etat, et tout élargissement de la participation au gouvernement est mieux pour l’intérêt national. » « L’élargissement du gouvernement, poursuit Bachar, est donc une bonne idée et nous accueillons favorablement la participation de toutes les forces politiques ».

Et le président syrien affirme avoir déjà reçu des réponses positives de la part de « certaines forces politiques« . De là, le président s’est étendu sur le sujet de l’opposition, qui ne doit pas être installée dans des ambassades étrangères ou prendre ses consignes de l’extérieur. Qui ne doit pas non plus essayer de tirer des avantages personnels des négociations qu’elle pourrait avoir avec le pouvoir. Bachar ne veut pas non plus d’une opposition qui se cacherait pour dialoguer avec lui, de peur des réactions d’autres forces politiques.

A ce sujet, Bachar al-Assad semble avoir pris un engagement ferme : « Nous n’avons pas de problème avec le dialogue, même avec les forces hostiles, si  celles-ci viennent en Syrie et nous leur donnerons toutes les garanties, sans restriction« . Cette main tendue s’adresse-t-elle à certains éléments du CNS, on ne le sait pas encore… Du reste, répète Bachar, la première phase du « dialogue national » initié par le régime à partir de l’été dernier a déjà concerné une « partie » de cette opposition. Mais une autre partie, déplore-t-il, n’y est pas encore prête, ou plus exactement pas prête à le faire ouvertement.

Pour conclure sur ce thème du dialogue avec l’opposition responsable, Bachar al-Assad a dit que la Syrie avait besoin de « tous ses fils sincères« , quelles que soient leur appartenance politique, et il a tiré une morale à lui de cette longue et douloureuse crise : « Les dix derniers mois ont été très utiles, en dépit de tous les malheurs, car le peuple syrien a prouvé qu’il était conscient et qu’il pouvait donner l’exemple d’un Etat moderne« .

 

Nous consacrerons demain un article à la dernière partie de ce discours.



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1 commentaire à “Le discours de Bachar : 2) les réformes & le dialogue avec l’opposition”

  1. Nouh dit :

    C’est, admet-il, « la seule à être en retard » …
    On se demande pourquoi… 🙂

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