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  En Syrie, les partisans du régime continuent de se mobiliser. Mercredi 20 juillet un meeting a réuni plusieurs milliers de jeunes au stade Tichrine de Damas, sur le thème "La loyauté à la patrie". L'occasion d'exprimer une exaltation patriotique de plus en plus "rodée" depuis le début de la crise, avec des prestations sportives et militaires (voir photo ci-dessous).   La dérive américaine d'Al-Jazeera Moins spectaculaire mais plus originale est la plainte déposée par un collectif de jeunes Syriens pro-Assad contre la chaîne [...]



Dépôt de plainte symbolique et néanmoins motivé contre al-Jazeera

Par Pierre Marulaz,



Foule en liesse pour Bachar al-Assad

 

En Syrie, les partisans du régime continuent de se mobiliser. Mercredi 20 juillet un meeting a réuni plusieurs milliers de jeunes au stade Tichrine de Damas, sur le thème « La loyauté à la patrie ». L’occasion d’exprimer une exaltation patriotique de plus en plus « rodée » depuis le début de la crise, avec des prestations sportives et militaires (voir photo ci-dessous).

 

démonstration hippique et patriotique à Damas

La dérive américaine d’Al-Jazeera

Moins spectaculaire mais plus originale est la plainte déposée par un collectif de jeunes Syriens pro-Assad contre la chaîne satellitaire, qatarie et assez largement désinformatrice al-Jazeera. Parmi les « charges » retenues contre ce média : falsification des faits et incitation à la subversion. Et de fait, même sans avoir sa carte du parti Baas ou faire partie du clan al-Assad, on doit constater qu’Al-Jazeera a dès le départ des troubles en mars dernier pris fait et cause pour les opposants, et notamment les plus violents, mettant toutes les victimes des troubles au passif des forces de l’ordre, niant l’existence d’activistes salafistes armés et, bien sûr, passant sous silence les manifestations de soutien au régime. Quand on se souvient qu’al-Jazeera s’est créée pour briser le monople de CNN et autre Skynews sur l’information satellitaire en continu et donner un regard « arabo-musulman » sur l’actualité internationale, et notamment celles du Proche et du Moyen-Orient, on mesure la déception d’un certain nombre d’Arabo-musulmans, et on s’explique mieux aussi les démissions récentes d’un certain nombre de collaborateurs de premier plan comme Ghassan ben Jeddou, responsable du bureau de Beyrouth, Faycal Kacem, animateur de l’émission-phare al-Ittidjah al-mouâakass (« Sens inverse »), Jamil Azar, présentateur-vedette, ou encore Abbas Nasser.

Ghassan ben Jeddou (à gauche) vedette démissionnaire d'al-Jazeera

Ghassan ben Jeddou (à gauche) vedette démissionnaire d'al-Jazeera

Faycal Kassem, autre "star" d'al-Jazeera parti pour cause de dérive (pro-américaine) de l'information

Faycal Kassem, autre "star" d'al-Jazeera parti pour cause de dérive (pro-américaine) de l'information

al-jazeera

Maître de conférence à l’Insitut d’Etudes Politiques de Paris, le politologue Mohamed el Oifi a pu estimer tout récemment, à propos de la couverture faite par la chaîne des événements de Syrie, d’Egypte, du Liban ou de Libye, qu’al-Jazeera mêlait allègrement « engagement et militantisme« . Un militantisme, en l’espèce, clairement anti-Baas, que la chercheuse à Sciences-Po Claire Talon, auteur d’un livre sur la chaîne qatarie (1), explique notamment par les « relations troubles » que celle-ci entretient avec l’administration américaine : dans un entretien à l’hebdomadaire Témoignage chrétien, elle explique notamment que les cassettes audio ou vidéo censées illustrer les positions d’al-Qaida et dont al-Jazeera s’est fait une sorte d’exclusivité, sont soumises, avant diffusion, au visionnage de l’ambassade américaine au Qatar. Du reste, l’ambassadeur américain à Doha a publiquement reconnu qu’al-Jazeera était un « outil diplomatique efficace« . L’avis d’un professionnel en quelque sorte. Et il n’y a pas que ce que dit – quitte à mentir – la chaîne, il y a ce dont elle s’abstient soigneusement de parler, par exemple la répression sanglante de la révolte du peuple de Bahrein par l’Arabie Saoudite.

Arabe, certes, mais liée « génétiquement » au Qatar et aux monarchies du Golfe alliées et clientes des Etats-Unis, al-Jazeera – on peut le dire au terme de quatre mois de la situation syrienne – a assez largement trahi sa mission. Avec une chaîne « arabe » ce ce tonneau, on n’a pas besoin de CNN !

(1) Al-Jazeera : liberté d’expression et pétromonarchie, Presses Universitaires de France, 280 pages, 20 euros.



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7 commentaires à “Dépôt de plainte symbolique et néanmoins motivé contre al-Jazeera”

  1. khalfi dit :

    Pour le moment, ellle reste ‘Une Ile » mais elle ne tardera pas à être Déserte!

  2. khalfi dit :

    Al Jazeera n’appartient même pas au prince du Qatar puisque ce dernier appartient à Bandar Soltan!

  3. khalfi dit :

    Bandar Soltan qui, lui, appartient au Grand Sanhédrin de New York!

  4. khalfi dit :

    Le Grand sanhédrin qui, pour compenser la perte du canal de Suez, fête la conquête de cet autre canal qu’est(était?) Al Jazeera!

  5. mouaten dit :

    D’autant plus que les relations diplomatiques entre les deux pays viennent tout juste d’etre rompues le 18 juillet
    http://www.france24.com/fr/20110719-syrie-diplomatie-qatar-bachar-al-assad-manifestations-regime-repression-al-jazira-ambassade-egypte-moubarak

  6. JPierre dit :

    Merci d’avoir créé ce site spontané, dont on sent bien qu’il est bricolé à la va-vite, et non pas formaté, tels ces sites de propagande/communication comme on peut en trouver à propos de la Corée du Nord. Ici, enfin, des gens qui osent afficher leurs opinions en signant de leurs noms, les articles qu’ils rédigent. Heureusement que vous êtes là pour protéger la démocratie syrienne (coup de bol, le multi-partisme vient juste d’être autorisé), qui risque de tomber sous les attaques d’Al Qaida. Tenez bon les gars !

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