• Actualité
  •  

"La communauté internationale exige de plus en plus d'une seule voix la fin immédiate de la violence". Vous l'aurez deviné, amis lecteurs, cette grave déclaration de Victoria Nuland, porte-parole du Département d'Etat américain, faite le lundi 29 août, ne concerne ni la Libye, ni l'Irak, ni le Yémen, ni le Pakistan, ni la Somalie, mais bien la Syrie, apparemment épicentre mondial du Mal, une Syrie dont le président, assure la même voix impériale,"est de plus en plus isolé". Rien de bien [...]



Front diplomatique : la dialectique du « de plus en plus »

Par Louis Denghien,



Victoria Nuland, porte-parole d'Hillary Clinton : un discours "de plus en plus" mensonger et inopérant

Victoria Nuland, porte-parole d'Hillary Clinton : un discours "de plus en plus" mensonger et inopérant

« La communauté internationale exige de plus en plus d’une seule voix la fin immédiate de la violence« . Vous l’aurez deviné, amis lecteurs, cette grave déclaration de Victoria Nuland, porte-parole du Département d’Etat américain, faite le lundi 29 août, ne concerne ni la Libye, ni l’Irak, ni le Yémen, ni le Pakistan, ni la Somalie, mais bien la Syrie, apparemment épicentre mondial du Mal, une Syrie dont le président, assure la même voix impériale, »est de plus en plus isolé« .

Rien de bien nouveau sous le soleil international

Il faut apprécier à sa juste valeur ce « de plus en plus » : il exprime tous les espoirs de Washington et de ses comparses, alors que le mouvement de contestation intérieure tend à s’étioler. C’est de l’extérieur, par les pressions et menaces diplomatiques et les mesures d’asphyxie économique, que de la Maison Blanche à l’Elysée en passant par la Downing Street, on espère faire »évoluer » la situation syrienne.

Au fait, sur quoi repose le « de plus en plus » ? Il y a bien sûr, outre les positions bien connues de Washington et de l’Union européenne, les gesticulations de l’ONU et de son Haut commissariat aux Droits de l’Homme, plus sensible, en tout cas plus réactif, à la situation de l’opposition syrienne qu’à celle de la totalité de la population palestinienne. Mais enfin, rien de neuf sous le soleil de New York depuis deux ou trois semaines (voir notre article « ONU : la mascarade continue !« , mis en ligne le 23 août).

Il y a les provocations verbales de la Turquie, dont le président Abdullah Gül a déclaré dimanche 28 que son pays « ne faisait plus confiance au régime de Damas« . Mais là encore, rien que nous ne sachions déjà depuis cinq ou six mois. Apparemment, Ankara ne fait plus confiance non plus au régime de Bagdad, puisque l’aviation turque a lancé depuis le 17 août plusieurs raids contre les militants kurdes du PKK, raids qui auraient fait, selon l’armée turque, 250 morts  dans les rangs séparatistes kurdes, des Kurdes irakiens qui intéressent moins Washington que leurs frères syriens. Mais l’on ne sache pas que malgré sa jactance, le gouvernement turc ose jamais envoyer ses bombardiers dans le ciel syrien.

Il y a surtout la montée en ligne de la Ligue arabe, qui a demandé, dimanche 28 août, à ce que le gouvernement syrien mette fin « au bain de sang » et qui va d’ailleurs envoyer à Damas son secrétaire général. Mais comme nous le disions (voir notre article « La Ligue arabe sous influence…« , mis en ligne le 29 août), et comme le reconnaissent d’autres observateurs, la Ligue n’a certes pas l’intention d’exclure de ses rangs la Syrie, et elle ne fait que se « couvrir » vis-à-vis de Washington – même si l’on peut regretter qu’elle en soit encore là, après l’Irak et pendant la Libye !

Quand Washington enrôle – indument – Medvedev sous sa bannière

Bachar al-Assad lisant le message - largement amical - de Medvedev, lundi 29 août

Bachar al-Assad lisant le message - largement amical - de Medvedev, lundi 29 août

Il y a enfin, et c’est le « joker » brandi lundi par Miss Nuland, « la préoccupation exprimée par le président russe Dimitri Medvedev« .

Sauf que ce même lundi, un émissaire du même président Medvedev, le diplomate Mikhaïl Bogdanov, a remis à Bachar al-Assad un message dans lequel le numéro 1 russe réaffirmait…

1) son soutien à la politique de réformes menée par le président syrien,

et 2) l’opposition des russes, à l’Onu et ailleurs, aux pressions diplomatiques ainsi qu’aux mesures portant sur le gel des avoirs de Bachar à l’étranger et sur un embargo sur les armes à destination de la Syrie.

Comme le rappelle à ce sujet Le Monde.fr, la Russie, avec la Chine et quelques autres, reproche aux Occidentaux d’avoir utilisé la résolution de l’ONU sur la Libye pour faire la guerre dans ce pays, « et veut éviter le même résultat en Syrie« . Car le « résultat » libyen n’est pas brillant, la guerre civile n’étant pas terminée, et les orientations du CNT de Benghazi étant rien moins que claires, du fait de son hérérogénéité clanique et idéologique.

Pour en revenir à la Syrie, on constate qu’elle n’est pas « de plus en plus » isolée. En revanche, ses ennemis sont « de plus en plus » fébriles et menaçants, la contestation intérieure étant « de moins en moins » vivace !

 

 



Vous pouvez suivre les réponses à cet articles avec le flux RSS.
Vous pouvez répondre, ou faire un lien depuis votre site.

7 commentaires à “Front diplomatique : la dialectique du « de plus en plus »”

  1. Mohamed dit :

    Et le ciel va s’éclaircir « de plus en plus » et la vérité va s’éclater de « plus en plus »…
    Merci Mr Louis.

    • Souriya ya habibati dit :

      Sans oublier que la rencontre avec Mikhaïl Bogdanov a été émaillée d’éclats de rire. Vive la Syrie wakul ‘am et antom bikheir.

  2. Briouzga dit :

    Quelques détails supplémentaires sur la teneur du message du Président de la Fédération de Russie Dmitri Medvedev que son vice ministre des Affaires étrangères a transmis à Bachar al-Assad:

    http://french.ruvr.ru/2011/08/30/55399036.html

    De fait une des clés de la crise actuelle en Syrie est sans doute de la part des autorités de répondre le moins possible par la violence aux provocations quelles qu’elles soient. Plus facile à dire qu’à faire.

    • sowhat dit :

      « Plus facile à dire qu’à faire. »

      oui vous avez raison. L' »opposition » le sait. Ainsi que les puissances étrangères qui la soutiennent et qui n’ont eu de cesse de jeter de l’huile sur le feu et de dénigrer les réformes.

  3. Cécilia dit :

    Une rencontre bien amicale, « émaillée d’éclats de rire » comme l’avait noté, à juste titre, sourya ya habibati.

    Merci pour toute l’équipe pour ce travail!

    D’après Antoine Sfeir au Nouvel Observateur (article un peu ancien du mois de mars, mais toujours valable), aucune carte à jouer contre Damas.

    Peut-être pour cette raison, aucun journal ne lui demande plus son avis sur la Syrie!!!!

    Je vous laisse le lien:

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/les-revolutions-arabes/20110427.OBS1956/antoine-sfeir-il-n-y-a-aucune-carte-a-jouer-contre-damas.html

  4. Christian dit :

    Dommage que les Egyptiens et les Lybiens n’aient pas accueillis BHL avec des tartes… voir cette vidéo sur youtube… il fourre son nez un peu partout.

    http://www.youtube.com/watch?v=zoKijIoVKG0

  5. Cécilia dit :

    A Louis,

    Merci pour votre intervention à propos des commentaires de « jundoallah ».

    Je confirme ce que j’avais dit à propos de ce pseudo qui est aussi le nom
    d’un organisme terroriste proche d’al-Qaida qui a des branches armées un peu partout.

    Je vous laisse un lien sur ce sujet. Bien entendu je peux trouver d’autres informations complémentaires si vous jugez nécessaires.

    http://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=http://english.aljazeera.net/news/middleeast/2010/06/201062074140996374.html&ei=43xdTovgLoLrOfPBwOwC&sa=X&oi=translate&ct=result&resnum=7&ved=0CFoQ7gEwBg&prev=/search%3Fq%3Djundallah%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26hs%3D8kE%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26prmd%3Divns

    Bien Cordialement

Commenter