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Ce n'est pas exactement une surprise, mais la Russie a officiellement condamné, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le 2e sommet des "Amis de la Syrie" qui réunissait autour du gouvernement turc et de ses protégés du CNS, les Occidentaux et leurs relais arabes anti-syriens. Sergueï Lavrov pointe les tentatives de sabotage du plan Annan par ceux-là même qui ont réclamé à cors et à cris son acceptation par Damas. Et qui maintenant que Damas l'a officiellement [...]



La Russie dénonce les vrais-faux « Amis de la Syrie »

Par Guy Delorme,



Qui peut croire, de vous à nous, que cette femme, et le pouvoir qu'elle représente, veut le bonheur et la dignité des Syriens, et des Arabes en général ?

Qui peut croire, de vous à nous, que cette femme, et le pouvoir qu'elle représente, veut le bonheur et la dignité des Syriens, et des Arabes en général ?

Ce n’est pas exactement une surprise, mais la Russie a officiellement condamné, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le 2e sommet des « Amis de la Syrie » qui réunissait autour du gouvernement turc et de ses protégés du CNS, les Occidentaux et leurs relais arabes anti-syriens. Sergueï Lavrov pointe les tentatives de sabotage du plan Annan par ceux-là même qui ont réclamé à cors et à cris son acceptation par Damas. Et qui maintenant que Damas l’a officiellement accepté, hurlent leur impatience et leur « scepticisme« , pour reprendre un mot américain.

La Ligue arabe contre Kofi Annan !

« Tout le monde a soutenu le plan de Kofi Annan, observe le chef de la diplomatie russe, mais les décisions prises lors de la réunion des « Amis de la Syrie » et leur volonté d’armer l’opposition et d’imposer de nouvelles sanctions sapent les efforts de paix« . Et c’est vrai que le sommet d’Istambul, qui a surtout servi d’opération de promotion du CNS, a été placé sous le signe global du scepticisme militant quant à la mission de Kofi Annan, et quant au désir du gouvernement syrien de jouer vraiment le jeu. Un scepticisme à sens unique, car ni Hillary Clinton, ni Alain Juppé ni Recep Tayyep Erdogan n’ont demandé à leurs obligés du CNS de donner un signe de bonne volonté quant à leur acceptation  d’un cessez-le-feu, ou du plan Annan dans sa globalité. Une attitude qui va jusqu’à l’absurdité quand on sait que Nabil al-Arabi, n°1 de la Ligue arabe qui patronne théoriquement avec l’ONU la mission Annan, a pris la parole à Istambul pour demander aux participants du sommet de faire pression sur le Conseil de sécurité pour que celui-ci prenne des mesures « contraignantes » contre le gouvernement syrien ! Ou comment savonner la planche de son émissaire Kofi Annan ! Avec des soutiens comme ça, ce dernier risque de passer d’une tache difficile à une mission impossible.

Un binôme diplomatique d'un type nouveau : Kofi Annan négocie avec Bachar et Nabil al-Rabi attaque Bachar, tout ça dans le cadre d'une mission commune !

Un binôme diplomatique d'un type nouveau : Kofi Annan négocie avec Bachar et Nabil al-Rabi attaque Bachar, tout ça dans le cadre d'une mission commune !

Pour résumer, c’est en menaçant Bachar du Conseil de sécurité, en redorant le blason terni d’une tendance radicale isolée comme le CNS, et en ne lui demandant aucun geste de bonne volonté, en finançant ouvertement l’opposition extrémiste et donc les groupes armés, que les soi-disant « amis » occidentaux, turcs et qataro-séoudiens de la Syrie comptent faciliter la paix et le dialogue ! Une absurdité que ne pouvait manquer de relever Sergueï Lavrov : « Il est clair que même si l’opposition était armée jusqu’aux dents, elle ne vaincrait pas l’armée syrienne et que cela mènerait à des massacres et une destruction réciproque pendant de longues, longues années » a-t-il ajouté. Et payer des Kalashnikovs et des armes anti-char à l’ASL comme le font les pétro-monarques, ce n’est pas vraiment encourager un dialogue pouvoir-opposition ! Quant à la France sarkozyste, sa contribution à l’effort de paix et de détente en Syrie va consister, comme l’a claironné Alain Juppé, à organiser « dans les deux prochaines semaines » une réunion où seraient discutée de nouvelles sanctions et des modalités de leur application : sanctionnons et insultons d’abord, négocions ensuite, c’est la formule (pas vraiment) gagnante du Quai d’Orsay sur le dossier syrien.

A vrai dire l’attitude dénoncée par Lavrov n’est pas nouvelle. Les mêmes avaient consciencieusement saboté, en janvier dernier, la mission d’observation de la Ligue arabe qu’ils avaient exigée des semaines durant, à partir du moment où cette mission  commençait à faire vraiment son travail, avec autant d’objectivité qu’il était possible, et arrivait à des conclusions qui ne satisfaisaient ni Washington, ni Londres, ni Paris, ni Ankara ou Doha.

Ce demi-événement diplomatique du sommet d’Istambul n’est qu’une nouvelle démonstration de ce que les Américains et leurs suiveurs ne veulent qu’une chose, n’ont qu’un seul objectif qu’ils continuent de se fixer malgré leurs déboires répétés : la chute de Bachar al-Assad et de son régime. Et que toute leurs revendications officielles en faveur de la paix civile et de la démocratisation de la vie politique en Syrie ne sont que des leurres médiatiques.

On en est arrivé au point où même si Bachar al-Assad – ce qu’à Allah ne plaise – offrait un poste de ministre à Burhan Ghalioun ou au chef des Frères musulmans syriens, la coalition pro-occidentale dénoncerait encore sa mauvaise volonté ou sa duplicité ! C’est bien pourquoi le gouvernement syrien doit, comme d’ailleurs les Russes et les Chinois, laisser aboyer en vain ces chacals anxieux de stopper la caravane de l’apaisement, et négocier avec Annan et l’ONU que dans un cadre politique et militaire très strict : en clair, l’armée ne se retirera des zones à risques qu’une fois que celles-ci auront été purgées des djihadistes et des volontaires islamistes étrangers. A prendre ou à laisser.



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23 commentaires à “La Russie dénonce les vrais-faux « Amis de la Syrie »”

  1. Jo dit :

    Regardez la sorciere sur la photo , on aurait dit le diable avec son haut rouge

  2. samuel dit :

    Il ne peut pas avoir de «faux-vrais» amis de la Syrie, puisque le nom originaire est «les amis du peuple syrien».

  3. malja dit :

    depuis 13 mois le peuple des « hommes debouts » n’a pas plié un genoux ce n’est pas maintenant qu’il va le faire. Libres aux saoudiens et aux quatari de se complèrent comme kelb d’USrael; Ils peuvent toujours aboyer ils ne font pas peur au hommes libres qu’ils ne pourront jamais acheter avec leur monnaie de singe américaine.

  4. Mohamed Ouadi dit :

    Haytham Mannaa, sur la chaîne Al Alam TV :
    La coordination nationale est invitée, officiellement, à se rendre en visite en Russie pour des consultations avec les responsables russes, le 17 du mois. La coordination émet le souhait que soit entendu l’appel du parlement syrien, et que soient reportées les élections législatives du 07 mai prochain pour ne créer un fait accompli !!

    • Charles dit :

      Impayable ! Haytham al-Mana réclame la prolongation de l’ancien régime. Surtout pas d’élections ! pas de démocratie ! Dans quelques semaines il va demander la résurrection de Hafez, le retour du père (fouettard) au pouvoir. C’était le bon vieux temps, on était tranquillement installé dans son statut douillet d’opposant occidenté… Eh oui, il y a tellement de candidats pour ces élections, qu’ils ne restera aucune place pour les représentants autoproclamés comme Haytham al-Mana après le 7 mai : c’est tout le fait accompli qu’il craint.
      Le 29 février 2012, à Rome, à la suite d’un colloque sur le « printemps arabe », Haytham al-Mana a donné une conférence de presse. La vidéo se trouve sur le site de la Coordination Nationale pour le Changement Démocratique (http://syrianncb.org/2012/03/02/importante-convegno-a-roma-sulla-primavera-araba-parla-haytham-al-manna-leader-dellopposizione-rivoluzionaria-siriana/). À propos de la nouvelle constitution syrienne, Haytham al-Mana dit : « Tous les noms que vous entendez dans les médias des dirigeants de l’opposition syrienne à l’étranger, la nouvelle constitution leur donne un seul droit, peut-être maire d’un petit village. Je peux être maire dans le village de mon père, je n’ai pas le droit d’être ministre, candidat à l’assemblée du peuple, ou dans un poste de responsabilité important, premier degré et deuxième degré de l’administration. Il y a des articles uniquement fixés dans cette constitution pour les dirigeants de l’opposition en exil. » Les innovations de la nouvelle constitution (majoritairement approuvée) ne retiennent pas l’attention de Haytham al-Mana, tout ce qui l’intéresse ce sont les dirigeants autoproclamés de la prétendue opposition en exil, c’est son sort personnel et le poste de ministre auquel il vise. Haytham al-Mana a lu la nouvelle constitution en y cherchant si anxieusement son mon et les noms des personnes de sa (très haute) qualité qu’il a fini par les y voir. Mais il fabule et se fait trop d’honneur : la nouvelle constitution ne cite bien évidement aucun nom — pas même des éminents Syriens vivant à l’étranger se prétendant « dirigeants de l’opposition en exil ». Cette omission est sans doute un crime aux yeux de ces prétentieux, qui ne dirigent rien d’autre que leur petit club personnel de rancuniers nombrilistes, et se font mener par le bout du nez (ils ont d’abord suivi le CNS…). La nouvelle constitution interdit aux Syriens qui ont une double nationalité d’occuper les postes de président de la République, de vice-président, de président du Conseil des Ministres, de vice-présidents du Conseil des Ministres, de ministres ou d’être membre de l’Assemblée du Peuple ou à la Haute Cour Constitutionnelle (article 152). Ce type de disposition se trouve en d’autres États ; par exemple en Australie un double national ne peut être élu sénateur ni représentant. La nouvelle constitution interdit aussi aux Syriens susceptibles d’avoir des attaches à l’étranger de devenir président de la république ; pour se présenter il faut être de nationalité arabe syrienne de naissance, de parents de nationalité arabe syrienne de naissance, ne pas être marié à une non syrienne et résider en permanence dans la République Arabe Syrienne depuis au moins dix ans au moment (article 84). Ce type de disposition se trouve en d’autres États, par exemple aux USA un citoyen né à l’étranger ne peut être élu président.

      • mécréante dit :

        Rappel, pour devenir président de la république il faut aussi être musulman, d’après la nouvelle constitution !
        Converti depuis combien de temps ?
        L’histoire ne le dit pas.

        • Charles dit :

          Autres rappels : à part le Portugal et la France, tous les pays d’Europe font référence au Dieu chrétien dans leur constitution et leurs serments ; la moitié des jours fériés en France sont des jours catholiques ; le drapeau de l’Union européenne est le voile de la Sainte Vierge Marie mère de Jésus-Christ, etc. On aurait aimé que la Syrie fasse mieux relativement à la religion, certes, mais elle ne fait pas pire les démocraties européennes.

          • mécréante dit :

            D’abord ces pays ne sont pas une référence, même leurs religion vient de chez nous !
            Et « font référence au Dieu chrétien » c’est pas exiger une religion pour une fonction

        • NO PASARAN dit :

          Bien vu ! Il suffit de 5 minutes au Palais de Justice pour devenir musulman !!!

      • NO PASARAN dit :

        Un seul mot : MERCI, Charles !!! On n’a pas besoin d’opportunistes !!! Hop, je vis depuis x années en France et puis je reviens au bercail par un coup de baguette magique !

        L’opposition oublie une chose : l’un des rôles de l’opposition est également de faire de l’opposition constructive, pas de briguer des postes !!!

  5. Cohen dit :

    Bon Samuel ! ton opinion à propos de la grève des étudiants au Québec ?

  6. passionario dit :

    Pour mieux vous éclairer: un article de Sami Kleib
    Syrie : Le dialogue doit avoir lieu en Syrie et sous l’égide des Syriens
    Face à l’effarante entreprise de mystification qui dure depuis plus d’un an et qui a maquillé un terrorisme d’une cruauté jamais égalée sous les traits d’un mouvement de libération du peuple syrien, peut-on croire en un plan de paix qui fixe une date butoir à une semaine ? S’exprimant avant l’intervention de Kofi Annan, Sergueï Lavrov avait déclaré que « les ultimatums et les délais artificiels sont rarement utiles », est-il déraisonnable de penser qu’il savait qu’il ne serait pas entendu ?
    Sami Kleib nous dit : « Ce n’est pas par hasard que M. Kofi Annan a été choisi pour résoudre la crise syrienne. Il est attendu, de cet ancien Secrétaire général de l’ONU, qu’il incarne la convergence des intérêts », mais qui aujourd’hui pourrait situer les points de convergence entre toutes les puissances qui se disputent le contrôle de la région ?
    D’ici que les lignes rouges soient définitivement fixées, les Syriens sont toujours dans l’œil du cyclone. Les circonstances actuelles font que leur « opposition », aussi légitime soit-elle, ne peut continuer à tergiverser. Le dialogue n’est certes pas souhaité par les soi-disant pays « Amis de la Syrie », et il n’est qu’un prétexte parmi d’autres pour ceux qui prétendent lui offrir les Lumières en la gratifiant des ténèbres noyées dans des flots de sang et d’horreur. Ce n’est plus à prouver…

    Raison de plus pour cesser de rechercher des médiateurs supplémentaires. Le peuple syrien a suffisamment souffert et ce n’est que parce qu’il a résisté et a soutenu les autorités compétentes et son armée, qu’il a fait de son pays, tel qu’il est, un ami digne du soutien des pays du BRICS et des pays frères. La moindre des choses serait que tous les syriens l’admettent, le déclarent, et transforment la fausse exigence du dialogue, par ceux qui se sont autoproclamés « communauté internationale », en un atout pour la Syrie et les Syriens.

    Mouna Alno-Nakhal (Biologiste)
    04/04/2012

    La crise syrienne et ses dangers

    Concernant la crise syrienne, la communauté internationale s’est accordée tacitement sur trois points : pas d’intervention militaire, pas de renversement du régime par la force, pas d’armement de l’opposition. Le président Bachar al-Assad et ses alliés russes, iraniens et chinois ont imposé une nouvelle équation mondiale qui a mis les supporters de l’opposition armée, menés par l’Arabie saoudite et le Qatar, dans une situation peu enviable.

    Une année après le début de la crise syrienne, le climat a changé. Le régime a accompli des percées militaires et diplomatiques, et les 71 pays qui se sont réunis à Istanbul, hier, ne semblent pas pouvoir le faire chuter.

    Et c’est sans doute parce que le climat a changé qu’un certain nombre de dirigeants arabes adressent leurs lettres confidentielles à Damas dans le but de rechercher des solutions. Des informations circulent sur une éminente personnalité saoudienne rapportant à ses interlocuteurs les remarques royales teintées d’une certaine irritation, suite aux déclarations de son ministre des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal. Il se dit que le roi Abdallah n’a jamais voulu de toute cette implication dans les affaires syriennes même si, comme beaucoup d’autres arabes, il ne souhaitait que mettre fin, et au plus vite, aux opérations militaires en Syrie.

    D’autres informations concernent le Bahreïn qui a récemment envoyé des messages positifs à Damas ; certains de ces messages exprimant le souhait de la voir contribuer à calmer la situation au Bahreïn même. Des lignes sécuritaires s’étendraient ainsi de Manama à Damas, en direction de Téhéran.

    Quant à la famille princière du Koweït, elle a fait savoir à Damas qu’elle n’a jamais oublié le soutien de feu le président Hafez al-Assad lors de l’invasion du Koweït par l’Irak, et que les pressions exercées par le Mouvement Islamique koweïtien n’ont pas empêché certaines personnalités au pouvoir de dire que la chute d’Al-Assad n’était pas de mise.

    De leur côté, les Émirats arabes unis (EAU) ont commencé à réfléchir sérieusement aux moyens pouvant faciliter leur médiation entre l’Autorité et l’opposition intérieure syriennes. Un responsable qui n’est autre que l’un des fils du défunt Président Cheikh Zayed a déclaré : «Nous sommes conscients de l’impossibilité de la chute du régime syrien, nous voulons vraiment arrêter l’effusion de sang, nous considérons qu’il est impératif qu’un véritable dialogue s’instaure entre l’entourage d’Al-Assad et l’opposition de l’intérieur, parce que cela donnera des signaux importants vers l’intérieur et l’extérieur à la fois, et nous sommes prêts à y participer ».

    Il est à noter que le ministre des Affaires étrangères des EAU s’est rendu à Téhéran fin Février, et que les discussions ont essentiellement porté sur le dossier syrien ; sans oublier la situation de de la communauté iranienne forte de 500 000 âmes et dont les investissements s’élèvent à plus de 300 milliards de dollars.

    Le même responsable émirati cité plus haut a ajouté : « Il nous faut souligner que les déclarations intempestives des pays du Golfe au sujet de la Syrie n’ont commencé qu’après la flambée des problèmes au Bahreïn ; les Saoudiens mettant en avant des informations selon lesquelles le Hezbollah alimentait la crise à la demande de l’Iran et que Damas n’avait rien fait pour les freiner »… Or, il se trouve que jusqu’ici, les forces de sécurité des pays du Golfe, menées par l’Arabie saoudite, n’ont pas réussi à calmer la situation au Bahreïn. Par conséquent, là aussi il y a nécessité de médiation.

    Récemment, et toujours dans la région du Golfe, sont entrés en ligne les affrontements verbaux entre le chef de la police de Dubaï, le lieutenant-général Dahi Khalfan, et le cheikh Yusuf Al-Qaradawi. Khalfan a délibérément pointé le doigt sur la gravité de la progression des Frères Musulmans vers les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). Il a été suivi en cela par le gouverneur de Charjah qui a vivement critiqué les Frères Musulmans et Al-Qaradawi. Il est donc certain que le Qatar n’entend pas d’une oreille satisfaite toutes ces voix golfiques qui s’expriment ouvertement contre ses alliés islamistes.

    A tout ce qui précède, il faut ajouter l’attitude toujours implicitement positive du Sultanat d’Oman à l’égard de Damas et de Téhéran, et le fait que le 17 Février, le Premier ministre mauritanien a adressé à son homologue syrien un message insistant sur le sentiment fraternel et l’amitié entre les deux pays. Les Mauritaniens, qui n’ont pas bien accueilli l’émir qatari lors de sa dernière visite à Nouakchott, considèrent que le Qatar a contribué à alimenter l’opposition contre leur président Mohamed Ould Abdel Aziz, « l’un des soutiens fondamentaux de la résistance arabe ».

    Si les positions de ces pays étaient ajoutées à celles de l’Egypte, de l’Algérie, de l’Irak, et d’autres… elles démontreraient que les positions des pays arabes envers la Syrie sont tout à fait différentes selon qu’elles sont considérées superficiellement ou en profondeur.

    Sommet de Bagdad : un choc pour le Qatar et l’Arabie saoudite

    La représentation réduite de l’Arabie saoudite au sommet de Bagdad, et les déclarations dangereuses du Premier ministre qatari concernant « la marginalisation des sunnites » en Irak permettent de conclure que Riyad et Doha voient dans le gouvernement de Nouri al-Maliki un allié indéfectible de l’Iran et de la Syrie et se doivent de le traiter en conséquence. Mais, le gouvernement et les oulémas irakiens dirigés par le Cheikh Khaled Abdul-Wahab Al-Mulla n’ont pas tardé à répondre d’une façon plutôt cinglante au Cheikh Hamad bin Jassem bin Jabor Al-Thani.

    En conséquence et suite à l’absence d’une animosité unanime des arabes envers la Syrie, aux messages confidentiels de certains d’entre eux à Damas, et au règlement sous-jacent de la crise syrienne entre la Russie et les États-Unis ; il n’est pas surprenant de constater que le Sommet de Bagdad se soit soldé par une déclaration exempte de toute référence à la démission du Président Al-Assad et à la fourniture d’armes aux opposants. Les arabes ont reculé et ont accepté le plan de Kofi Annan en ses six articles, dont le premier souligne la nécessité d’«un processus politique global mené par les Syriens». En d’autres termes, Bachar al-Assad est un élément essentiel du règlement de la crise syrienne !

    Les prises de position internationales sont ressenties comme une grande trahison par l’Arabie saoudite et le Qatar. Eux, qui ont appelé lors d’une conférence de presse et par la voix de leurs ministres des Affaires étrangères à « armer l’opposition syrienne », se retrouvent dans une situation pas très confortable depuis que leurs alliés américains ont répondu par la négative. Washington est allé plus loin encore. Non seulement elle a accusé Al-Qaïda d’avoir infiltré l’opposition ; mais elle a aussi passé un accord avec l’hôte turc, M. Erdogan, l’invitant à se contenter de ne parler que de l’envoi de fournitures médicales et de certains équipements de communications dans différentes régions syriennes.

    L’accord américano-russe

    D’après un diplomate russe en relation étroite avec Damas : « Le récent sommet entre les présidents américain et russe a ouvert la voie à plusieurs nouvelles perspectives. De plus, lors d’une rencontre entre les deux présidents, Barack Obama aurait demandé à Dimitri Medvedev que Moscou calme le jeu jusqu’aux élections américaines et lui aurait promis, qu’après cette date, il se presserait pour réactiver ses principes politiques premiers annoncés pour son mandat en cours ; ceux qui consistaient à rechercher les solutions plutôt que les conflits face aux problèmes internationaux » [*]. Non seulement le problème du bouclier antimissiles, mais aussi les dossiers iranien, syrien…

    Ce diplomate russe affirme qu’il n’y aura pas de guerre contre l’Iran, et que le projet de renverser le Président Al-Assad est parti pour ne plus jamais revenir : «Nous sommes à l’étape du règlement politique de la crise syrienne, mais maintenant le plus important est de convaincre l’opposition d’accepter un tel règlement».

    La logique russe veut que ce soient les Syriens eux-mêmes qui choisissent leur mode de gouvernance et le président qu’ils souhaitent. Et c’est exactement ce qu’a entendu M. Erdogan en Iran, où on lui a clairement dit que la Turquie avait adopté une option erronée car une proportion importante du peuple syrien estime toujours le président Al-Assad, et qu’il vaudrait mieux pour lui de s’en remettre aux résultats des urnes.

    Ce n’est pas par hasard que M. Kofi Annan a été choisi pour résoudre la crise syrienne. Il est attendu de cet ancien Secrétaire général de l’ONU qu’il incarne la «convergence des intérêts» internationaux. Le veto russe a déjà interdit, et interdira encore, toute décision qui se limiterait à faire peser la responsabilité des violences sur le seul régime syrien, ou qui exigerait la chute du gouvernement de Bachar al-Assad.

    Lors de sa rencontre avec le Président syrien, Kofi Annan a bien compris que le plan de la Ligue arabe s’était fracassé contre le rocher damascain. Al-Assad a clairement dit qu’il recevrait Annan en tant qu’émissaire international, non en tant que chargé d’une mission commune à l’ONU et Damas. Annan a accepté le principe. Juste avant le sommet de Bagdad, Damas a réitéré sa position par la voix de Jihad Makdisi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères : Damas n’a aucune obligation de respecter les décisions édictées par la Ligue arabe et ce, quelles qu’elles soient !

    Il n’est plus question de revenir aux décisions de la Ligue arabe. Damas le refuse. Les responsables du gouvernement syrien considèrent que toutes les décisions prises par les arabes ont été dictées par la volonté du Qatar appuyé ensuite par l’Arabie saoudite, et que ce qui a été accepté avant l’entrée dans Baba Amr et Homs ne pouvait plus être accepté aujourd’hui. Al-Assad a dit explicitement à M. Annan qu’il est ouvert au dialogue avec l’opposition, mais que ce dialogue devait avoir lieu en Syrie et sous l’égide des Syriens.

    Baba Amr : l’avant et l’après

    La visite d’Al-Assad à Baba Amr avait trois buts essentiels: affirmer la puissance de l’Etat, défier ceux qui menacent la sécurité surtout après les attentats de Damas et d’Alep, et surtout s’adresser aux citoyens sunnites pour leur dire qu’une fois la sécurité revenue, il ne sera pas question de vengeance mais de « reconstruire en mieux ». C’était là un message important pour guérir un tant soit peu les blessures des batailles sectaires vécues par la ville de Homs.

    Cette visite à Homs s’est poursuivie par des entretiens avec des chefs religieux druzes et une visite au village de Kanawat dans la région de Sweida ou le Président a présenté ses condoléances pour la mort du Cheikh Ahmed Salman Al-Houjari, l’un des trois cheikhs Akl druzes, et a reçu la visite de l’ancien député libanais druze, Daoud Fayçal, après celle de l’ancien ministre Wiam Wahab.

    Ces jours-ci, celui qui visiterait Damas ne pourrait omettre de remarquer la grande confiance en soi des responsables syriens et leur inquiétude sensiblement atténuée quant à d’éventuels mouvements libanais dirigés contre eux. Certains Cheikhs du Nord-Liban dont le Cheikh Bilal Chaaban, qui ont visité Damas récemment, ont constaté la solidité de l’État syrien. Lorsqu’on les interroge sur Walid Joumblatt, leur réponse est concluante: «Il sait exactement ce qu’il a fait contre la Syrie l’année dernière et que ce faisant, il a mis la sécurité nationale en danger. Désormais, nos alliés du Hezbollah ont compris que le ramener en Syrie, comme ils l’ont déjà fait, n’est plus acceptable».

    Le Liban n’entre pas actuellement dans les calculs stratégiques de la Syrie. Il a été ramené dans la catégorie «espace de sécurité». La priorité est désormais de mettre fin à la bataille militaire, et d’accélérer l’ouverture politique à l’occasion des prochaines élections. Ce n’est qu’ensuite qu’il sera possible de s’intéresser à la situation au Liban, mais cette fois sur la base suivante : «certains ont contribué à l’effusion du sang syrien».

    BRICS et équilibres internationax

    Les Syriens s’intéressent de près aux pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et aux sommets organisés par le Président iranien avec les pays voisins : l’Afghanistan, le Tadjikistan et le Pakistan. Il se dit que l’expression «effacer l’Europe» de la carte, prononcée par le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem, n’a pas été prononcée sous l’effet de la nervosité mais à la lumière des évolutions spectaculaires du monde vers la multipolarité.

    Les pays du BRICS représentent 40% de la population mondiale, et entre 18% et 20% de la production mondiale. La Chine dépassera les USA avant 2020. L’Inde pourrait devenir le premier centre économique mondial dans moins de 30 ans. Le Brésil occupe la place de la Grande-Bretagne. Les USA pourraient reculer en troisième position mondiale, selon le « Wealth report ». Ce rapport indique aussi que la part de la contribution fondée sur le Produit National Brut passera de 41% en 2010 à moins de 18% en 2050 pour les pays d’Amérique du Nord et d’Europe occidentale, alors que la contribution des pays d’Asie passera de 27% actuellement à plus de 49% en 2050.

    Plus grave encore, l’intention des pays du BRICS de travailler à créer une monnaie unique après avoir institué leur Banque centrale. Ils refusent, implicitement, le monopole de New York sur les échanges des fonds Mondiaux, comme ils refusent la domination des USA sur l’ONU et les institutions financières internationales.

    Par conséquent, si l’on intègre le fait que Barack Obama, en personne, demande au Président russe de calmer le jeu jusqu’aux prochaines élections et prépare des solutions pour le problème du bouclier antimissiles ; il devient clair que la scène internationale est plus qu’importante pour la résolution de la crise syrienne. Il ne faut pas oublier que Medvedev soutient la Syrie ainsi que le prochain président Vladimir Poutine, qui a déclaré en Novembre dernier que la Russie envisageait de déployer ses missiles dans la région de Kaliningrad limitrophe de la Pologne et de la Lituanie, et de les orienter vers les sites américains de défense antimissiles.

    La Russie fait désormais partie intégrante de la campagne électorale américaine. Le président du sous-comité des forces stratégiques de la commission des forces armées près la Chambre des Représentants, Michael Turner, et le superviseur des systèmes de défense antimissiles ont mis en garde Barack Obama contre toute complaisance à l’égard des Russes ; ainsi que le candidat républicain Mitt Romney qui a considéré la Russie comme l’ennemi stratégique numéro un. Ce à quoi Medvedev a répondu en disant qu’il aurait besoin de réfléchir avant de parler.

    L’internationalisation, sans doute et plus que jamais, a servi Al-Assad. Quant au Conseil National Syrien (CNS) qui, d’après les déclarations de Haytham Manna et Michel Kilo, a commis l’erreur grossière d’opter pour les armes et l’armement des opposants ; il paraît coincé entre les Arabes et les Turcs incapables d’avancer et le début des transactions américano-russes désormais indispensables.

    Hier, les déclarations de M. Erdogan à Istanbul, le bégaiement de Nabil al-Arabi prononçant son discours, la déception de Bourhan Ghalioun, et l’absence de toute allusion du ministre des Affaires étrangères qatari au renversement d’Al-Assad et à l’armement de l’opposition, sont autant de preuves qui confirment que le jeu des nations a triomphé une fois de plus et que les Arabes, comme d’habitude, sont restés sur le bord de la route.

    On pourrait penser qu’Al-Assad a gagné la bataille militaire et a réussi à ériger un bouclier diplomatique russe autour de lui, mais ses adversaires vont intensifier leur pression armée, les attentats et les assassinats ; et ceux qui sont lésés par sa victoire militaire et diplomatique vont aller encore plus loin dans les sanctions, pour étrangler économiquement la Syrie et ramener le dossier syrien devant le Conseil de sécurité ; d’où la nécessité d’initier une véritable réconciliation et d’élargir la base de la participation au pouvoir. Seule cette solution permettra de sauver l’avenir du pays. Celle de rechercher et multiplier les contacts pour convaincre l’opposition de l’intérieur de déclarer publiquement qu’elle accepte le règlement politique.

    Michel Kleib
    02/04/2012
    Article proposé et traduit par Mouna Alno-Nakhal (Biologiste)

    Sami Kleib, journaliste libanais de nationalité française, est diplômé en Communication, Philosophie du Langage et du Discours Politique. Il a été Directeur du Bureau du journal As-safir libanais, à Paris, et Rédacteur en chef du Journal de RMC-Moyen Orient. Responsable de l’émission « Visite spéciale » sur Al-Jazeera, il a démissionné en protestation contre la nouvelle orientation politique de cette chaîne.
    Source :
    http://www.assafir.com/Article.aspx?EditionId=2115&articleId=94&ChannelId=50464&Author=سامي

    [*] http://blogs.lesechos.fr/west-wing-2012/barack-obama-evoque-sa-reelection-avec-dimitri-medvedev-video-a9870.html

  7. pierre paradis dit :

    Avec des amis comme ça qui a besoin d’ennemis?

    Je ne suis pas Samuel mais j’appuie fortement et totalement la grève des étudiants au Quèbec.

    • Cécilia dit :

      pierre paradis

      Et si je comprends bien, nous sommes lus au Québec et en plus par un (ancien) ministre ?
      C’est dans le très cela !
      Moi aussi, je soutiens la grève des étudiants au Québec. J’ai même mis ici sur ce site une vidéo montrant un comportement choquant de la police québecoise contre eux.

      Au plaisir de vous lire, cher Pierre

    • salam dit :

      J’aime bien aussi le nom qu’on lui donne : le printemps « érable » …

      • Marie-Christine dit :

        Eh oui, si je ne me trompe pas, c’est la saison où les érables coulent au Québec. Toute une fête !
        Si ma mémoire n’est pas infidèle…

  8. Cohen dit :

    Pierre Paradis , ancien ministre du parti libéral du Québec , bon réponse
    vive la grève des étudiants !! UQAM presente ! est tu d’accord Samuel ?

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