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Pas de bonne cause sans martyr. Les protestataires syriens prétendent avoir trouvé le leur avec Hamza al-Khatib, victime d'autant plus exemplaire de ce qu'ils appellent la répression féroce du régime syrien, que Hamza est un enfant de 13 ans et que son cadavre - rendu à ses parents le 27 mai dernier - porterait des traces de torture. La propagande anti-Bachar, de Syrie et d'ailleurs, s'est bien sûr ruée sur ce jeune mort : une page Facebook, créée spécialement pour la [...]



Le martyr que trop de gens attendaient

Par Louis Denghien,



Pas de bonne cause sans martyr. Les protestataires syriens prétendent avoir trouvé le leur avec Hamza al-Khatib, victime d’autant plus exemplaire de ce qu’ils appellent la répression féroce du régime syrien, que Hamza est un enfant de 13 ans et que son cadavre – rendu à ses parents le 27 mai dernier – porterait des traces de torture.

La propagande anti-Bachar, de Syrie et d’ailleurs, s’est bien sûr ruée sur ce jeune mort : une page Facebook, créée spécialement pour la circonstance et baptisée, dans le goût soixanthuitard, « Nous sommes tous Hamza al-Khatib« , aurait déjà reçu, fin mai, quelque 50 000 messages de soutien, tandis qu’une autre page Facebook exhorterait l’UNICEF à éditer une affiche à la mémoire du jeune enfant.

Qu’est-ce qui est avéré dans cette histoire ? Hamza aurait été arrêté le 27 avril dernier, en marge d’une manifestation, à Deraa, berceau de la contestation du régime. Et c’est donc le 27 mai, un mois tout jute après, que les autorités ont rendu le corps du garçon à ses parents. Une vidéo, aussitôt mise en ligne sur You Tube, et diffusée par l’ensemble des médias internationaux, montre un cadavre au visage tuméfié et au corps portant des impacts de balles et ce qui ressemble à des traces de brûlures de cigarettes. L’opposition accuse les services de sécurité baasistes.

Mercredi 1er juin, l’agence officielle syrienne Sana a rendu public un rapport médical d’autopsie affirmant que les lésions observées sur le corps sont en fait le résultat du processus de décomposition. Le même rapport précise que Hamza est décédé à Saida (province de Deraa) et que « l‘examen préliminaire a démontré que l’enfant est mort par les tirs de plusieurs balles« , ajoutant : « La dépouille ne présentait pas de traces de torture, de contusions ou de violences. » Parallèlement, Akram al-Chaar, médecin légiste ayant examiné le corps, a déclaré avoir relevé sur lui les impacts de trois balles, et que « les images montrées par certaines agences de presse avaient été prises après la décomposition du corps. »

A qui ne profite pas ce crime…

Ce qui est certain, c’est que le président syrien a aussitôt ordonné une enquête, et qu’il a reçu personnellement les parents de Hamza mardi 31 mai. Quoiqu’il se soit passé à Deraa, et quel qu’en soit le véritable responsable, il est évident qu’une telle affaire est pain béni pour les nombreux ennemis du régime en place à Damas. Il est de bonne guerre psychologique qu’un camp accable l’autre avant même que les faits soit dûment établis – et attribués. Reste que nombre de précédents devraient inciter les commentateurs extérieurs au conflit, et notamment les Occidentaux, à de la prudence : depuis le faux charnier de Timisoara jusqu’au bobard des soldats irakiens débranchant les couveuses de bébés koweitiens prématurés, en passant – beaucoup plus récemment – par le photomontage de la dépouille d’Oussama ben Laden, les exemples frappants ne manquent pas d’une certaine irresponsabilité médiatique, fruit du sensationnalisme et de la bien-pensance idéologique.

Il va sans dire que si la culpabilité de militaires ou de policiers syriens dans cette affaire était – vraiment – établie, ils devraient – ils seraient certainement – punis avec la dernière rigueur. Reste que la fin tragique de cet adolescent s’inscrit évidemment dans le contexte plus général de troubles où le couple provocation-répression – bien connu des pros de l’agitation – fonctionne en continu depuis 80 jours en Syrie : car il faut redire ici que toutes les victimes ne sont pas des civils – des dizaines de membres des forces de l’ordre ont péri dans les affrontements – et que – ceci découle de cela – toutes les victimes « civiles » n’étaient pas pacifiques et désarmées. Oui, il y a dans les rues de Syrie des groupes d’opposants armés qui excellent à semer le trouble et la mort, à ajouter la violence à la confusion. C’est d’abord à cause de ce trouble, de cette situation insurrectionnelle entretenue par des groupes radicaux ayant ouvertement le soutien des Américains et des monarchies pétro-wahabites, que Hamza al-Khatib est mort, à 13 ans. Qui d’honnête et de sensé peut croire qu’un régime aurait voulu faire un « exemple » de ce genre ? A qui profite ce crime ? Evidemment pas au gouvernement de Bachar al-Assad.



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