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« Jamais des sanctions économiques, et l’expérience de l’Irak le prouve, n’a amené une chute du régime, comme le déclarent les intentions de l’administration américaine. » Cette déclaration de l’économiste syrien Samir Aita – exilé à Paris -, venant effectivement après l’appel lancé le 12 août par Hillary Clinton en faveur de l’isolement économique de Damas, devrait faire réfléchir, sinon l’administration américaine, du moins le tandem Sarkozy/Juppé, très en pointe dans la gesticulation anti-syrienne. Samir Aita, qui est le directeur de l’édition arabe [...]



Samir Aita : « la Syrie est déjà sous le coup de sanctions économiques depuis huit ans »

Par Guy Delorme,



Un des airbus A320 des Syrian Arab Airlines aujourd'hui cloués au sol pour cause d'embargo américain

Un des airbus A320 des Syrian Arab Airlines aujourd'hui cloués au sol pour cause d'embargo américain

« Jamais des sanctions économiques, et l’expérience de l’Irak le prouve, n’a amené une chute du régime, comme le déclarent les intentions de l’administration américaine. »

Cette déclaration de l’économiste syrien Samir Aita – exilé à Paris -, venant effectivement après l’appel lancé le 12 août par Hillary Clinton en faveur de l’isolement économique de Damas, devrait faire réfléchir, sinon l’administration américaine, du moins le tandem Sarkozy/Juppé, très en pointe dans la gesticulation anti-syrienne. Samir Aita, qui est le directeur de l’édition arabe du Monde diplomatique, rappelle notamment que la Syrie est déjà sous le coup de sanctions économiques américaines, adoptées en 2003 au motif que Damas financerait le « terrorisme », et que celles-ci n’ont pas vraiment affaibli le régime de Bachar al-Assad. En revanche, de nouvelles mesures de rétorsion telles que l’embargo sur des matières premières ou la technologie, la rupture de contrats commerciaux et le gel des avoirs syriens à l’étranger – le Canada vient de le faire – auront sûrement, affirme Aita, des répercussions sur le niveau de vie de la population syrienne.

Sanctions = contrebande & chômage

Samir Aita rappelle que la Syrie connaît depuis des années de graves problèmes de maintenance de sa flotte aérienne civile, du fait de l’embargo américain qui empêche le constructeur Airbus de fournir des pièces détachées d’origine américaine aux Syrian Arab Airlines – et c’est encore plus vrai, évidemment, pour les quelques Boeing que possède la compagnie. Mêmes difficultés pour importer des ordinateurs modernes. Difficultés qui sont cependant contournées, comme toujours, par les voies de la contrebande : celle-ci se faisant avec les pays voisins, et générant des profits qui vont d’avantage à des notables du régime qu’au Syrien moyen. Davantage de sanctions impliqueraient, selon Samir Aita, davantage de contrebande et donc davantage de bénéfices pour les caciques du régime.

En conséquence, M. Aita qui est, on l’aura deviné, un opposant au dit régime, recommande des sanctions ciblées sur des « personnalités particulières » et non sur l’ensemble de l’économie du pays. Si ça peut le rassurer, la seule Union européenne a adopté depuis mai pas moins de cinq trains de sanctions visant les avoirs du président syrien et d’une trentaine de ses proches, par ailleurs interdits de visa en Europe, et frappant aussi des sociétés immobilières ou des fonds d’investissement à capitaux syriens. Des sanctions ont aussi été prises parallèlement contre des personnalités iraniennes, Téhéran étant un fidèle allié de Damas.

Mais c’est vrai que, pendant ce temps, c’est surtout la population syrienne qui est frappée par les divers embargos euro-américains. Nous parlions plus haut de la Syrian Arab Airlines : cette compagnie est menacée d’asphyxie – même si depuis l’année dernière Damas s’est tourné vers le constructeur russe Tupolev pour renouveler son parc aérien : les premières victimes de la politique américaine étant ses quelque 5 000 salariés.

Mais peut-être qu’Hillary Clinton et ses employeurs mettent les plus grands espoirs dans la paupérisation de la société syrienne ?

 

 



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3 commentaires à “Samir Aita : « la Syrie est déjà sous le coup de sanctions économiques depuis huit ans »”

  1. jibril dit :

    Mr Aïta est arrivé en France il y a logntemps pour suivre des études à l’X aidé par une bourse du gouvernement Syrien en échange de quoi il devait rentrer servir son pays pendant quelques années.
    EMHO il a préféré rester travailler en France et mener une brillante carriére. Bien entendu il ne pouvait plus repartir dans son pays ne serait ce que pour revoir sa famille au risque d’encourir quelques ennuis et devoir rembourser ses études. Plusieurs syriens vivant actuellement en France sont dans le même cas que Mr Aïta.

    Est-ce qu’une telle situation confére à la personne le statut de réfugié poltique tel qu’il est mentionné dans votre article?
    Merci

  2. Cécilia dit :

    Non, Samir Aita n’est pas un exilé à Paris.
    Il n’est pas un réfugié politique non plus.
    Certains cherchent une étiquette honorable à leurs yeux pour pallier un manque ou une complexe ou croyant la prendre pour un titre d’honneur!.

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