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Une amie syrienne de notre site, Lilazak, nous a fait parvenir ce texte où elle s'en prend bien sûr au cynisme et aux mensonges de Bernard-Henri Lévy, mais stigmatise surtout la naïveté et l'irresponsabilité politique de ces opposants syriens qui se sont laissés enrôler sous la très douteuse - et fort peu arabe - bannière de BHL et de ses amis, via SOS Syrie ; Lilazak pointe la méconnaissance totale qu'ils ont des ressorts, pourtant notoirement connus, de la propagande [...]



Lettre d’une Syrienne aux opposants exilés sur leur immaturité politique

Par Lilazak from Syria,



Les opposants d'Antalya : des pions beaucoup plus que des acteurs politiques...

Les opposants d'Antalya : des pions beaucoup plus que des acteurs politiques...

Une amie syrienne de notre site, Lilazak, nous a fait parvenir ce texte où elle s’en prend bien sûr au cynisme et aux mensonges de Bernard-Henri Lévy, mais stigmatise surtout la naïveté et l’irresponsabilité politique de ces opposants syriens qui se sont laissés enrôler sous la très douteuse – et fort peu arabe – bannière de BHL et de ses amis, via SOS Syrie ; Lilazak pointe la méconnaissance totale qu’ils ont des ressorts, pourtant notoirement connus, de la propagande américano-sioniste made in France dont BHL, Glucksmann et quelques autres sont les vecteurs les plus en vue.

 

BHL et ses copains sont bien connus et font ce qu’ils ont l’habitude de faire : de la manipulation la plus vicieuse qui soit, et toujours bien relayée par les différents médias. Ceux qui veulent s’associer à leur « bienveillante » intervention en faveur des Syriens le font en toute connaissance de cause ou alors sinon, c’est qu’ils ne sont pas très forts en analyse fine de ce qui se passe dans ce Moyen-Orient compliqué et en particulier en Syrie ; en effet, tout ce qui arrive dans ce pays doit être passé à la loupe, et bien décortiqué afin d’en distinguer les tenants et les aboutissants internes mais surtout doit être en relation avec ce qui se passe dans l’environnement géopolitique le plus proche.
Tout le monde sait à quel point et depuis des millénaires, la Syrie est de tous les moments souvent tragiques de l’histoire régionale et surtout internationale. Et c’est encore tout à fait le cas actuellement. Plus que jamais il convient de se demander à qui finalement profite… la déstabilisation et l’affaiblissement, et qui (et ils sont nombreux) a intérêt à crier au loup…
Par contre, que penser de ces opposants syriens qui découvrent qu’ils se sont fait piéger par BHL ? Ils sont piégés depuis le début de l’affaire même si, par ailleurs, ils sont victimes mais comme tout Arabe de ce monde arabe par ailleurs répressif envers ses propres membres, ses propres jeunes, ses femmes et ses minorités, majoritairement conformiste et peu intéressé par ce qui se passe dans le monde et ce qui est fait contre notre planète… Il faut d’ailleurs voir quelle est la fascination de ces sociétés pour Dubaï et son mode de consommation. Oui, il faut aussi savoir balayer devant sa porte et dire qu’il y avait pour ces intellectuels et démocrates un travail interne bien plus urgent à faire, sur le terrain, dans leur pays même, avant de se lancer, depuis Paris, dans des actions internationales!
Mais quant à ces démocrates, encore, qui s’étonnent naïvement, dans leurs communiqués, de l’adhésion à SOS Syrie (structure créée par BHL, Ndlr) de certaines personnalités, ils auraient pu savoir ce que tout individu sait quand il se donne la peine observer ce qui se fait de cynique en Europe et Occident en général. Depuis des lustres on sait que BHL et ses amis mentent et participent aux manipulations dont la Palestine en particulier est la plus récurrente cible.
Alors ils peuvent bien crier au scandale ces démocrates syriens dont on ne saurait, par ailleurs, mettre en doute l’attachement aux droits de l’homme et à la démocratie… Ils se sont englués et sont désormais phagocytés mais par leur faute ! D’ailleurs ils ne peuvent plus réagir efficacement : ainsi France Inter par exemple a presque arrêté un débat en heure de grande écoute pour annoncer la tenue de ce meeting BHL. Le Monde a donné sans frais sans doute une demi-page de publicité à ce SOS Syrie puisque dans ce comité en trouve Mr Pierre Bergé (ami de BHL, Ndlr) par exemple. Il est trop tard pour s’insurger… Nos opposants syriens participent désormais devant l’opinion de la manipulation conduite par BHL car, à mon humble avis, plus rien ne pourra stopper les effets de la malodorante intervention de ces faussaires bien plus pervers que l’on pense. C’est le peuple syrien ordinaire de Syrie qui fera les frais de leur légéreté. Ce peuple par ailleurs majoritairement très apeuré par ce qui se passe à ses frontières dont l’irakienne, et peu convaincu des résultats des interventions des puissances occidentales pour leur assurer bien-être et démocratie ! Ses appréhensions sont légitimes et doivent être respectées…
Mais il y a plus : si ces démocrates se sont fait piéger, c’est surtout qu’ils ne sont pas clairs… Dans une affaire syrienne ultra-complexe où personne n’est tout blanc ou tout noir comme ils le donnent à croire et où beaucoup – y compris eux – sont victimes mais aussi acteurs d’une nouvelle manipulation aux complicités multiples. Manipulation d’autant plus facile que le régime syrien nouveau se débat avec une batterie de casseroles impressionnantes…
Puisqu’ils doivent en principe bien connaître leur pays, ces Syriens, dont beaucoup vivent en Europe et à Paris, auraient dù se méfier… Ils auraient dù aussi dénoncer, ce qu’ ils n’ont pas fait, les trop nombreuses informations fausses ou même pas controlées, colportées à l’envi par tous les médias occidentaux et agences de presse, et envoyées en rafales par des groupes plus ou moins anonymes basés, paraît-il, à Londres ou en Suède et dont personne ne veut savoir qui ils sont et qui ils représentent ! Que valent ces révélations anonymes, ces innombrables clichés de manifestations publiées dans tous les médias, ne correspondant pas aux textes, truquées, faussement sous-titrées, ou ne présentant aucun indice permettant de les identifier… Je m’en tiendrai à la création, peu analysée mais très perverse, de l’aimable lesbienne syrienne !
Les organisations « démocrates » n’ont ni repéré la triche ni ne se sont publiquement démarquées de toutes ces incohérences et falsifications. Amina (la fausse lesbienne de Damas, Ndlr) les servait trop ! Elle correspondait à l’image qu’ils voulaient donner de cette démocrate exemplaire qui en plus rameutait la communauté gay internationale…
Hélas au Moyen-Orient il n’y a aucune affaire qui ne puisse être expliquée d’une façon simple… Il y a plusieurs raisons à ces troubles. Ces raisons sont complexes et différentes suivant les régions, ou suivant les pays aux multiples facettes. Et il n’est pas vrai qu’il y a une seule opposition… Certes il y a l’hostilité générale à la corruption (mais comme partout dans tous les régimes du monde arabe et pas plus et pas moins). Il y a les difficultés économiques, Mais il y a surtout les particularismes locaux, les groupes religieux souvent opposés y compris au sein d’une même croyance, dont ces Frères musulmans tenus en bride très serrée par ce régime. S’y ajoutent les revendications territoriales, notamment aux frontières, aggravées par les trafics locaux, trafics normaux puisque finalement les Syriens sont aussi, historiquement, voire ethniquement, proches du Liban (voir Tell Khalak), ou par les revendications des Kurdes irakiens ou iraniens sur une partie de la Syrie du nord ? Il y a aussi les désirs des Turco-syriens (région du Hatay) ou des gens de tribus qui font leurs affaires sans se soucier du pouvoir central (très centralisé). Enfin il y a aussi cette société très complexe, et souvent intolérante envers ses propres compatriotes. Et il y a le jeu géopolitique qui entre dans la danse avec les deux pôles actifs : Israël et les Frères musulmans et les Salafistes d’obédiance saoudienne.
Aussi pour moi, ces démocrates se sont trompés de cible mais surtout de timing. Il n’y avait, en ces moments de tension, d’affaire palestinienne au point mort et de menace de guerre annoncée de l’Amérique avec l’Iran, rien à gagner maintenant pour cette Syrie explosée , affaiblie économiquement, désorganisée et bien paralysée face à ces apprentis sorciers néoconservateurs (d’Amérique et d’Israel) qui rêvaient de lui faire sa fête et n’ont pas renoncé à leur rêve d’un Grand Orient de nouveau sous mandats et organisé pour leurs seuls intérêts.
De plus ces organisiations sont trop disparates et désorganisées pour proposer et imposer un changement.
Elles ne peuvent affirmer que tout le peuple syrien est derrière elles dans un but commun. Et ce pour des tas de raisons : les grandes différences existant entre les villes industrielles, plutôt bien loties et tournées vers la Turquie comme Alep (qui ne bouge pas )… ou Damas cité plus intellectuelle, et des villes frontalières proches de la bande du Hatay aujourd’hui turque (depuis 1920 quand la France mandataire a donnée cette zone à la Turquie) où beaucoup de ces Syriens parlent turc, font des affaires avec ce pays qu’ils considèrent comme européen, et sont donc tournés vers lui  – ce qui embarrasse d’ailleurs la Turquie (mais il faut savoir que tout Syrien – comme tout ressortissant d’un pays arabe – va en Turquie sans visa depuis deux ou trois ans et il ne s’en prive pas).
Il est donc faux de raconter que les revendications des diverses composantes du peuple syrien sont univoques : au contraire, elles sont très variées et localement spécifiques ; par exemple à Hama et Jisr al Shouggour, fiefs des Frères musulmans dans lesquels les heurts du régime avec les intégristes islamiques sont récurrents (vois incidents de ces dernières années) ou dans les régions touchées par une sécheresse chronique qui a désorganisé très fortement la population rurale..



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