• Décryptage
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  Le site de L'Express, un des journaux français les plus en pointe (en dépit d'une rude concurrence) dans la désinformation à sujet syrien depuis le début de la crise, vient de se surpasser - et, au regard de son "oeuvre passée", ce n'était pas gagné ! - en publiant un entretien avec un de ces chercheurs spécialisés en anti-bacharisme qui ont prospéré depuis 16 mois, au point qu'on peut dire que s'est créée une nouvelle discipline universitaire, sinon une profession. Cette [...]



Comment – et avec qui – L’Express continue d’informer

Par Droits réservés,



Ziad Majed a "élevé" l'analyse politique au niveau de tract du CNS. C'est son droit ou sa spécialité, mais ceux qui le lisent s'exposent à ne pas comprendre la suite de l'histoire syrienne...

 

Le site de L’Express, un des journaux français les plus en pointe (en dépit d’une rude concurrence) dans la désinformation à sujet syrien depuis le début de la crise, vient de se surpasser – et, au regard de son « oeuvre passée », ce n’était pas gagné ! – en publiant un entretien avec un de ces chercheurs spécialisés en anti-bacharisme qui ont prospéré depuis 16 mois, au point qu’on peut dire que s’est créée une nouvelle discipline universitaire, sinon une profession.

Cette fois c’est un certain Ziad Majed, journaliste et politologue libanais – collaborateur au moins ponctuel du site socialo-atlantiste Médiapart, et accessoirement militant antisyrien libanais depuis au moins 2005 – qui s’y colle. De l’entretien qu’il accorde à L’Express il ressort pêle-mêle que la contestation antirégime gagne ces derniers jours comme un feu de forêt, le gouvernement ne contrôlant guère plus que 50% du territoire, et son armée se désintégrant sous l’effet de désertions croissante, à proportion que l’ASL se renforce, elle, en effectifs et surtout en discipline et en cohésion, et contrôle de ce fait « des pans de plus en plus nombreux du territoire« . Et, un  bonheur n’arrivant jamais seul, pendant ce temps la contestation civile ne faiblit pas et même s’étend, le nombre de manifestations étant passé, figurez-vous, entre janvier et mai de 600 à 900.

Quoi d’autre ? Oh, rien,  la routine : le régime aux abois fait preuve d’un « violence inouïe« , ses milices commettent des massacres, et s’acharnent particulièrement sur les « médecins, secouristes, étudiants et journalistes« . Tout ça pour empêcher l’irrésistible « révolution du peuple syrien« . Apparemment Ziad Majed a oublié de parler des femmes et enfants torturés-et-violés : sans doute le surmenage….

Dans ces conditions, conclut le « chercheur » Majed, « s’il est encore trop tôt pour parler de sa chute (au régime), il est certain qu’il ne pourra plus reprendre le contrôle du pays ». Amen !

Scoop : à Homs  l’armée ne contrôle plus que Bab Amr !

Bref, L’Express nous offre (une fois n’est pas coutume) en guise d’analyse un exercice de propagande pure, sortie brut de décoffrage d’un think tank haririste libanais, où les contre-vérités se marient harmonieusement avec les bobards « purs ». Un exemple, Majed nous explique que l’armée ne contrôle plus que deux quartiers à Homs, alors que  les rebelles, chassés comme on sait de Bab Amr et plus récemment d’al-Kussur  ne s’accrochent plus qu’à al-Khaldeeye et un bout d’al-Hameedeye ! Bref, la situation est rigoureusement l’inverse de ce que décrit notre spécialiste militant.

On ignore avec quelle satellite espion « citoyen », ou quelle chaîne d’arpenteur, le mirobolant chercheur libano-haririste a pu estimer « à vue de nez » que le régime ne contrôlait plus que 50% de son territoire national. Apparemment, il n’a pas entendu parler de la défaite de l’ASL à Haffé. En revanche, il a entendu des voix qui l’informaient que l’armée syrienne ne contrôlait plus Deir Ezzor, la grande ville de l’est du pays, ce que n’a pas osé écrire le pourtant très imaginatif Rami Abdel Rahmane dans le cadre des communiqués de l’OSDH !

C’est d’ailleurs un peu le problème : Ziad Majed a l’air de savoir plein de choses que ne connait pas R. A. Rahmane. Ce dernier aurait-il trouvé son maître en matière de bourrage de crânes occidentaux ?

La morale de cette histoire ?  Disons que si un Ziad Majed, qui mérite par ses talents de devenir chroniqueur permanent à al-Jazeera, raconte ces contes des mille et une nuits syriennes, c’est son droit et sa fonction de militant libanais antisyrien. Mais que L’Express, en ce seizième mois de crise, en soit encore à proposer en guide d’information à ses lecteurs ce brouet, ce tract de sous-stalinisme qataro-libanais, c’est un rien plus grave. Surtout à une heure où de plus en plus d’analystes, en Franc, remettent en cause les simplifications, les inexactitudes et les affabulations pures que la couverture médiatique crise syrienne a suscitées dans ce pays.

Cela fait quinze ou seize mois que, dans la Syrie virtuelle de  Riad Majed et de L’Express,  le régime syrien n’en finit pas de voir son armée se désintégrer, l’ASL étendre son influence, les villes syriennes se soulever les unes après les autres, Damas incluse, et Bachar et ses ministres se préparer à une fuite ou à une mort imminente. Seize mois ! Il serait peut-être temps de réveiller ces somnambules de leur rêve éveillé…. Cela dit, il parait que c’est dangereux.



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28 commentaires à “Comment – et avec qui – L’Express continue d’informer”

  1. jo dit :

    Merci a ce Ziad Majed de nous avoir fait rire

    • kegan dit :

      On dirait Etudiant!!

    • sowhat dit :

      c’est la même idéologie que celle de nos « Etudiant » et « Syrienne libre », ils ont été à la même école. Consternant que l’Express prête sa tribune à ce soi-disant chercheur qui n’est en réalité qu’un voyou à la petite semaine. « L’état syrien ne contrôle que 50% du territoire » Cette petite crapule reprend dans les termes la déclaration récente des ministres européens dans laquelle on reconnait le style arrogant et puéril de la diplomatie française.
      Le réveil va être dur mais continuer à dormir est impossible …

    • lafleuriel dit :

      Et là où on aurait pu rire aussi mais on en a plus le goût c’est à la conférence de Fabius à Science Pô. Ce qui était rigolo (on n’était pas venu pour boire du petit lait, mais pour rencontrer des amis avec qui on a des projets à partager pour la Syrie) c’est comment il voulait nous vendre ou essayer de vendre en tout cas à quelques étudiants ou invités encore naïfs,(ou complices, son histoire de « comment-voler-au-secours-des-opposants-du monde arabe-, des malheureux-combattants-désarmés-et-dangereusemen-exposés-dans-leurs-combats-héroïques et-absoluemnt-désintéressés-pour-la-démocratie les-droits-de-l’homme-et-surtout-les droits-de -la-femme- défense-desquels -la France-sera-en pointe- du combat! (j’ai fait la synthèse. Ouf!)
      La conférence fait avec un ton amical, tout empreint de bonhommie habilement assaisonné d’un brin calculé de paternaliste (mais bon !) était bien encadrée pour que seuls deux ou trois élus occupent le temps de parole réservé par notre bon ministre aux questions des chers amis présents
      Pas la peine d’ajouter que le texte s’efforçait d’atteindre les sommets vertigineux mais sans doute hélas encore inviolés,
      de la duplicité, du cynisme, du baratin manipulateur sciemment bourré mais empreints d’une satisfaction évidente, d’approximations bien choisies, de non-dits, de citations de malheureux textes trafiqués d’arabisants décédés jamais lus mais et donc utilisés sans pudeur et, etc berk.

  2. Steph dit :

    au point où on en est dans la désinformation à propos de la Syrie, un mensonge de plus ou de moins ça ne changera pas grand chose à la réalité. Au final, si on regarde bien, tous ces mensonges portent plus préjudice aux francais, à qui ont lave le cerveau et qu’on prend pour des moutons, plutôt qu’aux syriens qui ont conscience de ce qu’il se trame!

  3. Steph dit :

    Déclaration des devoirs et des droits des journalistes

    Préambule

    Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain. Ce droit du public de connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes. La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics. La mission d’information comporte nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément. Tel est l’objet de la déclaration des devoirs formulés ici. Mais ces devoirs ne peuvent être effectivement respectés dans l’exercice de la profession de journaliste que si les conditions concrètes de l’indépendance et de la dignité professionnelle sont réalisées. Tel est l’objet de la déclaration des droits qui suit.

    Déclaration des devoirs

    Les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements, sont :
    1) respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître ;
    2) défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique ;
    3) publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents ;
    4) ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents ;
    5) s’obliger à respecter la vie privée des personnes ;
    6) rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ;
    7) garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement ;
    8) s’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information ;
    9) ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ;
    10) refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction. Tout journaliste digne de ce nom se fait un devoir d’observer strictement les principes énoncés ci-dessus ; reconnaissant le droit en vigueur dans chaque pays, le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.

    Déclaration des droits

    1) Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés.
    2) Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne générale de son entreprise, telle qu’elle est déterminée par écrit dans son contrat d’engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par cette ligne générale.
    3) Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer une opinion qui serait contraire à sa conviction ou sa conscience.
    4) L’équipe rédactionnelle doit être obligatoirement informée de toute décision importante de nature à affecter la vie de l’entreprise. Elle doit être au moins consultée, avant décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journaliste.
    5) En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu’une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique.

    Munich, 1971

  4. Mohamed Ouadi dit :

    Il ne s’agit malheureusement pas de somnambules, mais de schizophrènes désespérément incurables !

  5. Mohamed Ouadi dit :

    Quid de la vieille garde dans l’opposition syrienne ?

    Alors que le régime ne compte, presque plus, de vieille garde, depuis 2005, et qu’il continue à se renouveler et à se rajeunir, la vieille garde dans l’opposition, par contre se crispe dans ses positions et ses rancœurs, (d’où leur langage passéiste, et rétro-centré)et s’attache à son statut de chefs de files de l’opposition :
    – Hassan Abdel Azim, 81 ans,
    – Riad Al Turk, 82 ans,
    – Haytham Al Maleh, 81 ans,
    – Abdel halim Khaddam, 81 ans,
    – Ali Sadr Al Bayanouni, 74 ou 76 ans,
    – Riad Al Chaqfa, 70 ans,
    – Ibrahim Makhous, 83 ans …
    Un article d’Arabi Press :
    http://www.arabi-press.com/?page=article&id=40876

    • Etudiant dit :

      EUh Mohammed, tu connais la moyenne d’âge du nouveau gouvernement ? On peut pas dire qu’il pète la forme.
      En même temps, les jeunes militants se font assassiner par le régime : tiens Basel Shehadeh par exemple. La vingtaine, mais assassiné pour avoir pris des photos et des vidéos.
      OU bien Ghaith Matar, militant pcifiste. La vingtaine. Assassiné.

      Ta remarque est tout simplement stupide.

      • kegan dit :

        Ce n’est pas une remarque crétin, c’est un article dans Arabi Press ..

      • Mohamed Ouadi dit :

        Vos arguments ne tiennent pas la route. Je suis désolé de vous le faire savoir. Vos amis tuent des deux bords et cherchent à accuser le pouvoir. Ils tuent prennent des vidéos et accusent le régime.
        Et cela ne sert à rien de vous donner des exemples. Infosyrie regorge de cas, que vous ne faîtes qu’essayer de discréditer, depuis que vous fréquentez ce site, pour passer votre propagande. Votre opposition virtuelle n’est qu’un ramassis de dégénérés, de profiteurs, de terroristes, d’agents au service de l’étranger, qui exploitent des revendications légitimes satisfaites pour l’essentiel, mais très vite dépassées pour s’activer à renverser le régime et à détruire la cohésion de la mosaïque syrienne, et rayer la Syrie position, opposante et résistante, de la géopolitique, comme prélude à des guerres communautaires et confessionnels qui vont enflammer tous les peuples de la région, au seul service et intérêt des USA pour leur domination sur les ressources pétrolières et gazières, et dans l’intérêt d’Israël pour son hégémonie sur la région …

      • lafleuriel dit :

        Toujours étudiant,Etudiant ? Félicitations ça conserve ! et sans doute cher jeune ami, présent à Sciences Pô, à la conférence (ouvert par Monsieur Gilles Keppel bien connu de certains chers assistants, dont quelques  » nous »), et donnée en fin d’année scolaire par notre nouveau et prestigieux ministre des Affaires Etrangères : Monsieur Fabius,spécialiste éclairé du traitement du « Nouveau monde arabe ».
        Vous avez sans doute été très sensible à la décision proclamée par Monsieur Fabius, à savoir que nous « la GRANDE-FRANCE-Ah MAIS » nous avons travaillé travaillons,et travaillerons sans trêve, à imposer énergiquement la démocratie, le respect des droits de l’homme et de la femme et à préserver nos intérêts et notre sécurité dans tout ce nouveau monde arabe et surtout en Syrie et …au…Mali ! vous aurez sans doute bien enregistré que : « Nous, ministre Fabius, agissons et agirons avec l’aide désintéressée des gentils Saoudiens et autres monarques des pays pétroliers et mieux que nos prédécesseurs les Juppé plein de duplicité, et l’incapable Sarkozy (Fabius dixit en passant Na!) » Fabius parlant au nom de notre belle France, celle qui, toujours, a su établir des liens d’amitié avec l’aire pétrolière ou autre (depuis l’antiquité en passant par les croisades et les mandats?) Si vous n’êtes pas au courant ou si cela vous a échappé quand vous étiez absorbé dans la rédaction de votre mémoire, celui qui désigné Hollande,son futur chef de gouvernement, par un amical « Fraise tacada » et « Flanby » est aussi l’ami de BHL, DSK et assidu au CRIF ! j’ai observé que quelques jeunes étudiants applaudissaient ! Vous en étiez ! Bonnes vacances scolaires quand même !

  6. Cécilia dit :

    Encore un borgne-roi chez les aveugles.

    Je n’en fini pas de rire ! Pourtant, j’ai envie de pleurer !

    Dans le passé j’étais abonnée fidèle à l’expresse, mais c’était terminé depuis plus de deux ans et là, il est hors question de renouveler mon abonnement.
    C’est un torchon !!!

    C’est honteux !

  7. Mohamed Ouadi dit :

    SYRIE : Un avion turc abattu… implications et conséquences ?

    par Dr Amin Hoteit

    Mondialisation.ca, Le 27 juin 2012
    thawra.alwehda.gov.sy

    Le Général Amin Hoteit conclut cette dernière analyse par une note d’espoir puisqu’il nous dit croire que, suite aux derniers développements internationaux, les gouvernements occidentaux choisiraient de tenir compte des réalités et admettraient qu’ils n’ont plus le leadership du monde ; ce qui devrait les amener à reconnaître les autres et à dialoguer avec eux sérieusement sans diktats ni arrogance. Gardera t-il cet espoir maintenant que Bruxelles a encore choisi de durcir ses sanctions contre la Syrie et a même estimé, hier, que les médias syriens incitaient « à la violence contre la population civile en Syrie » et servaient « d’instrument de propagande au régime »? [1]. N’est-ce pas là une propagande institutionnalisée qui, après avoir couvert les terroristes sévissant en Syrie avec une cruauté qui dépasse l’entendement, a tenté d’étouffer la voix de tout un peuple qui refuse de plier ? Les politiciens de l’UE devraient être satisfaits, puisque le résultat de leurs efforts ne s’est pas fait attendre. Aujourd’hui et dès l’aube, les médias officiels syriens ont été pris pour cibles et des journalistes syriens ont été sauvagement torturés, avant d’être exécutés [2], pour avoir choisi de défendre leur patrie contre les média-mensonges ; arme redoutable et assassine au service de l’impossible hégémonie d’un Occident qui saccage volontairement ses propres valeurs et les chances de tous ses peuples pour un avenir meilleur. Désormais, il semble que l’un des moyens les plus efficaces pour assassiner une civilisation, quelle qu’elle soit, passe par l’assassinat de ses médias ! [M. Alno-Nakhal].

    Il ne fait aucun doute que l’avion turc, abattu par l’armée arabe syrienne et qui avait pénétré l’espace aérien syrien, ouvre la porte à une nouvelle étape de la guerre mondiale qui a lieu sur ​​la scène syrienne ; étape dont la compréhension implique de revenir sur les derniers développements internationaux et les récentes déclarations occidentales concernant la Syrie et le Moyen-Orient dans son ensemble, avant de s’arrêter devant ​​les implications et les conséquences d’un tel acte.
    L’« opération de défense militaire », réussie par les forces armées syriennes de défense anti-aérienne, est arrivée suite à une série de prises de positions hostiles de l’Occident, dont la dernière en date fut l’incitation à la rébellion adressée par les États-Unis et la France à l’armée régulière syrienne, doublée d’une invitation à imiter la conduite d’un officier pilote qui a trahi sa patrie et s’est enfui à bord d’un MiG-21 pour devenir un agent mercenaire du renseignement britannique qui a organisé l’évasion et qui l’a réceptionné sur le territoire jordanien dès son arrivée.

    Cette atteinte à la souveraineté de la Syrie par les avions turcs s’est produite après la fin des manœuvres dites de « l’aigle volant » à laquelle ont participé des forces arabes et de l’OTAN dans l’espace aérien turc, manœuvres que nous avions considéré comme un message menaçant la Syrie d’un quelconque acte d’agression ; de la même façon que nous avions interprété les manœuvres désignées par « le lion en alerte » qui se sont déroulées sur le sol jordanien sous la direction des USA et avec la participation de tous les pays qui influent ou sont influencés par la crise syrienne [3].

    D’un autre côté, cette atteinte à la souveraineté de la Syrie a aussi été précédée de l’essai du missile balistique russe qui, comme nous l’avons déjà écrit [4], a véhiculé d’importants messages politiques et stratégiques confirmés par le mouvement de la flotte russe vers Tartous [port syrien], et aussi par les fermes déclarations de la Chine et de l’Iran rejetant toute intervention étrangère militaire ou non-militaire en Syrie. Ces prises de position se sont révélées identiques et concordantes avec celles avancées par Mr Poutine à Mr Obama, puis ont été confirmées par Mr Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, qui a opposé un refus catégorique – au risque de contrevenir aux usages diplomatiques – contre toute intervention militaire étrangère en Syrie avec ou sans résolution du Conseil de sécurité ; parce que c’est de la Syrie que démarrera le nouvel ordre mondial et que ces puissances ne permettront pas qu’une telle agression réussisse à transformer la Syrie en un espace stratégique pour occidentaux, comme le veulent les USA qui ont fait le projet d’un « Grand Moyen-Orient Américain ». La Syrie doit aller dans la direction qu’elle a choisie, et tenir la place voulue par son peuple, une place primordiale pour la région et pour la sauvegarde de ses droits au sein d’un « Moyen-Orient propriété de son peuple ».

    C’est en partant de ce contexte que l’on peut comprendre l’opération de défense aérienne syrienne et saisir ses implications sur l’avenir. Nous commencerons par dire que si l’Occident dirigé par les USA a osé inviter à la rébellion une armée régulière contre son commandement, invitation odieuse et sans précédent, c’est parce qu’il continue de se croire l’unique décideur en ce monde ; celui qui ordonne ce que bon lui semble et exige d’autrui une stricte obéissance. Malgré tous ses échecs et toutes ses pertes au décours de ces deux dernières décennies, et en dépit du changement radical de l’environnement stratégique mondial, il semble qu’il soit incapable d’appréhender la nouvelle donne et s’accroche à ses prétendues prérogatives faisant de lui le « propriétaire et maître du monde ». C’est cette logique qui fait que les dirigeants Occidentaux s’autorisent à décider de la légitimité de tel dirigeant ou à retirer la légitimité de tel autre ; à envahir et à détruire le pays de leur choix ; à donner le signal de départ d’une révolution contre les autorités légitimes à tel ou tel peuple ; à ordonner à un dirigeant et même à un État de réprimer son peuple qui réclame liberté, justice et égalité entre les citoyens ; la conduite d’un dirigeant n’étant jugée qu’en fonction de sa soumission aux décisions de l’Occident.

    C’est dans cet esprit arrogant et colonialiste que Colin Powell s’est rendu en Syrie pour dicter ses exigences en 2003. C’est dans ce même esprit que les USA et la France viennent d’inciter à la rébellion l’armée arabe syrienne en laissant entendre qu’ils étaient prêts à protéger les rebelles par une couverture aérienne confiée, en pratique, aux forces armées aériennes turques ; lesquelles ont vraisemblablement envoyé leurs avions pour tâter le pouls de l’armée arabe syrienne. La réponse de l’armée syrienne est venue toute aussi catégorique que celle prononcée diplomatiquement par le Président Bachar al-Assad en 2003 ; un coup de gâchette sans équivoque possible ; un missile qui abattu l’avion turc et, avec lui, la montagne de délires occidentaux.

    Maintenant qu’un missile syrien fabriqué par les Russes a dessiné une identité et un commandement et a abattu un avion turco-otanesque, la scène se présente de la façon suivante :

    1. La Syrie est fermement décidée à se défendre et à défendre sa souveraineté par tous les moyens dont elle dispose et ne pliera devant aucune forme d’intimidation ou de chantage. Elle dispose des forces nécessaires à son auto-défense ; la guerre menée contre elle jusqu’ici n’a nullement entamé ces forces et est restée sans aucune incidence sur ses décisions de contre offensive.

    2. L’armée arabe syrienne qui ne cède pas sur ses valeurs, qui est disciplinée et cohérente, ne saurait être affectée par la trahison d’un faible perdant ou le prendre en exemple. Par conséquent elle ne se rendra, ni ne répondra à l’invitation de l’ennemi, mais continuera à « défendre la patrie » comme elle l’a toujours fait. D’où sa réponse éloquente à l’invitation de l’OTAN, dont la chute d’un de ses avions au fond de ses eaux territoriales a relevé le moral des Syriens et a conforté leur confiance en leur armée.

    3. La zone d’exclusion aérienne rêvée par certains et telle qu’elle a eu lieu en 1991 lors de l’invasion américaine, les zones sécurisées par l’aviation otanesque, les couloirs humanitaires… ne peuvent se concrétiser. La défense anti-aérienne syrienne est prête, capable, et déterminée. Elle affrontera toute agression comme elle l’a fait pour l’avion turc, ce qui est très mauvais pour le moral de l’ « Armée Terroriste Libre » et le moral de ses hôtes !

    4. Qu’un pilote syrien, traitre à sa patrie, se soit enfui est un fait exceptionnel qui ne peut servir de prétexte pour s’imaginer pouvoir négliger les principes de base respectés par l’armée syrienne depuis sa création : honneur, loyauté, patriotisme, et nationalisme. L’avion turc abîmé en mer a rapidement compensé la fuite de l’avion syrien volé, et s’il a été bénéfique pour le moral des syriens, il a plutôt sérieusement atteint celui des terroristes qui commettent leurs crimes en Syrie ; alors que le but recherché par l’opération turque était justement de le ramener au beau fixe une fois qu’il s’était retrouvé au plus bas, suite aux coups portés par les forces de sécurité syriennes.

    5. L’usage d’un missile russe pour atteindre un avion turc agresseur, suivi du refus clair de la Russie de fournir une quelconque justification sur ses livraisons d’armes à la Syrie, signifient tout simplement la poursuite du soutien substantiel de la Russie et que c’est là une décision souveraine et indiscutable.

    6. Le silence adopté par les politiciens occidentaux deux jours durant après la chute de l’avion, suivi de leurs déclarations confuses, montrent clairement leur stupéfaction incrédule devant l’événement. Il se peut qu’ils aient compté sur la reconnaissance par la Turquie de sa violation de l’espace aérien syrien et, par conséquent, sur le droit de la Syrie à la légitime défense pour justifier leur silence [même si nous savons que l’Occident ne se soucie guère du droit international lorsqu’il va à l’encontre de ses propres intérêts]. En réalité, la vraie raison de ce silence est le constat de la capacité et de la détermination syrienne et, par conséquent, de celle de ses alliés. D’une part, la Syrie peut se défendre en cas d’agression ; d’autre part, ils n’ont pas la capacité ou la volonté d’une confrontation directe bien que la Turquie ait demandé l’application du traité de l’OTAN censé « l’assister militairement contre la Syrie » ! C’est ainsi que ce silence s’est transformé en un message criant à la Turquie qu’elle se retrouverait seule en cas de confrontation. Dans cette optique, la situation ne devrait pas changer les positions de l’OTAN qui se réunit demain [26 juin : quatre jours après le clash] ; car si l’Occident avait eu l’intention de répondre à la demande de la Turquie, sa réunion aurait eu lieu dans les 24 heures !

    7. La réponse sérieuse et décisive de la défense anti-aérienne syrienne va imposer à l’Occident de reconsidérer toutes ses prises de position et ses projets d’agression contre la Syrie principalement basés sur l’idée d’une intervention militaire, de soutien au terrorisme, et de rejet d’une solution pacifique ; alors qu’il sait parfaitement que s’il persiste dans cette voie, la Syrie s’éloignera très loin de sa sphère d’influence.

    De tout ce qui précède, nous pouvons déduire que cette dernière opération à mis l’occident face à un dilemme. Soit il choisit l’escalade et risque la confrontation militaire, auquel cas nul ne sait jusqu’où elle le mènerait alors qu’il n’est pas prêt. Soit il reprend ses esprits, tient compte des réalités, admet que les temps ont changé et qu’il n’a plus le leadership du monde ; ce qui devrait l’amener à reconnaître les autres et à dialoguer avec eux sérieusement sans diktats ni arrogance.

    Nous croyons que l’Occident tendra plutôt vers ce deuxième choix et que l’OTAN n’optera pas pour la réponse militaire; ce qui permettrait, si les gouvernements occidentaux ont bien intégré les nouvelles donnes, d’ouvrir la voie de la solution pacifique recherchée par la Syrie et ses alliés. Dans le cas contraire, la confrontation ira vers l’escalade avec de plus en plus de pertes pour l’Occident, car la Syrie est déterminée à assurer la victoire pour son peuple qui soutient son gouvernement et ses autorités, même s’il doit payer le prix fort !

    Dr Amin Hoteit

    25/06/2012

    Article original : Al-thawra
    http://thawra.alwehda.gov.sy/_kuttab_a.asp?FileName=85697492620120625005453

    Article traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

    [1] En Syrie, les médias sont pris pour cible
    http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/En-Syrie-les-medias-sont-pris-pour-cible-_NG_-2012-06-27-823961
    Extrait : «Les radios et télévisions publiques sont visées par les dernières sanctions européennes, Bruxelles estimant que ces médias incitaient « à la violence contre la population civile en Syrie » et servaient « d’instrument de propagande au régime » ».

    NB : Alors que « La Croix » cite texto la phrase du ministre syrien de l’information : « Tous ceux qui incitent à la violence, tous ceux qui font campagne contre la Syrie, que ce soit des médias, des responsables ou le Conseil de sécurité (de l’ONU), notamment ceux qui ignorent la présence d’hommes armés, assument l’entière responsabilité du crime », a-t-il accusé ; il ne se gêne pas pour titrer : « Une annonce du gouvernement Syrien stipule que « tout ceux qui font campagne contre la Syrie », médias compris, doivent être « exécutés » !!!

    [2] Attaque terroriste contre le siège d’Al-Ikhbariya, chaine officielle syrienne
    http://www.youtube.com/watch?v=JBuwkjsyC8g&feature=youtu.be

    [3] Syrie: Manœuvres militaires en Jordanie…simple message ou signes avant-coureurs d’une opération militaire conjointe de 19 pays
    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=31016

    [4] Syrie ou le message d’un missile russe…
    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=31403

    Le Docteur Amin Hoteit est libanais, analyste politique, expert en stratégie militaire, et Général de brigade à la retraite.
    http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=31631

    • Layssino dit :

      euuuh, c’est bien joie tout cela, amener les  » occidentaux à reconsidérer…. », j’y crois pas une seconde ! C’est même pas eux qui payent !! c’est les monarchies qui payent et les djihadistes/ASL qui meurent… `
      le status quo leur va très bien et même que ils misent sur l’usure ….si la Syrie ne dératise pas… c’est ce qui risque d’arriver…

      • Mohamed Ouadi dit :

        L’analyse d’Amine Hoteit prend évidemment en compte la SITUATION sur le terrain syrien, c’est elle qui va trancher, en fin de compte. Et les indicateurs, sur le terrain, soulignent que la Syrie a tenu le coup dans cette guerre, et fait échouer tous les scénarios établis, et défait tous les pièges qui lui ont été dressés, jusqu’à présent. Il va de soit qu’à défaut de solution de la crise, on va inévitablement vers la guerre proprement dite, directe et non plus par interposition et procuration, ce qui va mettre le feu à la poudrière régionale, voire mondiale.
        Le terrain syrien est commandé par le peuple syrien, ses instances dirigeantes – gouvernementales, partisanes, différents leaderships … – et ses forces armées … La fermeté syrienne, jusqu’à présent s’explique par la cohésion de ces différents composants !

  8. ALJ dit :

    y a un type du même genre: ARMIN AREFI, un agent que les sionistes ont placé pour écrire sur un BLOG au Monde ; maintenant, il est passé au POINT…comme la propagande anti iran de 2009 ne marche pas, ils l’ont recyclé pour faire la même chose sur la Syrie.

  9. Cécilia dit :

    Le Grand Mufti de Syrie, Ahmad Badr al-Din Hassoun avec le Père Luqa al-Khouri aux USA pour expliquer ce qu se passe en Syrie. Une rencontre prévue avec des membres du Congrès américain et les Américano-Syriens.

  10. Mohamed Ouadi dit :

    Jusqu’où peut aller la désinformation !

    Le président Bachar Al Assad, a accueilli les membres du nouveau gouvernement qui ont prêté sermon devant lui, et présidé la première réunion du gouvernement, http://www.infosyrie.fr/actualite/bachar-parle-de-guerre-quil-faut-gagner-et-des-reformes-quil-faut-poursuivre/ et donné un entretien à une TV iranienne, ça c’est dans la Syrie réelle.

    MAIS, dans la Syrie virtuelle, celle de la propagande israélo-occidentale, c’est FAUX, ce n’est que de la PROPAGANDE du régime et des INFOSYRIENS :

    « Assad est confiné dans son Palais par sa Garde Républicaine » et serait soumis à des restrictions de ses mouvements et de sa famille, et serait dans un état psychologique très bas avec un moral en dessous de zéro … Bla bla bla ….
    C’est un article à dormir debout, publié par « Debkafile, citant des sources du renseignement occidental ….

  11. Cécilia dit :

    Alep, jeudi 28 juin 2012/ Quartier al-Aziziyeh

    Les habitants de quartier ont organisé un rassemblement pro Syrie, pro Bachar qui a commencé avec l’hymne national syrien avec la musique.

    http://www.youtube.com/watch?v=63AqmUW-g4o&feature=youtu.be

  12. Djazaïri dit :

    Comment est orchestrée la fabrique de l’opinion contre l’Iran et la Palestine. Instructif pour décrypter la position du PS sur la Syrie.

    Terra Nova, l’American Jewish Committee et la guerre contre l’Iran

    Alain Gresh, dimanche 24 juin 2012

    Terra Nova est un « think tank pro­gres­siste indé­pendant » (sic), situé dans la mou­vance du Parti socia­liste mais qui se glo­rifie d’une indé­pen­dance consistant, le plus souvent, à mettre en cause les posi­tions trop « dog­ma­tiques » (c’est-à-dire trop à gauche) des socia­listes. Et qui leur conseille, entre autres, de prendre leurs dis­tances à l’égard des classes popu­laires réac­tion­naires et lepé­nistes (lire Alexander Zevin, « Terra Nova, la “boîte à idées” qui se prend pour un think tank », Le Monde diplo­ma­tique, février 2010).

    Et, visi­blement, Terra Nova s’inquiète d’un inflé­chis­sement (tout relatif) de la position du nouveau gou­ver­nement sur l’Iran. Celui-​​ci a été signalé par George Mal­brunot dans son blog L’Orient indiscret, « Laurent Fabius, réa­liste sur le Moyen-​​Orient » (30 mai) :

    « Sur l’Iran, “il n’y a pas lieu d’avoir com­pé­tition dans la fermeté”, déclare Laurent Fabius. Tra­duction pour les non initiés : Paris n’en rajoutera plus en se plaçant parfois au-​​delà des demandes amé­ri­caines sur le dossier du nucléaire, ce qui revenait à épouser les thèses va-​​t-​​en guerre de Ben­jamin Néta­nyahou, le Premier ministre israélien. Comme s’en sont plaints récemment au Washington Post deux anciens de l’administration amé­ri­caine. Cela étant, sur le fond, la France restera ferme face à Téhéran, a insisté le ministre des Affaires étran­gères, rap­pelant la double approche fran­çaise : “des sanc­tions main­tenues, et en même temps, des canaux de dis­cussion afin de convaincre Téhéran de bouger”. »

    Rap­pelons que, lors de son arrivée à la pré­si­dence, Nicolas Sarkozy avait mis ses pas dans ceux de George W. Bush et qu’il avait fait savoir, à plu­sieurs reprises, que les très rela­tives ouver­tures du pré­sident Barack Obama sur le dossier iranien étaient trop impor­tantes ; la France, disait-​​il, était la garante d’une fermeté dont pouvait se féli­citer le gou­ver­nement israélien. Pour mettre en œuvre cette poli­tique de fermeté, le dossier iranien au ministère des affaires étran­gères avait été mono­polisé par la direction générale des affaires poli­tique, le dépar­tement ANMO (Afrique du Nord — Moyen-​​Orient) étant laissé à l’écart. Ce qui carac­térise la direction générale des affaires poli­tiques depuis au moins une décennie, c’est qu’elle était soli­dement aux mains de néo­con­ser­va­teurs — des Amé­ri­cains avec un pas­seport français comme aurait dit Eric Besson. Des gens dont on dit, en matière de plai­san­terie dans les cou­loirs du Quai d’Orsay, qu’ils n’ont jamais ren­contré un Iranien de leur vie. Son res­pon­sable depuis juillet 2009 en est Jacques Audibert. Cet homme est peut-​​être sur un siège éjec­table et la rumeur avait même couru qu’il n’allait pas par­ti­ciper au cycle de négo­ciation sur le nucléaire iranien qui a eu lieu en mai à Bagdad.

    L’important n’est pas là. L’infléchissement, même partiel, du dis­cours français inquiète tous les néo­con­ser­va­teurs, de France, des Etats-​​Unis et d’Israël et c’est le sens du col­loque organisé le lundi 25 juin par Terra Nova : « Peut-​​on stopper la pro­li­fé­ration nucléaire en Iran à des fins mili­taires ? ». Le col­loque est organisé avec l’American Jewish Com­mittee France. Imagine-​​t-​​on, un instant, Terra Nova orga­nisant un col­loque sur la Palestine (ou sur les révo­lu­tions arabes) avec une orga­ni­sation musulmane saou­dienne ou égyp­tienne, même avec sa filiale fran­çaise ? La direc­trice de l’AJC Simone Rodan-​​Benzquen défend le gou­ver­nement de Néta­nyahou et explique benoî­tement qu’il faut être deux pour faire la paix et elle s’émerveille : « En Israël, comment ne pas voir l’évolution du Likoud qui évoque aujourd’hui sans ambi­guïté la création d’un Etat palestinien ? »

    Et ce col­loque verra-​​t-​​il vraiment un débat, ou ses conclu­sions sont déjà écrites ? A part Jacques Audibert, y par­ti­ci­peront trois experts qui méritent, si l’on peut dire, le détour :

    — Michel Taubmann, pré­senté comme jour­na­liste et directeur de la revue Building, mais qui, à ses moments perdus s’emploie à réha­bi­liter ce pauvre DSK victime d’un odieux complot. Venu de l’extrême gauche, c’est un néo­con­ser­vateur assumé, qui a défendu la guerre en Afgha­nistan en 2001 et l’invasion de l’Irak en 2003. Il a été le rédacteur en chef de la revue néo­con­ser­va­trice Le Meilleur des mondes. Lui qui ne connaît à peu près rien au Proche-​​Orient, ignore les langues qu’on y parle, a commis une bio­graphie du pré­sident Ahma­di­nejad. Il y affirme : « Ahma­di­nejad a été choisi comme pré­sident de la Répu­blique en 2005, parce qu’il est l’homme de l’affrontement avec les démo­craties et du combat pour la des­truction de l’Etat d’Israël. » Une telle igno­rance des affaires internes ira­niennes ne saurait sur­prendre d’un tel expert. Et le fait qu’aujourd’hui Ahma­di­nejad est mis sur la touche et perd les élec­tions légis­la­tives en Iran l’amènera-t-il à conclure que l’Iran va faire la paix avec Israël ?

    — Fré­déric Encel, que le livre de Pascal Boniface qua­lifie à juste titre d’intellectuel faus­saire, dont la seule légi­timité est celle que lui donnent des médias com­plai­sants. Par­tisan fervent d’Israël, conseiller du pré­sident du Conseil repré­sen­tatif des ins­ti­tu­tions juives de france (CRIF, celui qui pense que le danger en France ce n’est pas Le Pen mais Mélenchon), inter­venant régulier dans toutes les ini­tia­tives com­mu­nau­taires, il est un des experts (payé ?) d’une officine israé­lienne, Réalité-​​UE, qui orchestre une pré­pa­ration psy­cho­lo­gique aussi bien aux Etats-​​Unis qu’en Europe. Sur Encel, on pourra lire mon court article, « Apar­theid » (dans Le Monde diplo­ma­tique de novembre 2000) et l’article de Vincent Geisser dans « Fré­déric Encel ou l’irrésistible ascension d’une géo­po­li­tique mili­tante et sécuritaire ».

    — last but not least, Bruno Ter­trais. C’est le seul des trois dont on peut dire qu’il connaît le dossier, même s’il n’a jamais dis­simulé ses posi­tions assez for­tement anti-​​iraniennes. Il est aussi parmi les experts offi­ciels qui parlent pour Réalités-​​EU, ce qui ne man­quera pas d’étonner.

    Quelles conclu­sions res­sor­tiront de ces travaux ? Il n’est pas besoin d’être devin pour le savoir. Mais quelques ques­tions se posent : que va faire un repré­sentant officiel, Audibert, dans cette galère ? Défendra-​​t-​​il les posi­tions de l’ancien pouvoir ou de l’actuel ? Est-​​il vraiment du rôle de Terra Nova de défendre les posi­tions des néo­con­ser­va­teurs amé­ri­cains ? Est-​​ce sa manière d’enrichir le débat intel­lectuel en France ? Alors qu’un nouveau cycle de négo­cia­tions sur le nucléaire iranien se prépare à Moscou, alors que les néo­con­ser­va­teurs amé­ri­cains et le gou­ver­nement Néta­nyahou mul­ti­plient les cri­tiques contre Obama et cherchent à pré­parer l’opinion mon­diale à la guerre, Terra Nova rêve-​​t-​​il du temps où la France socia­liste faisait la guerre au pré­sident égyptien Gamal Abdel Nasser, le « nouvel Hitler », et paci­fiait l’Algérie ?
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    Source

    publié le 8 juin 2012 sur le blog du Monde diplomatique « Nouvelles d’Orient »

    http://blog.mondediplo.net/2012-06-

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