• Décryptage
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Les journaux télévisés et chaines d'info continue françaises continuent imperturbablement leur couverture des événements de Syrie selon la ligne manichéenne anti-Bachar et pro-opposition qui est la leur depuis le début des troubles à la mi-mars. Apparemment sans états d'âme malgré les preuves croissantes d'actes de cruauté émanant de certains opposants, notamment à Hama, et de l'existence de groupes armés en action au moins à Hama et à Homs. Mardi soir 2 août, le journal de France 2 donnait dans l'émotionnel et [...]


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Les massacrés de Hama interdits de télés françaises

Par Louis Denghien,



Ces cadavres-là sont décidément inmontrables sur nos petits écrans

Ces cadavres-là sont décidément inmontrables sur nos petits écrans

Les journaux télévisés et chaines d’info continue françaises continuent imperturbablement leur couverture des événements de Syrie selon la ligne manichéenne anti-Bachar et pro-opposition qui est la leur depuis le début des troubles à la mi-mars. Apparemment sans états d’âme malgré les preuves croissantes d’actes de cruauté émanant de certains opposants, notamment à Hama, et de l’existence de groupes armés en action au moins à Hama et à Homs.

Mardi soir 2 août, le journal de France 2 donnait dans l’émotionnel et même dans le lacrymal, avec son blogueur-démocrate-syrien-en-exil pleurant devant son écran à l’annonce de nouvelles statistiques de tués (fournies certainement par l’OSDH et son efficace réseau de correspondants). On avait également droit à une douzaine de manifestants anti-Bachar à Paris et, bien sûr, au traditionnel décompte de victimes de la répression bachariste sur fond d’images de protestataires à mains nues. Au même moment sur TF1 un journaliste du Figaro explique comment Bachar et les siens s’appuient pour garder le pouvoir sur la minorité alaouite sur-représentée dans l’armée et la garde républicaine. Nous avons pris ce journal en route, mais il ne semble pas que M. Figaro ait expliqué que 1) la minorité alaouite – 10% de la population – ne suffirait pas à elle-seule à garantir la survie du régime, qui peut compter sur le soutien global de toutes les minorités, notamment chrétienne et druze, mais aussi de pas mal de sunnites qui n’ont pas envie de vivre selon la « saoudian way of life  » plus ou moins développés par les Frères musulmans et 2) les Alaouites, une des minorités les plus défavorisées de Syrie, ne sont pas tous ministres, généraux, gouverneurs, businessmen…

Mercredi 3 juillet à 13 heures, le journal  de la chaîne d’info continue BFM nous ressert, par la voix d’un correspondant arabe, le mélodrame habituel : Hama « à feu et à sang« , avec malgré tout des cortèges « immenses » de manifestants bravant les chars du régime à coup de slogans et de téléphones portables. Pour illustrer ce propos, on a droit à une colonne de fumée dans le ciel de Hama, à un homme en civil gisant sur le sol et aussi, c’est vrai, à des blindés en position dans un paysage urbain. Mais rien qui montre que les troupes ont affaire sur place à des opposants qui, à défaut de disposer de blindés, sont bien équipés en armement léger et automatique.

C’est finalement l’autre chaîne d’info continue I-Télé – annexe de Canal+ – qui fait, par rapport à ses consoeurs, montre d’un – relatif – « pluralisme » de l’information en diffusant un extrait du journal de la télévision d’Etat syrienne : l’occasion de voir pendant une minute des émeutiers armés en action à Hama, les techniciens de la télé syrienne ayant même pris soin de cercler en rouge des fusils d’assaut ou à pompe pourtant bien visibles.

Censure démocrate

Mais pas question, pas plus pour I-Télé que pour la concurrence, de montrer les images atroces et parlantes de cadavres ensanglantés balancés dans l’Oronte, depuis un pont d’Hama, par des émeutiers hurlant « Allah o Akbar ! » selon le mode islamiste. Pourtant, les journalistes français en charge du dossier syrien ont forcément connaissance de cette vidéo. Alors pourquoi ne la diffusent-ils pas ? Parce qu’il y a des doutes sur l’identification précise des événements ? On fait montre de moins de prudence quand il s’agit de présenter des bouts de manifs filmées sur portable comme la protestation de tout un peuple ! Le caractère « difficile » de ces images ? Mais nos médias n’ont jamais rechigné à montrer des victimes réelles ou supposées de la répression, exhibant notamment le corps décomposé du jeune Hamza pour faire croire à des tortures.

La raison la plus probable de cet « embargo », c’est que ces images ne vont pas dans le sens souhaité par l’establishment politico-médiatique français – et, au-delà, occidental – qui veut à tout prix que s’impose, sans restriction, sa lecture, disons américano-sioniste et quasi-hollywoodienne, de la crise syrienne. En un mot, ces cadavres-là ne sont pas géopolitiquement corrects ! Nos journalistes avaient d’ailleurs eu les mêmes réticences devant les cadavres d’une centaine de policiers ou soldats tués mi-juin à Jisr al-Choughour dans l’assaut du QG de la police par des groupes d’activistes armés : contraints malgré tout de montrer quelques uns de ces corps en uniforme, beaucoup de commentateurs s’étaient empressés de relayer la version ‘hautement crédible » des cyber-opposants, selon laquelle ces malheureux auraient été tués –  pour avoir refusé de tirer sur des civils – par d’autres militaires fidèles au régime. Chez nous, que voulez-vous, on n’aime que les victimes estampillées « démocrates », « pacifistes », « libérales », en un mot « occidentales », c’est comme ça !

C’est aussi cette forme de pudeur « démocratique » qui explique que les nombreux et – vraiment – impressionnants rassemblements de soutien au régime aient été aussi peu montrés ou commentés par nos journaux télévisé : quelques centaines ou milliers  de manifestants d’opposition à Hama, Homs ou Deir Ezzor pèsent plus lourd, dans les balances du Paysage Audiovisuel Français, que les centaines de milliers de bacharistes manifestant à Damas et dans toutes les villes du pays.

 

Un opposant pacifiste armé est caché sur cette capture d'écran : ami lecteur et/ou journaliste français, sauras-tu le retrouver ?

Un opposant pacifiste armé est caché sur cette capture d'écran : ami lecteur et/ou journaliste français, sauras-tu le retrouver ?

Vous avez dit « déontologie » ?

Bref, on est conduit à penser que nos médias – qui en leur temps ont relayé sans ciller les bidonnages de Timisoara, nous ont « vendu » la propagande américaine sur les armes secrètes et la puissance globale de l’armée de Saddam Hussein, qui nous ont expliqué que Kadhafi allait s’effondrer en quelques jours – pèchent gravement contre leur déontologie professionnelle sur le dossier syrien…

1) en reprenant systématiquement, sans le moindre réserve, les arguments et les chiffres d’une cyber-opposition rien moins que transparente sur son organisation, ses buts et ses subsides. Et en s’abstenant d’ailleurs de la moindre enquête sur ces cyber-activistes, dont le fameux Rami Abdel Rahmane ;

2) en passant sous silence les éléments n’allant pas dans le sens de leur analyse : existence de groupes d’opposants armés, nature idéologique de type islamiste des secteurs les plus influents et organisés de cette opposition radicale (Frères musulmans, groupes djihadistes), crime commis par les opposants ;

3) en s’abstenant de toute projection ou prospective, même les plus évidentes : si les Frères musulmans renversaient le régime baasiste, les libertés civiles et religieuses n’y gagneraient probablement rien, au contraire ce serait la porte ouverte à une situation à l’irakienne, avec guerre civile larvée et exode des minorités, notamment la chrétienne ; la déstabilisation de la Syrie entraînerait immanquablement celle de toute la région, du Liban à l’Irak en passant par la Jordanie ;

4) en passant complètement sous silence des données fondamentales comme le projet – « bushiste » mais pas remisé dans les cartons par l’administration Obama – de « reformatage » du Proche-Orient, dans le sens des intérêts de Washington et de son allié privilégié israélien ;

5) en simplifiant, d’une manière générale, à des fins sensationnalistes ou idéologiquement correctes, des situations complexes : Bachar al-Assad n’est pas son père ; la Syrie multi-confessionnelle n’est ni la Suisse ni la France ; il y a plusieurs oppositions et des revendications très diverses dans la société syrienne.

On peut faire le pari que, dans quelques mois, ou quelques années, des essayistes, spécialistes du Proche-Orient ou des médias français, viendront nous expliquer, dans ces mêmes médias, que ceux-ci se sont fait manipuler par des officines ou des puissances étrangères, qui les ont « intoxiqués » sur la situation en Syrie, comme ils les avaient intoxiqués sur l’Irak, l’Iran, la Libye, le Kosovo ou la Georgie. Et on lira des éditoriaux comme quoi les « professionnels de la profession » doivent faire preuve de prudence et d’un professionnalisme redoublé pour éviter à l’avenir manipulations et désinformations. Entre-temps, la Syrie aura peut-être plongé dans une guerre civile…



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8 commentaires à “Les massacrés de Hama interdits de télés françaises”

  1. syrien de hama dit :

    Depuis le début de cette affaire les journaliste ont fait preuve , consciemment ou non, d’une faiblesse déontologique manifeste et caractérisée
    ils ne vérifient aucune source , ne montre que ce qui les interesse, ce qui est sensationnel, et jetant le doute parmi les esprit en usant jusqu’à l’écœurement d’une malhonnêteté intellectuelle inouïe ( cf  » le régime alaouites », « les chars de bashar », la répression sanglante »,…)
    qu’attendre d’une presse aussi unanime qu’inutiles, sans jamais contredire leur pouvoir en place, on se demanderait bien de quelle démocratie ils se réclament. Bref heureusement que des sites comme celui ci existent qui est vraiment réconfortant et surtout nous montre à nous syriens que les francais sont plus intelligents qu’on veut nous le faire croire avec leurs mensonges

  2. Syrienne libre dit :

    Alors voila, avant que vous ne publiiez la vidéo, dans quelques jours, voici la description du scénario :
    Les forces de l’ordre et les sbires du regime seront les prochains heros d’une piece théatrale vile et lugubre.
    En effet, les habitants du quartier Al Karama, ont pu voir, il y a quelques heures, un bus rempli de forces de l’ordre, près du rond point douanier. Ces hommes en sont descendus et ont commencé à changer leur uniforme pour des vêtements de civils.
    Ils se sont armés, et sont entrés dans la ville. Sont aussi présentes des voitures équipées de hauts parleurs, qui rôdent dans l’ouest du quartier, Al Machtal, et dans le sud du quartier, Al Mal’ab Ils disent « arrêtez les coups de feux, vous qui êtes armés et rendez-vous. Vous avez jusqu’à la prière de Al ‘Icha. »
    Il est clair que les forces de l’ordre qui ont été vu au rond point douanier se sont déployés dans l’ouest du quartier Al Machtal et dans le sud du quartier Al Mal’ab. Ce sont ces mêmes personnes qui jouent le rôle des civils armés recherchés par les forces de l’ordre.
    Les médias gouvernementaux comptent publier cette vidéo fallacieuse sur les chaîne syrienne honteuses, Al Dounia et alEkhbariya.
    Ceci afin de justifier au monde, l’offensive barbare à l’encontre de la ville et ses habitants. filmer les saccages, des gangs armés pour en accuser les habitant de Hama.

    • syrien de hama dit :

      Les sources?
      De plus ils se sont changés après être arrivés sur place, pourquoi pas être venus directement habillés en civile? de plus ils vont donc jouer le rôle de civils tirant sur l’arméee, donc ils vont se tirer dessus, entre eux, donc les militaires en partant la-bas savnet qu’ils y vont pour se tirer dessus donc mourir, juste pour faire croire qu’il s’agit d’hommes armés.
      hmm très intéressant… et donc si c’était aussi simple il pourrait le faire dans chaques villes, filmer et emballé c’est pesé… hmmm
      donc en gros le gouvernement veut la guerre civile….hmmm
      je me demande parfois si vous avez quelques peu de jugement ou même d’esprit critiques
      Il semble que votre haine de la Syrie, pour je ne sais quelles raison, vous aveugles jusqua l’étourdissement

    • Louis dit :

      Nous attendons les vidéos, effectivement, qui ne manqueront d’ailleurs pas d’être contradictoires les unes avec les autres.
      Que puis-je vous dire ? Que j’imagine qu’il s’agit d’une opération de police ?
      Si je croyais tout ce que j’entends, cela voudrait dire principalement que la hiérarchie de l’armée syrienne, même aux plus bas échelons, est composée uniquement de clampins, d’incapables et d’imbéciles heureux. J’en doute sérieusement – d’autant que dans ce cas, il y aurait réellement eu des désertions massives, pas d’un ou deux individus arrivant en uniforme et se proclamant colonel. Même une unité de conscrits qui se fait la malle (je ne parle pas du cas où ce serait une unité combattante) aurait été bien plus médiatisé que ce qui a été fait : pas une image (mis à part Harmoush), pas une photo, pas une vidéo…

      • Syrienne libre dit :

        Dommage la video n’a jamais vu le jour dans les médias. Il faut dire que l’info a été largement diffusée sur la toile.
        Sinon je me pose un question : pourquoi publier mon commentaire bien plus tard que le jour où je l’ai ecrit. Je l’attendais avec impatience, donc je ne peux pas me tromper… Et pourquoi les commentaires précédents sont il censurés? Un manque de place?

  3. shamsi dit :

    On lira avec attention le communiqué du comité de coordination de Hama (Hama’s coordinating committee) concernant les corps des soldats jetés du pont ..

    Le second point du démenti est particulièrement étrange et soulève bien des questions concernant leurs auteurs. Ceux ci nient que ces événements se soient passés à Hama.

    « 2) There is no such bridge in Hama.  »

    Il est particulièrement étrange que des « habitants » de Hama ne soit pas en mesure de reconnaitre aussi facilement un pont de leur ville puisque ces événements se sont bien produits à Hama comme le démontre la plus élémentaire vérification avec Google Earth. compilé dans cette vidéo.

    http://www.youtube.com/watch?v=Wx_yUZPxtvw

    Le point 4 du démenti est particulièrement « amusant » mettant en doute des informations diffusées par des sources « inconnues ».
    Transmis à Rami.

    4) « the way this video was distributed by unknown sources and the timing, suggests that it was released by the regime to justify an attack on Hama ».

    voir le communiqué en anglais ici
    http://storyful.com/stories/1000006060

    Communiqué original/
    https://www.facebook.com/photo.php?fbid=191572890905695&set=a.168684683194516.41981.162428843820100&type=1&theater&ref;=nf

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