• Décryptage
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"Les Syriens ont manifesté vendredi par dizaines de milliers à travers le pays pour apporter leur soutien aux militaires dissidents et crier leur haine du régime, malgré la répression qui a fait encore dix morts dont une fillette de six ans". C'est ainsi que débute la dépêche relative à la Syrie, en date du samedi 14 janvier, de l'Agence France Presse : on peut dire que presque chacun des mots ou expressions employés dans ces trois lignes ressort au tract politique [...]



Pour un jumelage AFP/OSDH

Par Louis Denghien,



L'AFP : l'expérience au service d'une authentique désinformation aux normes françaises

« Les Syriens ont manifesté vendredi par dizaines de milliers à travers le pays pour apporter leur soutien aux militaires dissidents et crier leur haine du régime, malgré la répression qui a fait encore dix morts dont une fillette de six ans« .

C’est ainsi que débute la dépêche relative à la Syrie, en date du samedi 14 janvier, de l’Agence France Presse : on peut dire que presque chacun des mots ou expressions employés dans ces trois lignes ressort au tract politique le plus grossier. Oui, mais il s’agit néanmoins – formellement – d’un article à but informatif, émanant d’une des principales sources d’information françaises. A lire cette prose d’activiste – ou de speaker officiel – on mesure à quel niveau d’indigence, de bien-pensance, d’alignement et, disons le mot, de falsification plus ou moins consciente est descendu le journalisme dans ce pays, qui sur certains sujets au moins a une approche nord-coréenne – ou néoconservatrice, c’est presque pareil intellectuellement – de l’information.

On ne s’étonnera pas, évidemment (en tous cas pas à Infosyrie), que ces « informations » soient puisées à la « meilleure source », l’irremplaçable OSDH, l’agence de presse de l’opposition sous influence islamiste de Rami Abdel Rahmane, subventionnée par le gouvernement britannique et reprise servilement par l’ensemble de la médiasphère institutionnelle française.

Donc, dixit l’OSDH, « 20 000 manifestants » ont envahi, vendredi 13, les rues d’Idleb, et « 15 000 » celles de Douma, près de Damas, « des milliers d’autres » se sont rassemblant à Palmyre, dans la région de Homs et à Lattaquié. Avec la sérénité relative que peut donner l’expérience, on se contentera de diviser par deux ou trois les chiffres avancés par M. Rahmane, déjà accusé de bidonnage par des membres du CNS (voir notre article « La discorde chez l’ennemi : rien ne va plus entre Rami Abdel Rahmane et le CNS ! », mis en ligne le 5 janvier) et l’on concluera que l’opposition, pour sa traditionnelle journée de mobilisation du vendredi, a fait sortir plusieurs milliers de personnes : ce n’est pas mal, mais c’est tout.

« Rentabiliser » la mort de Gilles Jacquier

Propagande dans la propagande, l’AFP tient à préciser que « plusieurs rassemblements » de ce vendredi ont « rendu hommage » au journaliste Gilles Jacquier, tué le 11 janvier à Homs. « Gilles Jacquier, vous êtes dans nos coeurs ! » proclamait ainsi une pancarte brandie par un manifestant de l’opposition dans un quartier de Damas, cette opposition empressée de récupérer un cadavre et d’attribuer au régime un crime qui lui revient à elle.

A propos de Gilles Jacquier, l’AFP ne peut faire moins que d’entretenir vaille que vaille une forme de doute sur une affaire pourtant assez claire (voir nos articles « Un journaliste de France 2 tué à Homs par des rebelles » et « Après la mort de Gilles Jacquier, embarras politico-médiatique français », mis en ligne les 11 et 12 janvier), assurant qu' »aucun témoin » n’avait pu établir si l’obus meurtrier avait été tiré par un rebelle ou par l’armée – les deux femmes pro-Bachar blessées lors de l’attentat, et dont le témoignage a été diffusé notamment par I-Télé, n’ont elles aucun doute sur les coupables  ! – et relayant les propos dérisoires de Thierry ThuillIer, patron de Jacquier, sur le fait que les militaires syriens escortant le groupe de journalistes auraient soudainement disparu au moment des tirs (peut-être pour se mettre à l’abri ? Quel timing impeccable, en tout cas !). On suppose d’ailleurs que si les militaires syriens avaient escorté Jacquier jusqu’au bout, Thuillier aurait crié au flicage des journalistes, à l’encadrement de l’information...

Encore un petit coup de patte à la mission des observateurs arabes, ainsi qu’à la Russie et à l’Iran, accusés entre autres de ravitailler en armes Bachar, et  les « journalistes » de l’AFP ont bouclé leur tract, pardon leur « papier ».

Gilles Jacquier n'est-il mort que pour continuer à alimenter la machine à désinformer ?

 



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22 commentaires à “Pour un jumelage AFP/OSDH”

  1. Purpan dit :

    Les bons démocrates Qatari a l’action : peut-être un peu trop tôt, mais il faut préparer les esprits a l’intervention militaire.
    2 source : TF1 et Le Point…

    http://lci.tf1.fr/monde/moyen-orient/l-emir-du-qatar-favorable-a-l-envoi-de-troupes-arabes-en-syrie-6935217.html
    ET
    http://www.lepoint.fr/monde/le-qatar-pour-l-envoi-de-troupes-arabes-en-syrie-14-01-2012-1419190_24.php

    • Purpan dit :

      Cependant, je ne pense pas que ce soit du goût des Russes.
      Au contraire, ça va renforcer leur méfiance vis-a-vis des ingérences étrangères en Syrie.

      • Akyliss dit :

        Je ne pense pas non plus que la Syrie se laisse faire non plus par ce grand démocrate qataris…il a l’air de parler en connaissance de cause comme si la Qatar étant un pays très démocratique…

  2. NO PASARAN dit :

    Bon au moins, une nouveauté : il y aurait des manifestants à Palmyre, ça change un peu ! Est-ce que l’OSDH/AFP a aussi comptabilisé les chameaux ? 😉

    • lafleuriel dit :

      Si il y a des manifs à Palmyre c’est sans doute parce que les bédouins qui conduisaient leurs « chameaux » ( certains dromadaires, blancs)…avec leurs plus beaux harnachements n’ont plus de touristes à balader dans les ruines et dans la si belle oasis ET comme les commerçants de la ville. ils n’ont plus de revenus..C’est le vide…
      Alors ils s’ennuient et peut- être leur a- t- on promis quelques dizaines de livres syriennes pour bouger. Ils feront peut-être une entrée en cavalcade à Damas comme certains bédouins égyptiens le firent au Caire…

      • NO PASARAN dit :

        Oui, c’est clair ! Merci de préciser pour ceux qui ne le savaient pas : Palmyre plus que n’importe quelle place en Syrie est touchée économiquement par cette connerie !!! La plupart des gens n’ont absolument aucune autre alternative, là-bas, depuis qu’il n’y a plus de touristes. C’est une ville morte, comme vous dites…

        Haram, non ?

  3. Julie dit :

    AFP et OSDH peuvent dire ce qu’ils veulent, nempêche que les opposants eux-mêmes déplorent la chute du nombre des manifestants et attribuent cela au nom donné à ce vendredi (soutien à l’ASL)
    Donc pas besoin de compter, mais il y aura toujours un qui sera plus royaliste que le roi.

  4. fatima dit :

    Un très grand menteur , ce Thierry Thuillier!!! Je l’invite à regarder le 2 video sur le site » Shukumaku.com  » (j’ai déjà dit dans un commentaire que ces video sont insoutenables)qui montrent minutieusement les faits et comment ce journalistes est décédé .
    De plus, j’incite Thuillier vivement (s’il n’a pas confiance des sites syriens) à lire cet article publié sur le site de « Voltairenet.org » écrit par Arthur Lepic, le 11/01/2012. Il est intitulé « Le journaliste français Gilles Jacquier meurt sous le feu des gangs armés à Homs ». Il va voir que c’est Gilles qui a voulu quitter le groupe de la presse afin de vadrouiller tout seul .. (je vous laisse lire cet article et de vous juger de vous-mêmes).
    Les français : pouvoir, et médias ont dépassé toutes les limites..
    On a bien compris qu’ils sont contre le pouvoir syrien mais ce qui est scandaleux est l’utilisation de ce décès pour des fins politiques !!
    Aucune décence …!!
    Les syriens ont beaucoup respecté la volonté de la femme de Gilles. Celle-ci , appuyée par l’ambassadeur de France en Syrie, a demandé au pouvoir de ne pas pratiquer aucune autopsie pour son mari. Elle voulait que cela se fait en France. L’ambassadeur n’a pas confiance !!?? (Selon le Maire de Homs sur le site Cham press)
    Cet ambassadeur est très méprisant !! Le video que Cécile a posté sur votre site montre avec quel dédain ce monsieur parle avec les Syriens qui le questionnent et qui lui parlent !!??
    STOPPPPPPPPPPP !!!arrêtez votre arrogance, vous êtes vraiment méprisants..

  5. Cécilia dit :

    Mais BRAVO !

    Franchement quel progrès !

    On passe de 250 000 à Idleb à 20 000 manifestants !
    Un chiffre divisé par dix ou plus.

    Et dire encore que AFP ne fait pas de progrès ? Soyez indulgents mes amis.

    A ce rythme, le chiffre des manifestants de Douma sera en baisse dans une ou deux semaines.

    En attendant, je partage l’avis de NO PASARAN concernant Palmyre, il y a une confusion entre les chameaux et bédouins habitants cette ville. « La nuit tous les chats sont cris » dit le dicton.

    Copie à revoir pour vendredi prochain après la prière du midi.

  6. SORISHARIF dit :

    Des opposants pacifiques de plus en plus comme dit Nouh .

    http://www.youtube.com/watch?v=9R5iR0PFvLQ

    • Cécilia dit :

      Quel menace !

      L’armée syrienne doit les laisser tranquilles sinon ils vont faire exploser eau, courant, lignes téléphoniques même couper la route internationale entre Damas et Beyrouth sans parler des bâtiments publics.

      Je vous ai dit, non seulement c’est la « révolution » la plus stupide de l’histoire, mais aussi la plus criminelle !

      N.B (comme d’habitude, ils sont fidèles à eux-mêmes, le nom de leur groupe est Hamzah ibn Abdel-Mutaleb, un cousin et compagnon du prophète).

      Quel blasphème !

  7. Souriya ya habibati dit :

    Une Anglaise qui voit les choses autrement que les deux sources de désinformation citées dans l’article.

    http://www.sana.sy/eng/21/2012/01/14/394292.htm

    British Journalist: Image of Events on the Ground in Syria Is Completely Contrary to Media Depictions

    Pour les arabisants, ils peuvent consulter l’article sur SANA en arabe

  8. Djezehel dit :

    Au jumelage AFP/OSDH, j’ajouterai un transfert des locaux de l’AFP et de toutes les rédactions qui n’ont plus de nom que françaises au ministère de l’intérieur, au niveau du tunnel qui relie le ministère à l’Elysée ainsi que le déménagement du ministère des affaires étrangères à Tel Aviv, cela aurait l’avantage d’être clair. ( Prière d’emporter dans les bagages B.H.L.et quelques autres )

  9. Cécilia dit :

    UNE CHAINE BELGE a filmé ce que c’est passé à Homs mercredi dernier :

    http://www.youtube.com/watch?v=iv53Hi1Puq0&feature=related

    • fatima dit :

      Chère Cécilia,
      Merci de ce video fait par le journaliste Belge qui était présent ..
      La vérité est bien là.. Je vous assure que le site Shulumaku a posté les videos qui montrent les mêmes faits..
      Donc, que le couple sarko-jupée arrête leurs délires

  10. Cécilia dit :

    Charia EXPRESSE et « le peuple le plus bête de la planète » :

    http://www.youtube.com/watch?v=MnASPQ259kY&feature=share

  11. Cécilia dit :

    USA et le complot vénézuélien !

    Les attentats complotés par l’Iran et le Venezuela sont “pires que le 11/09”

    Par Anna Mahjar-Barducci->Adaptation Marc Brzustowski

    dimanche 15 janvier 2012

    Les tensions s’accroissent entre les Etats-Unis et le Venezuela, alors que le Département d’Etat a décidé d’expulser Livia Acosta Noguera, la Consule vénézuélienne à Miami, la déclarant « persona non grata ». La Consule vénézuélienne était impliquée dans un complot présumé de lancer des cyberattaques contre des installations nucléaires des Etats-Unis. Cette décision a été prise comme conséquence directe des révélations faites par le documentaire La Menace Iranienne [la Amenaza Irani, ci-dessous], diffusée par la chaîne de télévision en langue espagnole Univision.

    http://www.desinfos.com/spip.php?page=article&id_article=29396

  12. Cécilia dit :

    Égypte !

    Des manifestants égyptiens exigent la suspension du Qatar de la Ligue arabe

    Des Egyptiens regroupés au sein de la coalition générale des commissions populaires ont tenu vendredi un imposant sit-in au Caire pour exiger la fermeture de l’ambassade du Qatar. Selon la presse égyptienne, le Qatar est devenu un instrument du Mossad et de la CIA, travaillant selon les agendas des Occidentaux visant à déstabiliser la région du monde arabe. Les manifestants égyptiens ont appelé également à la suspension du Qatar au sein de la Ligue arabe en tant que membre. Les Egyptiens reprochent à ce pays arabe son implication directe dans la guerre libyenne aux côtés des forces de l’Otan en fournissant l’armement et sa chaîne de télévision Al Jazeera afin de décapiter l’Etat libyen et de tuer Kadhafi et tous ses partisans.

    Selon les manifestants, le Qatar avait mobilisé plus de 5000 militaires en Libye et tente aujourd’hui de détruire la Syrie, le Yémen et l’Egypte.

    Pour les manifestants, le Qatar menace les intérêts stratégiques et idéologiques de l’Egypte et des pays arabes. Des membres de la coalition générale des commissions populaires affirment détenir des preuves sur «les relations entretenues par le Qatar avec le Mossad».

    Ils menacent de les rendre publiques. Ils précisent que l’ancien patron d’Al Jazeera, M. Khanefar, était un agent au service de la CIA et recevait des instructions directes des responsables américains.

    La ligne éditoriale d’Al Jazeera est identique à celles de CNN, de BBC et bien d’autres médias occidentaux, soulignent les Egyptiens sortis vendredi exprimer leur colère et leur indignation quant à l’implication de l’émir du Qatar dans les révoltes des peuples du monde arabe. Nombreux sont les pays qui ont eu des relations tendues avec le Qatar, notamment au sein de la Ligue arabe. Récemment, le président mauritanien a renvoyé l’émir du Qatar. Le président mauritanien,

    Mohamed Ould Abdelaziz n’a pas apprécié les «conseils» de son hôte, l’émir du Qatar, Hamad Bin Khalifa Al Thani. Selon des médias mauritaniens, la visite de l’émir du Qatar en Mauritanie a été très négative, puisque ce dernier s’est vu obligé de quitter le pays sans même être escorté à l’aéroport de Nouakchott.

    Ould Abdelaziz aurait dénoncé des «conseils» comme étant une ingérence dans les affaires internes de la Mauritanie, allant jusqu’à ridiculiser la politique qatarie qui veut «exporter la révolution», accusant la chaîne Al Jazeera d’inciter la haine contre les peuples arabes. L’émir du Qatar aurait même demandé au président mauritanien des réformes et de faire pression sur le président syrien Bachar Al Assad.

    http://www.letempsdz.com//content/view/68602/1/

  13. Mohamed dit :

    ARTICLE IMPORTANT : La mort en Syrie du journaliste Gilles Jacquier

    Le fiasco des barbouzes français à Homs
    par Boris V.

    Alors que Paris accuse Damas d’avoir organisé l’assassinat du journaliste de France-Télévisions Gilles Jacquier à Homs, Pierre Tolstoï vient de présenter une toute autre version des faits lors d’une émission spéciale de la première chaîne de télévision russe. Selon l’enquête conduite sur place par son équipe, M. Jacquier commandait sous couverture de presse une opération des services secrets militaires français qui a tourné au fiasco. Les accusations française ne sont qu’un moyen pour masquer la responsabilité de Paris dans les actions terroristes entreprises pour déstabiliser la Syrie. Nous reproduisons ici la traduction d’un article publié par l’équipe de la télévision russe dans Komsomolkaya Pravda.

    Le journaliste français Gilles Jacquier a été tué lors d’un reportage à Homs, le mercredi 11 janvier. Il était venu couvrir les événements en Syrie pour le magazine Envoyé spécial.

    Persuadé qu’il n’y avait pas de groupes terroristes, mais une révolution réprimée dans le sang, il avait refusé la protection des services de sécurité et ne portait ni casque, ni gilet pare-balles. Avec des collègues qui partageaient ses convictions, ils avaient loué trois minibus et trouvé des fixeurs, c’est-à-dire des locaux capables de les aider à se repérer, à prendre des rendez-vous, et leur servant de traducteurs.

    Tous ensemble avaient demandé à rencontrer des représentants alaouites avant de se rendre dans les quartiers insurgés de Bab Amr et Bab Sbah. Arrivés à l’hôtel As-Safir, ils avaient rencontré par hasard un capitaine qui leur proposa de les accompagner avec son détachement jusqu’au quartier alaouite de Najha où les attendait une assistante du gouverneur de Homs. Avec son aide, les journalistes purent rencontrer des personnalités et interroger les passants. A 14h45, la représentante du gouverneur leur avait demandé de quitter les lieux au plus vite, le cessez-le-feu de facto prenant fin chaque jour à 15h précises. Cependant, les journalistes de la radio télévision belge flamande (VRT) s’étant aventurés plus loin chez des particuliers jusque dans le quartier d’Akrama, le groupe fut lent à se mouvoir. Des membres de l’association des victimes du terrorisme qui avaient prévu de manifester devant un car affrété par le ministère de l’Information pour une quarantaine de journalistes anglo-saxons, mais qui ne les avaient pas trouvés, se sentirent utiles en scandant des slogans pour le président Bachar à la vue de quelques caméras. A 15h, comme chaque jour, la bataille d’Homs reprit. Un projectile explosa sur la terrasse d’un immeuble, détruisant un réservoir de mazout. Un second projectile tomba sur une école, puis un troisième sur les manifestants pro-Assad, tuant deux d’entre eux. Les journalistes montèrent sur la terrasse pour filmer les dégâts. Il y eut une accalmie. Gilles Jacquier, pensa que les tirs étaient finis et descendit avec son cadreur pour aller filmer les cadavres des manifestants. Arrivé dans l’embrasure de la porte, il fut tué avec six militants pro-Assad par une quatrième explosion qui le projeta sur sa fixeuse qui le suivait. La jeune femme fut blessée aux jambes.

    Dans la confusion générale, le mort et la blessée furent évacués dans des voitures vers des hôpitaux. Ce seul incident fit 9 morts au total et 25 blessés. La bataille de Homs se poursuivi avec de nombreux autres incidents durant la soirée et la nuit.

    Au premier abord, tout est clair : Gilles Jacquier est mort par hasard. Il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Surtout ses convictions sur la nature des événements en Syrie lui faisaient croire qu’il ne devait craindre que les forces gouvernementales et qu’il ne courrait aucun risque en dehors de manifestations anti-régime. Il avait donc refusé une escorte, il n’avait pas pris de casque et de gilet pare-balles, et il n’a pas respecté l’heure fatidique de fin du cessez-le-feu. En définitive, il n’a pas su évaluer la situation car il a été victime de l’écart entre la propagande de ses collègues et la réalité qu’il niait.

    Dans ces conditions, on ne comprend pas très bien pourquoi, après une première réaction courtoise, la France, qui avait légitimement exigé une enquête sur les circonstances de la mort de son ressortissant, a subitement insinué que Gilles Jacquier avait été assassiné par les Syriens et a refusé que l’autopsie ait lieu sur place en présence de ses experts. Ces accusations ont été publiquement explicitées par un des journalistes qui accompagnait Jacquier, Jacques Duplessy.

    Pour la presse française, les faits ne sont pas si évidents qu’il y paraît : un doute persiste sur l’identification des projectiles mortels. Selon la plupart des reporters, il s’agissait de tirs de mortiers. L’armée syrienne confirme que cette arme est quotidiennement utilisée par les terroristes à Homs. Mais selon certains témoins, c’était des roquettes tirées depuis un lance-roquette portatif, et la télévision privée syrienne Ad-Dounia a montré des ailettes de roquette. Des forums se passionnent sur ce sujet, non sans arrières-pensées. En France, les anti-Assad croient au mortier et accusent l’armée syrienne d’avoir tiré. Tandis que les pro-Assad croient à la roquette et accusent les terroristes. En définitive, ce détail ne prouve rien : certes l’armée syrienne utilise des mortiers, mais pas de ce calibre, et les groupes armés utilisent des lance-roquette, mais rien n’empêche chaque camp de varier son armement.

    Au demeurant, s’il s’agit de tirs de mortier, les deux premiers ont permis d’ajuster le tir du troisième et du quatrième pour frapper les manifestants qui étaient leur cible. Mais s’il s’agit de tirs de roquette, il était possible de viser beaucoup précisément et de tuer une personne en particulier. La thèse de l’assassinat devient possible.

    L’étude des images et des vidéos montre que les corps des victimes ne sont pas ensanglantés et criblés d’éclats, comme lors de l’explosion d’un obus qui se fragmente. Au contraire, ils sont intacts, le sang coulant selon les cas par le nez ou les oreilles, comme lors de l’explosion d’une roquette thermobarique dont le souffle comprime les organes provoquant des hémorragies internes. De même, les points d’impact sur le trottoir ne portent aucune trace de fragmentation.

    Notez que certains témoins parlent, eux de grenades, ce qui ne fait guère avancer notre compréhension puisqu’il existe des grenades à souffle et des grenades à fragmentation. En définitive, seule l’hypothèse de l’arme de souffle (RPG ou grenade) est compatible avec les éléments médicaux-légaux visibles sur les photos et vidéos. Accourus sur les lieux, des enquêteurs syriens et des observateurs de la Ligue arabe ont retrouvé deux queues de mortier de 82mm et une queue de roquette de fabrication israélienne.

    Par conséquent, les autorités françaises ont raison d’étudier la possibilité de l’assassinat même s’il s’agit pour elles de se saisir d’un drame pour l’instrumenter et justifier leur ambition de guerre contre la Syrie. Pourtant les diplomates français, s’ils ont pour consigne de chercher la vérité, ont manifestement aussi pour consigne de s’assurer que les Syriens ne la découvrent pas. Ainsi, ils ont empêché toute personne francophone d’approcher la photographe Caroline Poiron, compagne du journaliste Gilles Jacquier, qui veillait sa dépouille toute la nuit. La jeune femme, en état de choc, ne maîtrisait plus son comportement et aurait pu trop parler. Puis, ils ont interdit l’autopsie sur place et ont rapatrié le corps au plus vite. Quelle est donc l’hypothèse que la France veut vérifier pour elle-même, mais cacher au grand public ?

    Ici commence notre plongée dans le monde des services spéciaux occidentaux qui conduisent en Syrie une « guerre de basse intensité », comparable à celles organisées dans les années 80 en Amérique centrale ou plus récemment en Libye pour préparer et justifier l’intervention de l’OTAN.

    Gilles Jacquier était un reporter apprécié de ses confrères, et récompensé par sa profession (Prix Albert Londres, Prix des correspondants de guerre etc.). Mais il n’était pas que cela.…

    Dans une lettre à en-tête de France-Télévisions, datée du 1er décembre 2011, les rédactrices en chef du magazine Envoyé spécial –l’émission politique la plus regardée du pays– avaient sollicité un visa du ministère syrien de l’Information. Prétendant vouloir vérifier la version syrienne des événements selon laquelle « les soldats de l’armée syrienne sont victimes d’embuscades et de groupes armés qui sévissent dans le pays », elles demandèrent que Jacquier puisse suivre le quotidien des soldats de la 4e division blindée commandée par le général Maher el-Assad (frère du président) et de la 18e division blindée, commandée par le général Wajih Mahmud. Les autorités syrienne furent surprises par l’arrogance des Français : d’une main, ils encadrent les groupes armés qui attaquent les troupes loyalistes, de l’autre ils entendaient infiltrer un agent de renseignement militaire dans leurs troupes pour informer les groupes armés de leurs déplacements. Il ne fut pas donné suite à cette demande.

    Aussi, Gilles Jacquier tenta t-il une autre voie. Il sollicita l’entremise d’une religieuse grecque-catholique au franc-parler, estimée et parfois redoutée par le pouvoir, Mère Agnès-Mariam de la Croix, higoumène du monastère Saint-Jacques de l’Intercis. Elle avait organisé le premier voyage de presse ouvert aux journalistes occidentaux depuis le début des événements afin de montrer le soutien patriotique des Syriens chrétiens à l’administration Assad, et leur crainte de voir les Occidentaux placer au pouvoir des fanatiques takfiristes. La célèbre religieuse, qui dispose d’une double nationalité, espéra que la presse française agirait professionnellement et favoriserait la réconciliation nationale. Elle fit donc le siège du ministère de l’Information jusqu’à obtention d’un visa pour Jacquier et son cadreur.

    Les choses s’accélérèrent le 20 décembre, d’autres médias prièrent Mère Agnès-Mariam de leur obtenir la même faveur. Gilles Jacquier, quant à lui, sollicita un autre visa pour sa compagne, la photographe Caroline Poiron, et pour la reporter Flore Olive, représentant toutes deux Paris-Match. Ce devait être au total un groupe de 15 journalistes français, belges, néerlandais et suisses. Selon toute vraisemblance, les Français et le Néerlandais étaient pour la plupart, voire tous, des agents de la DGSE. Le temps pressait pour leur mission.

    Ici un petit retour en arrière est indispensable.

    Pour affaiblir la Syrie, les groupes armés par l’OTAN entreprennent diverses actions de sabotage. Bien que le centre historique de la rébellion des Frères musulmans soit Hama, et que seuls deux quartiers de Homs les soutiennent, l’OTAN à choisi cette ville pour concentrer ses actions secrètes. En effet, elle est au centre du pays et constitue le principal nœud de communication et d’approvisionnement. Successivement, des « révolutionnaires » ont coupé le pipe-line, puis les ingénieurs canadiens qui dirigeaient la centrale électrique ont été rapatriés à la demande des Etats-Unis. Enfin, cinq ingénieurs iraniens chargé de faire re-fonctionner la centrale ont été enlevés, le 20 décembre 2011.

    Des médias ont reçu une revendication d’une mystérieuse brigade contre l’expansion chiite en Syrie. Puis, l’ambassade a confirmé avoir débuté une négociation avec les preneurs d’otages. Restaient à ceux-ci à transmettre une « preuve de vie », par exemple une photographie datable des otages en bonne santé. Contre toute attente, celle-ci ne fut pas envoyée directement à la République islamique, mais publiée par Paris-Match (édition du 5 janvier). Un photographe du magazine, disait-on, avait pu entrer secrètement en Syrie et réaliser ce cliché. Peut-être les lecteurs français se sont demandés si ce reporter était bien humain pour prendre des photos d’otages sans leur venir en aide. Peu importe, le message était clair : les ingénieurs sont en vie et les preneurs d’otages sont contrôlés par les services français. Aucune réaction officielle, ni d’un côté, ni de l’autre. C’est donc que les négociations se poursuivent.

    Arrivés à Damas, les médias français et néerlandais furent logés par les autorités dans des hôtels différents, mais Jacquier les regroupa immédiatement au Fardos Tower Hotel. Le manager de cet établissement n’est autre que Roula Rikbi, la soeur de Bassma Kodmani, porte-parole du Conseil national basé à Paris. L’hôtel sert de cache aux services secrets français.

    En résumé, un agent de renseignement militaire, ayant pour compagne une photographe dont une collègue a pu entrer en contact avec les otages, a formé un groupe de « journalistes » ayant une mission liée à ces otages, probablement leur remise par des Français à des Iraniens. Ils se sont rendus à Homs après s’être débarrassés des services de sécurité, mais le chef de mission a été tué avant de pouvoir établir le contact prévu.

    On comprend que, dans ces conditions, l’ambassadeur de France soit devenu nerveux. Il était en droit d’envisager que Gilles Jacquier ait été assassiné par des membres des groupes armés, inquiets de la dislocation de l’alliance militaire France-Turquie, et jusqu’au-boutistes d’une guerre de l’OTAN. Hostiles à la négociation en cours, ils auraient fait capoter sa conclusion.

    L’ambassadeur de France, qui n’avait pas le temps de reconstituer les événements, s’appliqua donc à empêcher les Syriens de le faire. Contrairement aux normes internationales, il refusa que l’autopsie soit réalisée sur place en présence d’experts français. Les Syriens acceptèrent de déroger à la règle à la condition de réaliser une radiographie. En réalité, ils en profitèrent pour photographier le cadavre sous tous les angles. Selon nos informations, le corps porte la trace d’éclats à la poitrine et de coupures sur le front.

    Puis, l’ambassadeur prit dans ses voitures blindées les « journalistes » français et le néerlandais, et la dépouille du défunt. Il partit avec eux accompagné d’une lourde escorte, laissant sur le carreau la Mère supérieure stupéfaite et un journaliste de l’Agence France Presse : le diplomate pressé avait récupéré ses agents et abandonné les civils. Le convoi passa récupérer les effets personnels de chacun à l’hôtel As-Safir de Homs, puis rejoignit l’ambassade à Damas. Le plus vite possible, il arriva à l’aéroport d’où un avion spécial affrété par le ministère français de la Défense évacua les agents vers l’aéroport de Paris-Le Bourget. Les barbouzes ne feignaient plus de réaliser des reportages en Syrie, ils oubliaient avoir obtenu un allongement de leur visa, ils fuyaient juste avant que les Syriens ne découvrent le pot aux roses de cette opération ratée. Arrivé à Paris, le corps fut immédiatement transféré à l’institut médico-légal et autopsié avant l’arrivée d’experts mandatés par la Syrie. En violant les procédures pénales, le gouvernement français a invalidé le rapport d’autopsie, qui sera tôt ou tard rejeté par la Justice, et a définitivement écarté la possibilité d’établir la vérité.

    Afin d’empêcher les journalistes français (les vrais) de mettre leur nez dans cette affaire, les journalistes (les faux) qui accompagnaient Jacquier ont, une fois revenus en France, multiplié les déclarations contradictoires, mentant de manière éhontée pour créer de la confusion et noyer le poisson. Ainsi, bien que 8 manifestants pro-Assad aient été tués, Jacques Duplessis dénonce « un guet-apens tendu par les autorités syriennes » pour l’éliminer avec ses confrères. Vérification faite, M. Duplessy a longuement travaillé pour une ONG réputée avoir servie de paravent …à la DGSE.
    Pour les Iraniens et les Syriens, la mort de Jacquier est une catastrophe. En laissant circuler le groupe d’espions français et en le surveillant discrètement, ils espéraient bien remonter aux ravisseurs et, à la fois, libérer les otages et arrêter les criminels.
    Depuis un an, les services secrets militaires français sont placés au service de l’impérialisme états-unien. Ils ont organisé un début de guerre civile en Côte d’Ivoire. Par la suite, ils ont manipulé le séparatisme de la Cyrénaïque pour faire croire à une révolution anti-Kadhafi et s’emparer de la Libye. Maintenant, ils encadrent des repris de justice recrutés par le Qatar et l’Arabie saoudite pour semer la terreur, accuser le gouvernement syrien et menacer de venir le changer. Il n’est pas sûr que le peuple français apprécierait de savoir que Nicolas Sarkozy a rabaissé son pays au niveau d’un vulgaire preneur d’otages. Et il ne faudra pas s’étonner si un Etat qui pratique le terrorisme chez les autres doive un jour le confronter sur son sol.

    http://www.neworientnews.com/news/fullnews.php?news_id=52982

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