• Décryptage
  •  

Maryam Karouny, correspondante de l'agence Reuters pour le P°roche-Orient, consacre aujourd'hui (9 mai) un article à la dégradation de la situation à Damas. La capitale qui avait jusqu'à il y a peu conservé une vie nocturne digne d'une métropole moderne vit désormais, dans un certain nombre de quartiers, à en croire la journaliste, sous le régime d'un couvre-feu informel, les rues n'étant plus sûres la nuit, à cause de groupes insurgés harcelant les forces de l'ordre. Une situation anxiogène Il est certains [...]



Quel « temps » fait-il à Damas ?

Par Louis Denghien,



La nuit damascène hantée par des spectres, ceux de l'insécurité et de l'incertitude

Maryam Karouny, correspondante de l’agence Reuters pour le P°roche-Orient, consacre aujourd’hui (9 mai) un article à la dégradation de la situation à Damas. La capitale qui avait jusqu’à il y a peu conservé une vie nocturne digne d’une métropole moderne vit désormais, dans un certain nombre de quartiers, à en croire la journaliste, sous le régime d’un couvre-feu informel, les rues n’étant plus sûres la nuit, à cause de groupes insurgés harcelant les forces de l’ordre.

Une situation anxiogène

Il est certains que par rapport à l’année dernière, la situation s’est quelque peu dégradée à Damas : la ville, très longtemps restée à l’écart des troubles, a vu depuis le début de l’année des groupes ASL s’infiltrer ponctuellement dans des localités de la banlieue est, et des incidents sanglants, mais peu nombreux, ont opposé de petits groupes armés aux forces de l’ordre, dans Damas même. Qui de surcroît a été frappée par des attentats à la voiture piégée.

Maryam Karouni parle carrément d’habitants terrorisés, ne fermant plus l’oeil de la nuit, une nuit troublée par continuellement par des échanges de tirs et des explosions. Et plus encore par des rumeurs et des peurs. Rumeurs de meurtres d’officiers ou de notables liés au régime. Peurs de voir surgir chez soi des hommes armés.

Tout ça nous parait un peu catastrophiste pour être honnête : décrire Damas comme la cité de la peur, c’est pour des journalistes anti-régime une manière de « punir » la ville globalement fidèle au gouvernement, de la transformer à partir de trois ou quatre témoignages en une Homs en devenir, bref de faire accroire que le régime, apparemment inexpugnable, pourrit en fait par la tête et le coeur. Nous aurons bientôt – d’ici moins d’une semaine – des témoignages directs sur la situation et l’atmosphère qui y prévalent vraiment. La journaliste de Reuters cite du reste cette Damascène de 33 ans : « La sécurité n’est pas encore trop mauvaise à Damas« . Mais, ajoute-t-elle, « pour combien de temps ? » C’est cette angoisse de voir la ville, tout comme Alep dans le nord, passer d’une vie malgré tout normale à une sorte d’état de siège moral, qui certainement gâche le quotidien – et les nuits – de pas mal de Damascènes.

D’autant qu’il y a, outre quelques incidents, et des attentats sanglants, des faits objectifs : une montée de la criminalité, avec ou sans justification politique, alors que celle-ci était, de l’avis général, quasi-embryonnaire voici un an. Et puis la situation et les sanctions économiques occidentales ont aggravé une crise économique latente : plus de tourisme, 3 milliards de dollars envolés avec le boycott du pétrole syrien par l’Europe, plus des perturbations du système bancaire et financier. Mariam Karouny a recueilli à ce sujet les impressions de Louay Hussein, une figure de l’opposition légale dont nous vous avons déjà entretenu (voir notamment notre article « Louay Hussein balloté entre légalisme et radicalisme », mis en ligne le 7 novembre). Louay Hussein, mais il est dans son rôle d’opposant, même plus ou moins modéré, trace un tableau bien sombre de la situation : « L’économie est au plus bas, et la société est cassée. Le chômage est aujourd’hui très haut. je pense qu’il atteint les 80%. Il n’y a pas de travail, pas de commerce. rien ne fonctionne. »

Cette description ne correspond pas à l’analyse que faisait récemment un spécialiste français de la Syrie, Fabrice Ballanche, pour qui le pays avait les ressources financières, industrielles et agricoles pour tenir longtemps en quasi-autarcie. Sans parler d’une aide économique venue de pays amis (voir notre article « L’universitaire Fabrice Ballanche dit au Monde des vérités pas bonnes à entendre pour Alain Juppé – et bien d’autres », mis en ligne le 13 avril).

Maintenant, il est évident que la société syrienne, à Damas et dans le reste du pays, est déstabilisée part un an de violence et de sanctions occidentales. Qui ont d’ailleurs été prises par Washington, Londres, Paris pour déstabiliser le régime, et tirer d’un malaise social la matière d’une révolte politique de grande ampleur. L’exemple de l’Irak est cependant là pour rappeler qu’il en faut plus pour renverser un régime, surtout s’il est plus populaire et ancré dans la société que ne pouvait l’être celui de Saddam Hussein. Mais la crise en revanche fait souffrir, matériellement et moralement, la population. En quelque sorte punie par les gouvernements occidentaux et les bandes armées de son soutien au régime et de son refus de suivre les révolutionnaires.

Un souk de Damas : à défaut de chasser Bachar, les bandes ASL et leurs alliés, politiques et médiatiques, occidentauxont chassé les touristes



Vous pouvez suivre les réponses à cet articles avec le flux RSS.
Vous pouvez répondre, ou faire un lien depuis votre site.

16 commentaires à “Quel « temps » fait-il à Damas ?”

  1. NO PASARAN dit :

    C’est sûr que Harasta et Jobar, vaut mieux éviter le soir !!! Par contre, les autres quartiers, il y a quand même une vie nocturne !!! Bab Touma, comme à l’accoutumée, est toujouts bondé les soirs de week-end. Et, dans d’autres quartiers, on sort aussi. Vous pouvez aller sur le site de Layalina, qui photographie chaque soir les gens dans les restaurants… (Mais bon, c’est nul comme truc !!! Juste pour les incrédules !!!) Et on rentre parfois tard. Je suis rentrée seule la semaine dernière à minuit.

    • elias dit :

      Nous partons pour Alep la semaine prochaine, et serons à Damas les 10 et 11 juin , à proximité de Bab Touma où habite la famille .
      Pourrons nous mettre un visage sur votre pseudo en vous rencontrant ?
      Nous lisons avec plaisir et attention vos interventions sur infosyrie depuis 1 an environ.

      • NO PASARAN dit :

        Elias, c’eut été avec plaisir… Mais nous avons pris la décision de partir… A ces dates, nous aurons sans doute quitté la Syrie… Si vous passez par Bruxelles, n’hésitez pas à me contacter… Même si c’est autre chose… Et bon voyage ! Insh’Allah ptsafreen w pterjaeen bi salame…

    • RoyL dit :

      > vaut mieux éviter le soir !!!

      Non pas pour relativiser trop — genre personnages de la trilogie
      de Beckett (Molloy, Malone meurt, l’Innommable); soit: on vas
      vous raccourcir (amputer) d’une jambe?, bah, pas grave, même
      mieux ainsi: on n’aura qu’à prendre soin d’une chaussure seule
      dorénavant! Vous allez être immobilisé dans un lit pour le reste
      de votre vie? Tant de gagné, zéro chaussures à soigner c’est
      juste mieux que d’une seule; on s’épargne aussi l’ennui de garder
      des pantalons; et ainsi de suite (vous devriez avoir l’idée
      maintenant) — mais vous ne semblez connaitre trop la situation
      ailleurs.

      Ne vous trompez de chemin, surtout pendant certaines heures, à
      Port Harcourt (Nigeria), Jakarta, Medan ou Palembang (Indonésie);
      ou San Francisco (États Unis); ou Milan, Rome ou Naples; ou
      Paris, Marseille; ou Zurich, en Suisse. Et encore: dans ces
      dernières métropoles (Zurich, Milan, etc.) faites attention à où
      vous allez poser vos pieds plus en général (a cause des seringues
      que l’on retrouve abandonnées partout).

      Bombes, sonores ou pas, petites ou plus grandes: si vous
      regarderiez les nouvelles indonésiennes régulièrement, vous
      découvririez que l’on en parle presque tous les quelques jours.

      • RoyL dit :

        Mon Dieu, qu’est-ce que je viens d’écrire?!

        Zurich, bien que étant la ville la plus grande de Suisse, n’est
        pas une métropole!!!, c’est, bien sur, un village (aussi par
        mentalité d’ailleurs) par rapport à Paris, Rome, etc.

  2. NO PASARAN dit :

    TURQUIE

    Hier matin, le gouvernement turc a lancé une opération policière de grande envergure contre la gauche radicale dans onze provinces du pays.
    Les organisations visées voient dans cette agression une tentative de saboter un festival de solidarité avec le peuple syrien et contre une « intervention impérialiste en Syrie » prévu le 13 mai prochain à Antakya, une ville frontalière grouillant de mercenaires djihadistes hébergés par le gouvernement turc et encadrés par les services secrets de l’OTAN et dont la mission est de déstabiliser la Syrie.

  3. RoyL dit :

    > Quel « temps » fait-il à Damas ?

    Et en Chine, en Inde et Russie?

    http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=63369&cid=20&fromval=1
    De Chine en Inde: Clinton se déballe pour généraliser l’embargo
    contre l’Iran
    09-05-2012

    [L]es trois jours passés par la secrétaire d’état américaine
    Hillary Clinton en Inde auront été inutiles. New Delhi refuse
    toujours de se joindre à l’embargo pétrolier que les puissances
    occidentales voudraient imposer à l’Iran. […]

    Namasté/namaskar [regarder la photo] 🙂 qui [sarcasme] saurait
    pourquoi?

  4. NO PASARAN dit :

    Par contre, les « rumeurs d’assassinats », c’est pas des rumeurs, c’est vrai !!! Rappelez-vous les derniers cas évoqués par infosyrie, comme le basketteur national ou les statistiques sur les kidnappings entre le 12 et le 225 avril : plus de 200 !!! (Si t’es kidnappé, avec de la chance, on te retrouve mort. Avec beaucoup de chances, et contre une énorme rançon, on peut te retrouver en vie… Sinon, mort ou vivant, le pire, c’est la torture…)

  5. RoyL dit :

    > Quel « temps » fait-il à Damas ?

    Suite:

    Pas si mauvais — lire ici:

    http://www.voltairenet.org/Le-general-Mood-et-la-situation
    Le général Mood et la situation sécuritaire actuelle en Syrie
    4 mai 2012

  6. malja dit :

    Depuis le debut des troubles j’ai sejourne 6 fois en Syrie entre 10 et 20 jours a chaque fois
    La derniere fois etait du 23 avril au 2 mai.
    Effectivement cette derniere fois j’ai entendu une bombe sonore pres du rond point de Koussour et quelques rafales nocturnes aux environs de Sahnaya.
    Les Syriens sont un peu plus inquiets mais restent fideles a leur president et a leur armee qui merite vraiment le titre d’armee du peuple par sa composition et pour son sacrifice a proteger le peuple contre les terroristes.
    Dans n’importe quelle guerre civile il est tres difficile de connaitre l’ennemi et quand celui ci vient de l’etranger c’est encore plus dur.
    le peuple syrien son armee son gouvernement et son president s’en sortent avec tous les honneurs et font l’admiration de ceux qui les connaissent et les apprecient.
    Le peuple des HOMMES DEBOUT n’a pas plie un genoux devant les assauts du veritable empire du mal celui qui se cache derriere une democratie completement prostituee.
    Effectivement certains truands profitent de cette situation de troubles internes pour faire des kidnappings (un de mes amis en a ete l’objet fin 2011).
    Mais l’etat de droit sait reprendre le pouvoir avec l’aide des citoyens soucieux de leur propre protection.

    Grace a la lecture de l’article deImad Fawzi Shueibi sur reseau Voltaire intitule:
    La Syrie, centre de la guerre du gaz au Proche-Orient
    Vous pourrez mieux comprendre le pourquoi du comment et avoir confiance dans l’avenir de ce pays qui aura enfin les ressources d’energie en tres grande quantite pour se developper en gardant son âme qui fait tout son charme et qui fait qu’on ne peut que l’aimer.

  7. l'ingenue dit :

    Hors sujet
    Le hmar Hamad se voit refusé l’acquisition de deux appartement à Manhattan à New-York pour cause de progéniture nombreuse (15 enfants).Les bedouins du golfes veulent se faire passer pour …….
    رجل الذي يقال إنه كان وراء شراء قطر لمحلات « هارودز » الشهيرة في لندن، وبناء أفخم عمارة بأرقى أحيائها، حيث تم بيع الشقة فيها بأكثر من 100 مليون دولار، فشل الأسبوع الماضي بشراء شقتين في نيويورك لتقيم فيهما عائلته أحيانا هناك، ولأسباب لم تكن على البال.

    وكان رئيس وزراء ووزير خارجية قطر، الشيخ حمد بن جاسم بن جبر آل ثاني، تقدم كتابة قبل شهر لشراء الشقتين بعد أن علم بعرضهما للبيع، طالبا في رسالته ضمهما لتصبحا شقة واحدة، فوافقت إدارة أملاك المنطقة، لكن الشركة وكيلة الورثة المالكين فاجأته برفضها بيعهما له والإقامة بالعمارة.

    ولأن الشركة لم تبلغه بأسباب رفضها امتلاكه للشقتين الواقعتين بالطابق الثامن من العمارة، وهي تاريخية من 12 طابقا وعنوانها هو 907 بالجادة الخامسة، وتماما عند زاوية الشارع 72 في مانهاتن بنيويورك، فقد تطوعت وسائل إعلام أميركية لمعرفتها.

    بعضها كشف أن الرفض لم يكن بسبب شخصية أو جنسية الشيخ حمد، بل لأن عدد أولاده 15 وسيكون معهم مرافقون باستمرار، وهو ما قد يسبب الإزعاج الدائم لجيران العمارة التي تم بناؤها في 1915 وتعتبر من أرقى العمارات السكنية بالمدينة، فمدخلها وحده هو متحف فيه نوادر فنية ولوحات، إحداها للهولندي رامبرانت، الراحل قبل 343 سنة.

    وهناك صحف ذكرت أن السبب أيضا هو الحصانة الدبلوماسية التي يتمتع بها الشيخ حمد البالغ عمره 52 عاما، وهو ما قد يحميه من المساءلة القانونية فيما لو تسبب أحد أفراد عائلته أو أحد المرافقين بضرر للعمارة أو للجيران، وجميعهم تقريبا من الشخصيات الأميركية الهامة مثله.

    ودفع الشيخ حمد 51 مليونا و500 ألف دولار لشراء الشقتين البالغة مساحتهما معا 604 أمتار مربعة تقريبا، أي 51 ألف دولار للمتر الواحد، وكبراهما من 5 غرف نوم و5 حمامات مع قاعتين كبيرتين وغرفة طعام وصالونين، مع آخر للراحة، إضافة لمكتبة ومداخل وممرات ومطبخين ومنافع بديهية. أما الثانية فمن غرفتي نوم فقط وثمنها 7 ملايين و500 ألف دولار.

    والشقتان هما ملك أميركية مثيرة للجدل على كل صعيد، خصوصا اجتماعيا وماليا، وهي هوغيت كلارك التي توفيت منذ عام، بعمر 104 سنوات، تاركة تساؤلات ما زالت مستمرة إلى الآن عن مصدر ثروتها.

  8. Djazaïri dit :

    Courage pour les habitants de Damas.
    Personnellement, je pense que le développement de petits potagers ouvriers est un bon moyen d’aide en période de crise. Mais, ça change les idées et ça rempli le couffin.

    Il serait intéressant de développer les chauffe-eaux solaires et de développer l’isolation des maisons au cas où l’hiver prochain, le fuel vient à manquer.
    Le peuple syrien a des ingénieurs compétents. J’espère qu’ils sauront développer une économie anti-blocus.

  9. shezar dit :

    selon des temoignages de proches,la situation est plutot relativement calme,les incidents ( hormis les attentats ) arrivent dans certains quartiers de certaines villes dans certaines regions à savoir ce qui est frontalier ( daraa,deir el zour,homs et qlques banlieues de damas notamment douma )les kidnappings se font pour récupérer de l’argent et apparemment acheter des armes,mais mes proches m’ont dit que la situation est tres maitrisée par les forces de l’ordre à l’exception de 2 quartiers à homs ou les rebelles sejournent,l’armée ne penetre pas car en cas de mort de certains « leaders mediatique,khaled bou sala7,tlass,dr hou(m)se » de l’opposition sur aljazeera ca risqueait de faire trop de bruit,mais ils ripostent quand meme en cas de tirs et le » territoire » des rebelles est cerné et ne s’agrandit pas

    • sowhat dit :

      Les rebelles armés représentent dans l’immédiat le principal danger mais leur fin est inéluctable. Il est aussi de l’intérêt de l’Etat de capturer vivants les « leaders médiatiques » car de la sorte il pourra produire leurs aveux devant un tribunal et leurs crimes seront vérifiésde manière irréfutable, dans le cadre d’un procès public et sous le regard du monde entier. Mais peut-être que ces leadres se feront éliminer par une tierce partie …

Commenter NO PASARAN