Dis-moi qui te paie (et t’héberge) et je te dirai qui tu es…
Un des opposants les plus en pointe au régime de Bachar el-Assad est certainement Abdel Halim Khaddam. Ce monsieur, aujourd’hui âgé de 79 ans, sait sûrement de quoi il parle puisqu’il a été, entre juillet 2000 et décembre 2005, le vice-président de la Syrie, après avoir été un membre du premier cercle du père de l’actuel président (qui lui a notamment confié la répression du soulèvement islamiste de Hama en 1982).
C’est après l’assassinat du premier ministre libanais Rafic Hariri, aussitôt généreusement, unanimement et bruyamment attribué par les Américains et leurs porte-voix occidentaux au gouvernement syrien ou à ses alliés libanais, que M. Khaddam a claqué la porte du gouvernement syrien, pour un exil doré à Paris : là, entre deux contacts avec les Frères musulmans syriens qu’il a fait massacrer en 1982, il a relayé la thèse américaine du meurtre d’Hariri devant les micros occidentaux complaisamment tendus, et aussi sur son site internet, qui aujourd’hui appelle à l’insurrection le peuple syrien.
Il n’est pas indifférent de savoir que M. Khaddam s’insurge quotidiennement, lui, depuis sa résidence-QG d’une luxueuse voie très privée donnant sur la non moins luxueuse avenue Foch, bien connue des pétro-monarchies du Golfe (qui d’ailleurs soutiennent plus ou moins discrètement. M. Khaddam). Et que la très belle maison qui héberge cet opposant d’élite appartient à la famille Hariri, bien connue, elle, non seulement pour sa prospérité – très liée aux intérêts saoudiens – mais pour son allégeance aux Américains et à leurs alliés européens. Une famille d’ailleurs généreuse puisqu’elle héberge déjà gratuitement un autre grand ennemi de la Syrie, l’ex-président Chirac (et son épouse), à une adresse parisienne elle aussi prestigieuse.
On se félicitera donc des conditions d’exil exceptionnelles de M. Khaddam. Mais on émettra de sérieux doutes sur son indépendance, son intégrité, sa crédibilité… et sa légitimité.