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Nous vous proposons la traduction d'un article paru le 3 août sur le blog de Joshua Landis, Syria Comment, un des plus pointus sur le dossier, très souvent consulté par les journalistes américains et anglo-saxons, Landis ayant de son côté écrit dans les médias audiovisuels et journaux américains les plus prestigieux - CNN, New York Times, Wall Street Journal, Washington Post, etc. Joshua Landis, Américain marié à une Syrienne, aborde ici la question des groupes armés, dont l'existence est en [...]

"Jusqu'à maintenant, il n'y a aucune preuve que des militaires syriens aient tué leurs camarades pour refus à un ordre direct." "La presse occidentale et les analystes ne voulaient pas reconnaître que des éléments armés devenaient actifs. Ils préféraient raconter un beau conte de fées à propos de gentils combattant des méchants."


Joshua Landis : le gouvernement syrien a raison, des groupes armés sont effectivement à l’oeuvre en Syrie

Par Joshua Landis,



Nous vous proposons la traduction d’un article paru le 3 août sur le blog de Joshua Landis, Syria Comment, un des plus pointus sur le dossier, très souvent consulté par les journalistes américains et anglo-saxons, Landis ayant de son côté écrit dans les médias audiovisuels et journaux américains les plus prestigieux – CNN, New York Times, Wall Street Journal, Washington Post, etc. Joshua Landis, Américain marié à une Syrienne, aborde ici la question des groupes armés, dont l’existence est en général systématiquement niée – ou passée sous silence – par les médias d’Occident. Son article a été écrit après la diffusion de la déjà fameuse et terrible vidéo montrant des manifestants visiblement islamistes et en tout cas anti-régime, balançant des cadavres ensanglantés depuis le pont qui enjambe le fleuve Oronte à Hama. Il fait également référence à une autre vidéo – mise en ligne sur Infosyrie.fr le 3 août – et montrant deux camions de l’armée syrienne tombant dans une embuscade -à Banyas, en avril dernier : il se trouve qu’un des neuf militaires tués en cette circonstance était le cousin de l’épouse de Landis, le lieutenant-colonel Yasir Qash’ur. Ce drame familial, mais aussi un examen assez méthodique des éléments existant sur d’autres preuves d’implication de groupes d’opposants armés, à Jisr al-Choughour ou à Hama, ont conduit Joshua Landis à conclure que les versions données par les autorités syriennes sur ces incidents sanglants étaient les bonnes, et que la presse occidentale avait toujours refusé de voir la vérité en face pour des raisons qui tiennent à la bonne conscience et au conformisme idéologiques. Oui, répète Landis, il y a des groupes armés à l’oeuvre en Syrie, qui s’attachent, avec succès jusque-là, à enclencher le fameux et fatal cycle « provocation-répression » bien connu des révolutionnaires et déstabilisateurs professionnels.

Cette conclusion d’un expert reconnu des questions syriennes a d’autant plus de prix que la deuxième partie de l’article de Landis est rien moins que favorable au régime baasiste : il affirme que trop de Syriens souffrent actuellement de pauvreté et d’une absence totale de perspectives, et constituent donc des recrues idéales pour les groupes subversifs armés : on émettra des réserves sur le tableau très sombre que dresse Landis, le régime ayant malgré tout suscité depuis plusieurs années des progrès sociaux et économiques. Mais sa thèse, inquiétante, sur la radicalisation de franges d’opposants et le raidissement parallèle des partisans du régime est crédible : le spectre de la guerre civile à l’irakienne a commencé à roder en Syrie, du côté de Hama et de Homs. Les pompiers pyromanes de France – le tandem Juppé-Sarkozy – et d’ailleurs – l’Union européenne accompagnant, ou parfois précédant, les desiderata du Pentagone, du Département d’Etat et de la Maison Blanche – doivent en être bien conscients.

 

Capture d'écran Le Point avril 2011 : "Syrie : 5 morts à Banias, dont un officier tué dans une embuscade"

Une capture d'écran du site du Point (en avril), du temps où il osait mentionner les choses telles qu'elles arrivent.

La controverse autour des groupes armés

par Joshua Landis

J’ai parlé de la « controverse des groupes armés » dans mes deux derniers articles. Dans la section des commentaires, des Syriens ont débattu pour savoir si l’opposition a suscité dans ses rangs des éléments activistes qui tueraient des soldats syriens. Un certain nombre d’analystes, tel Majd Eid, qui ont rejoint le débat sur France24 hier, maintiennent que ce soulèvement est non-violent. Ils insistent sur le fait que les soldats syriens tuent d’autres soldats, pas des éléments de l’opposition. Ces massacres ont lieu quand les forces de sécurité refusent les ordres de tirer sur les foules, insistent-ils. Jusqu’à maintenant, il n’y a aucune preuve que des militaires syriens aient tué leurs camarades pour refus à un ordre direct. Au contraire, la plupart des preuves disponibles  renforcent les affirmations du gouvernement comme quoi des éléments armés de l’opposition tirent sur les forces de sécurité.

Cette controverse a vu le jour en avril lors des manifestations à Banias, quand neuf soldats furent tués sur l’autoroute principale dans deux véhicules, en dehors de la ville. Des activistes ont annoncé que des soldats à Banias avaient été exécutés par d’autres soldats pour avoir refusé de tirer sur une foule. Cette histoire s’est révélée fausse, mais a été véhiculée par la majorité de la presse occidentale et jamais corrigée. J’ai écrit un article à propos de cette controverse le 14 avril sous le titre : La presse occidentale égarée – Qui a tué les neuf soldats de Banias ? Pas les forces de sécurité syriennes. La raison qui m’a poussé à m’intéresser à cette affaire est que le cousin de ma femme, le lieutenant-colonel Yasir Qash’ur, était un des neuf soldats tués ce 10 avril. Nous le connaissions bien. Nous avons parlé avec le beau-frère de Yasir, le colonel ‘Uday Ahmad, qui était assis à l’arrière du camion dans lequel Yasir et plusieurs des soldats furent tués. ‘Uday nous a raconté que leurs deux camions militaires ont été pris en embuscade, alors qu’ils traversaient un pont autoroutier, par des hommes bien armés qui se cachaient derrière les barrières centrales et sur le toit des bâtiments du bord de route. Ils ont ratissé le convoi avec des tirs automatiques, tuant neuf personnes. L’incident n’avait rien à voir avec des soldats refusant des ordres. Sa description des faits était en telle contradiction avec les récits que je lisais dans la presse que j’ai commencé à creuser le sujet. Une vidéo ultérieure de l’échange de tirs fut trouvée et montrée à la télévision syrienne. Elle corroborait la version donnée par ‘Uday. La presse occidentale et les analystes ne voulaient pas reconnaître que des éléments armés devenaient actifs. Ils préféraient raconter un beau conte de fées à propos de « gentils » combattant des « méchants ». Il n’y a aucun doute que la majorité de l’opposition était pacifique et a été prise à partie par  des soldats et des snipers également meurtriers. On se demande seulement pourquoi cette histoire n’aurait pas pu être racontée en prenant en compte la réalité – à savoir que les éléments armés, qui venaient pour tuer, jouaient un rôle aussi.

Durant les affrontements sanglants de Jisr al-Shoughour, la presse occidentale dans sa grande majorité a répété les affirmations de l’opposition annonçant 100 soldats tués, non par des éléments d’opposition, mais par d’autres soldats. Les journaux insistèrent sur le fait que les militaires syriens avaient été tués dans cette ville par d’autres soldats, pour avoir refusé des ordres de tir sur la population. Les déclarations du gouvernement affirmant que les soldats furent tués par des éléments armés les ayant pris en embuscade furent systématiquement ignorées. Aujourd’hui, une vidéo corrobore la version gouvernementale des événements : les soldats stationnés en ville furent attaqués par une opposition organisée et armée. Voici une vidéo montrant certains de ces soldats avant qu’ils ne soient tués :
http://www.youtube.com/watch?v=TKGJOfrFQc0
Les premières minutes de celle-ci montrent les soldats après qu’ils aient été tués :

Voici la vidéo originale, non éditée, des corps avant qu’ils ne soient placés sur les camions :
http://www.youtube.com/watch?v=hjyCbmPHHTM

Dans l’affrontement d’Hama, la vidéo montrant des corps jetés depuis un pont dans une rivière a été sujette à controverses. Cette vidéo, faite en comparant les vues du pont de Google Earth avec ce qu’on aperçoit dans la vidéo prouve que le film  est récent, provient de Hama, et montre des éléments d’opposition jetant des corps de soldats depuis le pont autoroutier dans la rivière ‘Asi, au nord de Hama, sur l’autoroute vers Alep.
http://www.youtube.com/watch?v=z0k-3nRsWgs

Quelle est donc la signification de l’émergence d’éléments d’opposition armés ?

Un des principaux activistes anti-gouvernemental, qui s’exprimait su CNN, l’a très bien expliqué. Voici le reportage d’Arwa Damon et de Nada Husseini diffusé sur CNN le 2 août dernier :

« Un important activiste anti-gouvernemental, qui a demandé à ne pas être nommé en raison des dangers liés à la diffusion de ces informations, a dit à CNN que le compte-rendu de la télévision d’Etat syrienne était correct. Les corps sont ceux de membres de la police secrète tués par des combattants syriens venus d’Irak pour se joindre à la lutte contre le gouvernement a expliqué cet activiste, qui tient ses informations sur les événements en cours d’un vaste réseau de correspondants.

« Le même activiste soulignait que ces extrémistes ne sont pas représentatifs du mouvement de protestation. Des éléments violents marginaux sont apparus à la faveur des troubles de Syrie. Selon une étude de l’International Crisis Group, parue le mois dernier, certains éléments anti-gouvernementaux ont pris les armes. Cependant, précise le rapport, « la grande majorité des pertes concernes des manifestants pacifiques, et la grande majorité des violences ont été perpétrées par les services de sécurité. L’activiste a dit encore que la mise en ligne de cette vidéo est comme une lame à deux tranchants pour les opposants.

« D’un côté, dit-il, les manifestants pacifiques doivent devenir conscients de l’existence de ces éléments marginaux. Cela devrait inciter d’avantage de gens à rejeter tout à la fois le régime et ce type d’agressions armées, et à préserver les objectifs d’une protestation pacifique. Mais dans le même temps, a-t-il ajouté, les incidents donnent de la crédibilité aux affirmations du gouvernement syrien selon lesquelles il ne cible que des « bandes armées ». Une telle violence (de la part des activistes, Ndlr), dit-il encore, pourrait faire que la communauté internationale hésite à augmenter la pression sur le régime syrien. »

Beaucoup de partisans du mouvement révolutionnaire ont réagi à ces vidéos en demandant : « On s’attendait à quoi ? Les Syriens vont-ils attendre de se faire tuer ? Bien sûr que la violence engendre la violence. C’est normal et la seule surprise c’est que ça ait mis si longtemps à venir. »

C’est un argument incontestable. L’opposition syrienne a été longue à s’armer dans son effort pour renverser le régime baasiste. Le Mouvement des Officiers libres prend de l’importance.  La plus récente vidéo éditée par le M.O.L. montre que le nombre de ses membres progresse, bien que l’organisation n’en soit encore qu’à ses balbutiements. Son leader déclare qu’ils défendront les civils contre les « actions barbares du régime et de ses Shabbiha (jeunes délinquants issus de la communauté alaouite de la région côtière du nord du pays, censés avoir joué un rôle dans la répression de certaines manifestations de l’opposition, Ndlr) » D’autres organisations armées descendent dans la rue mais aucune n’a officiellement déclaré son existence ni défini des objectifs politiques. Ce qui devrait certainement se faire dans les mois à venir.

Dès le début, on a eu une guerre des vidéos. Celle d’une femme disant adieu à son mari, tué à Hama le 2 août, est pathétique. De telles vidéos sont comme un appel aux armes.

Le régime se battra jusqu’au bout et a encore beaucoup de pugnacité. Les militaires ont beaucoup d’atouts par rapport à une opposition divisée. Il est improbable que le régime « s’effondre » comme le prédisent certains activistes, ou qu’il se volatilise à la manière de celui de Ceaucescu. S’il doit être vaincu, ce sera sur le terrain et par la force. Il est difficile d’imaginer une autre issue. Bien sûr, si Damas et Alep manifestaient ensemble en masse, la rupture serait accélérée, mais l’armée et le Baas n’abandonneront pas la partie. Les divisions de la Syrie sont trop profondes. La crainte de vengeances et d’épurations ethniques vont renforcer la détermination de tous ceux qui ont soutenu l’ordre en place depuis des décennies. Si la direction syrienne avait voulu transmettre pacifiquement le pouvoir ou établir une sorte d’accord constitutionnel, elle l’aurait déjà fait.

La pauvreté et la perte de dignité qu’éprouvent beaucoup de Syriens sont une dimension très lourde de la réalité de ce pays. 22% des Syriens vivent avec deux dollars ou moins par jour. C’est là une donnée effrayante. Ce sera bien pire quand les difficultés économiques et les pertes d’emplois commenceront à se multiplier. La Syrie est pleine de gens qui ont peu à perdre, qui ont un faible niveau d’éducation, et peu de perspectives d’avoir une vie meilleure et plus digne. Le potentiel de violence et de criminalité est important. Plus préoccupant encore est l’absence d’un leadership des forces de l’opposition.



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6 commentaires à “Joshua Landis : le gouvernement syrien a raison, des groupes armés sont effectivement à l’oeuvre en Syrie”

  1. mohamed dit :

    quand je vois ca j ai envie d aller moi meme tous les tuer , quesceque c est que ca, ils n ont plus de coeur c pas possible j arrive pas a comprendre comment des syriens peuvent faire ca

  2. rajafarhat dit :

    vive la syrie unie solide forte le javelot de tous les militans contre nos ennemis israel les usurpateurs al saoud al khalifa al hammad les cheyouks el fetna ect.. alayhoum laanate allah wa les anges wa les prophetes wa nassi ajmaine ya chaab souria al habiba soit vigilant litasqot al mouamara litasqot al mouamara litasqout al kinzira wa al ibria gloire a larmee syrienne gloire aux martyrs alaar pour les traitres non non almaout almaout almaout pour les chiens de lamerique loccident israel et les kawadines arabes surtout du golfe

  3. shamsi dit :

    Allez « pour une fois » je vais faire confiance aux chiffres de Rami..

    « D’après les listes que nous avons compilées, et qui répertorient le nom et le lieu du décès, 1 390 civils ont été tués depuis le 15 mars dernier, et 348 membres des forces de sécurité »

    Donc 25% des tués dans ces événements sont des policiers ou militaires.

    Révolution « pacifiste » on vous a dit.

  4. Louise dit :

    Merci pour la traduction.

    Je n’ai pas trouvé le lien :

    http://www.joshualandis.com/blog/?p=11181

    Le 5 août Joshua Landis reprend la courte interview d’Alain Gresh sur TSR :
    http://www.joshualandis.com/blog/?p=11200

  5. gabriel dit :

    they keep teling us the west democracy and freedom of press and rights blabla bla it is all under the controle of one group when they decied to lies to the whole world and fabrict stories they are like flood ,it is refreshing to see few true journalist willing to tel the truth any way we in syria are destint to defend the whole arabic world even the weak the stupid the ugly and the traitars we did in the past stop the israelo american plan to destroy the final and only standing rock in the arabic world and we will this time as well and all ther bullshit and presure will go in the wind vive la syrie vive les syrian et vive president bashar

Commenter rajafarhat