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à Refik Eryilmaz (à gauche) : le Parti du Peuple ne lâche pas Erdogan sur la Syrie   Une nouvelle fois, des cadres dirigeants du CHP (Parti du Peuple, social-démocrate), deuxième formation politique turque, ont élevé la voix contre la politique syrienne d'Erdogan et de l'AKP. En l'espèce deux membres de commissions parlementaire  travaillant sur la situation économique et sociale dans la région d'Antioche, proche de la Syrie et à ce titre particulièrement touchée par le gel des relations commerciales voulu par [...]



Les alliés turcs de Bachar

Par Louis Denghien,



à Refik Eryilmaz (à gauche) : le Parti du Peuple ne lâche pas Erdogan sur la Syrie

 

Une nouvelle fois, des cadres dirigeants du CHP (Parti du Peuple, social-démocrate), deuxième formation politique turque, ont élevé la voix contre la politique syrienne d’Erdogan et de l’AKP. En l’espèce deux membres de commissions parlementaire  travaillant sur la situation économique et sociale dans la région d’Antioche, proche de la Syrie et à ce titre particulièrement touchée par le gel des relations commerciales voulu par le gouvernement. Les deux parlementaires, dont Refik Eryilmaz, ont insisté sur la dégradation des conditions de vie des Turcs habitant les zones frontalières : « Des centaines de sociétés et de particuliers ont fait faillite en raison du gel du commerce entre les deux pays » indique Eryilmaz, président de la commission parlementaire chargée par le CHP d’enquêter sur les problèmes de la région d’Antioche.

Le député d’opposition s’est ainsi fait l’écho d’une plainte des habitants de cette ville et relative  à l’attitude des responsables de la sécurité des camps de réfugiés syriens, qui susciteraient des incidents à caractère confessionnel avec les autochtones. Et les deux parlementaires du Parti du Peuple de dénoncer, plus globalement, le rôle joué par leur pays dans le complot impérialiste anti-syrien.

On rappellera que Refik Eryilmaz avait déjà, voici un mois,interpellé au Parlement le gouvernement sur sa politique syrienne (voir notre article « Sur les fronts turcs », mis en ligne le 14 décembre).

Les invités turcs de Bachar

Au-delà de cet incident, signalons un long article du quotidien turc en ligne  Today’s Zaman et consacré à la stratégie d’Assad pour contrer la politique turque de l’AKP vis-à-vis de la Syrie. Stratégie qui consisterait à le contrer de l’intérieur même de la Turquie plutôt que de l’extérieur .
Que dit cet article ? Que Bachar cherche le soutien de l’opinion publique turque et après avoir invité en Syrie des délégations du CHP- Parti républicain du Peuple – ex-parti kémaliste, de sensibilité social-démocrate  et 2e parti turc – et de l’IP – extrême-gauche- en Syrie, Assad a invité le parti de la Félicité (SP), un parti islamiste basé sur les idées de Necmettin Erbakan et qui est, avec l’AKP d’Erdogan, l’autre successeur du parti islamiste turc Refah (interdit en 2001). Devraient suivre ensuite des invitations lancées aux partis nationalistes MHP – Parti de l’Action nationaliste, 3e formation parlementaire turque – et BDP. Qui eux aussi se sont signalés par leur dénonciation de la politique syrienne d’Erdogan.

Selon l’article, dans cette stratégie pour contrer l’AKP turc, et en plus de la tentative de séduire et convaincre les milieux islamistes et nationalistes turcs (après l’avoir fait avec les partis de gauche CHP et IP), Assad préparerait la voie à une autonomie de la région kurde de Syrie pour faire pression sur la Turquie. Il aurait à cet effet tenté de prendre contact avec Barzani (leader kurde du parti irakien PDK) qui aurait décliné l’invitation (mais aurait rencontré les Hariri), et Assad aurait effectivement pris contact avec le Parti de l’Union Démocratique, parti syrien lié au PKK turc. Le leader de ce parti, Saleh Muslim, a récemment été libéré par Assad. Toujours selon Today’s Zaman, Assad envisagerait une autonomie de la région kurde sous domination du Parti de l’Union Démocratique. A vérifier…

Pour en revenir à la visite du Parti de la Félicité (SP, islamiste anti-AKP) en Syrie, celle-ci a mené son leader Mustafa Kamalak à déclarer « [L’opposition à la politique syrienne d’Erdogan] est nécessaire tant à l’Assemblée et que dans la presse. Les ingérences étrangères nous désolent. Le pillage a lieu chaque fois que l’Occident va quelque part. Cependant, les frères ne doivent pas faire verser le sang des uns des autres. Dans les pays islamiques, malheureusement, les frères s’entretuent. Le sang versé est le sang musulman, mais d’un autre côté, les armes utilisées par les deux parties appartiennent aux impérialistes. Ce sont les musulmans qui en subissent les dommages, tandis que les poches des impérialistes sont pleines.». Kamalak a par ailleurs ajouté au moment de la conférence de presse qu’il y a d’énormes différences entre l’image de la Syrie que l’on voit de la Turquie, et celle que l’on perçoit quand on s’y rend, et qu’il voulait informer le gouvernement [turc] à ce sujet.

Mustafa Kamalak : un islamiste turc pro-Bachar et anti-Erdogan

Erdogan, un handicap turc ?

On lui souhaite bien du plaisir ! Mais il est certain que la situation politique intérieure turque est aussi intéressante qu’incertaine. Erdogan est sorti nettement vainqueur des récentes législatives. Et il s’efforce de surfer sur la dimension de leader régional retrouvée de la Turquie sous l’égide de l’AKP, qui surfe plus ou moins sur les vagues islamistes sunnites de Tunisie, du Maroc, d’Egypte ou même de Libye. Mais, d’un autre côté, toute l’opposition turque, parlementaire et extra-parlementaire, s’oppose vigoureusement à sa position sur la Syrie, et le boycott des relations économiques avec son voisin pénalise des dizaines, voire des centaines de milliers de Turcs des régions limitrophes.

Et puis il y a cette dimension d’irascibilité, voire d’instabilité diplomatique du Premier ministre turc qui, non content de hausser le ton avec son ex-allié Israël, de couper les ponts avec son ex-allié syrien, menace à présent le gouvernement chiite irakien et agonise d’injures le gouvernement français suite à ses innovations juridiques relatives au génocide arménien. Pas mal de Turcs sont fondés à se dire qu’Erdogan est certes le plus médiatisé d’entre eux depuis Ataturk, mais qu’il est un élément d’insécurité régionale à lui tout seul. Et peut-être, involontairement, le meilleur agent d’influence turc de Bachar al-Assad !

 

Ci-dessous le lien avec l’article de

http://www.todayszaman.com/news-268152-damascuss-%E2%80%9Cpersian-style%E2%80%9D-trick-ak-party-government-desired-to-be-stopped-from-inside-not-from-outside.html



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9 commentaires à “Les alliés turcs de Bachar”

  1. Cécilia dit :

    Erdogan commence à faire beaucoup d’ennemis autour de lui.

    Erdogan menace l’Irak: La Turquie ne restera pas silencieuse !

    Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a prévenu mardi les autorités irakiennes que la Turquie ne restera pas silencieuse si elles favorisent un soi-disant « conflit confessionnel » en Irak, alors que Bagdad a récemment accusé Ankara d’interférer dans ses affaires intérieures.

    « M. (le Premier ministre irakien Nouri) al-Maliki doit comprendre ceci: si vous entamez un processus d’affrontement en Irak sous la forme d’un conflit confessionnel, il n’est pas possible que nous restions silencieux », a déclaré M. Erdogan dans une allocution devant les députés de son parti à Ankara.

    « Il n’est pas possible que nous restions silencieux car nous partageons avec vous une frontière commune, nous avons des relations de parenté, chaque jour nous sommes en contact avec vous », a-t-il dit.

    « Nous attendons des autorités irakiennes qu’elles adoptent une attitude responsable qui laisse de côté les discriminations confessionnelles et prévienne les conflits confessionnels », a ajouté Erdogan.

    Le Premier ministre a dénoncé des « déclarations très laides et malvenues » de M. Maliki, faisant référence à des reproches exprimés le 13 janvier par celui-ci, qui a accusé la Turquie de s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Irak.

    La Turquie s’était opposée à un mandat d’arrêt émis contre le vice-président irakien, Tarek Hachémi, accusé de diriger des escadrons de la mort en Irak.

    http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=47239&cid=20&fromval=1&frid=20&seccatid=29&s1=1

  2. Cécilia dit :

    Erdogan et sa politique d’ingérence en Syrie jusqu’à envoyer ses agents à l’intérieur même de la Syrie ;

    La Syrie arrête des dizaines d’agents de renseignements turcs

    Les services de sécurité syriens ont arrêté 49 agents de renseignements turcs en Syrie en décembre dernier. C’est ce qu’a révélé le quotidien turc Aydinlik. Un responsable syrien s’est dit prêt à livrer les agents de renseignements à Ankara, mais « à condition que le gouvernement turc chasse tous les opposants syriens et les membres du conseil national syrien d’Istanbul et ferme leurs bureaux ».

    Aydinlik indique aussi qu’une délégation de renseignements turcs avait visité Damas pour se mettre d’accord avec l’administration

    syrienne pour libérer les personnes arrêtées, mais leurs pourparlers ont échoué.

    A ce sujet, le vice-président du mouvement national de la ville de Kojali, Lotfi Turc Kan, a accusé ces membres de renseignements de fomenter des troubles en Syrie, estimant que ceux-ci ont été arrêtés à plusieurs reprises.

    Citant une source proche du Président Bachar el Assad, le quotidien turc a dit que « les canons de communications avec les services de renseignements turcs sont ouverts et nos relations avec les dirigeants de l’armée turque sont bonnes surtout avec les généraux qui ont présenté leur démission l’an dernier ».

    Perquisitions de maisons des membres du Hezbollah turc:

    Par ailleurs, les forces de sécurité turques ont mené une campagne de fouilles et de perquisitions pour plusieurs maisons de membres du « Hezbollah » turc dans quatre circonscriptions dont Istanbul et Ankara.

    Selon le même quotidien, la croissance de la puissance du Hezbollah turc suscite l’inquiétude des autorités turques, surtout après avoir formé plusieurs organisations civiles et associations civiles et mis en place des bibliothèques et des médias.

    http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=47069&frid=18&cid=18&fromval=1&seccatid=37

  3. fatima dit :

    49 agents turc de service secret sont dans les geoles syriens.; La turquie a envoyé discrètement un groupe de ses services afin de discuter pour leur libération .. Les syriens ont mis des conditions pour cette libération .. Jusqu’à présent aucune réponse de la part des othomans.
    Selon les sites : shukumaku, JP-news et aljaml ..

  4. l'ingenue dit :

    excelente analyse de Michel Colon qui pourrait s’appliquer à la Syrie
    http://www.youtube.com/watch?v=-aDbDim-TQ8&feature=player_embedded

  5. Kinan dit :

    Sur Asia Times OnLine (renvoyant à son blog), sous la plume de l’ex-ambassadeur indien M.K. Badhrakulmar, on trouve l’analyse suivante de la position russe relativement aux deux évènements récents que sont la vente d’avions par la Russie à la Syrie et nouvelles mesures de sanctions de l’UE, que je viens de traduire.
    http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2012/01/23/russia-affirms-support-for-syrias-assad/

    LA RUSSIE AFFIRME SON SOUTIEN A ASSAD
    M.K. Badhrakumar, 23.01.12

    Le communiqué de Moscou selon lequel la Russie et la Syrie ont signé un contrat d’armement pour la fourniture à Damas de 36 Yakovlev Yak-130 [1], des avions de combat mitaine, va faire s’écarquiller les yeux. Le Yak-130 peut effectuer des combats légers et des missions de reconnaissance et peut reproduire de nombreuses caractéristiques des avions de combat de génération 4 + ainsi que de la cinquième génération de Sukhoi T-50. Mais ça ne fera pas gagner le match dans des combats aériens, en cas d’une intervention militaire occidentale ou dirigée par la Turquie en Syrie. Les analystes russes reconnaissent les limites de Yak-130.

    Alors, pourquoi la Russie fait-elle cela ? Quatre bonnes raisons peuvent être trouvées. Premièrement, c’est une vente d’armes considérables (550 millions de dollars) et bien évidemment la Russie garde le marché syrien en vue. Deuxièmement, la Russie affirme par là son rejet du régime unilatéraliste des sanctions occidentales contre la Syrie, auxquelles font défaut un mandat de l’ONU. Troisièmement, c’est certainement une réitération du soutien [2] au régime syrien assiégé.

    Et, pour développer un peu l’argument, cela suggère aussi que selon l’estimation de Moscou, le régime syrien ne va pas être renversé de sitôt. Maintenant, c’est un pari géopolitique, mais qui vaut la peine d’être fait parce que conserver la Syrie comme un partenaire stratégique dans le Moyen-Orient est d’une haute nécessité pour la Russie. Enfin, bien que le Yak-130 ne soit pas le F-16 [américain], il peut rendre l’intervention étrangère, si elle a lieu, un peu plus coûteuse. Sans aucun doute, Moscou adresse un message à Washington et Pékin.
    A Washington, Moscou souligne son fort rejet d’un changement de régime en Syrie et signale que toute intervention menée par les USA devra se faire sans un mandat des Nations unies. Et encore une fois, Moscou signale le sérieux de ses intentions à Pékin avec laquelle il coordonne ses actions diplomatiques sur les développements syriens.

    Le moment de la divulgation [de cette vente d’armes] à Moscou est intéressant. Les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne étrangères se sont entendu, lors d’une réunion d’aujourd’hui, sur une série d’autres «mesures restrictives» [3] contre la Syrie. L’UE a déjà mis en place un embargo sur les armes contre la Syrie. Encore une fois, ce lundi, Damas a rejeté [4] l’appel de ministres des affaires étrangères de la Ligue arabe au président Bachar al-Assad à démissionner.

    [1] = RIA NOVOSTI : http://en.rian.ru/world/20120123/170901812.html

    [2] = Blog Badhrakumar : http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2012/01/13/russia-sees-middle-east-drifting-to-war/

    [3] = RUSSIA TODAY : http://rt.com/news/eu-ministers-syria-sanctions-437/print/

    [4] = XINHUA (Agence de presse chinoise) : http://news.xinhuanet.com/english/world/2012-01/23/c_131374044.htm

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