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La télévision syrienne a annoncé le 5 juin que 80 soldats et policiers avaient été tués par des groupes armées à Jisr al-Choughour, dans la province d'Idlib au nord-ouest du pays. Au 7 juin, un nouveau bilan fait état de 120 tués (et combien de blessés ?). L'information a été relayée, avec des pincettes, par les médias occidentaux qui parlent de "bilan difficile à vérifier". On comprend leur gêne : avec un tel bilan, il ne sera plus possible de [...]

Les groupes armés d'opposants sont bien armés et rompus à la guerre ou à la guérilla, car un tel de niveau de pertes chez les forces de l'ordre - il n'y a jamais eu autant de morts en une journée dans tout le conflit afghan - indique un ennemi nombreux et militairement équipé et organisé.


120 soldats et policiers tués dans le nord du pays par des activistes islamiques : un tournant dans la crise ?

Par Louis Denghien,



La télévision syrienne a annoncé le 5 juin que 80 soldats et policiers avaient été tués par des groupes armées à Jisr al-Choughour, dans la province d’Idlib au nord-ouest du pays. Au 7 juin, un nouveau bilan fait état de 120 tués (et combien de blessés ?). L’information a été relayée, avec des pincettes, par les médias occidentaux qui parlent de « bilan difficile à vérifier ». On comprend leur gêne : avec un tel bilan, il ne sera plus possible de parler de manifestants désarmés et pacifiques. Il est clair que la crise en Syrie  vient de connaître un tournant : c’est une vraie guerre civile que les opposants à Bachar al-Assad cherchent à importer en Syrie, avec l’aide de leurs mentors, arabes ou non.

Photo: AFP/SANA Funérailles d'un soldat syrien tué à Banyas.

 

La fable d’une opposition pacifique et démocratique

Il est de d’ores et déjà évident, au-delà des traditionnelles polémiques sur les chiffres, qu’il s’est passé quelque chose de très grave – et de nouveau – à Jisr al-Choughour : des dizaines de représentants des forces de l’ordre ont péri dans de véritables combats, qui les opposaient à des groupes armés. Bien armés et rompus à la guerre ou à la guérilla, car un tel de niveau de pertes chez les forces de l’ordre – il n’y a jamais eu autant de morts en une journée dans tout le conflit afghan – indique un ennemi nombreux et militairement équipé et organisé. Or depuis plusieurs semaines, les autorités de Damas dénoncent l’action de groupes salafistes armés et organisés, proches de l’Arabie Saoudite – et donc assez proches, qu’ils le veulent ou non, des Américains. « Propagande » ont répondu journalistes et analystes occidentaux, qui mettent en avant les manifestants pacifiques et désarmés qui par milliers ont envahi les rues de plusieurs villes du pays. Et, effectivement, il y a une majorité de protestataires sincères et non belliqueux parmi ces manifestants. Mais ils sont pris en otage par les groupes de radicaux qui font dégénérer les démonstrations, en diffusant des slogans maximalistes, et surtout en provoquant les forces de l’ordre. Celles-ci, pas forcément habituées à un tel harcèlement – les snipers perchés sur les toits des maisons, et évoqués par la presse internationale, n’appartiennent pas forcément aux forces de l’ordre – ripostent avec brutalité à ces agressions, occasionnant des « bavures ». Ce processus est bien connu des journalistes et sociologues, c’est le cycle provocation-répression, pratiqué par les agitateurs et révolutionnaires du monde entier.

Qu’il soit clair désormais, qu’au-delà du mécontentement et des problèmes inhérents à une nation et une société fragiles car divisées religieusement, et exposées aux remous géopolitiques d’une région stratégique, l’opposition au régime en place à Damas – qui est, qu’on le veuille ou non, le garant de la stabilité du pays, et donc de toute la région – cette opposition qui vient de faire son show en Turquie, cette opposition joue avec le feu…
  1. en supervisant, ou en se laissant déborder par des groupes armés salafistes qui rêvent de mettre la Syrie, grande nation arabe moderne, laïque et respectueuse de l’Islam, à l’heure de l’Arabie Saoudite, bastion du wahabisme et porte-avions américain.
  2. en se laissant instrumentaliser par les ennemis de toujours de la nation arabe que sont les Américains, et ce pour le plus grand profit d’Israël. Israël qui en dépit de toutes les résolutions onusiennes et « pressions » de l’administration Obama, continue de coloniser des terres arabes, à commencer par le Golan où ses soldats viennent de tuer une trentaine de manifestants palestiniens.
Les masques sont en train de tomber. Les Occidentaux, et singulièrement les Européens, veulent-ils faire de la Syrie un nouvel Irak, ce qui est le but des faucons de Washington, qui ne renonceront jamais à « domestiquer » le monde arabo-musulman.
Petite chronique de la violence terroriste ordinaire
Ce n’est pas d’aujourd’hui que des soldats et des policiers tombent victimes de terroristes infiltrés dans les manifestations, ou organisés en commandos. Sans prétendre à l’exhaustivité voici le rappel de quelques faits : 

-première semaine d’avril : l’agence syrienne Sana fait était de la mort de 6 policiers dans une série d’attaques à Deraa, Rif-Damas, Lattaquié et Homs ; le même bilan donne 170 membres des forces de l’ordre blessés pour la même période ;

-le 10 avril, 9 soldats sont tués dans une embuscade tendue contre leur bus sur l’autoroute Lattaquié-Tartous dans la région de Banias (côte méditerranéenne) ;

-le 29 avril, 4 soldats sont tués et 2 enlevés dans l’attaque d’un poste militaire à Deraa (sud du pays) ;

-le 6 mai, 10 soldats et policiers, dont 1 officier, sont tués, et de nombreux autres blessés,  à Homs (nord du pays) lors de l’attaque d’un poste de contrôle ;

-le 11 mai, 2 soldats sont tués et 5 blessés dans des incidents les ayant opposé à des groupes armés à Deraa  et Homs  ;

-le 17 mai, 13 soldats sont tués dans des accrochages à Deraa et Homs ; le même jour 8 autres soldats sont tués près de Talkalah (près de la frontière libanaise) au cours d’une opération contre des « paramilitaires » ;

-le 25 mai, 3 soldats sont tués dans une embuscade tendue près de Homs.

A suivre…

 



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