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  Les médias français continuent imperturbablement, pour l'essentiel, de relayer les mots d'ordres de la diplomatie atlantiste. Après donc avoir appuyé à longueur de colonnes l'envoi d'une mission d'observation de la Ligue arabe, dans l'espoir à peine caché que ses rapports mettraient très vite en accusation le gouvernement de Damas, les mêmes médias "débinent" à présent de toutes les manières possibles la dite mission, brodant sur son inefficacité, le flou de son action (c'est à peu près ce que vient de [...]



Le secrétaire général de la Ligue arabe sur la sellette pour cause d’objectivité relative

Par Louis Denghien,



Nabil al-Arabi doit commencer à méditer sur le haut niveau d'exigence "morale" des Occidentaux

 

Les médias français continuent imperturbablement, pour l’essentiel, de relayer les mots d’ordres de la diplomatie atlantiste. Après donc avoir appuyé à longueur de colonnes l’envoi d’une mission d’observation de la Ligue arabe, dans l’espoir à peine caché que ses rapports mettraient très vite en accusation le gouvernement de Damas, les mêmes médias « débinent » à présent de toutes les manières possibles la dite mission, brodant sur son inefficacité, le flou de son action (c’est à peu près ce que vient de dire l’ineffable Juppé) voire sa complaisance vis-à-vis du régime. Un des angles d’attaque le plus tendance est la mise en cause de la personnalité du chef de la mission arabe, le général soudanais Mustafa al-Dabi, accusé à mots peu couverts d’avoir réprimé lui-même des civils au Darfour. Le Darfour, ou Sud-Soudan ayant été – au passage – une des « grandes causes » de la diplomatie américaine, et a servi en partie à légitimer la récente sécession du Sud-Soudan.

Nabil al-Arabi obligé de défendre sa mission

Bref, le général al-Dabi est comme l’écrit rituellement Le Figaro, « très contesté » – toujours par les mêmes. D’autant plus contesté qu’al-Dabi a « aggravé son cas » en jugeant la situation globalement « rassurante » en Syrie, et qu’il vient de reprendre un de ses subordonnés qui avait prétendu voir des snipers à l’oeuvre à Homs. La contestation est même venue de l’intérieur de la Ligue arabe, puisque le président du Parlement arabe, un organisme associé, a carrément demandé le retrait des observateurs arabes.

Du coup, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, pourtant jusque-là plutôt en symbiose avec les accusations occidentales, s’est cru obligé de voler au secours de son collègue – après tout c’est sous sa responsabilité que la mission d’observation s’est déployée : « C’est, à n’en pas douter, un chef militaire respectable et l’enregistrement (de ses propos) ne comprend rien qui puisse l’incriminer » a dit, lundi 2 janvier, Nabil al-Arabi à propos d’al-Dabi.

Décidément audacieux, le secrétaire général de la Ligue a également reconnu que l’armée syrienne s’était retirée du coeur des villes touchées par des incidents. Tout en déplorant la présence de tireurs et la persistance des tirs, Nabil al-Arabi pousse l’honnêteté, et donc l’audace, jusqu’à reconnaître que le gouvernement syrien n’est pas forcément responsable de cet état de fait : « Il y a des échanges de coups de feu en plusieurs endroits, ce qui rend difficile de dire qui tire sur qui« .

Cette honnêteté est très mal vue en Occident par les temps qui courent et Alain Juppé – véritablement devenu (ivresse des cimes ?) un extrémiste atlantiste – faisait encore bruyamment part de ses « doutes« , mardi matin 3 janvier, sur  la fiabilité de la mission arabe, qu’il avait pourtant, comme bien d’autres, réclamée à cors et à cris.

Les chacals aboient mais la mission se poursuit, et même s’étend avec l’arrivée jeudi de renforts. Au total, on parle de 300 observateurs en Syrie – ils sont pour l’heure une soixantaine. Un premier rapport de la mission pourrait être publié ces jours-ci : il est d’ores et déjà très attendu, et même guetté par toutes les parties, pour des raisons évidemment opposées. En tout cas, si jamais celui-ci est équilibré, relativement objectif, parions que ce sera au tour de Nabil al-Arabi et de l’organisation qu’il dirige de se retrouver « très contestés », dans les colonnes du Figaro et dans les couloirs du Quai d’Orsay !



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10 commentaires à “Le secrétaire général de la Ligue arabe sur la sellette pour cause d’objectivité relative”

  1. touri dit :

    Des journalistes algériens témoignent :

    « Ce que nous avons vu en Syrie »

    http://www.presse-algerie.fr/lexpressiondz3.php

  2. marip dit :

    En cette nouvelle année ,nos meilleurs voeux à l’équipe d’infosyrie ,et bien sur , au peuple syrien et aux réformes menées par son président.

  3. Mohamed dit :

    Al Jazeera conteste et met en doute la mission des observateurs arabes, et selon elle la ligue arabe conteste son SG.

    • Akyliss dit :

      Al jazeera ne peut faire autrement vue qu’elle appartient au seigneur du Qatar la crapule Ahmas ben khalifa al thani ! faut pas attendre quelques choses d’objectifs avec cette chaine !

      Nabil El Arabi risque d’être convoqué par l’emir express et peut être même par sarkozy 🙂

  4. Akyliss dit :

    Tendances de l’Orient
    Lundi 02 janvier 2012 no64

    Bulletin hebdomadaire d’information et d’analyse, spécialisé dans les affaires de l’Orient arabe.
    Préparé et diffusé par Le Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales neworientnews.com
    Rédacteur en chef: Pierre Khalaf
    khalafpierre@gmail.com
    ___________________________________________________________________________

    La tendance générale

    La nouvelle Guerre froide

    L’année 2011 aura été marquée sur le plan international par l’échec de l’offensive impérialiste lancée par les Etats-Unis, il y a dix ans; un échec qui s’est traduit par le retrait des troupes américaines d’Irak et les difficultés grandissantes en Afghanistan. Mais dans le même temps, la stratégie du soft power, élaborée par le Conseil de la sécurité nationale et l’état-major interarmes, a commencé à se dévoiler.
    Les décision-makers (décideurs) américains reconnaissent leur incapacité à empêcher l’émergence de la Chine en tant que compétiteur économique, et, par conséquent, en tant qu’adversaire politique et militaire. L’année 2011 aura été marquée par le déploiement de la flotte navale chinoise dans les eaux chaudes.
    L’autre compétiteur des Etats-Unis est la Russie, que Washington s’est efforcé d’isoler, d’encercler et d’affaiblir, pour retarder au maximum sa réémergence sur la scène internationale. Si la Chine représente la force financière et économique, la Russie constitue un rival dans le domaine de l’énergie et des industries militaires et spatiales. Ces deux grands pays ouvrent la marche à plusieurs autres Etats qui refusent l’unilatéralisme américain, avec qui ils forment le groupe des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Il faut y ajouter l’Iran et les pays d’Amérique latine, appelés Alba.
    En 2011, les Etats-Unis ont concentré leurs efforts sur la région arabe, pour vider de leur sens les révolutions et les dévier de leur trajectoire afin qu’elles ne soient pas en contradiction avec les intérêts américains. L’élément marquant aura été la conclusion d’un deal à l’échelle régionale entre les Frères musulmans et les Etats-Unis conformément auquel la confrérie islamiste accède au pouvoir dans les pays arabes en contrepartie d’assurances portant sur la sécurité d’Israël et le pétrole. Les preuves de cet accord, s’il en faut, sont nombreuses. Les déclarations de complaisances à l’égard de l’Etat hébreu de la part de dirigeants islamistes, y compris des salafistes, en sont un exemple.
    A travers ces relations tissées avec les islamistes sunnites, les Etats-Unis espèrent créer une ceinture pour encercler et endiguer l’Iran, au risque de plonger l’Orient arabe dans une interminable guerre confessionnelle. Mais la théorie du barrage sunnite face à l’expansion iranienne, adoptée et défendue par les pays du Golfe, est fallacieuse. Car depuis la révolution de 1979, l’action iranienne ne s’est jamais basée sur l’avancée du chiisme mais sur l’anti-impérialisme et la lutte contre le sionisme, incarné par Israël. Un soutien indéfectible a été apporté par l’Iran à tous ceux qui se battent contre l’occupation israélienne, qu’ils soient chiites, comme le Hezbollah libanais, ou sunnite, comme le mouvement Hamas palestinien.
    Pour édifier ce barrage sunnite, la destruction de la Syrie est devenue une nécessité pour Washington, surtout après la chute du régime de Hosni Moubarak. Mais le combat sur la Syrie a réveillé des antagonismes à l’échelle internationale, entre la Russie et la Chine d’un côté, les Etats-Unis et l’Europe occidentale de l’autre. Les manœuvres et les discours actuels ressemblent beaucoup à ceux qui étaient en vigueur lors de la Guerre froide. Ce n’est pas étonnant, car les enjeux sont aussi importants.

    La tendance en Syrie

    Conditions favorables pour Assad en 2012

    Parallèlement à la bataille diplomatique, dont le dernier acte s’est traduit par l’acceptation du déploiement des observateurs arabes en Syrie, le pouvoir syrien a achevé l’installation d’un vaste dispositif de défense maritime et aérien. Les dernières manœuvres militaires effectuées constituent un message clair que la Syrie est disposée à faire face à une éventuelle attaque maritime ou aérienne, alors que sur le plan terrestre, la 7e division a été déployée le long de la frontière syro-turque, sur une profondeur de 20 km.
    D’autre part, le Premier ministre turc, Recep Tayyeb Erdogan, aurait des difficultés dans son propre pays, notamment dans les régions frontalières avec la Syrie essentiellement peuplées de chrétiens et d’alaouites, plutôt réfractaires à toute action contre la Syrie. La crise syrienne est donc en train de devenir un facteur de division interne en Turquie, prenant même une dimension confessionnelle et ethnique entre Arabes, Kurdes et Turcs, alaouites, chrétiens et sunnites.
    De plus, le pouvoir syrien estime qu’il a enregistré un succès en organisant des élections municipales dans les circonstances actuelles. Même si cet événement a été passé sous silence dans les médias hostiles, il n’en reste pas moins important, puisqu’au total il y a eu 41% de participation au scrutin, en dépit des conditions sécuritaires défavorables et de la grève générale décrétée par l’opposition. Ces élections ont montré que le pouvoir, décrit par les médias occidentaux et arabes comme isolé du peuple, affaibli et incapable de mobiliser, dispose d’une large base sociale, estimée à au moins 40% de la population. L’objectif de ce scrutin était aussi d’impliquer les jeunes Syriens dans la vie politique et de permettre à une nouvelle classe politique d’émerger en vue des élections législatives qui doivent se tenir en février ou mars 2012. D’ici là, le président Bachar al-Assad devrait décider d’amender la Constitution et en particulier d’abolir l’article 8 qui instaure un monopole au pouvoir en faveur du Baas.
    Le président Assad aborde donc l’année 2012 dans une position acceptable, au vu des moyens colossaux déployés pour détruire la Syrie. Le recours aux attentats terroristes montre d’ailleurs l’échec des tentatives de renverser le régime militairement, diplomatiquement et politiquement. Onze mois après le déclenchement des troubles et en dépit des annonces à répétition sur sa chute imminente, le pouvoir tient bon, avec son appareil administratif, politique, sécuritaire, militaire et diplomatique. Il est protégé sur le plan international par une alliance stratégique avec la Russie, sans parler de l’Iran et de l’Irak, et sur le plan local par un appui populaire qui reste important.
    Il y aurait peut-être encore un trimestre difficile, mais après cela, le régime parviendra à dépasser la période cruciale et s’employer à faire des réformes dans le calme. Entrant en période électorale et devant affronter une crise économique sans précédent, l’Occident aura bien d’autres soucis que le dossier syrien.

  5. Purpan dit :

    Je pense que la pression sur la Syrie va se relâcher petit a petit car juger non rentable par les occidentaux. D’ailleurs, on a trouvé notre nouvel ennemi : l’Iran.

    Voir :
    http://lci.tf1.fr/monde/asie/l-iran-teste-des-missiles-de-croisiere-tres-mauvais-signal-pour-6913683.html

    En ajoutant a cela, les prochaines élections de 2012 aux USA, en Russie et en France.
    Après, il faut se méfier car on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.

    • fatima dit :

      La pression va continuer, aucun relâchement..
      La majorité des articles que j’ai lus, montrent un côté très pessimiste.
      Toutes les analyses confirme que la tension va augmenter contre la Syrie et contre l’Iran. Même Chossudovsky va plus loin encore dans son article diffusé sur le site de « mondialisation.ca » et intitulé « l’Iran face à une attaque à l’arme nucléaire » (du 02/01/2012).
      De plus, « voltairenet.org », (dans sa revue de presse : Syrie, n° 21).A la fin de cette article, une information paru hier dans le Daily Star (Londres) précise qu’une « préparation d’une frappe, ou d’une guerre non-conventionnelle des points militaires syriens… »
      Par contre, oui, je suis d’accord avec vous « on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve ».
      Je n’ai aucune confiance ni des pays occidentaux, ni des pays du golf, ni des opposants qui cherchent le pouvoir rien que le pouvoir par tous les moyens …
      En tout cas, tous ces « voyous ne sont que des bouchers. Ils n’attendent que l’heure d’attaquer la Syrie et de la détruire ». De quelle liberté, de quelle démocratie ces assassins parlent ??, Voyons… quelles mensonges….!!? Depuis quand, les wahabites sont démocrates !!!

      • Mohamed dit :

        S’ils avaient pu attaquer la Syrie ou l’Iran, ils n’auraient pas attendu. Toutes ces menaces, à mon avis, sont de la pure surenchère pour les négociations imminentes, à venir, sinon on va vers une troisième guerre mondiale, dont l’issue et les conséquences sont imprévisibles pour personne. Tout le monde menace tout le monde, et il n’y a de solutions que le dialogue : Sarkozy est en fin de mandat, et il a des élections à perdre; il en va de même pour Obama. Et puis il y’a la crise financière et économique qui menace sérieusement les USA et l’UE, et cette crise n’est du qu’aux aventures dans l’Afghanistan et l’Irak, bref il faut être fous pour se lancer dans une guerre de cette envergure et incertitude !
        Ce qui ne veut dire pas que l’étau sera desserré autour de la Syrie, dans l’immédiat. Les pressions vont continuer par la guerre psycho médiatique, par le terrorisme et par les sanctions économiques, et la réunion de ligue arabe, dans quelques jours va nous indiquer la direction des choses vers la solution ou vers davantage d’escalade. Le pire est derrière la Syrie, et le peuple qui a su déjouer toutes les manigances passées, saura bien affronter les attaques à venir.
        Espérons que le dénouement sera pour bientôt !

        • fatima dit :

          merci , Mohamad de votre réponse qui me rassure un peu..
          Tout ce que nous voulons, c’est la paix et l’unité dans ce pays magnifique , ouvert à toutes les religions

        • joska dit :

          Merci, Mohamed, que Dieu vous entende et pointe du doigt ceux qui les mains pleines de sang, la Libye est en plein conflit, l’Egypte rugit, la Tunisie tremble et l’occident sourit de leur méfaits! Nous avons confiance au peuple syrien, au pouvoir syrien et Bashar le réformateur de la Grande Syrie avec toutes confessions confondues et unies à jamais!
          A bas les redresseurs de torts occidentaux

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