• Actualité
  •  

"Nous évaluons le bilan à 4 000 morts, mais en fait les informations fiables qui nous parviennent sont bien supérieures à cela". Navi Pillay, "madame droits de l'homme" de l'ONU, est catégorique quant au bilan de plus de huit mois de troubles en Syrie. Et elle est aussi péremptoire sur l'analyse de la situation présente : "J'avais dit en août devant le Conseil de sécurité que lorsqu'un nombre croissant de déserteurs menaceraient de prendre les armes, il y aurait guerre [...]



Partage des rôles : l’ONU « déplore », l’OTAN dégaine

Par Louis Denghien,



Mais de quoi lui parte-t-il ? Quand même pas des droits de l'homme en Palestine, dans les monarchies du Golfe ou en Libye ?

Mais de quoi lui parte-t-il ? Quand même pas des droits de l'homme en Palestine, dans les monarchies du Golfe ou en Libye ?

« Nous évaluons le bilan à 4 000 morts, mais en fait les informations fiables qui nous parviennent sont bien supérieures à cela« . Navi Pillay, « madame droits de l’homme » de l’ONU, est catégorique quant au bilan de plus de huit mois de troubles en Syrie. Et elle est aussi péremptoire sur l’analyse de la situation présente : « J‘avais dit en août devant le Conseil de sécurité que lorsqu’un nombre croissant de déserteurs menaceraient de prendre les armes, il y aurait guerre civile. Désormais, c’est ainsi que je caractérise ce qui se passe« .

Les morts, parlons-en plutôt que de les faire parler

Au risque de nous répéter, la direction de l’ONU s’est mise, sur le dossier syrien, au service de l’hégémonisme américain, reprenant les mots d’ordre et les « analyses » de la Maison Blanche et du Département d’Etat, niant par son silence l’implication fondamentale de groupes armés anti-régime, et l’appui logistique et financier reçus par ceux-ci de la part de puissances étrangères : Etats-Unis, Qatar, Arabie Séoudite, Turquie, France, Grande-Bretagne, sans oublier la faction libanaise Hariri, et, peut-être, sous forme de volontaires djihadistes, la Libye « libérée ». L’Onu, de Ban Ki-moon en Navi Pillay, fait sienne la vision simpliste et mensongère des événements syriens diffusée par les désinformateurs euro-américains et arabes.

Elle refait, à vrai dire, ce qu’elle a déjà fait, d’abord en Irak et en Yougoslavie, ensuite en Côte d’Ivoire, puis en Libye. Le « machin » moqué par de Gaulle est devenue une machine à diffamer, puis isoler, puis agresser les nations déplaisant au Big Brother vieillissant mais toujours agressif d’Outre-Atlantique.

Au risque de nous redire, nous rappelons que les « sources fiables » de Navi Pillay émanent intégralement de es « rapports » de l’OSDH londonien de Rami Abdel Rahmane, des « comités locaux de coordination » porte-paroles des émeutiers de Homs et d’ailleurs, bref des militants de l’opposition radicale. Le chiffre de 4 000 victimes asséné par l’ONU et les médias est suspect. Dans son chiffrage même, bien sûr, mais aussi dans son « flou structurel » : y inclut-on le millier (au moins) de membres des forces de l’ordre victimes des activistes – chaque jour des soldats et des policiers sont tués ou blessés en Syrie ? Y inclut-on les civils tués par ces même groupes ou bandes armés parce qu’ils sont des notables, des chrétiens ou des alaouites, ou des proies pour le rackett ? Y inclut-on, enfin, les guérilléros, déserteurs et/ou islamistes, abattus par les forces de l’ordre dans les combats qui se déroulent à Homs ou dans les campagnes ? Bref, combien de civils pacifiques et désarmés dans ce décompte officiel ? Etant entendu que les provocations de snipers embusqués, profitant des manifestations pour harceler les forces de l’ordre, dans un contexte de guérilla urbaine, sont obligatoirement génératrices de bavures. Des bavures ensuite exploitées par les mille bouches de la désinformation médiatique.

Cette guerre civile tant désirée

Au risque de lasser, nous affirmons que les Nations-Unies déplorent ou feignent de déplorer en Syrie une guerre civile qu’ils ont encouragée par leurs prises de positions répétées. Une guerre civile financée, aidée de toutes les manières diplomatiques ou secrètes – n’est-ce pas M. Sarkozy ? – par le bloc occidental, qui voit là, en l’absence de possibilités d’une intervention otanesque en bonne et due forme, LE moyen de renverser le régime en place.

Nous disons, nous, que pour qu’il y ait guerre civile, il faut être deux. Or, quelques milliers de mercenaires, djihadistes ou « déserteurs« , dont un certain nombre sont aux frontières du banditisme pur, ne constituent pas un « camp » politique et social. Les groupes armés sont assez puissants, grâce à l’aide étrangère, pour entretenir un climat d’insécurité – pas dans toute la Syrie, d’ailleurs, les incidents semblant se concentrer pour l’essentiel dans le secteur Homs-Idleb ; ils ne le sont pas assez pour embraser tout le pays, toute la société syrienne, et « libérer » une parcelle de territoire syrien : contrôler plus ou moins un quartier de Homs comme Bab Amr, c’est une chose, mettre tout un pays en situation d’insurrection, c’en est une autre.

On notera d’ailleurs que l’analyse catrastrophiste de Navi Pillay a aussitôt été quelque peu « atténuée » par son propre porte-parole : Rupert Colville a en effet tenu à préciser que dans les circonstances que traversaient actuellement la Syrie « il est difficile d’affirmer catégoriquement à quel moment cela devient une guerre civile« .

Eh bien, dans le contexte diplomatique que nous connaissons, la guerre civile devient une réalité virtuelle, médiatique, avant que de se concrétiser vraiment, éventuellement, dans la réalité. On nous parle déjà depuis des mois d’un peuple syrien virtuel, unanimement dressé contre ses gouvernants ; d’une « Armée syrienne libre » forte de 15 ou 17 000 combattants tout aussi virtuels. Alors parler et faire parler de guerre civile revient à lui donner une réalité politique. Et si la guerre civile existe dans les articles et déclarations des bellicistes occidentaux, elle peut – dans l’esprit de ceux-ci – justifier une intervention militaire étrangère, celle-là « vraie de vraie ».

C’est, à notre avis, le schéma de pensée et d’action du grand orchestre anti-syrien. Maintenant, il y a toujours, et plus que jamais, les réalités de terrain pour contrer ces stratégies : des dizaines de milliers de combattants syriens, libanais, voire iraniens, voire même russes, pour le moment l’arme au pied, mais prêts à accueillir d’éventuels « visiteurs » turcs, otanesques ou séoudo-qataris.

 

 



Vous pouvez suivre les réponses à cet articles avec le flux RSS.
Vous pouvez répondre, ou faire un lien depuis votre site.

6 commentaires à “Partage des rôles : l’ONU « déplore », l’OTAN dégaine”

  1. Ulpien dit :

    Des nouvelles selon RIA Novosti (en langue russe seulement):
    – La Russie et la Chine n’ont pas trop de confiance dans le « rapport » présenté par la Commission « Droits de l’Homme » ONU concernant la Syrie.
    – La Russie, qui préside le Conseil de Sécurité en décembre a déclaré que la Syrie ne sera pas à l’ordre du jour ce mois.

    D’ailleurs:
    – L’appel à la « grève générale » de l' »opposition » sur Facebook a été – comme toujours – strictement suivi par la population syrienne ;-).
    – Il paraît que la situation est resté assez calme aujourd’hui, même à Homs et Idlib.

  2. fareska dit :

    Pour l’ONU et les américano-euro_sionistes, les palestiniens ne sont pas des Hommes donc pas de droit tout juste à se faire massacrer par Israël et cela est une faveur consentie par eux n’estce pas…!

  3. NO PASARAN dit :

    « Nous évaluons le bilan à 4 000 morts, mais en fait les informations fiables qui nous parviennent sont bien supérieures à cela«

    Des ptits pblms en math… ? Si ils sont surs que c’est plus, pourquoi annoncer 4000 ???????????

  4. NO PASARAN dit :

    J‘avais dit en août devant le Conseil de sécurité que lorsqu’un nombre croissant de déserteurs menaceraient de prendre les armes, il y aurait guerre civile. Désormais, c’est ainsi que je caractérise ce qui se passe« .

    Ah ben oui, puisqu’ils sont mediatiquement coordonnes par les memes instances… Trop forte la dame !

  5. NO PASARAN dit :

    « il est difficile d’affirmer catégoriquement à quel moment cela devient une guerre civile« .

    Une guerre civile, c’est quand des citoyens en tuent d’autres, pas des terroristes qui assassinent des citoyens pour pretendre a la guerre civile.

Commenter