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Notre fidèle visiteur Mohamed nous a adressé la traduction - par ses soins - d'une intéressante analyse, parue sur le site arabe al-Jaml, de la situation prévenant après la vraie-fausse médiation de la Ligue arabe. L'auteur s'interroge sur les motivations et les arrière-pensées des uns et des autres, et s'efforce d'envisager tous les scénarios possibles et imaginables dans un proche avenir, apaisement ou escalade. En ce qui nous concerne nous penchons pour la thèse, évoquée et, semble-t-il, privilégiée par al-Jaml, [...]



Quel(s) jeu(x) joue la Ligue arabe ?

Par Droits réservés,



Notre fidèle visiteur Mohamed nous a adressé la traduction – par ses soins – d’une intéressante analyse, parue sur le site arabe al-Jaml, de la situation prévenant après la vraie-fausse médiation de la Ligue arabe. L’auteur s’interroge sur les motivations et les arrière-pensées des uns et des autres, et s’efforce d’envisager tous les scénarios possibles et imaginables dans un proche avenir, apaisement ou escalade. En ce qui nous concerne nous penchons pour la thèse, évoquée et, semble-t-il, privilégiée par al-Jaml, du « double jeu » de la Ligue arabe.

Bachar avec le Premier ministre du Qatar...

Bachar avec le Premier ministre du Qatar...

... et avec le secrétaire général de la Ligue arabe : des interlocuteurs "valables" ?

... et avec le secrétaire général de la Ligue arabe : des interlocuteurs "valables" ?

 

 

 

 

 

 

 

De la crise syrienne à la crise de la ligue arabe :

 

Qui pose des pièges sur les chemins de la solution ?

Des rapports ont fait état des efforts de la Ligue Arabe pour résoudre la crise des contestations politiques syriennes, et la délégation de la ligue s’est déplacée à Damas, qui a approuvé l’initiative de la commission ministérielle arabe, et maintenant les rapports font état d’informations contradictoires, qui soulèvent des questions telles que :
– Quelle est la réalité des efforts de médiation arabe ?
– Quelle est le niveau de fiabilité des tierces parties vis-à-vis de la solution de la crise ?
– Va–t–on vers l’apaisement ou vers l’escalade ?

Médiation arabe : crise de tournant critique ou crise de crédibilité ?
Les données extérieures font état que les efforts de médiation arabe sont arrivés à un carrefour, à la croisée des chemins, puisque le secrétaire général de la ligue arabe se trouve devant l’une des situations les plus complexes. A cet égard, nous nous référons à ce qui suit :
– Damas a annoncé son consentement franc d’acceptation de l’initiative arabe ;
– L’opposition syrienne, par contre, n’a pas annoncé son consentement explicite à l’acceptation de l’initiative arabe.
Sur cette base, nous constatons que l’application de l’initiative arabe sur le terrain de la réalité n’est pas possible pour le moment, tant que l’une des parties n’a pas donné son accord pour accepter l’initiative, et malgré cela, des parties tierces extérieures ont émis des critiques à la Syrie pour n’avoir pas respecté l’initiative arabe dont elle a violé les clauses.
En outre, nous notons que beaucoup de parties tierces s’intéressent maintenant à faire ce qui suit :
– l’escalade des campagnes médiatiques qui prétendent que Damas n’a pas respecté l’initiative, et qu’elle l’a violé, au même moment qu’elles s’abstiennent d’accuser l’opposition ou de lui reprocher de n’avoir consenti à accepter l’initiative.
– Certaines parties étrangères, et précisément les USA, se sont distinguées par l’incitation de l’opposition à ne pas accepter l’initiative.
– Se sont distinguées certaines parties régionales qui, d’un côté, déclarent n’exercer aucune activité d’ingérence dans le dossier de la crise syrienne, mais de l’autre côté et même temps, reconnaissent explicitement accueillir des activités syriennes, armées et politiques.
Mais ce qui est frappant, intéressant voire surprenant, c’est que le secrétariat de la ligue arabe, jusqu’à présent, n’a exercé aucune pression effective sur l’opposition syrienne en termes d’acceptation de l’initiative, ce qui augmente le niveau d’incertitude, de suspicions, quant à la crédibilité du secrétariat de la ligue arabe, et ouvre la voie à la question pertinente de savoir si la ligue arabe est arrivée à la croisée des chemins, et qu’elle se trouve impuissante et paralysée quant à la détermination du chemin à suivre ? Est-elle du côté de l’opposition soutenue par les Etats-Unis ? Ou des dispositions de l’initiative adoptée par la ligue arabe ? La ligue arabe a-t-elle œuvré à arranger l’initiative de façon à tendre un piège à Damas ? Et, maintenant qu’il s’est avéré que c’est l’opposition qui est tombée dans le piège, le secrétariat de la ligue cherche-t-il à trouver une issue de sortie, ce qui ne va pas manquer, cette fois, de porter de graves dommages à la crédibilité de ligue arabe ?

La ligue arabe devant des options :
Les efforts de médiation face aux différents et aux crises comprennent deux sortes de médiations : une médiation d’apaisement pour arriver à une solution globale et réaliser la stabilité, et une médiation d’escalade, d’amplification pour arriver à la complication des faits et pousser vers le chaos, et, actuellement, les données indiquent que le secrétariat de la ligue arabe se tient devant le dilemme de la « médiation de quoi ». A cet égard, nous nous référons aux itinéraires probables du secrétariat de la ligue arabe :
1/ Première piste : une feuille de route pour l’apaisement (la trêve) ;
Les experts en conflits et différends avancent que les efforts de médiation pour l’apaisement comprennent :
– L’exhortation des parties : à cette question particulière, la commission des ministres des affaires étrangères arabes a exhorté Damas à approuver l’initiative, mais elle n’a vraiment rien fait pour exhorter les parties de l’opposition.
– La stimulation des parties : la délégation ministérielle arabe n’a pas apporté de stimuli à Damas en signe d’encouragements à son approbation et à son acceptation, ne serait-ce que par une simple déclaration accueillant favorablement la position de Damas ; et en même temps la délégation n’a pas fait de déclaration appelant l’opposition à faire part de son accord et de son acceptation.
– L’exercice de pressions sur les partis : le secrétariat général de la ligue arabe a exercé davantage de pressions sur Damas mais, de l’autre côté, il n’a exercé aucune pression sur l’opposition, ni même sur les parties arabes qui soutiennent cette opposition.

2/ Deuxième piste : une feuille de route de médiation pour l’escalade :
Les experts en conflits et différents avancent que les efforts de médiation pour l’escalade comprennent :
– le double jeu : qui consiste à présenter les aspects positifs d’une des parties et, en même temps, présenter les aspects négatifs de l’autre partie et, de ce fait, la ligue arabe va-t-elle chercher à adopter et soutenir le point de vue de l’opposition syrienne, d’un côté, et chercher à l’imposer à Damas de l’autre côté ?
– la négociation impartiale (inégale) : qui consiste à exercer des pressions sur une partie pour qu’elle présente davantage de concessions mais, en même temps, être complice de l’autre partie et lui permettre d’élever le plafond de ses revendications sans conditions ni limites.
– La versatilité des récits : qui consiste à adopter les récits qui soutiennent l’opinion de l’une des parties, aussi fausses et non véridiques qu’ils puissent être, et rejeter les récits de l’autre partie, aussi véridiques, authentiques et sincères qu’ils puissent être.

Nous allons assister, les prochains jours, à jusqu’à quel point le secrétariat de la ligue arabe, peut s’engager en termes de crédibilité de ses orientations, vis-à-vis du dossier de la crise syrienne, et le plus important consiste dans les nombreux indicateurs qui prouvent cela, et parmi ces indicateurs la question de savoir si les parties arabes parrainant l’initiative vont œuvrer à s’engager en termes de respect de la justice et de l’équité dans l’attitude vis à vis des parties de la crise, ou bien si elles vont fournir un soutien financier, diplomatique et médiatique à une partie sans l’autre. Les parties arabes parrainant l’initiative de la ligue arabe vont-elles œuvrer à exhorter les parties tierces à mettre fin à leurs appuis militaire, diplomatique, financier à l’une des parties sans l’autre ? Ou bien le secrétariat va rester incapable de s’adresser à l’administration américaine qui a, publiquement et officiellement, incité les groupes armés à ne pas déposer leurs armes, conformément aux dispositions de l’initiative, et à s’adresser à Ankara, qui a reconnu abriter les potentialités armées syriennes, et bien que la réponse à cette interrogation sur l’incapacité soit connue, les jours à venir vont nous révéler ce qui se passe dans les coulisses de la ligue arabe, à propos de la crise du dossier des protestations politiques en Syrie.
Al Jamal : service des études et de la traduction.
http://www.aljaml.com/node/77298



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11 commentaires à “Quel(s) jeu(x) joue la Ligue arabe ?”

  1. Kinan dit :

    Intéressante analyse. A l’appui de la 2ème thèse de l’article on pourrait évoquer deux faits qui, combinés, valident celle-ci :
    1° – La Ligue arabe – à l’origine, création anglaise visant à maintenir la domination britannique au Moyen-Orient face à l’influence croissante américaine – est devenue le cache-sexe des pétromonarchies du Conseil de Coopération du Golfe qui forment désormais un bloc (avec en sus le Maroc et la Jordanie). A l’image de la place des USA dans l’OTAN, ce bloc qui dirige de facto la Ligue arabe et il est, paradoxalement, celui des États arabes alliés aux Américains.
    2° – La porte-parole du département d’État américain, Victoria Nuland, a appelé les opposants syriens à ne pas rendre les armes alors que Bachar al-Assad, consécutivement à son acceptation du plan de la Ligue arabe, proposait en échange de ces armes l’amnistie à ces opposants :
    http://www.alarabiya.net/articles/2011/11/04/175349.html

    Donc pour résumer, la Ligue arabe dominée par les pétromonarchies alliées aux USA, proposent un plan que les USA, leur parrain géopolitique, se chargent de torpiller en invitant les opposants à ne pas lui faire confiance et à conserver leurs armes – tiens, des opposants syriens ont des armes selon le département d’Etat américain !.
    Comment, du coup, ne pas voir dans ce plan une manœuvre qui relève de la guerre psychologique plutôt que d’une diplomatie visant à l’apaisement ?

  2. Kinan dit :

    Pour illustrer le premier point que j’évoquais, l’influence dominante du CCG, bloc allié aux Américains, au sein de la Ligue arabe, et notamment depuis le « Printemps arabe », il est intéressant de se pencher sur le deal qui a eu lieu entre le CCG et les USA afin que la Ligue arabe apporte son soutien à la résolution 1973 qui a finalement mené à la guerre de l’OTAN en Libye.
    Selon l’excellent journaliste Pepe Escobar du journal Asia Times on Line, qui prétend avoir ici des sources diplomatiques, les USA ont négocié l’aval de la Ligue arabe à la résolution 1973 (et à ses suites évidentes : la destruction otanesque du régime de Kadhafi) contre l’autorisation donnée aux forces saoudiennes d’envahir Bahreïn pour y écraser le mouvement d’opposition – lui entièrement pacifique et sans armes ! – à la monarchie des al-Khalifa. On peut noter que cet article d’avril 2011 a vu ses prévisions vérifiées par la suite des évènements : opérations secrètes de soutien au sol à l’insurrection et interventions d’hélicoptères de combat en Libye, d’une part. Poursuite de la répression violente à Bahreïn bénéficiant de la complaisance américaine, d’autre part.
    Voici la traduction que j’avais faite de cet article, à mon avis fondamental :

    MIS A NU : L’ACCORD AMERICANO-SAOUDIEN SUR LA LIBYE
    par Pepe Escobar / 2 Avril 2011
    Source Asia Times Online : http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/MD02Ak01.html

    « Vous envahissez Bahreïn. Nous dégageons Mouammar Kadhafi en Libye. » C’est, en résumé, l’essence de l’accord conclu entre l’administration Obama et la Maison des Saoud. Deux sources diplomatiques aux Nations Unies ont confirmé, indépendamment l’une de l’autre, que Washington, via la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, avait donné le feu vert à l’Arabie saoudite pour envahir Bahreïn et pour écraser le mouvement pro-démocratie dans leur voisinage, en échange d’un vote « oui » de la Ligue arabe pour une zone d’exclusion aérienne en Libye – la justification principale avancée pour la résolution 1973 au Conseil de sécurité des Nations Unies.

    La révélation est venue de deux diplomates différents, un européen et un membre du groupe des BRIC, et a été faite séparément à un universitaire américain et à Asia Times Online. Etant donné le protocole diplomatique, leurs noms ne peuvent être révélés. Un des diplomates disait : « C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas soutenir la résolution 1973. Nous soutenions que la Libye, Bahreïn et le Yémen étaient des cas similaires, et appelions à une mission d’enquête. Nous maintenons notre position officielle selon laquelle la résolution n’est pas claire, et pourrait être interprétée d’une manière belliciste ».

    Comme Asia Times Online l’avait rapporté, l’approbation complète de la Ligue arabe pour une zone d’exclusion aérienne est un mythe. Sur la totalité des 22 membres, seuls 11 étaient présents au vote. Six d’entre eux étaient membres du Conseil de Coopération du Golfe (C.C.G.), le club des royaumes/émirats soutenus par les USA, parmi lesquels l’Arabie saoudite est le chef de meute. La Syrie et l’Algérie étaient contre. L’Arabie saoudite n’avait plus qu’à « persuader » trois autres membres pour obtenir le vote.

    Traduction : seuls neuf des vingt-deux membres de la Ligue arabe ont voté pour une zone d’exclusion aérienne. Le vote a été essentiellement une opération dirigée par l’Arabie saoudite, avec le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa désireux de peaufiner son CV pour Washington, avec l’idée de devenir le prochain président égyptien.

    Ainsi, au début, y avait-il la grande révolte arabe de 2011. Puis, inexorablement, est venue la contre-révolution américano-saoudienne.

    Que les profiteurs se réjouissent

    Les impérialistes humanitaires vont nous parler massivement d’une « conspiration », comme ils nous avaient raconté que le bombardement de la Libye avait empêché un hypothétique massacre à Benghazi. Ils défendront la Maison des Saoud – déclarant qu’elle a agi pour contrer la subversion iranienne dans le Golfe ; manifestement le « devoir de protection des populations » ne s’applique pas au peuple de Bahreïn. Ils vont promouvoir une Libye post-Kadhafi comme nouvelle Mecque – pétrolière – des droits de l’homme, avec en prime l’espionnage américain, les opérations clandestines, les forces spéciales et les affairistes douteux.

    Leurs déclarations ne changeront pas les faits réels sur le terrain – la situation résulte du sale jeu américano-saoudien. Asia Times Online avait déjà démontré à qui profitait une intervention étrangère en Libye (voir l’article « There’s no business like war business », du 30 mars). Les acteurs sont constitués du Pentagone (via l’Africom), de l’OTAN, de l’Arabie saoudite, de Moussa de la Ligue arabe, et du Qatar. En ajout à la liste, la dynastie al-Khalifa du Bahreïn, assortie de marchands d’armes, et de suspects néo-libéraux habituels désireux de privatiser tout ce qui peut l’être dans la nouvelle Libye – même l’eau. Et ne parlons même pas des vautours occidentaux planant au-dessus de l’industrie pétrolière et gazière libyenne.

    S’est révélée, par-dessus tout, l’ahurissante hypocrisie de l’administration Obama, vendant comme une opération humanitaire un grossier coup d’Etat géopolitique concernant l’Afrique du nord et le Golfe persique. Quant au fait d’une nouvelle guerre américaine contre une nation musulmane, il ne s’agirait que d’une « action militaire cinétique ».

    Il y a eu d’intenses spéculations à la fois aux USA et à travers le Moyen-Orient considérant que l’impasse militaire – et l’étroitesse de la « coalition des volontaires » bombardant la famille Kadhafi – pourrait mener Washington, Londres et Paris à se contenter du contrôle sur l’est de la Libye [NdT : la Cyrénaïque] ; une version nord-africaine d’un riche émirat pétrolier du Golfe, en somme. Quant à Kadhafi il aurait été laissé avec une Tripolitaine affamée, nouvelle version de la Corée du Nord.

    Mais si l’on envisage les dernières défections de membres importants du régime, et de plus le désir d’en finir avec ce jeu (« Kadhafi doit partir », selon les propres paroles d’Obama), on voit que Washington, Londres, Paris et Riyad ne se contenteront de rien d’autre que de tout le gâteau. Ceci inclut une base stratégique à la fois pour l’Africom et l’OTAN.

    Rassemblez les suspects inhabituels

    Un aspect des effets du sale accord américano-saoudien est que la Maison Blanche fait tout ce qu’elle peut pour s’assurer que le drame de Bahreïn soit enterré par les médias américains. La nouvelle présentatrice de BBC America, Katty Kay, a eu tout de même la décence de souligner : « ils aimeraient chasser les évènements du Bahreïn de l’actualité car in n’y a pas de réel avantage pour eux à soutenir une rébellion par des chiites ».

    Pour sa part l’émir du Qatar, Sheikh Hamad bin Khalifa al Thani, est apparu sur al-Jazeera et a déclaré que l’action était nécessaire parce que le peuple libyen était attaqué par Kadhafi. Les journalistes d’al-Jazeera, d’habitude excellents, auraient pu demander poliment à l’émir s’il allait aussi envoyer ses Mirages pour protéger le peuple palestinien d’Israël, ou ses voisins au Bahreïn de l’Arabie saoudite.

    La dynastie al-Khalifa au Bahreïn est un essentiellement un tas de colons sunnites qui ont pris le pouvoir il y a 230 ans. Par la grâce d’un grand accord du XXème siècle, ils devinrent les esclaves serviables de l’empire britannique. Le Bahreïn moderne n’est pas hanté par le spectre d’une poussée de l’Iran ; ceci est un mythe des al-Khalifa (et de la Maison des Saoud).

    Les Bahreïnis, historiquement, ont toujours rejeté l’idée d’être une partie d’une sorte de nation Chiite dirigée par l’Iran. Le mouvement de protestations vient de loin, et fait partie d’un vrai mouvement national – bien au-delà du confessionnalisme sectaire. Pas étonnant que le slogan de l’emblématique Place de la Perle [NdT : à Manama, capitale de Bahreïn] – démoli par l’épouvantable police d’Etat des al-Khalifa – était : « Ni sunnite, ni chiite : bahreïni ».

    Ce que les manifestants voulaient c’était surtout une monarchie constitutionnelle, un parlement légitime, des élections libres et régulières, et la fin de la corruption. A la place ils ont eu le remplacement d’un « Bahreïn des affaires » par un « Bahreïn des balles », et une invasion parrainée par la Maison des Saoud.

    Et la répression continue – invisible dans les grands médias américains. Les utilisateurs de Tweeter hurlent que chacun et son voisin sont en train d’être arrêtés. Selon Nabeel Rajab, président du Centre de Bahreïn pour les Droits de l’Homme, plus de 400 personnes sont soit disparues, soit en détention, certaines d’entre elles « arrêtées à des checkpoints contrôlés par des voyous amenés d’autres pays arabes ou asiatiques – ils portent des masques noirs dans la rue. » Même le blogueur Mahmood al Yousif a été arête à 3 heures du matin, faisant craindre que le même sort ne soit celui de tout bahreïni qui a blogué, tweeté, ou posté sur Facebook des messages en faveur de réformes.

    Le Flic Global est sur la lancée

    “Odyssey Dawn” [NdT : l’intervention américaine en Libye, liée à la résolution 1973] est maintenant finie. Entrez dans le Protecteur Unifié – dirigé par le canadien Charles Bouchard. Traduction : le Pentagone (via l’Africom) se transfère « l’opération militaire cinétique » à lui-même (par le biais de l’OTAN, qui n’est rien d’autre que le Pentagone dirigeant l’Europe). L’Africom et l’OTAN ne sont maintenant plus qu’un.

    Le spectacle de l’OTAN inclura des frappes de missiles aériens et de croisière, un blocus naval de la Libye, et des opérations louches : opérations secrètes au sol d’aide aux « rebelles ». On doit s’attendre à de violents raids d’hélicoptères de combat, comme en Afghanistan-Pakistan, – avec les « dommages collatéraux » conjoints.

    Un curieux développement est déjà visible. L’OTAN permet délibérément aux forces de Kadhafi de progresser le long de la côte méditerranéenne et de repousser les « rebelles ». Il n’y a pas eu là de frappes aériennes chirurgicales depuis un moment.

    L’objectif est probablement de soutirer des concessions aux ex-du régime et aux anciens libyens en exil qui infestent le Conseil National de Transition libyen (C.N.T.) – un casting de personnages douteux parmi lesquels : l’ancien ministre de la Justice Mustafa Abdel Jalil, l’ancien secrétaire à la planification Mahmoud Jibril (éduqué aux USA et ayant vécu en Virginie), et Khalifa Hifter nouveau « commandant militaire » et pion de la CIA. Le Mouvement de la Jeunesse du 17 Février, mouvement indigène digne de louanges – qui a été à la pointe de la révolte à Benghazi – a été complètement mis à l’écart.

    C’est la première guerre africaine de l’OTAN, comme l’Afghanistan a été la première en Asie centrale et du sud. Maintenant fortement configuré pour être le bras militaire de l’ONU, le Flic Global OTAN est sur sa lancée pour mettre en œuvre son « concept stratégique » approuvé au sommet de Lisbonne en novembre dernier (voir l’article « welcome to NATOstan », Asia Times Online, 20 nov. 2010).

    La Libye de Kadhafi doit être éliminée pour que la Méditerranée – le mare nostrum de l’ancienne Rome – Centcom ou aucune autre des myriades de « partenaires » de l’OTAN. Les autres nations africaines non liées à l’OTAN sont l’Erythrée, la République Démocratique Arabe du Sahara [NdT : le Sahara occidental sous administration marocaine], le Soudan et le Zimbabwe.

    Qui plus est, deux membres de “l’Initiative de Coopération d’Istanbul” de l’OTAN – le Qatar et les Emirats Arabes Unis – sont en train de combattre maintenant aux côtés de l’Africom/OTAN pour la première fois. L’Europe ? C’est trop provincial. “Flic Global”, tel est le bon chemin.

    Selon le double langage officiel de l’administration Obama, les dictateurs qui sont admissibles à une « sensibilisation américaine » – comme Bahreïn ou le Yémen – peuvent se détendre et devraient s’en tirer avec presque rien. Pour ceux qui sont admissibles à une « altération du régime », de l’Afrique au Moyen-Orient et à l’Asie, faîtes attention. Le Flic Global OTAN va venir chez vous. Avec ou sans sale accord.

    Pepe Escobar Auteur de “Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War“ ainsi que “Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge » et de “Obama does Globalistan » (Nimble Books, 2009).

  3. Alexandra BIHAY dit :

    Très intéressant !

    Merci Mohamed et Infosyrie !

  4. Kinan dit :

    Pourquoi mes commentaires ont-ils été effacés ?

  5. Alexandra BIHAY dit :

    La Ligue arabe appelle au « retrait des ambassadeurs arabes à Damas », une décision toutefois laissée « à la discrétion de chaque Etat souverain » membre de l’institution. 😉 😉 😉

  6. BWANE dit :

    Cher Mohamed,
    voici la traduction du début de l’entretien de Nasser Kandil que vous avez publié sur votre chaîne tamadonte (youtube), c’est une vraie galère de traduire ces entretiens très riches, je conseille aux arabisants de visionner cette vidéo. Merci donc infiniment et recevez l’expression de mon amitié sincère.

    Entretien avec le professeur Nasser Kandil

    Q : – Permettez moi de commencer par les récentes déclarations de Feltman selon lesquelles la plus part des dirigeants arabes souhaitent la fin ou la chute du régime Al-Assad, allant jusqu’à lui proposer leurs pays comme asile. Comment interprétez-vous ces déclarations ? Ne sont elles pas destinées à faire avorter l’initiative arabe ? D’autant plus qu’elles interviennent deux jours avant la réunion, – troisième du genre-, prévue ce Samedi entre les dirigeants ou plutôt les ministres arabes ?
    R :- Cela signifie deux choses. – la première est que le régime en Syrie serait vraiment en danger, -et j’aimerai rassurer à ce propos les dirigeants arabes, -bien au contraire, ce sera à eux de partir, Bachar Al-Assad restera, comme l’événement le montera. – Et nous sommes en mesure d’affirmer que deux d’entre eux demanderont l’asile politique en Syrie, l’un (3) de ces deux individus a renversé son père, et l’à venir montera, que dans sa quête d’un pays d’asile, seule la Syrie l’accueillera. – Quant au second (4), la Syrie lui a offert un rôle important à jouer dans la région, mais il a trouvé bon de répondre par le mal au bien qui lui a été proposé. – La seconde, est que Feltman vise à travers ces déclarations et celles des arabes qu’il a rapportées, à entretenir la stratégie de la tension par Twitter interposé. -Il parait que ces twitteriens (1) sont adeptes de la dite théorie de la tension, qu’il s’agisse du Libanais, de l’Arabe ou de l’Occidental. -Le grand jeu de Feltman est de twitter à ces dirigeants arabes beaucoup d’instructions, il leurs a appris ainsi beaucoup de choses. –Mais le cercueil préparé pour l’enterrement de la Syrie s’est révélé être par trop mince, car le supposé cadavre a
    protesté de sa vive vigueur. – On s’attendait donc à ce que la Syrie refuse l’initiative arabe, et c’est la raison pourquoi la proposition de cette dernière fut rédigée dans un style sévère et provocateur. -Mais le président Bachar Al-Assad a très bien compris de quoi il retournait. – C’est pourquoi, faisant bonne mine à ce mauvais jeu, il s’est aidé de certains amis situés au cœur même de la ligue arabe pour arrondir certaines expressions tendancieuses de la proposition de la ligue arabe, afin qu’elle soit acceptable aux yeux de l’opinion publique syrienne, et ma foi, je pense qu’il a réussi. La Syrie a dès lors accepté sans aucune condition ni restriction l’initiative arabe. – Mais la ligue arabe n’a rien fait, – le président a annoncé publiquement son accord, – la moindre des choses était que la ligue arabe dise que la solution de la crise se trouve dans le dialogue, (-mais non, sans avoir l’intention de dire ce que racontent ces Messieurs secrètement (5), avant que le twitteriste (6) Feltman ne le révèle publiquement.) – on devait donc s’attendre à ce qu’elle appelle à l’abandon de la logique de l’affrontement entre les diverses parties de la société syrienne, a savoir le régime et les forces de l’opposition, et invite ces parties à s’asseoir autour de la table du dialogue ; -tout cela nous amène à rappeler les points suivants :
    1) -Le ministère de l’intérieur syrien a accordé une amnistie à toute personne armée qui rendra ses armes, -bon, vous faites tous (7) partie du groupe pro-Washington, -et dès le lendemain, -comme vous l’avez tous entendu-, cette dernière, a publiquement conseillé aux groupes armés de ne pas rendre leurs armes ; -c’est le premier acte qui vise à faire avorter ladite initiative.
    2) –Le deuxième acte de cet avortement programmé, est que, malgré le fait, que Damas ait publiquement tendu la main au dialogue, sans en exclure personne (8), on a vu, ce conseil d’Istanbul, en guise de cadeau de l’Aïd-Al-Kabir aux syriens, déclarer qu’il ne pouvait être question d’aucun dialogue.
    – que reste-il donc de cette initiative ?, – On demandait à la Syrie de l’accepter…
    Q : – C’est une nécrologie de cette initiative ?
    R : – A mon avis, non, -l’initiative va continuer, parce que c’est le joueur en position de force qui impose son avis, -et en l’espèce, dans l’équation syrienne, celui-ci est Bashar Al-Assad, – et il ne laissera pas cette initiative mourir Samedi prochain. – Que décideront les arabes ce Samedi ?, -Si l’équipe qatarie qui dirige ce grand jeu (9) américain sur la scène régionale, choisit de faire ce qu’on lui a demandé la première fois ; – dès le début, il se s’agissait guère de proposer une quelconque initiative, mais d’incriminer un régime qui tue son peuple, – et, à l’instar de scénario libyen, de suspendre la Syrie en tant que membre de cette ligue, afin de pouvoir s’adresser au conseil de sécurité de l’ONU. – Mais, d’où diable est née cette initiative ? – De la déconfiture de leur plan qui voulait suspendre la Syrie en tant que membre d’icelle et de leur impuissance à traduire le dossier syrien devant du conseil de sécurité de l’ONU. – Parce que cinq ou six pays des plus influents et non des moindres, -il ne s’agit pas des comparses qui se joignent au combat à la 25 éme heure-, sont aux côtés de la Syrie, – il s’agit notamment de l’Iraq (soit un pays de 25 millions de personnes), de l’Algérie, du Maroc (dont, soit dit entre parenthèses, la position résulte du fait qu’il se sait lui-même menacé de partition (10), et non pour toute autre raison), de la Mauritanie. – Ce projet qui vise à la destruction de la Syrie est devenu clair aux yeux de beaucoup d’Arabes, parce qu’ils ont compris que chasser la Syrie du jeu arabe, aura pour conséquence inévitable de les mettre sur la sellette, en premières lignes en quelque sorte dans la liste du grand jeu américain à venir.

    (1) Il y a dans tout ce paragraphe des jeux de mots impossibles à rendre en français, sur tension et twetter. Le mot arabe التوتر se traduit par « tension » et se prononce « tawattour ».
    (2) Hariri, Geagea et Cie.
    (3) L’Emir du Qatar.
    (4) S’agit-il du Grand Turc ?
    (5) Secrètement est relatif au sujet. Je suppose que les membres de la ligue arabe font k… en secret et personne ne le leurs reprochera.
    (6) Il ne faut pas oublier le rôle joué par Twitters dans les dites révolutions colorées, aussi bien en Europe de l’est, en Asie centrale, au Liban et en Iran (2009). Etant donné la réaction de Monsieur Botul à ce dernier événement, j’ai déposé un brevet appelé « Misrata », qui donne droit à l’appellation d’origine contrôlé suivante : « Candide et Etudiant Réunis » (CER en abrégé).
    (7) L’auteur veut parler de ces dirigeants arabes dirigés.
    (8) Sans émettre donc le moindre veto contre quiconque, même le valet Khadam (!) pourrait normalement y participer ainsi que l’ex-athée Ghalioun accompagné de ses amis salafistes.
    (9) Lire Kim de Kipling.
    (10) La NED entretient et entraîne une soit disant opposition berbère au Maroc, et parraine le mouvement soufi au Maroc et en sous-main, avec l’aide de l’argent des pays du golf, soutient divers groupement salafistes et takféristes. Ce qui fait les marocains (indépendamment de leur origine ethnique) est leur langue et leur histoire commune, Iben-Khaldoun a raconté tout cela. Mais nos apprentis-sorciers-démocrates, sous perfusion américaine, veulent ignorer tout cela. Ils ont obtenu un premier succès en inscrivant le berbère (il existe une infinité d’idiomes berbères au Maroc) comme langue officielle fantôme dans la constitution.

  7. Kinan dit :

    Interview de Robert Fisk par al-Jazeera English sur la mesure de suspension des activités de la Syrie à la Ligue arabe, et la menace de sanctions à son encontre :

    http://www.youtube.com/watch?v=AtiZOEZAEyU&feature=player_embedded

    RESUME POUR LES NON-ANGLOPHONES :
    – R.F. pense que la question n’est pas tant de savoir si l’Etat syrien veut vraiment la fin de la violence mais s’il peut l’arrêter à lui seul. Il rappelle que plus d’un millier de soldats syriens sont morts et qu’il n’est donc pas seulement question d’une opposition pacifique réprimée par le régime mais qu’il y a une « résistance armée », et donc que la répression du régime n’est pas la seule origine de la violence en Syrie. Il s’étonne que la Ligue arabe ne soit pas plus attentive à cette réalité.
    – R.F. déclare qu’il a toujours considéré la Ligue arabe comme une institution « pathétique, impuissante et ridicule »
    – Sur la question d’un éventuel passage à une étape suivante au conseil de sécurité des Nations Unies, R.F. rappelle que la Ligue arabe a permis le vote de la résolution permettant l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne, qui a ensuite été outrepassée, mais il pense que la Ligue arabe est sensible au fait qu’en cas de déstabilisation de la Syrie, cette déstabilisation risquerait de se propager dans la région, notamment au Liban, en Iran et en Israël (à cause du Hezbollah). notamment.
    – R.F. pense que, comme il l’a déclaré à la télévision syrienne (qui a d’ailleurs retransmis cette déclaration), il ne reste que très peu de temps à Bachar (« Time is running out for Bashar, very fast indeed. »).
    – A l’idée que la Syrie se dirigerait doucement vers la guerre civile, R.F. répond que la Syrie est déjà en état de guerre civile. Pour illustrer cela il dit que des civils et des officiers lui ont dépeint des évènements effrayants à Dera’a. Autres exemples, à Homs : de nombreux tirs sur des check-points militaires, des tirs de snipers, le fait qu’il y ait maintenant une « armée de défense de l’opposition ». R.F. déclare ensuite qu’il a parlé à une femme du gouvernement syrien qui lui a déclaré qu’elle était trop effrayée pour se rendre à Homs sur la tombe de sa mère pour le 2ème anniversaire de sa mort. Dernière anecdote, R.F. a rencontré un officier militaire à des funérailles et qui ne portait pas son uniforme parce que cela était plus facile de venir de Dera’a sans uniforme, et donc qu’il avait peur de se faire tirer dessus sur la route vers Damas. R.F. conclue en déclarant qu’il s’agit d’une situation très sérieuse.

  8. The Truth dit :

    La ligue wahabbite a refermé son piège idiot sur la Syrie. Ces malades sont prêts à massacrer le peuple syrien. Où va le monde?

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