• Décryptage
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Source : Rue89 Depuis qu'on a appris qu'une blogueuse syrienne du nom d'Amina Arraf, connue sous le pseudonyme « Gay Girl in Damascus », avait été appréhendée par les autorités lundi, de sérieux doutes se sont fait jour que la blogueuse pourrait ne pas être celle qu'elle prétend. Mercredi, une jeune femme croate habitant Londres et du nom de Jelena Lecic a déclaré à la BBC que les photos d'« Amina » parues dans la plupart des grands médias (et aussi sur Rue89, via Global [...]



Des doutes sur l’identité d’Amina, la blogueuse syrienne arrêtée

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Source : Rue89

Depuis qu’on a appris qu’une blogueuse syrienne du nom d’Amina Arraf, connue sous le pseudonyme « Gay Girl in Damascus », avait été appréhendée par les autorités lundi, de sérieux doutes se sont fait jour que la blogueuse pourrait ne pas être celle qu’elle prétend.

Mercredi, une jeune femme croate habitant Londres et du nom de Jelena Lecic a déclaré à la BBC que les photos d’« Amina » parues dans la plupart des grands médias (et aussi sur Rue89, via Global Voices) étaient en fait les siennes, volées de son compte Facebook privé. (voir la capture d’écran)

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Maintenant que les journalistes et blogueurs analysent les nombreuses entrées en ligne « d’Amina » la confusion ne fait que grandir.

Une des versions controversées est celle de la compagne d’Amina, Sandra Bagaria, qui a été l’une des premières personnes à qui les médias ont cherché à parler.

Il s’est vite avéré que Sandra, comme beaucoup d’autres, n’avait communiqué qu’en ligne avec Amina. Quand les soupçons s’élevèrent que Sandra pourrait avoir inventé l’affaire, elle s’exprima sur le site de la radio publique américaine NPR pour démonter les rumeurs.

Elizabeth Tsurkov, étudiante à Jérusalem (@Elizrael sur Twitter), qui était en contact avec Amina avant la supposée arrestation, et a depuis parlé à Sandra, a tweeté :

« Contrairement à ce que des organes de média ont laissé entendre, l’amie en ligne d’#Amina n’avait aucune connaissance de cette tromperie. Elle est plus bouleversée que quiconque. »

_53336339_freeamina.gifOn s’interroge aussi pourquoi quelqu’un voudrait inventer une arrestation bidon de blogueur/blogueuse de Syrie, alors que les arrestations de ceux qui s’expriment ne sont pas exceptionnelles dans le pays. Le fait que l’identité en ligne d’Amina existe au mois depuis 2007 sur diverses plate-formes, dont des sites de rencontre et MySpace, n’a fait qu’intriguer davantage les blogueurs (ci-joint, l’« affiche » de solidarité avec Amina qui circule sur le web).

Le spécialiste des médias sociaux de la radio publique américaine NPR Andy Carvin (@acarvin sur Twitter) a tweeté :

« Je n’imagine pas quelqu’un créer il y a des années un personnage en ligne dormant, attendant des troubles pour se mettre juste à bloguer dessus. Il y a du vrai quelque part. »

La blogueuse américaine Liz Henry, qui a fait des recherches approfondies sur le phénomène des « faux-nez » (sur Internet) et a conduit par le passé des discussions avec des blogueurs fictifs révélés, écrit sur son blog :

« Dans cette affaire, comment pourrais-je me prononcer à distance ? J’espère que vous voyez pourquoi mon sixième sens s’est éteint pour Amina. Ce n’est pas parce qu’elle écrit très bien avec un sens du drame et de la rhétorique, ou à cause de son orientation sexuelle ou de son activisme que je ne la crois pas.

Par exemple, je ne doute pas une seconde de l’existence de Riverbend, qui a blogué si éloquemment depuis Bagdad puis a fui en Syrie avec sa famille.

Mais je commence à vouloir vraiment, vraiment des sources dignes de confiance et sérieuses pour Amina. Comment une activiste dont la vie est en danger peut-elle apporter cette crédibilité ? Question très difficile. »

Pendant ce temps, une vaste inquiétude traverse la blogosphère et la Twittersphère que cette discussion générale sur l’identité d’Amina masque le fait que des milliers de Syriens ont été arrêtés depuis février pour avoir manifesté dans le pays.

La députée européenne Marietje Schaake (@MarietjeD66 sur Twitter) a tweeté :

: « Et n’oublions pas les milliers de personnes qu’on arrête, tue et réprime sans qu’on en parle du tout ».

Jillian C. York · Traduit par Suzanne Lehn



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