• Décryptage
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Il y a, dans cette crise syrienne, des médias et des journalistes qui peuvent servir de baromètre de l'évolution médiatique, tant par leur stature que leur posture. Et, à l'évidence, Frédéric Pons, plusieurs fois épinglé sur ce site, est un de ces repères de tendances : patron du service étranger de Valeurs Actuelles, hebdomadaire de la droite sarkozyste, atlantiste, lui-même pro-israélien, pro-Hariri, bien introduit dans les milieux militaires français et otanesques, Frédéric Pons est très logiquement un des innombrables contempteurs [...]



Les doutes soudains – et de type américain – de Frédéric Pons

Par Louis Denghien,



Frédéric Pons pointe aujourd'hui les "terribles erreurs" des Américains en Irak, et s'inquiète de les voir reproduites en Syrie, après avoir appuyé le principe d'une intervention militaire dans ce pays : implacable logique des super-cerveaux néo-conservateurs !

Il y a, dans cette crise syrienne, des médias et des journalistes qui peuvent servir de baromètre de l’évolution médiatique, tant par leur stature que leur posture. Et, à l’évidence, Frédéric Pons, plusieurs fois épinglé sur ce site, est un de ces repères de tendances : patron du service étranger de Valeurs Actuelles, hebdomadaire de la droite sarkozyste, atlantiste, lui-même pro-israélien, pro-Hariri, bien introduit dans les milieux militaires français et otanesques, Frédéric Pons est très logiquement un des innombrables contempteurs du régime syrien, prédisant depuis des mois, à l’instar de nombre de ses collègues, la chute prochaine de Bachar al-Assad.

L’OSDH « sujette à caution »

Or, le même Pons vient de consacrer, dans la dernière livraison de V.A., deux pages à l’évolution de la crise syrienne, et le ton a quelque peu changé. Ce dès le titre de l’article : « Syrie, les risques de la crise« .

Evidemment, on se se refait pas complètement, Pons donne une explication uniquement clanique et sécuritaire de la survie de Bachar, presqu’un an après le début des troubles. Et rajoute une louche d’appui iranien et russe pour faire bonne mesure.

Mais il décroche quand même assez vite de la doxa journalistique à laquelle il a lui-même jusqu’à présent contribué. D’entrée d’article, il ose qualifier les sources de ses collègues sur l’actualité syrienne de « sujettes à caution« , précisant à ses lecteurs que « tout le monde manipule l’information » – pour V.A. cette révélation a presque rang de « scoop » –  ce qui est une façon de prendre ses distances – mieux vaut trop tard que jamais ? – avec l’OSDH et ses invérifiables informations et bilans. A ce propos, Pons va même jusqu’à noter que l’opposition syrienne « semble avoir « climatisé » une partie des média occidentaux » (une grosse partie, Frédéric, dont Valeurs Actuelles, nous a-t-il semblé).

Et puis le M. Etranger de Valeurs Actuelles d’aller à l’essentiel : l’effondrement – éventuel – de « ce régime de fer« , souhaité par l’opposition et ceux qu’il appelle « les va-t-en-guerre des droits de l’homme« , cet effondrement « ne garantit en rien un avenir meilleur » : encore un scoop (à l’échelle de V.A.) !

Et si, écrit Pons, le maintien de Bachar « encourage le bain de sang actuel » et « élargit les fractures communautaires » – c’est pourtant ce que cherchent à faire, depuis le début, tous les amis politiques et géopolitique de Pons -, son renversement « fait courir de grands risques à la stabilité de la Syrie  de ses voisins » : un énième scoop pour V.A…. Et le très atlantiste éditorialiste de prendre de la hauteur et de la perspective, et de pointer les « terribles erreurs commises par les Américains en Irak » entre 2003 et 2008, et aussi l' »enlisement » de la guerre en Afghanistan – tiens, ça aussi c’est nouveau : il y a peu Pons disait, ou faisait dire, que la situation s’y améliorait du point de vue occidental !

Et revenant à la Syrie, cet honorable correspondant de Saad Hariri et de Samir Geagea évoque le risque de « libanisation » du pays, avec la possibilité d’une « revanche » des sunnites contre les alaouites et les chrétiens. Là, Pons pêche justement par communautarisme, oubliant que par adhésion ou sentiment du moindre mal, la majorité des sunnites syriens préfère le statu quo à l’aventure avec le CNS et l’ASL et ne rêve pas la nuit du modèle qataro-séoudien.

Une vision – et des craintes – typiquement américaines

Pons et ses amis américains s'avisent soudain que les rebelles syriens ne sont pas forcément démocrates - ni républicains d'ailleurs...

Avant de terminer cette tardive mise en garde, véritable révisionnisme de l’analyse « valeurs-actuellienne » sur le sujet, Frédéric Pons a encore le temps d’évoquer « l’appui ouvert » de la Ligue arabe et des régimes sunnites de la région à l’opposition syrienne. Et, plus concrètement, le fait que la Turquie « héberge et soutient des groupes de l’ASL« . Et, continuant son panorama régional, Pons de s’inquiéter… pour ses amis américains : est-ce que la majorité chiite d’Irak, pour complaire aux mollahs iraniens, ne va pas « pourrir la fin de la mission américaine » ? Et est-ce que pour les mêmes raisons, le Hezbollah libanais ne va pas faire à nouveau des misères aux Israéliens et aux Occidentaux ? Car au fait, nous rappelle un Pons décidément en veine de confidences, la libanisation menacerait aussi le Liban, et notre spécialiste de reprendre cet avertissement du Hezbollah à ses adversaires : « Ne touchez pas à Assad !« .

Décidément voué à traduire et répercuter certaines angoisses américaines, Frédéric Pons ne perd pas de vue le grand Satan iranien. Qui non content de soutenir Bachar et d’actionner à distance le gouvernement irakien et le Hezbollah, « aiguise un poignard dans le dos du dispositif américain« . Et « peut surtout enflammer les zones orientales d’Arabie Séoudite, peuplées en majorité de chiites« .

Atlantiste jusqu’à la mauvaise foi, Frédéric Pons était quand même tenu à un minimum de lucidité : il a déjà par le passé, dans ses articles sur la Syrie, laissé entrevoir certains de ces éclairages. Mais c’était à dose homéopathique, et cela n’affectait pas la tonalité générale, celle d’un anti-bacharisme sûr de lui et dominateur, qui jugeait l' »affaire classée ». Eh bien aujourd’hui, ce monsieur tire la sonnette d’alarme, sur le radicalisme sunnite, le jeu des pétro-monarques et de la Turquie, la chaos régional qui menace. Mais ce n’est pas, of course, parce qu’il s’inquiète du bonheur et la liberté des Syriens, mais plutôt des intérêts de l’Oncle Sam dans la région !

C’est donc en cela que cet article, qui n’apprend évidemment rien aux rédacteurs et au habitués d’Infosyrie, est quand même intéressant : Pons ne reflète-t-il pas à son niveau une évolution des milieux dirigeants et/ou militaires américains sur la Syrie ? On se rappelle les récentes mises en garde adressées à l’administration Obama par le chef d’état-major et le chef du renseignement militaire américains sur la montée en puissance en Syrie des radicaux sunnites et même l’entrée dans la danse de groupes d’al-Qaïda (voir notre article « Avec ou sans drones, les Américains sont impuissants », mis en ligne le 20 février).

Quand les Américains s’enrhument, Frédéric Pons tousse, semble-t-il…  Son article est-il un signe envoyé à ses amis Sarkozy et Juppé pour qu’ils « lèvent un peu le pied » sur la question syrienne ? We will see, we will see…

 

Une vue plongeante du service "étranger" de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles,



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26 commentaires à “Les doutes soudains – et de type américain – de Frédéric Pons”

  1. Akyliss dit :

    5 questions à Thierry Meyssan de retour de Homs :

    http://www.voltairenet.org/Video-5-questions-a-Thierry,172911

    • Akyliss dit :

      Enfin Nicolas Sarkozy et son larbin juppé vont payer ce qu’ils ont fait à la Syrie !!!!

      La France ouvre des négociations avec la Syrie pour récupérer ses 18 agents

      Réseau Voltaire | 26 février 2012

      Le 13 février 2012, Thierry Meyssan révélait sur la première chaîne de télévision russe que la Syrie avait fait prisonniers une douzaine de militaires français. Le Réseau Voltaire est en mesure de confirmer qu’au 26 février, le nombre de prisonniers français s’élève à 18 (dix-huit).

      Si Paris admet qu’ils ont agi en mission, ils bénéficieront du statut des prisonniers de guerre et seront protégés par la Convention de Genève, mais si Paris dénie les avoir envoyés, ils seront considérés comme des civils étrangers, ils seront jugés en Syrie pour leurs crimes et encourent la peine de mort.

      La France a ouvert trois canaux de négociation via la Fédération de Russie, les Émirats arabes unis et le Sultanat d’Oman.
      L’ambassadeur de France, Éric Chevallier, est reparti le 23 février d’urgence à Damas.
      Kofi Annan a été appelé comme médiateur par l’ONU et la Ligue arabe.

      Conscient de l’usage qu’il peut faire de ces prises en période électorale française, Damas a demandé aux médias publics syriens de ne pas aborder cette affaire pour le moment. Il se réserve ainsi la possibilité de la traiter en secret si cette option est plus avantageuse. Tout en admettant le caractère exceptionnel de cette situation, les journalistes syriens, qui se sont rapidement habitués à la liberté d’expression garantie par la nouvelle loi sur la presse, déplorent que des limites soient à nouveau posées pour des motifs de sécurité nationale.

      Si les négociations restent secrètes, la France devra payer en sous-main des indemnités de guerre particulièrement lourdes, soit en numéraire, soit sous forme de privilèges économiques. Si elles deviennent publiques, la France peut espérer des indemnités moins onéreuses, mais Nicolas Sarkozy et Alain Juppé devront s’expliquer devant leurs concitoyens. Leur camp hypothéquerait alors ses chances de gagner l’élection présidentielle, le président risquant même d’être traduit devant la Haute Cour (articles 35 et 68 de la Constitution).

      Dans l’affaire du Rainbow Warrior (1985), où il y avait eu un bateau coulé et une personne tuée, la France avait présenté des excuses officielles, puis avait payé des indemnités de 7 millions de dollars à la Nouvelle-Zélande et de 8,16 millions de dollars à Greenpeace. Surtout, Paris avait dû autoriser l’importation d’ovins néo-zélandais détruisant en partie sa propre filière ovine. En échange, les deux agents français prisonniers avaient été libérés. Ironie de l’Histoire, Laurent Fabius, le Premier ministre dont le gouvernement avait ordonné l’attaque du Rainbow Warrior est pressenti comme ministre des Affaires étrangères de François Hollande, en cas d’élection du candidat socialiste à la présidence de la République. Ce dernier est l’ex-beau-frère du lieutenant-colonel Gérard Royal, le commandant de cette opération.

      Dans la guerre secrète contre la Syrie, la France et ses alliés sont responsables d’un conflit ayant entraîné la mort d’au moins 3 000 soldats syriens et 1 500 civils, auxquelles s’ajoutent des pertes économiques et des sabotages d’infrastructures estimés à au moins 3 milliards de dollars.

      http://www.voltairenet.org/La-France-ouvre-des-negociations

    • Akyliss dit :

      Tendances de l’Orient
      Lundi 27 février 2012 no72

      Bulletin hebdomadaire d’information et d’analyse, spécialisé dans les affaires de l’Orient arabe.
      Préparé et diffusé par Le Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales neworientnews.com
      Rédacteur en chef: Pierre Khalaf
      khalafpierre@gmail.com

      La tendance générale

      La caravane passe, les chiens aboient

      Les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et les pays occidentaux en général ont offert au monde entier une bonne leçon de démocratie à l’occasion de la réunion des «Amis de la Syrie». Organisée en Tunisie, cette rencontre a groupé une soixantaine de pays, d’organisation internationales et d’ONG, mais a été boycottée par la Russie, la Chine, l’Inde, l’Iran, le Liban, les pays d’Amérique latine… une bonne moitié de l’humanité quoi!
      C’est ainsi que la réunion a imposé le Conseil national syrien (CNS) comme seul représentant de l’opposition syrienne, premier pas avant de l’imposer comme représentant légitime et unique de tout le peuple syrien. Plus besoin donc d’organiser des consultations populaires et des élections, le représentant du peuple syrien est connu et a été désigné par l’Occident et par les pétromonarchies du Golfe, qui non seulement n’ont jamais connu d’élections, mais ne disposent même pas de Constitutions au XXIème siècle. Cette attitude anti-démocratique a poussé une grande partie de l’opposition, regroupée au sein du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND) -dirigé par Hassan Abdel Azim et Haïtham Mannaa, et qui compte des personnalités indépendantes et des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes-, à boycotter la réunion de Tunis, contestant la reconnaissance du Conseil national syrien. Le CCCD a également accusé la réunion de Tunis de vouloir «laisser la question de l’armement ouverte et ouvrir la voie à l’acceptation par la communauté internationale de l’idée d’une intervention militaire étrangère», en «contradiction claire et nette avec les intérêts du peuple syrien».
      Effectivement, la réunion de Tunis a posé les jalons pour une officialisation de l’armement de l’opposition, qui a commencé, en réalité, il y a près d’un an. Mais le rythme de l’ingérence dans les affaires syriennes a été jugé trop lent et insuffisant par le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Séoud Al-Fayçal –il faut rappeler au passage que l’Arabie saoudite est le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire-, qui s’est retiré de la réunion en signe de protestation.
      La réunion de Tunis est en fait un échec de plus dans la confrontation avec la Syrie. Les divergences étaient claires aussi bien entre les pays participants qu’entre les différentes factions de l’opposition syrienne. Sans compter les manifestations organisée par le peuple tunisien pour dénoncer la tentative de détruire un des derniers bastions de l’arabité.
      Pendant que l’Occident et les monarchies absolutistes du Golfe choisissaient à la place du peuple syrien son représentant, le gouvernement à Damas organisait, dimanche, un referendum sur la nouvelle Constitution. Le projet répond à presque toutes les revendications de l’opposition: abolition de l’article 8 qui impose le monopole du parti Baas sur le pouvoir, instauration du multipartisme et limitation les mandats présidentiels à deux seulement…
      Comme l’avait annoncé dès le départ le président Bachar al-Assad, les réformes se poursuivront en parallèle à la lutte contre les groupes extrémistes armés qui tentent de détruire l’Etat syrien et de morceler la géographie du pays.

      La tendance en Syrie

      La France, alliée des passeurs clandestins

      L’ambassadeur de France à Beyrouth, Denis Pietton, a visité la région de Baalbeck, à l’est du Liban, la semaine dernière. La vérité est que le diplomate a transporté dans les voitures portant des plaques d’immatriculation de son ambassade une délégation militaire et sécuritaire française dans le Nord de la Békaa, près de la région frontalière limitrophe à la province syrienne de Homs. Dans cette zone, en territoire syrien, se trouvent des officiers et des experts militaires travaillant pour le compte des services de renseignements français, certains usurpant l’identité de journalistes, tous entrés illégalement en Syrie.
      Denis Pietton s’est rendu à Baalbeck pour couvrir la mission de cette délégation qui visait à évacuer, par des voies de passage illégales, les morts et les blessés ainsi que d’autres membres de services de renseignement français pris au piège à Homs après l’effondrement des groupes extrémistes armés auprès desquels ils étaient détachés pour leur fournir une expertise dans les domaines des tactiques militaires et des techniques de guérilla urbaine.
      Des rapports et des articles de presse occidentaux ont évoqué à plusieurs reprises ces derniers mois les interventions françaises directes en Syrie, en utilisant le Liban comme base de départ pour ces ingérences. De nombreux articles ont fait état d’officiers des renseignements français supervisant l’organisation et la structuration des groupes armés dans le Liban-Nord, en prévision à leur envoi en Syrie. Ces derniers mois, de véritables filières de passeurs clandestins ont été mises en place pour introduire en Syrie des ressortissants occidentaux, sous couvert de journalistes, mais qui sont souvent des agents de liaison ou des experts militaires.
      Nous sommes donc devant un pays qui se considère comme une grande puissance et qui a recours aux contrebandiers et aux trafiquants sans foi ni loi pour introduire ses agents en Syrie, et qui tente de les faire sortir par les mêmes moyens après l’encerclement des groupes extrémistes par l’armée syrienne. Cependant, les troupes régulières syriennes avaient aussi resserré l’étau autour des passages clandestins à la frontière syro-libanaise, rendant impossible toute évacuation par ces voies.
      Les autorités françaises se sont finalement résignées à faire ce qu’elles tentaient d’éviter à tout prix: parler au pouvoir damascène pour évacuer morts, blessés et détenus. C’est pour cela que l’ambassadeur Eric Chevallier a été renvoyé d’urgence à Damas pour négocier les modalités de cette opération. Cependant, il est apparu que ce sont les derniers groupes armés, encore retranchés dans certaines ruelles de Bab Amr, qui entravent la conclusion d’un accord pour l’évacuation des blessés.
      Les autorités françaises et d’autres pays européens devront calmer leur nerf et faire preuve d’une plus grande modestie lorsque la Syrie commencera à divulguer, preuves à l’appui, le nombre et la nationalité des agents «undercover» arrêtés ces derniers temps en territoire syrien: des Français, bien entendu, mais aussi des Allemands, des Britanniques, des Turcs, des Saoudiens et des Qataris.

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      Déclarations et prises de positions

      Sayyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah

      «Il faut chercher les doigts d’Israël derrière tout ce qui se passe, notamment derrière les tentatives de semer le chaos dans la région. Israël ne veut pas d’un Irak fort, ce serait donc la raison des attaques actuelles, même si les exécutants sont parfois des extrémistes. Selon les données des services irakiens, ces mouvements sont infiltrés par les services américains et israéliens. C’est aussi dans cette optique qu’il faut placer les dernières menaces d’effacer le Liban de la carte du monde attribuées au Premier ministre israélien. Mais de telles menaces n’effraient nullement la Résistance qui a affronté Israël même lorsque celui-ci était considéré comme très puissant. La région traverse actuellement une période très sensible. Après la décennie 2000-2010, au cours de laquelle il s’agissait de liquider la cause palestinienne et de créer un Nouveau Moyen-Orient, c’est désormais la période où il s’agit de morceler la région et de l’entraîner dans des conflits interminables. C’est pourquoi il faut tout faire pour encercler, étouffer et empêcher l’extension de la discorde vers d’autres scènes. Au Liban, cela signifie que tout le monde peut exprimer son opinion, sur la crise syrienne et sur tous les points qu’il souhaite évoquer, mais en évitant d’exacerber les sentiments confessionnels. Le gouvernement devrait se pencher sur le dossier des ressources pétrolières et gazières pour mettre un terme à l’endettement en utilisant la richesse que Dieu nous a donnée. Regardez un peu: pendant que certains discutent des armes du Hezbollah, les Israéliens construisent des installations et veulent les protéger des armes du Hezbollah. Ils pillent systématiquement les ressources qui appartiennent aux Palestiniens. Il ne faut surtout pas compter sur l’aide de la communauté internationale qui ne donne rien sans contrepartie. La décision souveraine ne peut être garantie si on est lié à l’étranger. Regardez comment les États-Unis sont en train d’utiliser l’arme économique contre l’Égypte et indirectement contre Gaza privée d’électricité. Les accusations portées contre le Hezbollah et le Hamas qui, selon l’ancien ministre de l’Intérieur égyptien actuellement sous les verrous, auraient tiré contre les manifestants place Tahrir, sont ridicules. Elles sont si énormes qu’elles n’ont même pas été reprises par certains ici… On a ensuite accusé le Hezbollah d’édifier des bases en Amérique latine, puis en Afrique et bientôt en Inde. Ne vous laissez pas influencer par de telles grossièretés. Le Hezbollah n’intervient pas dans les affaires internes d’un pays. Il ne prend en compte que les considérations stratégiques. Dans ce contexte, les États-Unis et leurs alliés veulent laisser la Syrie plonger dans le chaos, en poussant vers une lutte entre les Syriens ou entre les Arabes, sans vouloir envoyer un seul soldat américain ou de l’Otan en Syrie, mais en interdisant toute solution politique. Il faut donc écouter, comme ils disent, le peuple en Syrie, mais pourquoi pas à Bahreïn ou en Arabie saoudite, où il est interdit de s’exprimer, notamment à Katif et Awamiya, la région la plus riche en ressources du royaume, mais la plus pauvre économiquement. Le régime syrien a proposé le dialogue, mais l’opposition a rejeté cette offre. Les Américains et les Israéliens ne parviendront pas à leurs fins, car il existe une prise de conscience dans le monde arabo-islamique de la réalité de leurs projets et les Américains ne parviendront pas à redorer leur image, tant qu’ils continueront à ne tenir compte que d’Israël.»

      Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères

      Extraits d’une interview publiée par Al-Hayat le 23 février
      «Notre objectif c’est d’obtenir l’accord du régime syrien pour faciliter l’accès humanitaire, éventuellement par des corridors. Se situer dans l’hypothèse d’une intervention armée, c’est changer complètement de cadre et d’objectif. Je continue à penser qu’une intervention militaire en Syrie n’est ni souhaitable, ni possible. Nous ne sommes pas du tout dans le cas libyen. Et toute intervention extérieure quelle qu’elle soit d’abord n’aurait pas le feu vert des Nations unies dans le contexte actuel et d’autre part, risquerait d’accélérer un processus de guerre civile qui est malheureusement bien engagé déjà. J’en ai parlé avec Serguei Lavrov la semaine dernière, sa position a été globalement négative: toujours dans l’idée que le régime est victime d’une agression terroriste extérieure dont on ne voit pas d’ailleurs quelle elle serait. Quand j’ai parlé d’humanitaire, il m’a dit «parlons en à New York ». Mais je suis assez peu optimiste sur la bonne volonté des Russes à ce stade. Le risque de guerre civile en Syrie est très élevé. Si on laisse se poursuivre la répression qui dépasse toute imagination, pratiquée par le régime à l’heure actuelle, on va aller vers la guerre civile. Les dernières manifestations qui se sont déroulées à Damas montrent que tout ceci n’est pas limité à quelques villes syriennes, et qu’il y a une vraie aspiration du peuple syrien à une démocratie authentique.»

      Général Jean Kahwaji, commandant en chef de l’Armée

      «Il faut maintenir une disponibilité totale face à l’ennemi historique de la nation, l’ennemi israélien qui continue à se livrer à des violations quotidiennes de la souveraineté libanaise et qui n’a jamais abandonné ses ambitions annexionnistes sur notre eau et notre territoire, ni sa quête de nuire à notre formule de coexistence. Au moment où l’armée procédait au renforcement de ses mesures à la frontière libano-syrienne, dans le but de protéger les citoyens contre toute agression, mettre un terme aux infiltrations et aux trafics dans les deux sens et interdire toute présence armée, certaines parties lésées et intéressées ont tenté désespérément de mettre le feu aux poudres à Tripoli, laissant un impact sur les citoyens innocents et faisant un mort et un nombre de blessés dans les rangs de l’armée. L’armée a fait face et fera face avec fermeté et force à toute tentative de semer la discorde quelle que soit sa source. Les crises successives que traverse la région arabe, sous divers aspects, ne doivent en aucun cas servir d’occasions à certaines parties pour porter atteinte à la sécurité, nuire au prestige de l’État et mettre en péril son intérêt supérieur. Le besoin de sécurité et de stabilité est de la même importance pour le citoyen que son pain quotidien. Il n’est donc pas permis d’y toucher sous quelque prétexte que ce soit. Il faut renforcer l’immunité des institutions militaires face à tous les périls et défis. Et les soldats et officiers doivent rester à l’écart de toute polarisation politique et des influences de l’extérieur.»

      Walid Joumblatt, leader druze libanais pro-occidental

      «Nous voilà donc avec une nouvelle théorie qui va entrer dans les livres d’histoire et de sciences politiques et qui consiste à organiser un référendum sur une pseudo-Constitution au milieu de l’odeur des cadavres, de la poussière des gravats, du sifflement des balles et du fracas des obus et à l’heure où le sort de dizaines de milliers de disparus et de détenus demeure inconnu (…) Et une autre hérésie est celle qui pousse de grandes puissances à soutenir cette farce appelée référendum, au moment où elles offrent au régime syrien un soutien militaire et policier et envoient en Syrie leurs flottes navales, leurs experts et leurs unités d’élite sans cesser nuit et jour de répéter le refrain du rejet de toute intervention extérieure. Au lieu que ces puissances n’assurent une porte de sortie à une bande qui impose son diktat sur la Syrie et ses habitants depuis quatre décennies, nous les voyons rester attachées à ce régime même aux dépens de l’unité et de l’avenir de la Syrie (…) Est-il de l’intérêt des puissances qui soutiennent le régime de provoquer un effritement de tout le Moyen-Orient rien que pour renflouer cette bande. À quoi leur servirait donc ce régime si cela se passe effectivement? Les reculades des Occidentaux face à la situation en Syrie. Ils avaient commencé par offrir un soutien clair aux revendications du peuple syrien et maintenant ils reculent pour parler de corridors humanitaires et de Croix-Rouge. L’Occident s’est mis au diapason de la position officielle libanaise, ridicule et suffisante, sous le slogan de la dissociation. Le tri politique au sujet de la crise syrienne est déjà une réalité au sein du gouvernement. Le temps est venu de faire le tri à l’intérieur de la communauté druze au Liban et en Syrie, entre ceux qui soutiennent le régime syrien et sont disposés à être des mercenaires à son service, et ceux qui appuient le peuple syrien dans son combat permanent pour une Syrie démocratique et pluraliste.»

      Wiam Wahhab, ancien ministre libanais pro-syrien

      «Walid Joumblatt sait mieux que moi qui sont les pays qui enrôlent des mercenaires, et ce n’est certainement pas la Syrie. Il ne doit pas aller trop loin dans ses moments d’abandon. Après de tels propos, j’ai peur pour lui, pas de lui.»

      Sleiman Frangié, député maronite libanais allié du Hezbollah

      «Les évènements en Syrie ont prouvé au peuple, en particulier aux chrétiens, l’importance de ce régime modéré en Syrie. En tant que chrétien, je préfère un régime laïc. Les chiites et les sunnites n’ont pas à avoir peur; par contre, il y a de quoi inquiéter les chrétiens et les druzes.»
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      Revue de presse

      As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité-24 février 2012)
      Nabil Haïtham

      Les alliés du général Michel Aoun voient sa décision de sacrifier le ministre Charbel Nahas une preuve d’une bonne volonté politique et d’un souci de préserver la stabilité politique et de faire redémarrer l’action du gouvernement sur des bases nouvelles. Mais il y aurait à présent un véritable débat au sein du Courant patriotique libre (CPL). Pour certains, Michel Aoun a pris un gros risque et a rendu un service gratuit à ses adversaires. D’autres rejettent plutôt la responsabilité sur Nahas lui-même et refusent l’analyse selon laquelle le général l’aurait lâché. D’autres encore n’exonèrent pas Aoun et ses alliés, le Hezbollah notamment, de toute responsabilité, et remontent à la formation même du gouvernement et aux différentes péripéties qui ont jalonné son parcours. Conclusion de ce débat: l’affaire Nahas a tiré la sonnette d’alarme pour rappeler à la majorité d’ores et déjà les prochaines élections législatives et mettre fin à la mauvaise gestion du pouvoir d’ici là.

      As Safir (23 février 2012)
      Imad Marmal

      Les affrontements qui ont opposé sunnites et alaouites à Tripoli sur fond de tensions communautaires en Syrie laissent craindre un embrasement de la scène intérieure libanaise à tout moment. Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a indiqué que Liban a pu éviter le pire grâce aux efforts déployés par les services de sécurité et à l’appréhension exprimée par les dirigeants politiques craignant un éventuel dérapage dans un bourbier dont personne ne sera épargné. Le ministre reconnait un trafic d’armes du Liban vers la Syrie. Marwan Charbel précise qu’il ne faut pas imputer l’entière responsabilité aux forces de sécurité, vu la difficulté de contrôler toute frontière avec la Syrie. Le ministre a cependant insisté sur l’importance de traiter la question des armes légères pour que les villes de Beyrouth et Tripoli soient démilitarisées. Par ailleurs, le ministre n’a pas omis l’hypothèse de l’existence d’une 5ème colonne qui commettre des assassinats politiques au Liban. Les dissensions internes encouragent un tel scénario.

      As Safir (22 février 2012)
      Denise Atallah Haddad

      Un nouveau rassemblement qui réunit les indépendants chrétiens du 14-Mars, y compris d’anciens ministres et députés, des chercheurs, des journalistes et des activistes de la société civile, pourrait émerger dans un proche avenir. Ce rassemblement aurait pour objectif de raviver le mouvement du 14-Mars qui a perdu dernièrement de son éclat. Il sera fondé sur les mêmes principes mais jouira d’un espace de liberté et d’autonomie au niveau de la prise des initiatives.
      Seuls trois intervenants chrétiens (Amine Gemayel, Samir Geagea, Farès Souhaid) se sont relayés à la tribune au BIEL lors de la commémoration de l’assassinat de Hariri, ce qui laisse penser que les indépendants chrétiens n’ont plus de place dans les rangs du 14 mars. Des visiteurs de Hariri à Paris indiquent qu’il a préféré reléguer la représentation des chrétiens au sein du mouvement au parti Kataëb et aux Forces libanaises pour s’épargner les calculs étriqués et les méandres de la politique. Pourtant, ce sont les chrétiens indépendants qui représentent l’opinion publique et qui font pencher la balance.

      As Safir (21 février 2012)

      Le gouvernement se retrouve depuis hier face à un nouveau défi, imposé par les prises de position du député Walid Joumblatt dans le dossier syrien. Des prises de position qui vont crescendo et qui ont culminé hier comme pour exprimer un ras-le-bol des positions occidentale, russe et iranienne vis-à-vis de la crise en Syrie. Dans la foulée, Joumblatt a critiqué la politique officielle du Liban qui a choisi de «se dissocier». Cette escalade, qui attirera sans doute des ripostes de la part des alliés de la Syrie, met dans l’embarras les deux alliés centristes de Joumblatt, qui ont choisi l’impartialité dans le dossier syrien: le président de la République Michel Sleiman et le chef du gouvernement Najib Mikati, ce dernier ayant été reçu à dîner par Joumblatt. Dans le même temps, le gouvernement se retrouve, du fait de cette escalade, face à une question posée hier par l’un des ténors de la majorité: «S’il fut reproché au ministre du Travail Charbel Nahas de ne pas avoir signé le décret sur les primes de transport et d’avoir ainsi fait fi des décisions du gouvernement, l’escalade de Joumblatt ne revient-elle pas, elle aussi, à contredire ces décisions et à faire cavalier seul ? N’entraîne-t-elle pas le Liban à s’enliser dans le dossier syrien –un enlisement qui ne manquera pas de rejaillir sur sa stabilité et sa sécurité, prônées, hier encore, par Joumblatt lui-même en plus de Sleiman et de Mikati?

      An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
      Emile Khoury, (24 février 2012)

      La Russie ayant cautionné la solution militaire en Syrie, la solution politique débutera-t-elle avec l’aide humanitaire? Un responsable politique libanais qui s’est rendu à Damas il y a quelques jours affirme que le président Bachar al-Assad ne quittera son poste qu’après avoir entrepris les réformes nécessaires. Il compte donc rester au pouvoir jusqu’au bout de son mandat, date à laquelle il annoncera qu’il n’a pas l’intention d’être candidat à sa propre succession. La Russie, ajoute le même responsable, estime de son côté qu’un départ immédiat d’Assad laisserait un vide que l’opposition divisée ne sera pas en mesure de combler. A cela s’ajoute le fait que la Russie s’inquiète d’une entrée en scène d’Al-Qaïda en Syrie. Un responsable dans le camp de l’opposition libanaise ne partage pas la même opinion. Selon lui, Moscou doit reconsidérer sa position parce que le président Assad finira tôt ou tard par chuter sous le coup des tueries commises dans plusieurs villes syriennes.
      Si l’on parvient à un accord sur une trêve humanitaire pour acheminer l’aide nécessaire à la population syrienne assiégée, cela pourrait représenter un premier pas vers la cessation des combats et la recherche d’une solution politique. La solution humanitaire débouchera-t-elle sur une solution politique avec, à la clé, un accord sur la date de départ du président Assad? Si la Russie campe sur sa position, les Etats-Unis et leurs alliés pourraient sérieusement envisager d’armer l’opposition, au risque d’une guerre civile de longue durée dans le pays.

      An Nahar (21 février 2012)

      Ghassan Hajjar
      Soutenir la révolution syrienne ou le régime de Bachar al-Assad est une chose et lier le sort des Libanais à celui des révolutionnaires ou du pouvoir en Syrie en est une autre. Une telle attitude impliquerait des répercussions graves sur le Liban, que ce soit dans l’éventualité de la chute du régime ou celle de l’accession des courants salafistes au pouvoir à Damas. Les expériences du passé ont prouvé que le Liban n’a rien à gagner d’une telle attitude, à cause de la formule libanaise complexe, régie par les forces confessionnelles et communautaires. Une telle attitude ouvrirait la voie à un dialogue visant à améliorer les règles du jeu démocratique dans le pays.

      Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité-22 février 2012)
      Ibrahim El-Amine

      Les adversaires Charbel Nahas sont sans doute responsables de la confrontation entre le ministre démissionnaire et le général Michel Aoun. Mais ce drame et cette impasse sont également dus à la mauvaise gestion par le camp de la nouvelle majorité. En attendant de savoir quel enchaînement a abouti à ce moment dramatique, on peut poser des questions au Hezbollah et au général Aoun. En premier lieu au Hezbollah: Qu’avez-vous obtenu d’un gouvernement qui gouverne en votre nom alors que vous n’êtes pas capable de modifier la position du Liban dans des dossiers relatifs à la résistance, à la politique étrangère, à la position vis-à-vis de la Syrie, au TSL? Que vous a donc rapporté un gouvernement qui ne reposait pas sur une entente claire avec le Premier ministre?
      Au général Aoun, on pose la question suivante: Que vous a rapporté un gouvernement dont plus de la moitié des membres complote contre vous nuit et jour? La dure réalité, c’est que le Hezbollah et le CPL ont perdu leur plus grande bataille. Nul ne leur demande de provoquer une conflagration dans le pays pour les beaux yeux de Charbel Nahas. Mais sayyed Hassan Nasrallah et le général Aoun savent bien que tous leurs partisans se sont sentis abattus pour avoir contribué, volontairement ou pas, au drame d’un homme courageux. Le Hezbollah et le CPL doivent mettre fin à cette mise en scène et quitter le gouvernement.

      Al Akhbar (21 février 2012)
      Abdel Kafi Samad

      Les Iraniens sont perplexes: s’ils s’intéressent uniquement aux régions à prédominance chiite, ils se voient accusés de le faire pour des raisons purement sectaires, et s’ils tentent d’élargir leurs projets à d’autres régions, ils se heurtent à un refus catégorique qui leur reproche de préparer le terrain à l’arrivée du Hezbollah dans la région concernée. A Tripoli, par exemple, certaines forces politiques et économiques tripolitaines en veulent aux Iraniens qui ne sont pas assez présents à Tripoli selon elles. Mais certaines de ces personnalités reconnaissent qu’une campagne médiatique se met en branle dès que l’Iran souhaite entreprendre un projet dans les zones d’influence du 14-Mars. Malgré cette situation, l’ambassadeur d’Iran, Ghadanfar Roknabadi, qui s’est rendu à Tripoli la semaine dernière, s’est dit disposé à mettre en œuvre n’importe quel projet dans cette ville, dans la limite des moyens disponibles.

      Al Akhbar (15 février 2012)

      Selon des informations sûres, l’entretien qui a eu lieu (début février) entre le président Bachar al-Assad, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et le chef des renseignements extérieurs en Russie, Mikhaïl Fradkov, a donné en substance le dialogue suivant:
      -Le président Assad: La Syrie n’est pas sans savoir que le dernier veto en Conseil de sécurité a été un lourd fardeau pour la Russie et la Chine, du point de vue de leurs relations régionales et internationales notamment. Nous sommes donc prêts à aider la Russie sur tout ce qu’elle nous demande.
      -Serguei Lavrov: quelle évaluation faites-vous, Monsieur le président, de la situation sur le plan de la sécurité?
      -Assad: La présence de la mission des observateurs arabes a porté préjudice à la Syrie, des groupes armés ayant exploité cette mission pour prendre du terrain et viser les forces de sécurité. Nous avons donc dû lancer une opération militaire restreinte pour rétablir le prestige de l’Etat et récupérer certaines régions. Nos efforts se concentrent maintenant sur Homs. L’armée ne se trouve toujours pas à Homs. Ce sont les forces de maintien de l’ordre qui sécurisent la ville. Mais il est nécessaire de lancer une opération de courte durée de l’armée pour y faire cesser les combats.
      -Lavrov: Combien de temps cela prendra-t-il?
      -Assad: Ce sera une opération brève et «chirurgicale».
      -Lavrov demande qu’elle soit reportée jusqu’après la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, le 12 février, pour qu’elle ne soit pas utilisée comme un prétexte pour hausser le ton contre Damas. Assad accepte, et le ministre russe demande également que ne soient pas utilisées des armes lourdes pour ne pas mettre la pression sur la Russie, ces armes étant de fabrication russe.
      -Assad: Aucune arme lourde n’a été utilisée dans les opérations militaires en cours depuis le début de la crise. Les véhicules à chenilles qu’il est possible de voir sont en réalité des transports de troupes BMV, qui ne sont dotés que d’une seule mitrailleuse.
      -Au sujet du dialogue intérieur, Lavrov demande à Assad de doter une personnalité syrienne de vastes prérogatives pour gérer ce dialogue. Le président syrien répond qu’il a déjà confié cette tâche au vice-président Farouk Chareh.
      -Lavrov: La Russie est en train d’effectuer des contacts avec l’opposition, notamment l’opposition intérieure, pour l’inciter à participer au dialogue espéré à Moscou.
      -Fradkov s’enquiert alors de l’avant-projet de la nouvelle Constitution syrienne.
      -Assad: Une commission a été chargée d’en débattre. Le projet de la nouvelle Constitution renferme les revendications de l’opposition: limiter à deux les mandats du président de la République, et établir un système de multipartisme de manière à ce que le gouvernement soit représenté par le parti qui remporte la majorité au Conseil du peuple.
      -Fradkov : Combien de temps cela prendra-t-il?
      -Assad : Un mois tout au plus…
      -Fradkov demande d’accélérer davantage le processus si possible, et le président Assad lui promet de le faire.
      -Lavrov affirme qu’il est pour l’élargissement de la mission des observateurs et l’accroissement de ses prérogatives. Le président syrien accepte de se montrer flexible sur ce dernier point.
      -Assad: Après le dernier veto, j’estime qu’il n’est plus nécessaire que le dossier syrien reste au Conseil de sécurité. Je préfère qu’il soit restitué à la Ligue arabe.
      -Lavrov: C’est bien de le garder au Conseil de sécurité. Cela permet à la Russie de faire connaître sa position. Si la question n’a pas été soulevée en Conseil de sécurité, la Russie n’aurait pas pu recourir au veto.
      -Assad: Pas de problème, du moment où cela aide la Russie à rester saisie du dossier de façon à tenir compte des intérêts de la Syrie.
      -Lavrov: La Russie œuvre à une coopération régionale russo-turco-iranienne dans le dossier syrien, et les Iraniens s’activent auprès de la Turquie pour la tenir à l’écart.
      -Assad: C’est une orientation utile, bien que les dernières déclarations d’Erdogan et de Davutoglu n’indiquent pas que la Turquie compte aller dans ce sens. Mais la Syrie se félicite de ces efforts et est prête à les faire aboutir.
      -Fradkov s’enquiert des informations sur l’arrestation d’étrangers qui se livrent à des activités armées en Syrie.
      -Assad: Nous avons des informations que nous cherchons à compléter pointant du doigt certains individus, des Libyens et des Irakiens, qui ont été vus par certains observateurs arabes.
      -Fradkov demande des informations relatives à un financement extérieur des événements en Syrie et à une contrebande d’armes à partir des pays du voisinage.
      -Assad: Nous avons là aussi des preuves. Mais nous attendons d’en avoir d’autres plus concluantes.
      Les deux émissaires russes conseillent au chef de l’Etat syrien de rendre publiques toutes ces informations.

      L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone proche du 14-Mars)
      Khalil Fleihane (24 février 2012)

      Israël pourrait recourir à une attaque préventive contre le Liban s’il décide de frapper le réacteur nucléaire iranien, ou alors il se préparerait à une riposte sévère en cas de bombardement à partir de la région frontalière libanaise. Ce sont des informations que véhiculent des milieux diplomatiques occidentaux à Beyrouth, qui pensent qu’une frappe israélienne contre le territoire libanais, notamment sur des institutions officielles et des cibles du Hezbollah, aurait lieu, mais que son timing n’est pas connu.
      Ces mêmes milieux s’étonnent que les autorités libanaises n’aient prévu aucun plan pour faire face aux éventuelles conséquences négatives d’une dégradation de la situation en Syrie. Ils critiquent le fait que de nombreux chefs de parti et responsables évoquent une telle éventualité sans réagir pour consolider la situation interne du pays. Ils ne comprennent pas non plus le fait que les leaders libanais passent leur temps à se disputer sur des sujets tels que les prérogatives de tel ou tel ministre, alors que la région est en proie à de si grands bouleversements.
      Ces diplomates estiment que la politique de mise à l’écart adoptée par le Liban est justifiable, mais qu’elle pourrait s’avérer insuffisante pour empêcher l’incendie syrien de se propager jusqu’au Liban. Ils soulignent que les décisions qui seront prises à l’issue de la Conférence internationale des amis de la Syrie, qui se tient aujourd’hui à Tunis, pourraient provoquer de tels troubles en raison du fait qu’elles comporteraient une clause sur l’envoi d’aides aux habitants et aux blessés isolés à Homs, Hama, Idleb et ailleurs.

      La Presse (Quotidien tunisien, 25 février 2012)

      La banlieue nord de Tunis a abrité hier une conférence internationale des «amis de la Syrie» pour débattre de la situation dans ce pays. Il était également question de tenter de trouver une solution pouvant arrêter le massacre dont est victime la population dudit pays suite à son soulèvement contre le régime de Bachar Al Assad depuis le 15 mars dernier.
      Quelque 60 pays ont pris part à cette rencontre, dont la majorité des pays arabes et les pays de l’Union européenne.
      Boycottée par Moscou et Pékin, la réunion a vu la participation de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, et du chef de la diplomatie française, Alain Juppé.
      Un plan d’aide humanitaire, l’éventuelle reconnaissance de l’opposition syrienne et un schéma de transition démocratique étaient à l’ordre du jour de cette rencontre dont l’ouverture a été assurée par le président Marzouki.
      Ce dernier a appelé à la création «d’une force arabe pour le maintien de la paix et de la sécurité» en Syrie.
      Au moins trois manifestations ont eu lieu hier en réaction à l’événement. La première à la place Mohamed-Ali à Tunis devant le siège de l’Ugtt, avec des messages hostiles à la rencontre et surtout aux Occidentaux. La seconde à Bab Bhar pour soutenir le peuple syrien contre les exactions qu’il subit.
      Quant à la troisième, elle a eu lieu devant l’hôtel qui abritait ladite réunion et a été dispersée par les forces de l’ordre car elle débordait et certains manifestants avaient tenté d’entrer dans l’hôtel.

      Wall Street (Quotidien américain-19 février 2012)
      Sam Dagher

      Certains officiels libanais que nous avons interrogés craignent que la zone autour de la capitale du Nord devienne une enclave qui échappe au gouvernement central, comme les camps de réfugiés palestiniens qui ont contribué à l’époque au déclenchement de la guerre civile en 1975. A Tripoli, la violence communautaire n’est pas nouvelle mais à mesure que l’opposition libanaise au régime Assad grandit, les risques de dérapage s’accroissent.
      Les habitants de la région font jusqu’à accuser le gouvernement dirigé par le Hezbollah de manipuler les services de renseignements et l’Armée libanaise. Dans l’autre sens, leurs rivaux sont accusés de mettre en place des services de sécurité parallèle, destinées à «contrôle» la zone. Officiellement, le gouvernement libanais adopte une position neutre dans le conflit syrien mais sur le terrain, c’est beaucoup plus flou.
      Il y a quelques temps, le ministère libanais de l’Intérieur, contrôlé en sous-main par l’opposition, a publiquement accusé l’ambassade de Syrie d’avoir kidnappé des activistes syriens, accusation que cette dernière a toujours niée. Mais manifestations et affrontements ont conduit l’ambassade à se délocaliser à l’extérieur de Beyrouth. Lorsque, plus récemment, l’Armée à été déployée à la frontière nord entre le Liban et la Syrie, officiellement pour assurer la sécurité des habitants e la région, l’opposition a suspecté d’autres motivations, restreindre l’afflux de réfugiés et d’activistes. Elle note que ce déploiement a été décidé quelques heures seulement après une tournée de l’ambassadeur syrien auprès des responsables libanais.

      http://www.neworientnews.com/news/fullnews.php?news_id=55994

      • BWANE dit :

        Article très intéressant comme d’habitude : merci Akyliss. L’ironie de l’histoire est que ce conseil d’Istanbul, à peine « imposé comme seul représentant de l’opposition syrienne » par cette assemblée des ennemis de la Syrie vient de se dupliquer, imitant en cela les clones misratistes qui hantent ce site. Je savais qu’en Arabie Saoudite les femmes n’avaient pas le droit de conduire, mais j’ignorais que c’était le seul pays au monde à être dans ce cas ; comme je me trouve être le dernier en France à ne pas avoir de permis de conduite (c’est mon épouse qui se charge de cette besogne les rares moments où on utilise la voiture), nous serions de beaux draps dans cette monarchie autocratique qui veut donner des leçon de démocratie à notre chère Syrie. Décidément, ce monde invérifiable est devenu fort étrange.

  2. Akyliss dit :

    « Revue de presse Syrie » #55
    Le Pentagone confirme son retrait

    Les chefs militaires US multiplient les déclarations pour justifier leur retrait de la crise syrienne. Le chef d’état major interarmes, le général Martin Dempsey, répète au Congrès et à la presse que la plupart des grandes puissances sont déjà présentes sur le théâtre d’opérations et qu’il est donc impossible de savoir à quels rebelles profiterait une aide US. Cet argument qui permet de garder la tête haute après le double veto russe et chinois, n’en est pas moins vrai.

    Quoi qu’il en soit, le département d’Etat et les politiciens israéliens s’opposent à cette ligne.

    Pour y faire obstacle à quelques jours de la conférence à Tunis des « Amis de la Syrie », les chercheurs du Washington Institute (le think tank de l’AIPAC) établissent une comparaison avec la guerre de Bosnie dans laquelle les USA avaient finis par s’engager malgré eux. Ils préconisent la création d’une force mandatée par les Nations Unies, commandée par un général musulman turc, et coordonnée par l’OTAN.
    Partenaires | 20 février 2012
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    +

    • Interrogé par le Frankfürter Allgemeine Zeitung, Edward C. Luck, conseiller spécial de Ban Ki-moon pour la responsabilité de protéger, assure que les rebelles syriens aspirent à la démocratie, même si les événements suivent désormais une dérive confessionnelle qu’il impute au gouvernement el-Assad. Cependant, s’éloignant légèrement de la doxa atlantiste, il ne se contente pas d’accuser le gouvernement syrien de ne pas protéger sa population, il souligne que cette obligation incombe aussi à l’Armée « syrienne » libre.

    • Le Tagesspiegel met en cause l’indépendance de Karin Leukefeld, l’envoyée spéciale en Syrie du quotidien marxiste Junge Welt. La journaliste, qui est une bonne connaisseuse du Proche-Orient est aussi une ancienne assistante du Parti des Verts. Elle publie des articles à contre-courant du reste de la presse occidentale et soutient l’administration el-Assad. Notez que le Tagesspiegel, n’ayant pas trouvé à critiquer le professionnalisme de Mme Leukefeld, concentre ses attaques sur sa personnalité.

    • Tomas Alcoverro souligne dans La Vanguardia que le parti Baas s’est progressivement coupé de sa base populaire au fur et à mesure de la libéralisation de l’économie. En ce sens le référendum constitutionnel qui devrait retirer au Baas son leadership politique n’est jamais que la conséquence institutionnelle d’une réalité de terrain. Cependant, contrairement à ce qu’écris Alcoverro qui cède là à l’air du temps, l’ouverture économique n’a pas été un accaparement clanique des richesses, mais s’est faite lentement sous le contrôle de la famille Assad. En effet, l’économie syrienne n’est pas libérale, mais mixte.

    • Michael Jansen de l’Irish Times observe qu’armer les rebelles accroît la spirale de la violence et oriente le pays vers la guerre civile. Sans se prononcer sur le fond, il rapporte divers points de vue qui ne laissent aucun doute sur la vanité de cette entreprise : la rébellion n’a aucune chance de triompher par elle-même, et plus elle sera artificiellement prolongée, plus elle laissera des traumatismes dans la société.

    • Le Scotsman publie un article de son correspondant à Damas témoignant de l’existence d’une milice du régime qui terrorise les citoyens : les Shabiha. On voudrait en savoir plus, mais le « correspondant » du journal est anonyme.
    Avant la propagande atlantiste, le mot Shabiha désignait les membres d’un gang de contrebandiers du port de Lattaquié.

    • Associated Press rapporte l’assassinat de plusieurs figures politiques par la rébellion. Le fait doit être noté car l’agence new-yorkaise n’a commencé à faire mention de ces crimes que depuis un mois environ. Cette évolution dans le traitement de l’information intervient au moment où les Etats-Unis cherchent à justifier à devant leur opinion publique la limitation de leur soutien à l’opposition armée.

    • Mona Alami de USA Today assure que les extrémistes qui se déploient en Syrie ne sont pas des membres d’Al-Qaeda, mais des provocateurs au service du régime. L’Armée « syrienne » libre n’aurait donc aucun lien avec Ayman al-Zawahiri bien qu’il ait appelé au Jihad contre Bachar el-Assad. L’article n’explique pas comment le pouvoir aurait fait pour recruter des agents provocateurs dans les milieux extrémistes sunnites alors que ceux-ci considèrent les el-Assad comme des hérétiques et des usurpateurs.

    • L’Agence France Presse fait surgir un nouveau thème : l’armée loyaliste assiégerait la ville antique de Palmyre où des rebelles seraient enfermés. Les combats seraient susceptibles d’endommager gravement le site archéologique classé par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité

    http://www.voltairenet.org/Le-Pentagone-confirme-son-retrait

  3. polo33 dit :

    Moi j’appelerais ça plutôt essayer de sauver la face ,face à une défaite en syrie franco anglaise avec leurs alliés Qataris
    les usa ont beau dos mais ils ont déjà tourné le dos au cns ,alors que Juppé persiste a organisé des apero cornichon en Tunisie demain en Turquie
    pour se voir lancer une fin de non recevoir chino russe

    • Merrick dit :

      Je suis du même avis sur le fait de vouloir « sauver la face » !
      Depuis le début de la crise syrienne ces soit-disant médias (atlantistes) nous présentaient ces islamistes sunnites comme des démocrates férus de liberté !
      De plus, depuis la mort (officielle) de Ben Laden, les USA ont également officialisé la mort d’al-Qaïda. Ce qui a permis son utilisation en Libye et en Syrie. Nous savons également qu’al-Qaïda est constituée de mercenaires recrutés, formés et financés par la CIA … alors depuis quand al-Qaïda est une menace pour les USA !

  4. BWANE dit :

    L’OTAN a tourné casaque -à propos de la Syrie-et a planté au milieu du gué tous ses amis salafistes qui se débrouillent comme ils peuvent, avec l’aide des golfistes et de l’AIPAC. Nos journalistes aux ordres ou témoins à brevet-comme on disait lors des troubles de la Fronde en France- suivent comme un seul homme, sans justifier leur position précédente et leur revirement subite, chaque nouveau mensonge de ces Messieurs est l’aveu de leur mensonge précédent.

    • sowhat dit :

      « L’OTAN a tourné casaque »

      pas sûr. Il convient de se méfier de leurs déclarations. Le plan continuera sous une autre forme. Les occidentaux sont – malheureusement – pris dans un engrenage infernal. Seule une claque cinglante pourra les arrêter.

      • BWANE dit :

        « L’OTAN a tourné casaque ». Peut-être faudrait-il dire : « L’OTAN a provisoirement tourné casaque ». Il compte en effet maintenir une pression diplomatique, économique,…etc sur Damas ; mais le scénario libyen a bel et bien pris l’eau de toutes parts et l’OTAN en a pris acte pour attendre des jours meilleurs ; la réussite du referendum d’aujourd’hui est une belle et cinglante claque infligée aux agresseurs.

  5. sowhat dit :

    M. Denghien toujours excellent.

    Ce Pons s’il avait été honnête et géo-politicien perspicace devrait s’interroger sur l’opposition d’une grande partie sinon de l’ensemble de la société civile turque au plan qui vise la Syrie, plan dans lequel le gouvernement AKP d’Erdogan continue à jouer un rôle très actif. Le prochain sommet des « Amis de la Syrie » qui est prévu prochainement en Turquie risque de se dérouler de manière beaucoup moins paisible que celui de Tunis …

  6. Cécilia dit :

    Parfait Louis comme d’habitude.

    En effet, la nouvelle analyse de Pons et ses amis américains ne nous apprend rien sur la question syrienne, notamment sur « l’appui ouvert » des régimes sunnites de la région à l’opposition, ni sur le danger de la libanisation de la Syrie avec un fort danger que cela touche aussi ses voisins provoquant un chaos généralisé, ni sur le plan USA et leurs consorts pour déstabiliser la Syrie sans parler du soutien sans limite de l’Iran et de Hezbollah à la Syrie.

    De même, la question de « l’entrée dans la danse de groupes d’al-Qaïda » en Syrie n’est pas un secret pour nous.

    Infosyrie sait tout cela dès le début.

    Cependant, je me suis éclatée de rire en lisant votre phrase « s’avisent soudain que les rebelles syriens ne sont pas forcément démocrates – ni républicains d’ailleurs… ». Un jeu de mots royalement réussi, cher Louis, mais qui traduit malheureusement une réalité quasi tragie-comique.

    Mille et une mercis Louis

  7. dfghjk dit :

    Et pendant ce temps… MSF soigne des civils à Homs…

  8. française dit :

    http://www.almanar.com.lb/french/catpage.php?frid=18

    Je vous invite à lire AL MANAR ce matin, à la lecture des problèmes internes en Israel, en Arabie, au Bahrein, en Afghanistan et au Pakistan, il se peut que Bachar devienne un problème mineur pour l’Occident, et que nos dirigeants occidentaux se calment à son encontre.

  9. fatima dit :

    المجلس الوطني السوري يشهد اولى انشقاقاته »,article écrit sur le site « arabi-press » du 27-02-2012.

    Voilà des gens qui ne pensent qu’au pouvoir. Ils ne pensent ni au peuple ni à la démocratie (ce mot autant est beau , autant qu’il me faire rire).
    6 personnes à leur tête Hayssam AlMaleh, qui le CNS et forment un groupe encore plus radical « qui consiste à armer les « révolutionnaires » (mais ils ne disent pas armer les gangs et les mercenaires que l’Arabie Saoudite a recrutés).
    En tout cas, là maintenant, les mauvaises odeurs de cette opposition commencent à se faire sentir .

  10. daniel dit :

    « Les faux amis de la syrie », de martina döring (Berliner Zeitung 27/02/2012)
    Ce matin au reveil en parcourant mon journal recu dans ma boite, Le Berliner Zeitung, tout ce qu’il y a de bobo bien pensant moralisateur á deux balels et superficiellement pour le biene et contre le mal et ayant donc de ce fait depuis près d’un an milité pour le mal nommé primtemps arabe, insulté assade t kaddafi les dictateurs et soutenu les djihadistes déguisés en démocrates, j’ai une belle surprise sous la plume de Martina Döring. je vous donne une rapide traduction de cet article qui me donen la preuve claire de ce que je remarcque depuis quelques jours: les lignes bouges, l’horizon s’éclaircit et la vérité reprend le dessus sur la syrie: Lisez plutot:
    « Les Faux Amis de la Syrie »
    C’est une bien extravagante alliamce qui a décidé de se nommer « Les amis de la Syrie ». Les Etats-unis en font partie. l’union européene y prend part, précédée comme dèjá pour l’intervention en libye, par Les francais et les Britanniques. Meme les Allemands tiennent cette fois à ne pas rester à l’ecart. La Ligue Arabe est lá, et avec elle les Etats ultraconservateurs du Golfe, qui plaident pour une intervention. Le faire eux memes est pourtant hors de question: ce sont les USA et leurs alliés européens qui sont censés à leurs yeux intervenir. Meme Al Qaeda se considère comme « ami de la syrie ». L’organisation terroriste seb
    mble avoir déjà transféré du front afghan les combattants les plus aguerris sur le front syrien, car ce que souhaitent « les amis de la syrie » est exactement à son gout: la chute du regime laic de Assad, qui à leurs yeux usurpe au profit des hérétiques alaouites le pouvoir en syrie.
    Et après ? persone ne sait exactement de qui est constituée l’opposition et sous quelle influence ses membres se placent. Personen ne sait non plus exactement quelle est la proportion en syrie des supporters et des opposanst au régime. personen n’a idée qui recevra les armes dont les USA veulent autoriser la livraison à l’opposition syrienne. Et que pensent de ces amis de l’opposition à Assad et des militants armés, les hommes d’affaires sunnites, les soldats kurdes de l’armée régulière, les paysans druzes ou les artisans chretiens ? Il n’existe pas encore de drons pour lire dans les gènes pour le moment…
    Mais evitons un malentendu: les Assads défendent leur pouvoir avec tous els moyens et versent le sang de leurs adversaires ainsi que celui de ceux qui combattent pour eux sans le moindre scrupule.Ils envoient pour cela les Chars et encerclent aussi Homs á cette fin. Mais le regime tient bon depuis plusieurs mois maintenant et son armée et constituée biende Sunnites, de Druzes, de Kurdes, de Chrétiens et d’alaouites. Personne ne peut le réussir, qui dirige de facon solitaire juste avec l’aide de services secrets sans scrupules, de soldats sans conviction ou de supporters payés rubis sur ongles.
    C’est une ironie de l’histoire que ce soient les francais et les américains, juste pour ne nommer que ces deux, animés de justice s’impliquent à ce point pour obtenir la chute du régime de Bachar El assad et le triomphe de la démocratie en syrie. Comme colonisateurs les francais avaient à l’époque sur la base de calculs politiciens, non seulement délesté la syrie d’une importante partie de son territoire (qui devint ensuite le liban) mais aussi offert une autre partie à la Turquie en vue de l’entrainer dans un pacte antihitler. Ils avaient en outre, à travers une politique chaotique, préparé le terrain au controle de l’armée par les alaouites et après une douzaine de coups d’etat, la montée en flèche au pouvoir de Hafez el Assad le père de Bachar come dictateur. Et maintenant ? La France flaire de nouvelles chances de grandeur et de puissance. Cela s’appelait à lépoque néocolonialisme. Aujourd’hui on parle d’intérets économiques.
    Cependant il est intéressant de jeter un regard une decennie en arrière sur sur les USA et leur président de l’époque George W Bush. Avec l’attaque contre l’irak en Mars 2003 le meilleur ennemi de Bush, Saddam Hussein, fut certes déposé, mais les valeurs de de démocratisation, société civile, reforme, ouverture du monde arabe furent ausi foulées aux pieds: aucun partisan des droits de l’homme, activiste ou opposant ne pouvait alors se reconnaitre dans les valeurs occidentales. Ceux qui parlaient alors de démocratie, de de droits de l’homme, de garantie de l’intégrité corporelle et spirituelle, suscitait immédiatement le mépris et la haine de ses compatriotes.
    Pour ce qui est de la syrie et de son peuple, partisans et adversaires d’Assad, il faut maintenant arriver à une solution. Personne en sait comment y parvenir. Mais qui veut eviter les meurtres à l’infini ou l’extension des conflits sectaires sur les pays voisins et défendre véritablement le droit à l’existence d’israel, ne peut parler d’intervention ou de livraison d’armes aux insurgés. Meme l’exigence de renonciation à la violence n’a aucun sens si elle ne concerne que Assad, et non en meme temps les milices de l’opposition. Assad de toute les facins jamais ne l’acceptera.
    Ce dont la Syrie a besoin en ce moment c’est de médiations entre l’opposition et le régime, autant que de propositions concrètes aux deux camps pour l’avenir. On ne pourrait plus, avec ce qui s’est passé, discuter Assad ? Pourtant Yitzhak Rabin a bien discuté et signé avec le leader de l’OLP et ultraterroriste Yasser Arafat en 1993 un traité de paix. Et le président Nixon s’est bien envolé en 1972 pour la Chine et y a serré la main du dictateur Mao Zedong. Cela n’a certes pas résolu les problèmes en jeu. Mais au moins mis fin à l’escalade et réduit les tensions.
    Les syriens ont besoin d’aide. Mais ce dont ils peuvent se passer volontiers c’est des hypocrites et des faux amis.

  11. Cécilia dit :

    Ces opposants syriens qui veulent la démocratie sont incapables de discuter d’une manière civilisée.

    Résultat, cet opposant qui ne sait que crier et insulter les autres participants a été chassé royalement d’une conférence sur la crise syrienne, solutions et avenir, sur une chaine russe en présence de 8 académiciens russes.

    Jugez par vous-même.
    Dommage que je ne connais pas le russe et mon frère qui n’a jamais le temps (je viens d’une famille internationale dont certains maitrisent même le japonais et le chinois grâce au études faites dans ces pays).

    J’ai pu quand même juger ce grand démocrate rien qu’en le regardant se comporter comme une bête de cirque. Nous n’avons pas besoin de plus 😉

    http://www.youtube.com/watch?v=fr6YniIFc4k&feature=related

    http://www.youtube.com/watch?v=fr6YniIFc4k&feature=related

  12. Cécilia dit :

    Je viens de lire un article de Bob Bowker, ancien ambassadeur d’Australie en Syrie, accrédité au Caire, de 2005 à 2008 et qui a également travaillé à Damas de 1979 à 1981.

    Il ne voit pas la situation syrienne de la même manière que Juppé ou Sarkozy :

    ————
    Syrie : une bataille perdue

    Par : Bob Bowker *
    Publié le : 26/02/12

    Les mesures prises et promues par le Qatar et les Saoudiens à l’égard de la Syrie, y compris les appels à armer les rebelles, ne sont pas propices à apporter la sécurité dans la région. En fait, au contraire, ils seraient plutôt contre-productifs.

    Personne ne sortira gagnant du désordre en Syrie, il n’y aura que des perdants. Mais ma meilleure hypothèse, c’est que le régime Al-Assad continuera de survivre, même affaibli. La révolte peut continuer, mais pas à un niveau d’intensité ou de potentialité capable de provoquer la désintégration du régime. La militarisation de la révolte joue aussi à l’avantage du régime : elle rallie les sceptiques et ne laisse aux Alaouites aucun espoir d’éviter un bain de sang sectaire si le régime devait s’effondrer.

    Le sceptique en moi sent aussi que la révolte va être la victime du cycle de l’information américaine avant tout. Il y a une limite dans la valeur médiatique du carnage continu (maintenant principalement limité à Homs, semble-t-il). Si le régime peut baisser le niveau de violence après avoir écrasé la résistance à Homs, je soupçonne les médias de concentrer leur intérêt ailleurs. Je soupçonne aussi que l’Iran perdra moins que les autres. D’abord, plus le conflit se poursuit, plus le régime d’Al-Assad se rapproche de l’Iran, économiquement et financièrement, et en termes d’aide en matière de sécurité. Si le régime résiste, l’Iran consolidera ces gains. Ils étaient déjà en train de construire des liens avec l’élite alaouite avant 2011.

    Deuxièmement, si le régime tombait, dans le chaos qui s’en suivrait, l’Iran aurait au moins autant de moyens sur le terrain que tout autre acteur international. Toute suggestion qu’un régime sunnite à Damas serait capable simultanément d’imposer l’ordre et de contrôler les frontières syriennes est pure fantaisie. L’Iran a l’avantage d’être prêt à y mener des opérations par Hezbollah interposé et peut utiliser ses propres moyens à partir de l’Irak. Ces moyens sont expérimentés, efficaces et engagés à un niveau plus élevé que n’importe quel acteur arabe en dehors des djihadistes qui, de leur côté, sont comme un tigre que quelques gouvernements arabes aimeraient bien chevaucher.

    Personne ne peut prédire comment les cartes retomberont, finalement, mais je m’attendrais à ce que les Iraniens soient plus à même de défendre leurs intérêts, dans une large mesure, dans ces conditions. Je considèrerais la consolidation de l’influence iranienne dans le Levant comme une tragédie pour le monde arabe qui a besoin d’un élargissement de l’espace créatif et de libertés politiques. Mais quel que détestable que soit le régime Al-Assad, je ne suis pas convaincu que son départ servirait ce but. Les Saoudiens ne sont pas plus populaires ou respectés en Syrie que les Iraniens. Les Syriens sont plus laïcs que la plupart des Arabes dans leurs traditions sociales et dans l’image d’eux-mêmes à la fois comme arabes et modernes. Ils craignent les salafistes nationaux et leurs soutiens du Golfe, et ce, pour de bonnes raisons. Bien que rivaux, les Saoudiens qui n’aiment pas le risque se sont déjà adaptés aux Iraniens. L’accord de Taëf sponsorisé par les Saoudiens, suivi des pressions saoudiennes pour le retrait syrien du Liban après l’assassinat de Hariri a ouvert la voie à la domination du Hezbollah au Liban. Pendant que le chaos se poursuit en Syrie, les Saoudiens peuvent respirer un bon coup et en arriver à préférer un régime alaouite affaibli mais fondamentalement intact qui promet de prendre de la distance par rapport à Téhéran, comme prix à payer pour empêcher les Iraniens de s’assurer une position encore plus forte depuis l’Irak jusqu’au Levant.

    Mais toute chance de garder la Syrie dans le giron arabe renvoie à une question fondamentale. Il s’agit de savoir si les Saoudiens (et autres dirigeants arabes du Golfe) sont capables d’accepter un Irak dominé par les chiites, ou une Syrie dominée par les Alaouites et un Liban dominé par le Hezbollah, tous ayant des liens étroits avec l’Iran, membres légitimes du club arabe que les Saoudiens et l’Égypte veulent dominer.

    Je suis inquiet à l’idée que les Occidentaux pourraient céder au sentiment égotique des Saoudiens et des Qatari sous prétexte de répondre au défi iranien. Cette rivalité pouvait être mieux gérée, au moins dans le contexte syrien, par un dialogue constructif plus large entre les Saoudiens et les Iraniens.

    Un cadre de sécurité régionale durable devra être basé sur la reconnaissance par les Saoudiens que les liens avec l’Iran, naturels pour un tas de raisons sociales, géographiques, économiques et autres, ne sont pas forcément préjudiciables à l’identité arabe de la région et à la place qu’y occupe l’Arabie Saoudite. Le facteur le plus important pour déterminer la conception de la sécurité dans le Golfe n’est pas de savoir si l’Iran a une capacité nucléaire, ou s’il représente une menace militaire pour les États arabes et Israël. C’est de savoir si les États arabes, que leurs dirigeants soient sunnites ou chiites, sont politiquement puissants, économiquement couronnés de succès et militairement stables sous la protection des États-Unis. Les mesures prises et promues par le Qatar et les Saoudiens à l’égard de la Syrie, y compris les appels à armer les rebelles, ne sont pas propices à apporter la sécurité dans la région. En fait, au contraire, ils seraient plutôt contre-productifs.

    Et voici le lien de l’article :

    http://www.afrique-asie.fr/actualite/2416-syrie-une-bataille-perdue.html

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