• Décryptage
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Parmi les leitmotivs de ce qu'il faut bien appeler la propagande occidentale - propagande qui parle de "droits de l'homme" et de "démocratie" mais propagande quand même - anti-Bachar, il y en a un qui revient vraiment souvent : l'information est difficile à obtenir et à vérifier en Syrie, parce que le pouvoir interdit l'accès du pays aux journalistes étrangers depuis le début de la contestation à la mi-mars. Le pouvoir syrien n'est sans doute pas très à l'aise avec la [...]



Pas de journalistes occidentaux en Syrie ? On en a quand même trouvé quelques uns

Par Pierre Marulaz,



Arwa Damon, de CNN, dans le nord-ouest de la Syrie, à la mi-juin

Arwa Damon, de CNN, dans le nord-ouest de la Syrie, à la mi-juin

Parmi les leitmotivs de ce qu’il faut bien appeler la propagande occidentale – propagande qui parle de « droits de l’homme » et de « démocratie » mais propagande quand même – anti-Bachar, il y en a un qui revient vraiment souvent : l’information est difficile à obtenir et à vérifier en Syrie, parce que le pouvoir interdit l’accès du pays aux journalistes étrangers depuis le début de la contestation à la mi-mars.

Le pouvoir syrien n’est sans doute pas très à l’aise avec la libre circulation de l’information – « information » dont il voit chaque jour qu’elle est dirigée systématiquement contre lui – et des journalistes – qui lui sont presque toujours hostiles a priori. Il est exact qu’une chaîne comme Al-Jazeera, qui reflète dans sa ligne éditoriale les exigences géostratégiques des monarchies pétro-islamistes du Golfe, est interdite de séjour en Syrie, sa couverture du mouvement de contestation ayant été dès le début d’une partialité telle qu’elle a suscité des démissions au sein même de son staff journalistique.

Pour autant, il est inexact ou excessif de prétendre que la Syrie a fermé ses frontières aux journalistes occidentaux : nous publions ici une liste – non exhaustive – de reporters présents sur le terrain syrien depuis mai.

-Début mai, Martin Fletcher du quotidien britannique The Times, se rend en Syrie en se faisant passer pour touriste ; il est retenu dans un centre de détention à Homs mais est vite libéré. Il reste une semaine dans la région de Homs : tout en dénonçant la brutalité de la répression, et en soulignant l’impopularité de l’entourage du président Bachar, il constate que ce dernier jouit de l’estime de beaucoup de Syriens, qui voient en lui un réformateur possible et qui apprécient sa résistance aux Etats-Unis et à Israël.

-le 15 juin, les autorités syriennes organisent un voyage de presse – avec des représentants de médias occidentaux – à Jisr al-Choughour pour visiter la ville récemment libérée de groupes armés et assister à l’exhumation de fosses communes contenant les corps de policiers tués par les activistes. A la même période un groupe de journalistes turcs accompagne les militaires syriens dans leur reprise de contrôle de la région de Jisr.

-Fin juin, Arwa Damon, correspondante de CNN, se trouve à Damas.

-A la même période, Hala Jaber, envoyée par le quotidien britannique Sunday Times, enquête à Damas et dans le nord-ouest du pays, particulièrement touché par des troubles sanglants (elle conclut d’ailleurs à l’existence effective de groupes islamistes armés en Syrie).

-Fin juillet, Arwa Damon et Nada Husseini enquêtent sur le terrain sur l’existence de groupes armés pour un reportage qui sera diffusé sur CNN le 2 août.

-Courant juillet, Pierre Piccinin – non journaliste, mais historien et universitaire dont le récit sera publié par le quotidien belge La Libre Belgique, visite notamment les points chauds comme Hama, Maarat al-Nouman, Homs, Deraa,  Jisr al-Choughour, Deir Ezzor, et bien sûr Damas. Il se déplace ainsi à travers tout le pays librement, les quelques postes de contrôle rencontrés l’ayant toujours laissé passer.

Précisons que nous n’avons cité ici que des journalistes travaillant pour des pays dont la ligne diplomatique est nettement hostile au régime de Damas, ne prenant donc pas en compte ceux issus de pays proches de Damas comme la Russie ou l’Iran.



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12 commentaires à “Pas de journalistes occidentaux en Syrie ? On en a quand même trouvé quelques uns”

  1. Francesco dit :

    Nous devrions aussi ajouter la journaliste italienne Antonella Appiano présents depuis de nombreuses années en Syrie. Elle est actuellement à Damas et informe à travers son Blog: http://www.conbagaglioleggero.com. Elle a un compte Facebook. Antonella est un journaliste sérieux qui décrit ce qu’il voit, croise les sources et conforme aux faits.
    Je suis contente que existe Infosyrie
    Un salut de L’Italie

    • fabrizio44 dit :

      Merci a Francesco et a Infosyrie pour avoir indiquè la journaliste Antonella Appiano…ect. Demain 7 Jouillet a h.6.30 elle sera a la TV Rai 1 Mattina pour parler de la Syrie et de ses problemes.

    • Simone dit :

      Bravo Francesco! J’ai également apprécié les reportages de Antonella Appiano et ses témoignages précieux sur la Syrie à la radio et la télévision italienne. Elle est fantastique! Malheureusement elle est une voix rare, c’est la désinformation qui domine les médias italiens!

  2. Alice dit :

    Ajouter : Sophie Dumont, pour RFI, à Damas, en mars-avril : informant du clivage de la société syrienne, entre pro et anti régime, elle n’était pas vraiment dans la ligne de RFI…
    Deux journalistes hongrois ont fait simplement leur boulot : ils ont voulu voir par eux-mêmes, après les 1ers événements de Deraa, et sont allés à Damas (en avril, à vérifier) cf http://www.youtube.com/watch?v=pVnAOYoLZCw. Le reportage, honnête, ne dissimule pas la violence du régime, mais est loin du scenario menteur qui a été présenté.

  3. shamsi dit :

    Il manque a votre liste ANTHONY SHADID du NTY présent à Hama en juillet
    « In Scarred Syria City, a Vision of a Life Free From Dictators »
    – July 19, 2011
    https://www.nytimes.com/2011/07/20/world/middleeast/20hama.html

  4. shamsi dit :

    Hama : une ville fréquentée par des journalistes qui n’y voient pas la même chose ….
    A se demander s’ils étaient bien dans la même ville ?

    Gaetan Vannay chef de la rubrique internationale de la RSR nous raconte donc une « protestation gentillette » et bon enfant , repris par moult médias occidentaux.
    « Auparavant, j’ai passé dix jours sur place et je n’ai pu constater que des manifestations pacifiques. Tous les soirs, quelques centaines, voire un millier de personnes se rassemblaient. Il y avait aussi les manifestations du vendredi, après la prière, qui réunissaient plusieurs dizaines de milliers manifestants. Elles étaient toujours festives, de nouvelles chansons contre le régime apparaissaient chaque jour. Je n’ai pas vu une seule arme durant ces manifestations. Il n’y avait aucune agressivité. Au contraire, j’ai été témoin de beaucoup d’entraide et une forte organisation pour permettre le déroulement de ces manifestations dans le calme.

    Les personnes les plus âgées calmaient les plus jeunes. J’ai vu une une réelle volonté de mener une révolution pacifique. Le reste du temps, la vie se poursuivait le plus normalement du monde à Hama. Malgré les chars et les forces de sécurité qui entouraient la ville. »

    Un journaliste de la RSR entre clandestinement en Syrie
    http://www.tsr.ch/info/monde/3310458-un-journaliste-de-la-rsr-entre-clandestinement-en-syrie.html?wysistatpr=ads_rss_texte

    De son coté, Marianna Belenkaya de Russian Today y a vu une situation un « chouilla » plus tendu ….
    Mais le témoignage de Marianna on l’aura pas trop entendu ..(en même temps une russe c’est suspect non ? – )

    Nous sommes arrivés à Hama plusieurs jours avant l’entrée des militaires dans la ville. La ville a vécue en autonomie pendant environ un mois – pas d’armée, ni police, ni de représentants des autorités. Une telle « île » singulière de liberté où personne ne savait ce qui allait arriver, mais tout le monde s’est rendu compte que ce statu quo ne pouvait durer éternellement. Les résident de Hama se préparaient à combattre jusqu’à la dernière goutte de leur sang. La plupart d’entre eux n’avaient rien à perdre. Les forces de sécurités syriennes avaient une liste des instigateurs des troubles, environ 4.000 personnes. Les habitant nous ont dit au téléphone que c’était eux qui étaient chassés (par les forces de securité NDT) Mais c’était deux jours plus tard, quand nous avions quitté (Hama).
    Imaginez une ville où les acheteurs fixent leurs propres prix pour les marchandises, et dictent leurs propres conditions aux vendeurs. Lorsque les propriétaires de magasin ne sont pas d’accord ils brûlent leurs boutiques, ou donnent leurs biens à la population locale. Autrement dit, ils volent au nom de la liberté et la justice. Une ville où les citoyens refusent de payer les taxes et les services publics, ou pour rembourser des dettes à leurs partenaires commerciaux qui soutiennent le régime. Ils jettent des regards mauvais à ceux qui essaient soutenir un point de vue différent, ou brûle leurs voitures, avec pour conséquence, que les gens n’osent plus parler. La liberté ne doit répondre qu’à la demande des personnes en charge d’un district ou d’un autre.
    Il est facile de se rendre à Hama par les transports publics, tandis que circuler à l’intérieur est difficile. Ils repèrent immédiatement les étrangers à Hama. Vous ne pouvez pas voir les armes ouvertement dans les rues, sauf peut-être des couteaux des gardes des checkpoint. Mais ils ne cachent pas le fait qu’ils ne disposent de moyens de résistance.
    La ville est divisée en districts, et on ne peut pas aller d’un quartier à l’autre pendant la nuit. Cependant on ne peut pas atteindre certains districts, même dans la journée, les routes sont bloquées, et les habitants nous conseille pas de marcher non plus. En particulier, dans le quartier sous le contrôle des salafistes de Cheikh al-Aroor, qui promeut les massacres (interconfessionnels) et dont les slogans sont comparés à ceux de Ben Laden.

    Syrian struggle: view from the ground 03 August, 2011
    http://rt.com/news/syria-hama-struggle-interview/
    Traduction à l’arrache Shamsi..

    Deux journalistes à Hama a la même période qui n’y voient pas du tout la même chose ..et « on » me demande de faire confiance à des infos balancées par des sources inconnues qui n’ont pas d’électricité ni de réseaux téléphonique, pas capables de reconnaître un pont dans leur ville…empêchés de sortir dans les rues par « des snipers qui tirent sur tout ce qui bouge », mais quand même capable de faire le tour des morgues et des hôpitaux pour te poster quotidiennement des bilans au mort près !
    « Prend moi pour un jambon » ami démocrate syrien.
    Shamsi

    • Souriya ya habibati dit :

      J’ai entendu le Vannay ce matin sur RFI, il a dit qu’il avait vu 4-5 pistolets et un fusil.. dans les mains des jeunes.. c’est « tout » ce qu’il a pu voir!
      Que c’est TERRIBLE la guerre psychologique menée contre notre chère Syrie! j’ai vu la video de l’ITV de ce type et je suis horriblement choquée par l’attitude de la journaliste qui mène le débat..MAIS la Syrie vaincra « mahma ‘awat al kilab ». Et je me demande si le Vannay n’était pas hébérgé chez les partisants du ‘ar’our.

    • Rensk dit :

      Concernant le Suisse qui se dit en plus chef « journaliste » j’ai été choqué en l’entendant car il ne fait plus de l’information :

      Et la Suisse… le journaliste RSR – Alors que les autorités syriennes refusent tout visa pour les médias, Gaëtan Vannay, le chef de la rubrique internationale, a pu entrer clandestinement dans ce pays et passer dix jours à Hama…
      La télévision d’Etat a également montré des images d’hommes en civil qui tiraient sur la population, dans une ville qui était identifiée comme Hama. Je n’ai rien vu de tel en dix jours de présence sur place.

      Tiens un qui entre clandestinement et donc se cache… a une vue d’ensemble d’une ville… comment-fait-il ???

      http://www.tsr.ch/info/monde/3310458-un-journaliste-de-la-rsr-entre-clandestinement-en-syrie.html

      Puis cerise sur le gâteau : A Al-Rastam, j’ai moi-même été photographié par les forces de sécurité qui m’observaient depuis un bâtiment et elles ont arrêté le véhicule dans lequel je circulais. Comme nous les avions repérées, j’en étais déjà sorti, mais le chauffeur a été interrogé.

      Chose que fait aussi la police en Suisse quand ils contrôlent lors d’un doute…

  5. K. al Kourdi dit :

    Actuellement Valérie Crova de France Inter se trouve en Syrie, et ce depuis quelques jours : http://www.france-info.com/monde-moyen-orient-2011-08-05-syrie-le-fosse-se-creuse-entre-partisans-et-opposants-de-bachar-al-554413-14-19.html

    Par ailleurs Alain Gresh du Monde diplomatique se trouvait en Syrie il y a peu (peut-être y est-il encore) et il est notamment passé à Hama : http://www.monde-diplomatique.fr/2011/08/GRESH/20875

  6. D. Débora dit :

    Je revis (avec horreur)ce que la Côte d’Ivoire vient de vivre (et continue d’ailleurs de vivre). Il faut espérer que le chaos actuel, signant l’échec des coalitions meurtrières, met du courage au coeur des Lybiens et des Syriens qui se battent pour préserver leur pays.
    Merci à vous , combattants de la Vérité.

  7. Simone dit :

    Je confirme ce qui a été dit par Francesco. La journaliste italienne Antonella Appiano était en Syrie dès Mars dernier, elle y est restée jusqu’en début Juin, puis à nouveau deux semaines en Juillet. Elle a publié ses reportages sur son blog http://www.conbagaglioleggero.com et le magazine en ligne Lettera43. Elle est maintenant en Italie, où elle travaille sur un livre pour raconter son expérience extraordinaire en Syrie.

    • fabrizio44 dit :

      Merci. J’ai vu son « Diario da Damasco » et ce matin en directe le programme RAI 1 mattina. Maintenant j’attend pouvoir lire son « travail » possiblement traduit en Français et Englais.

Commenter D. Débora