• Décryptage
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Tout vient à point à qui sait attendre : le mystérieux Rami Abdel Rahmane, patron de l' "Observatoire syrien des droits de l'homme" (OSDH) - qui a donc le quasi-monopole de la fourniture des bilans chiffrés de la contestation syrienne - sort - un peu - de l'ombre. Nous n'osons croire que nous sommes pour quelque chose dans cet "outing"  - et nous espérons vraiment que nous n'avons pas été les seuls, dans l'immensité de la sphère médiatique, à nous [...]



Rami Abdel Rahmane s’efforce de prouver son existence – et son objectivité

Par Guy Delorme,



Etonnant de pouvoir informer le monde entier depuis un site disponible uniquement en arabe...

Etonnant de pouvoir informer le monde entier depuis un site disponible uniquement en arabe...

Tout vient à point à qui sait attendre : le mystérieux Rami Abdel Rahmane, patron de l’ « Observatoire syrien des droits de l’homme » (OSDH) – qui a donc le quasi-monopole de la fourniture des bilans chiffrés de la contestation syrienne – sort – un peu – de l’ombre. Nous n’osons croire que nous sommes pour quelque chose dans cet « outing »  – et nous espérons vraiment que nous n’avons pas été les seuls, dans l’immensité de la sphère médiatique, à nous poser des questions aussi « basiques » quant à l’identité, aux moyens et aux intentions de ce (dés)informateur ! Ajoutons que sur son site – disponible uniquement en arabe – l’OSDH annonce que son directeur est actuellement victime d’une « campagne de dénigrement (…) des moukhabarats (services de sécurité syriens, Ndlr) et des mercenaires« . On suppose qu’Infosyrie.fr occupe une place en vue au sein de ces « mercenaires« .

Donc l’homme, dont nous avons pu penser qu’il pourrait être installé à Stockholm (voir nos articles des 18 et 25 juillet, et du 2 août, ainsi que le démenti à la fin de cet article), vient d’accorder un entretien à l’AFP pour la chaîne francophone TV5 – et le site du quotidien libanais L’Orient-Le Jour. C’est le correspondant de Nicosie (Chypre) de l’AFP qui a recueilli ses confidences.

Quand nous disons que R.A. Rahmane sort de l’ombre, tout est relatif : l’entretien a été réalisé par téléphone. On y apprend peu, mais les informations sur cet homme-clé de la crise syrienne étaient jusqu’à présent si rares que nous ne pouvons nous montrer trop exigeants.

200 portables démocrates contre Bachar al-Assad 

Alors voilà, Rami a(urait) 40 ans et serait né à Banias, sur la côte syrienne. Il est entré en dissidence bien avant le mouvement actuel puisque, à l’en croire, c’est à l’âge de… sept ans que lui serait venue sa vocation de dénonciateur des turpitudes du régime baasiste : « J’ai vu ma grande soeur battue par des agents de sécurité » explique-t-il.

33 ans donc après cet incident fondateur, R.A. Rahmane tient sa revanche : son « observatoire » théoriquement basé à Londres, centralise les informations qui lui sont fournie par un réseau de 200 – pas plus pas moins – collaborateurs bénévoles – des « militants syriens des droits de l’homme » . Qui donc l’informent « minute par minute » des événements sur place. Parce que Rahmane – comme tous les cyber-dissidents en vue – n’est évidemment pas sur place – il est « loin de son pays » selon l’AFP -, mais il est – qu’on se rassure – le seul militant du réseau OSDH à vivre à l’étranger. Etonnant d’ailleurs cette « solitude » alors que, comme le fait remarquer un de nos lecteurs, les pays occidentaux fourmillent apparemment de défenseurs syriens ou arabes des droits de l’homme, en exil permanent et actif !

Comment fonctionne ce réseau ? Les 200 « honorables correspondants » – des « gens normaux » dixit Rahmane – sont reliés au directeur de l’OSDH par le réseau de téléphonie internet Skype, sans oublier les incontournable Facebook et Twitter, mais aussi par les courriels… et des portables utilisant des numéros cachés. Naturellement, pour des raisons de sécurité, les 200 ne se connaissent pas entre eux.

Comme l’écrit le journaliste de l’AFP, « l’OSDH s’est imposé dans le paysage médiatique international comme l’une des principales sources d’information sur le mouvement de contestation qui vise depuis plus de quatre mois le régime syrien. » En français, on appelle ça une litote : l’OSDH  est quasiment le seul fournisseur de chiffres concernant les victimes de la répression – au nombre desquelles ne figurent pas, ou ne sont pas décomptées les victimes civiles ou militaires des opposants armés, l’OSDH fournissant toujours un bilan global de victimes civiles, toutes présumées innocentes, pacifiques et opposées au régime Bachar. C’est aussi à lui qu’on doit les chiffres, impressionnants autant qu’invérifiables et invraisemblables, sur les rassemblements de l’opposition – « 500 000 à Hama« , « Un million 200 000 à Hama et Deir Ezzor » (voir notre article « La calculette de R.A.Rahmane s’affole »).

Il est donc on ne peut plus normal qu’on se pose et repose des questions sur l’identité, les soutiens et les vues politiques du détenteur de ce monopole. L’AFP se croit obligée d’indiquer que R.A. Rahmane a « des opposants » qui l’accusent d’appartenir à la confrérie syrienne des Frères musulmans et de travailler donc pour eux. Lui répond : « Je suis indépendant. Je n’appartiens pas aux Frères musulmans, ni au parti communiste » (lequel PCS est associé au Baas au sein du Front National Progressiste, soit dit en passant). Rahmane se décrit – ça ne mange pas de pain -comme un simple « militant des droits de l’homme », et se réclame de Michel Kilo, journaliste et politologue syrien, et opposant de longue date au régime baasiste, qui a notamment été emprisonné de 2006 à 2009 pour ses critiques contre le manque de démocratie et la présence syrienne au Liban. Effectivement, par ses positions pro-démocratie, sa neutralité religieuse, sa stature intellectuelle et les risques qu’il a couru, Kilo est une référence commode pour tout opposant, cyber ou pas.

L’AFP n’hésite pas à louer la « prudence » de R.A. Rahmane dans le traitement des infos qui lui parviennent de Syrie. Vraiment ?  Où est la « prudence » quand les rédactions de France et d’ailleurs sont ravitaillées quotidiennement – et plusieurs fois par jour – de chiffres de tués, en provenance des quatre coins du pays, quand l’opinion internationale se voit asséner chaque vendredi qu’Allah fait, des estimations mirobolantes à propos de manifestations ne réunissant jamais moins, à Hama, de 500 000 personnes – soit la quasi-totalité de la population de la ville, une fois qu’on a décompté les enfants ! 

Au fait, Rami Abdel Rahmane, mythe ou réalité ?

En résumé, on reste sur sa faim au terme de cet entretien retranscrit. Et pour cause, rien de ce qu’avance R.A.Rahmane – enfin, pour être précis, l’homme qui a accordé l’entretien téléphonique au correspondant de Nicosie de l’AFP – n’est vérifiable : il en va de ses 200 correspondants comme des 140 ou 150 victimes civiles de la répression à Hama à l’ouverture du Ramadan, on est obligé de le croire sur parole. Idem en ce qui concerne son « indépendance », notamment financière. « Nous ne recevons de l’argent de personne » affirme-t-il. Ou alors seulement des 200 – ou 199 – membres de son réseau, dont il a pourtant précisé qu’ils étaient des « gens normaux » avec donc sûrement des moyens normaux…

Si au moins, « ce » Rami Abdel Rahmane acceptait de donner un entretien vidéo, à visage découvert – depuis son exil londonien – on serait d’avantage convaincu de son existence, et donc de son honnêteté.

Le Rami Abel Rahmane de Stockholm, que nous avions mis en cause sur la base des informations dont nous disposions, vient de publier une sorte de démenti officiel sur son blog (voir ci-dessous) : pour lui, il y a deux R.A. Rahmane, un Syrien de Londres, et un Jordanien de Stockholm (lui). Dont acte, mais nous maintenons que le programme de formation auquel il travaille depuis la Suède – le YLVP – a pour but d’aider, via les médias du net, à conduire des changements dans les pays arabes, et qu’un cyber-dissident déclaré comme Wissam Tarif est associé à ce même programme. Il y a là de quoi se poser – toujours – des questions.

Mais osons, à ce stade, une hypothèse audacieuse : le Rami Abdel Rahmane de l’OSDH de Londres existe-t-il vraiment ? N’est-il pas une création  de toutes pièces d’officines secrètes ou discrètes, un « avatar » servant à diffuser des fausses nouvelles comme Internet permet d’en diffuser tant. Le niveau atteint par les technologies – et aussi par l’hystérie anti-Bachar – rendent plausible cette éventualité. Après tout, sur le sujet, on n’en est pas à la première manipulation !

 

Voici à présent le démenti de R.A. Rahmane de Stockholm dont nous faisions état plus haut :

There are 2 Rami Abdelrahman, I am not the Syrian one!

Recently there has been another Rami Abdelrahman whose being quoted a lot in the media regarding what is happening in Syria. Apparently, the other Rami Abdelrahman is a Syrian based in London and working for a Human Rights Observatory. I am not him, I have never been in touch with him and I am not an expert on Syria.I am from Jordan and I am based in Stockholm, Sweden. I have been working as a journalist since 1999, both in Jordan and in Sweden, but never anything related to Syria. I did meet Syrian activists on many occasions where I met activists from the Middle East and North Africa, but it is very important to highlight that there are TWO Rami Abdel Rahman. I am the Jordanian one in Sweden. Not the Syrian one in the UK.I am writing this after I received one call from a Croatian journalist who thought I was the Syrian one. The other reason is that infosyrie.fr also had some doubts about the two identities. Thankfully they cleared the issue here http://www.infosyrie.fr/decryptage/mais-enfin-qui-est-et-ou-est-rami-abdel-rahmane/. And I am in touch with them to make sure that they see that we are two different persons and that I am not the one dealing with Syria.

 

 



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7 commentaires à “Rami Abdel Rahmane s’efforce de prouver son existence – et son objectivité”

  1. shamsi dit :

    Un truc me chagrine « the other Rami Abdelrahman is a Syrian based in London and working for a Human Rights Observatory. I am not him, I have never been in touch with him and I am not an expert on Syria. »
    Il pourrait demander des précision à son camarade de promo du YLVP Wissam Tarif.?..

    Votre hypothèse d’un « personnage » crée de toute pièce est intéressante..

    Vidéo de la journée ..PAS VU A LA TELE
    des militaires syriens prise sous les tirs « pacifistes à Banias fin juin
    http://www.youtube.com/watch?v=tQ7iaToZuIM
    en attente de l’authentification d’une autre bien plus explicite

    Manif pacifistes on a dit…

  2. averoux dit :

    Ce site syriahr.com a des relents d’imposture.

    Je ne lis pas l’arabe, et dois me faire traduire les pages. Je ne trouve, comme l’a observé shamsi, quasiment que des dépêches d’agences.

    Au milieu de la page principale, je n’ai vu que des dépêches, principalement de l’AFP.

    Colonne de droite:
    Premier lien en haut (tête d’une demi colonne de sous-liens):
    http://www.syriahr.com/News%20of%20the%20homeland.html
    On s’attend à quelque rapports d’observation des 199 membres du réseau en Syrie.
    Or on tombe sur des titres totalement anodins dans le plus pure style des titres de dépêches des agences de presse GOUVERNEMENTALES syriennes, sans aucun lien avec les droits de l’homme !!!!
    Quand les liens marchent, ce sont des dépêches sur les prix de la viande, la hausse du coût de la vie ou des faits divers… Sans aucun lien avec la « révolution ». Veulent-ils nous faire croire par là que la « révolution » est strictement à usage extérieur, mais qu’à l’intérieur du pays tout est calme ? Un comble ! On ne veut pas le croire !

    Demi colonne du bas:
    http://www.syriahr.com/Interviews.html
    ce ne sont que des dépêches de presse, y compris les interviews téléphonique du directeur de l’OSDH par l’anonyme de l’AFP.
    Le plus récent est du 30 juin 2011 : rien à voir avec la vitalité d’infosyrie !

    Colonne de gauche:
    En haut:
    http://www.syriahr.com/articels.html
    rien d’original : des articles pompés à l’extérieur.
    Le plus récent est du 26 juin 2011

    Plus bas, à mi colonne:
    http://www.syriahr.com/Statements%20Syrian%20Observatory%20of%20Human%20Rights.html
    Même cette partie est principalement une reprise des dépêches qui citent Rami Abdel Rahmane, comme l’a remarqué shamsi, même si ça et là, on trouve de l’original.
    Il est extrêmement bizarre qu’une organisation, dans la partie titrée « nos déclarations » cite des agence citant la dite organisation.
    Voit-on Amnesty fonctionner de la sorte ?

    Enfin tout en bas:
    http://www.syriahr.com/Statements%20organizations%20and%20parties.html
    rien d’original par définition

    BREF, ce site flaire l’IMPOSTURE !

    Qu’en pensent les Syriens? Les Arabes? Ceux qui lisent l’arabe?

    Élément que je trouve bien étrange, c’est la quasi absence de réponses aux posts de cet « observatoire » sur sa page Facebook.
    Pour un agitateur utilisant Facebook, quel échec ! Qui contraste avec son succès auprès de l’anonyme correspondant de l’AFP à Nicosie ! Et avec le retentissement qu’ont ses dépêches dans toute la presse occidentale !

    Autre étrangeté, sur son site Youtube. 41 vidéos dont la plus récente est du 16 juin et n’est que l’enregistrement d’une émission de télé. Ces vidéo sont peu vus (la plus vue a eu moins de 4000 visionnages d’après Youtube.) Mais qu’est-ce qu’il font, les 199 correspondants en Syrie, avec leurs moyens High tech ? Ils ne prennent aucune photo ? Aucune vidéo ? Depuis plus d’un mois et demi ?

  3. joujou dit :

    on peut creer un caracter de toute piece si on veut et ne soyez pas surpris si dans les jour avenir on veut montre qq comme rami abdelrahman. si on suit les dissents syrien qu’on voit sur bbc ou al jazera on peut remarque des points en commun entre eux: des criminels qui ont fuit la syrie pour des condamnation criminels et pas politique, jundi, saker sont des criminel, et des voleurs. meme quorabi c’est qq qui a fait paye qq pour une implantation de rein sans faire l’operation pour lui .
    chercher l’histoire c’est plein de surprises!

  4. Rensk dit :

    Comment se fait-il qu’ Rami Abel Rahmane de Stockholm vous réponde en anglais ?

    Il vous a trouvé comment ? Respectivement avez-vous un miroir en anglais (mais pas en arabe ?) ?

    Qui lui a dit que vous parliez de lui ??? L’ambassade ?

  5. Best dit :

    Je ne sais pas ce que vous cherchez a faire mais ceci n’est pas du journalisme. Vous agissez aussi bassement que ceux qui cherchent a denigrer les morts et l’appel a la liberte du peuple syrien. Vous ne respectez pas les valeurs du journalisme car votre discours est plein de haine. Votre aricle n’est ni de bonne foi, ni honnete. Finalement, c’est l’empathie qui compte avec ceux qui souffrent de n’importe quel bord. Je ne la retrouve pas chez vous.

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