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Échec caractérisé de la trêve, et pas de processus politique qui ne soit conduit par les Syriens eux-mêmes ! Tels sont les éléments principaux qu'on peut retirer de propos qu'il a tenus à des diplomates européens voici quelques jours, et que rapporte  le  journal libanais al Akhbar dans un article paru le 5 juin, et traduit pour Infosyrie par notre collaborateur Mohamed. Annan, si les propos rapportés sont bien les siens - a priori ils nous paraissent plausibles - a [...]



L’état d’esprit de Kofi Annan, au 6 juin

Par Mohamed & Louis Denghien,



Échec caractérisé de la trêve, et pas de processus politique qui ne soit conduit par les Syriens eux-mêmes ! Tels sont les éléments principaux qu’on peut retirer de propos qu’il a tenus à des diplomates européens voici quelques jours, et que rapporte  le  journal libanais al Akhbar dans un article paru le 5 juin, et traduit pour Infosyrie par notre collaborateur Mohamed. Annan, si les propos rapportés sont bien les siens – a priori ils nous paraissent plausibles – a le sentiment que le début d’applicaton de son plan est rendu impossible par la « rigidité » des deux parties en présence, avec cette circonstance aggravante de la déconnection de fait du CNS, ou du CCCND – des groupes armés, dont Annan dit de façon euphémistique qu’ils ont une identité « ambigüe ». Sinon, après aavoir reconnu le rôle déterminant d la Russie dans l’éventuelle solution de la crise syrienne – et blâmé un certain extrémisme diplomatique de l’Union européenne – Annan insiste qu’on demande beaucoup, et même trop, aux observateurs de l’ONU en Syrie, qui ne sont pas une force classique, comme on a pu en voir au Liban ou en Bosnie, de maintien de la paix, avec armes et véhicules blindés. Ce « on » désigne les Occifdentaux.

Bref, Annan est de plus en plus conscient des limites de la construction théorique de son plan, mais il s’y accroche néanmoins.

 

Kofi Annan, après son départ de la Syrie, a confié à des diplomates européens ses impressions et ses principales conclusions quant à sa mission et son avenir. Son discours est articulé autour de quatre points principaux :

La « rigidité » des uns et des autres
1/ Concernant un éventuel lancement du processus politique, Annan estime qu’il ne peut aller de l’avant, et que de toute façon qu’il n’est plus pressé ni ne peut s’enthousiasmer pour un processus politique que ne conduisent pas les Syriens eux-mêmes.
Annan donne la raison principale qui le pousse à croire que ce moment du démarrage du processus politique n’est pas arrivé, à savoir ce qu’il considère comme la grande ambiguïté qui entoure l’identité des groupes de l’opposition opérant sur le terrain en Syrie.
L’un des exemples apportés par Annan est que l’opposition interne souffre d’une grande crise structurelle, elle semble plus pragmatique, mais elle est « malade » de l’existence d’un gouffre entre elle et le mouvement en cours sur le terrain. Le régime, pour sa part, selon son observation, souffre d’une crise intrinsèque, car il continue la politique du déni, et ne se montre pas prêt à faire preuve de bonnes intentions, malgré qu’il a été capable de prendre certaines mesures, comme la libération des détenus et le libre accès aux aides humanitaires.

Annan propose, pour lever cette ambiguïté (de l’opposition), d’adopter une méthodologie différente avec l’opposition : sur le plan international, au lieu de l’encourager à une union organique, ce qui est impossible, il faut l’encourager à unifier sa vision.

Concernant le régime, Annan a transmis au président Al Assad, lors de sa rencontre avec lui, ce qu’il a appelle la « grande inquiétude de la communauté internationale« , motivée par l’augmentation de la violence en Syrie, et il a attiré son attention sur les risques qui peuvent découler de la rigidité des positions.

Lors d’une réunion de M. Annan avec Hassan Abdel Azim, l’un des dirigeants de la Coordination nationale (CCNCD, opposition anti-Bachar et anti-CNS, Ndlr), impliquée dans l’opposition de l’intérieur, le premier a mis en garde le second contre la gravité de la rigidité dans les positions, mais ce dernier, malgré son attachement au plan Annan, a exprimé le durcissement de ses positions par l’exigence de la concrétisation de quatre points : contraindre le régime à l’application des six points du plan Annan, obtenir un arrêt total de la violence, l’autorisation des manifestations pacifiques avant d’entamer aucun dialogue, plus le refus de la Coordination nationale de toute intervention étrangère dans la question syrienne.

2/ Annan reconnaît que sa mission, suite à la situation politique ambigüe et la poursuite du durcissement des positions des parties, a échoué dans la réalisation de la trêve, et il estime que l’impasse politique fait que l’instauration d’un mécanisme d’accalmie est chose difficile. Par conséquent, Annan reconnaît qu’il est devenu plus conscient des critiques adressées à son plan, en plus de l’échec éventuel qui le guette.

Incontournable Russie, maladroite Europe

3/ Sur la dimension internationale de la crise, Annan estime qu’on ne peut ignorer que la Russie est un partenaire incontournable. C’est pourquoi il faut continuer à collaborer avec elle, et reconnaître le rôle de Moscou dans le façonnement de l’avenir de la Syrie.

D’autre part, Annan n’approuve pas la politique de l’Union européenne de réduire les canaux de communication avec le régime syrien, par la fermeture de leurs ambassades européennes à Damas, ce qui ne va pas contribuer à changer les positions du régime. De plus, il considère que le gouvernement syrien ne se soucie pas de l’expulsion de ses ambassadeurs européens.

Les bérets bleus, même casqués, ne sont pas des casques bleus !

4/ Au sujet de la mission des observateurs, Annan en veut un peu à ceux qui lui demandent des comptes sur l’efficacité des observateurs en ce qui concerne la cessation de la violence, ou à la réduction de son intensité. Annan considère que l’opinion dominante chez les pays dits « amis de la Syrie » envers la mission Annan est erronée. Et il a tenu, lors de sa visite à Damas, à rencontrer les membres de la direction des observateurs pour leur transmettre sa clarification de la nature de leur mission, et il leur a dit en substance que la mission des observateurs est « le contrôle du respect du cessez-le- feu, et non la mise en oeuvre du cessez-le-feu ». Les propos d’Annan sont considérés comme une réponse à la méthodologie adoptée par les observateurs de l’ONU en Syrie, lesquels considèrent que la diminution relative du niveau de violence, depuis leur arrivée sur le terrain, est une des succès de la mission, alors que selon Kofi Annan ce genre d’objectif est plutôt dans les attributions des forces de maintien de la paix de l’ONU (casques bleus armés). Annan estime quant à lui qu’on ne peut pas envoyer des forces de maintien de la paix (sous l’article 6), avant de réaliser le cessez le feu, et c’est ainsi que la mission des observateurs est sans précédent et sans exemple, dans l’histoire des missions des forces de maintien de la paix de l’ONU. Annan veut ainsi rétablir le travail de la mission des observateurs, en Syrie dans son contexte (très) particulier.

Source : article du journal libanais Al Akhbar, publié le 05 juin 2012, http://www.al-akhbar.com/node/94736 et traduit pour les lecteurs d’Infosyrie par Mohamed Ouadi.

 

Annan reproche aux Occidentaux de confondre - ou de feindre de confondre - ses observateurs avec de vrais casques bleus armés et équipés pour le maintin de la paix



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14 commentaires à “L’état d’esprit de Kofi Annan, au 6 juin”

  1. joseph cotton dit :

    David Ignatius soutient que Annan a un autre tour dans son sac.
    Un plan qui incluerait l’Iran et la Russie et demanderait à Bashar Al Assad de céder le pouvoir.

    http://www.realclearpolitics.com/articles/2012/06/06/a_road_map_for_syria_114390.html

    • RoyL dit :

      S’il vous plait *comparez*: le clown et nouvelliste du Washington
      Post versus la référence que j’ai donné ici en bas.

      (On est en juin, pas en avril — et surtout pas le premier.)

    • FRANCOSYRIEN dit :

      Si ce plan est exécuté ce sera catastrophique pour la Syrie et l’influence russe dans le monde.Pour la Syrie il y aura là certainement une guerre civile et meme un grand risque de diviser le pays en plusieurs petits Etats à base Ethnique et Confessionnelle c’est-à-dire exécuter le plan de la France il y a presque un siècle.Ce que se passe actuellement en Syrie n’a rien de guerre civile ce n’est qu’une volonté mais cette fois farouche de certains pays pour déstabiliser la Syrie et meme la détruire pour des raisons stratégiques et certainement pas démocratiques.Depuis quand des pays comme l’arabie séoudite ou le quatar qui ne connaissent meme pas le sens de la liberté et la démocratie ont le droit de les exiger des autres.il faut donc chercher les vraies raisons cachées derrière.Quant à la Russi si elle accepte ce plan elle ne perdra pas seulement la Syrie mais toute influence et meme prestige international car en acceptant ce plan elle offre aux Etas Unis la Syrie sur un plateau et donc la domination du monde.En suite la crédibilité de la Russie sera complètement détruite et aucun pays ne lui fera plus jamais confiance car elle lache toujours ses amis.Enfin elle offre le moyen pour etre encerclée.

      • Purpan dit :

        Tres bel argumentaire FrancoSyrien.

        Moi ils me font rire tous ces détracteurs. Ça fait 1 an que Bachar al Assad a le soutien de la Russie et ils croient que du jour au lendemain, la Russie se dit : « ah beh non, je le lâche ! J’ai mis 2 VETO pour rien ! »

        Soyons sérieux.

        Quand la Russie dit « c’est au peuple Syrien de choisir son président » c’est dans le sens : on demande a la Syrie de mettre en place des institutions démocratiques (acceptées par le régime tient donc!) et le choix des Syriens se fera par la suite. Mais l’État Syrien ne sera pas affaiblit.

        Alors que les occidentaux demandent le départ de Bachar al-Assad comme préalable a toutes reformes et puis on veillera a mettre en place une démocratie a la Libyenne, l’État Syrien en sortant ainsi surement très affaiblit ce qui est l’objectif.

        Le sens de la phrase est complétement opposé et je ne vois pas comment un consensus peut se trouver en l’état actuel des choses.
        M’enfin, les Américains essaient de gagner du temps sur les 2 tableaux, Syrie et Iran, car les élections approchent et bloquent toute initiative interventionniste.

  2. RoyL dit :

    Si Annan a des problèmes d’*état d’esprit* on lui conseille de
    consommer plus de chocolat par exemple, lequel stimule la
    libération d’endorphines, opiacés naturels du corps. Pour le
    reste mieux regarder ici:

    Lecture OBLIGATOIRE pour ceux qui savent l’anglais:

    http://www.voltairenet.org/The-set-up-massacre-and-the

    The set up massacre and the American fingerprint
    by Wassim Raad [@ New Orient Center for Strategic Policies]
    Beirut (Lebanon) | 5 June 2012

    [… T]HERE IS NO POLITICAL PROCESS AVAILABLE OTHER THAN DIALOGUE
    AND THE BALLOT BOXES, while all the other talk is mere nonsense
    to lift the destroyed morale. […]

  3. sowhat dit :

    Annan est juste un paravent par conséquent tous les propose ou les intentions qu’on lui prêtent n’ont aucune valeur. De plus ce type n’a aucune sorte d’épaisseur morale, par le passé il a été dans tous les cous tordus qu’on à fait jouer à l’ONU et il est personnellement impliqué dans plusieurs scandales.

  4. LANDER dit :

    kofi annan à été 10 ans secrétaire général des Nations unies, son bilan massacres de Cana, Jenine, attentats du 11 septembre il a un prix nobel de la paix pour bonne collaboration avec les usa pour envahir l’Afghanistan, guerre contre l’Irak, querre contre le Liban.

    Il a jamais réagi, que veut il faire aujourd’hui.

  5. SORISHARIF dit :

    Pour les arabophoneS , écoutez et regardez Ahmad Shlash aves un grand plaisir .
    https://www.youtube.com/watch?v=r2Uv_lSkVls&feature=autoplay&list=UUYXf7iERaGNxFNe-E1QVxqw&playnext=1

  6. GeorgesMohamedAli dit :

    Il faut qu’Assad à la fin de son mandat prépare les terrains pour voir arriver à la tête de la de Syrie un vrai patriote progressiste, laïque, moderne et non sectaire qui pourra redresser le pays, éliminer la peste islamique une fois pour toute et le préparer pour récupérer le Golan et Eskandona….

    Seriz-vous d’accord avec cela?

    • mécréante dit :

      Absolument d’accord GMA,
      vous avez qlq en tête ?
      Moi non !
      Peut être que lui oui !!

      • betehem dit :

        J’espère bien qu’il a qq chose en tête, Bashar.
        Ca serait encore mieux, à mon sens, s’il laissait à son éventuel successeur à la Présidence, élu par le peuple légalement, un pays débarrassé des terroristes et étrangers bellicistes. Il restera encore bien à faire, le nouveau président aura de quoi s’occuper très largement.
        D’ailleurs, après son discours, après avoir encore une fois tendu les mains en acceptant des ONG douteuses sur le territoire Syrien, après ce nouveau massacre, réaction immédiate pour le faire méjuger encore, qu’attend-il ?
        Mais que lui faut-il encore pour en finir avec les terroristes ?

    • Akyliss dit :

      d’accord aussi GeaorgesMohamedAli, mais il y aura des élections et il faudra trouver une très bonne personne tel que Bashar El Jaafari par exemple ?

    • NO PASARAN dit :

      Vous êtes un vrai rigolo, vous !!! Tous les adjectifs décrivent en effet… Bachar el Assad lui-même!!! Il aurait fallu écrire « un autre » au lien « d »un vrai »…

      (Mais vous avez raison sur un point : pour Iskandarun, je crois en effet que le président actuel considère cela comme de l’histoire ancienne et ne compte pas récupérer cette région à tout prix… Evidemment, on peut pas plaire à tout le monde, donc vous devez continuer à trouver votre candidat parfait !!!)

  7. RoyL dit :

    http://sana.sy/fra/55/2012/06/07/424056.htm

    Bogdanov: Le refus par l’opposition syrienne de mettre en
    exécution le plan Annan ne signifie pas son échec
    07 Juin 2012

    [vice-ministre des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov] « Nous
    condamnons les déclarations sur l’échec du plan d’Annan, le
    considérant infructueuses », a souligné Bogdanov dans une
    déclaration aux journalistes. […]

    ***

    De plus, une situation d’*impasse* dans ces conditions devrait
    finalement permettre au Président Assad de nettoyer la Syrie des
    terroristes de façon LÉGALE (à épreuve de bonze, de crocodile en
    larmes et de laquais).

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