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Le Monde a demandé, ce 13 avril, son avis sur les derniers développements de la situation en Syrie à Fabrice Balanche, un spécialiste de ce pays, qui a écrit les livres "La région alaouite et le pouvoir syrien" (Éd. Karthala) et  l'"Atlas du Proche-Orient arabe" (P.U.F.), et par ailleurs directeur d'un "Groupe  de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient". En janvier dernier Balanche avait accordé au site du quotidien La Croix un entretien, plutôt objectif, en tous [...]

"Aujourd'hui, le régime syrien sort renforcé de l'épreuve"

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L’universitaire Fabrice Ballanche dit au Monde des vérités pas bonnes à entendre pour Alain Juppé (et bien d’autres)

Par Louis Denghien,



Fabrice Balanche : un regard sur la Syrie d'une lucidité désespérante - pour Juppé et les désinformateurs

Le Monde a demandé, ce 13 avril, son avis sur les derniers développements de la situation en Syrie à Fabrice Balanche, un spécialiste de ce pays, qui a écrit les livres « La région alaouite et le pouvoir syrien » (Éd. Karthala) et  l' »Atlas du Proche-Orient arabe » (P.U.F.), et par ailleurs directeur d’un « Groupe  de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient ». En janvier dernier Balanche avait accordé au site du quotidien La Croix un entretien, plutôt objectif, en tous cas mesuré, sur les problèmes communautaires à Homs et dans le reste de la Syrie.

Une armée « nationaliste« 

Pour Le Monde.fr, L’universitaire et essayiste expose une analyse et des vues assez nettement hostiles au régime al-Assad. Il met nettement en doute l’efficacité des sanctions économiques prises contre la Syrie, et plaide en conséquence pour une intervention militaire. Quitte à ajouter immédiatement que (hélas ?) « aucune intervention militaire n’est envisageable dans le contexte géopolitique actuel ». A cause évidemment du véto russe, mais aussi des échéances présidentielles aux Etats-Unis et en France (pays décidément jumelés, dont Balanche dit d’ailleurs qu’ils avaient vocation a diriger une telle action militaire). Et puis la Turquie, ajoute-t-il, n' »interviendra pas seule« .

Donc, pas d’intervention à la libyenne. D’autant que, explique Fabrice Balanche, en Syrie, contrairement à la Libye, « l’armée syrienne est restée unie et fidèle au régime« . Pourquoi, au fait ? D’abord, les responsables militaires sont choyés par le régime depuis toujours : sans doute, M. Balanche, mais les officiers subalternes, les sous-officiers et les hommes du rang ? Et puis il y a l' »alawit connection » : mais l’armée syrienne n’est pas, ne peut pas être, monopolisée tout entière par cette communauté minoritaire. Avec une certaine honnêteté, notre universitaire explique aussi cette fidélité par un argument plus noble : les cadres de l’armée et de la police sont aussi « des nationalistes qui ne veulent pas que la Syrie tombe sous l’influence de puissances étrangères : la Turquie ou l’Arabie séoudite, le Qatar« . Oui, et il n’y a sans doute pas que les hauts-gradés pour avoir cette fibre « nationaliste ». Sachons donc gré à Fabrice Balanche de souligner cet aspect qui n’a apparemment jamais été mis en avant, ni même mentionné, par les journalistes et analystes de nos télévisions et radios françaises, assez peu nationalistes eux-mêmes, il est vrai.

Du CNS vu comme parti de l’Étranger

Fabrice Balanche se penche ensuite sur le cas de l’opposition syrienne, et se fait au moins aussi sévère : après (pas mal) d’autres, il pointe ses divisions, et distribue les mauvais points. Ainsi, le CNS est-il « peu crédible en Syrie parce qu’il s’agit d’exilés depuis des décennies (n’est-ce pas M. Ghalioun, n’est-ce pas Mme Kodmani ?) et qui donc ont perdu tout contact avec la réalité du terrain et la population syrienne« . Balanche va plus loin et a cette phrase assassine : « Par ailleurs, le fait de s’afficher avec Hillary Clinton, Alain Juppé, avec les monarques séoudien et qatari, les discrédite (les gens du CNS) aussi auprès de la population syrienne qui est très nationaliste et qui les considère comme des traîtres« .

Ceci – rudement – posé, Balanche se livre à une rapide radiographie politique de cette opposition radicale : les comités locaux de coordination, que l’universitaire dit « souvent influencés par les islamistes« , et qu’il oppose d’ailleurs aux comités de coordination non islamistes, qui, à l’entendre veulent un mouvement pacifique et seraient même prêts à dialoguer avec le régime : Balanche doit faire là allusion à la tendance de Haytham al-Manaa. On rappellera à M. Balanche que les Frères musulmans sont bien placés aussi au sein du CNS à Istambul.

Balanche pointe encore le manque cruel d’une personnalité charismatique et légitimée aux yeux de la population syrienne, et capable de s’imposer comme leader face à Bachar al-Assad.

La Syrie auto-suffisante économiquement

Balanche revient ensuite sur l’impact des mesures de sanction économiques décidées par les Occidentaux. Et là il est catégorique : « L’économie syrienne est affaiblie mais elle n’est pas dans un état catastrophique« . Par ce que, explique-t-il, ce pays a »l’habitude de vivre sur des ressources propres : elle est auto-suffisante d’un point de vue alimentaire, d’un point de vue énergétique et elle dispose d’une industrie manufacturière (textile, pharmacie, chimie, etc) qui permet de combler les besoins de la population« . Impitoyable (pour les rodomontades juppéennes en la matière), Fabrice Balanche ajoute que le régime disposait, voici un an, de 17 milliards de dollars (13 milliards d’euros) de réserves, et qu’il a donc de quoi voir venir, et de payer ses fonctionnaires civils et militaires. En outre, Damas peut compter sur le marché irakien et l’aide à exporter son pétrole, et reçoit une aide financière de l’Iran.

De là, Balanche passe au soutien de la Russie dont il pense qu’il se maintiendra tant que le régime « montrera sa capacité à rétablir l’ordre« . Et puis Moscou compte d’avantage sur Bachar que sur le CNS pour maintenir ses positions, économiques et militaires, dans le pays.

Un régime sorti renforcé de l’épreuve

Un des passages particulièrement « croustillants » de l’entretien est celui où notre spécialiste aborde le bilan de la répression et dit, dans un élan d’honnêteté intellectuelle à faire dresser l’absence de cheveux d’Alain Juppé : « Il faut être réaliste : on n’a pas en face de nous un génocide« . Et sur la possibilité d’un dialogue politique entre Bachar et le CNS, Balanche est là aussi très clair, et pas médiatiquement correct : « L’opposition extérieure, le CNS, dit-il, refuse toute négociation parce qu’elle n’a pas d’autre stratégie que la confrontation« . Parce que ces gens pensent que le régime va s’écrouler et, note cruellement Balanche, le répète religieusement depuis le début de la crise. Or, « il faut se rendre à l’évidence que ce n’est pas le cas » dit l’universitaire qui ajoute : « Aujourd’hui, le régime sort renforcé de l’épreuve ». Et, à propos du cessez-le-feu, Balanche dit clairement que le CNS fera tout pour faire capoter le plan Annan, à cause de sa logique de confrontation radicale.

Quand Le Monde s’inquiète de la partialité des médias sur la Syrie !

Étonnant entretien où l’on voit même Le Monde poser in fine une question iconoclaste, et même embarrassante pour la corporation journalistique, Monde compris : « Pourquoi les reportages ne parlent-ils jamais des syriens qui ne sont pas du côté des rebelles ? » Tout simplement, répond Balanche, « parce que nous sommes dans une guerre médiatique contre le régime syrien ». Et, dans cette guerre, tant les médias « panarabes » comme al-Jazeera que les médias occidentaux ont un parti-pris dans ce conflit.

Dernière question du Monde sur les conséquences d’un possible échec du plan Annan : eh bien, sans surprise ni scoop, Fabrice Balanche prévoit une reprise des combats qui ne peuvent, selon lui, se terminer que par la reconquête totale du pays par le régime. Avec cependant un risque réel d’extension du conflit au Liban, voire à l’Irak. Il y aura aussi un accroissement des pressions diplomatiques et économiques contre le pays, mais tant que celui-ci pourra compter sur le soutien de la Russie, au Conseil de sécurité et ailleurs..

Bref, un entretien roboratif comme la vérité crue, qui nous donne souvent l’impression de nous relire, et qui devrait donner pas mal de boutons (virtuels) à Alain Juppé, Bernard Valéro, Olivier Ravanello et autres Harold Hyman, grands personnages de la diplomatie et du journalisme « citoyen » à la française, qui mentent ou fantasment tout haut sur ce malheureux pays depuis plus d’un an.

Ballanche : "Les Syriens sont nationalistes". Un élément que ne pouvaient certes comprendre...

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... les gouvernants français, ni les journaliste d'I-Télé, de France 2 ou d'Arte

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46 commentaires à “L’universitaire Fabrice Ballanche dit au Monde des vérités pas bonnes à entendre pour Alain Juppé (et bien d’autres)”

  1. observateur avisé dit :

    Roboratif en effet! Merci pour cet article.
    Quand je vois tant de gens tomber dans le piège de la propagande de guerre.. C’est dur.
    Longue vie au patriotisme syrien!

    • Souriya ya habibati dit :

      Je ne sais si vous êtes arabisant, observateur avisé, je viens de trouver une traduction d’une analyse de la situation actuelle, faite par le général Amine Hteit; traduction que nous devons à Mme Mouna ALNO NAKHAL.

      http://www.silviacattori.net/article3095.html

      Quel chemin pour la crise syrienne après l’arrêt des opérations militaires… ?

      Souriya Allah hamiha

      • Mohamed Ouadi dit :

        Merci pour le lien, Sourya Ya habibati,
        C’est une excellente analyse du Général Amine Hoteit ! Je me suis mis à le traduire, mais je suis content que Mme Mouna Alno Nakhal l’ait traduit. Je tiens à l’en remercier vivement.
        Je déploie l’article ci-dessous pour plus de visibilité.

    • Bri dit :

      Attention, vous transformez complètement la réalité de cet article. Le journal Le Monde ne pose pas de questions comme vous l’affirmez : « Quand Le Monde s’inquiète de la partialité des médias sur la Syrie ! ». Ce n’est pas le Monde qui pose les questions. Il s’agissait d’un chat organisé par le Monde et ce sont les lecteurs qui posent les questions. En l’occurrence, moi, sur  » « Pourquoi les reportages ne parlent-ils jamais des syriens qui ne sont pas du côté des rebelles ? ». j’ai trouvé très intéressante et non partisane la réponse donnée.
      Voyez comme il est facile de tomber dans la manipulation médiatique, d’un côté comme de l’autre.

      • Charles dit :

        Non, il n’y a pas de manipulation dans ce cas côté InfoSyrie.
        C’est le site du Monde, c’est certain. On peut le croire ou non sur le fait que les questions viennent de lecteurs, mais de toute façon ce sont des lecteurs du Monde — qui ne valent pas mieux que ses journalistes.
        On peut aussi vous croire ou non, quand vous prétendez être le questionneur, il n’y a là non plus aucune preuve, et on se gardera de tomber dans une possible manipulation.

    • Mohamed Ouadi dit :

      UNE ANALYSE D’AMIN HOTEIT
      Quel chemin pour la crise syrienne après l’arrêt des opérations militaires… ?
      A peine déclarée, la mission de Kofi Annan en Syrie a mis en lumière le désaccord international entre ceux qui parient dessus pour asseoir leur victoire, ceux qui y voient une trêve qui leur permettrait de sauver la face et de gagner du temps pour en digérer les conséquences et y remédier, et ceux pour qui elle est un désastre allant à l’encontre de leurs rêves et espoirs de s’emparer rapidement du pouvoir et annexer la Syrie à leur espace vital.
      14 AVRIL 2012
      La Syrie a répondu à cette mission en partant du principe qu’elle pourrait lui offrir une possibilité d’abréger les souffrances, de restaurer la sécurité du pays, et de le sortir de la crise dans laquelle il a été entraîné jusqu’à devenir l’arène d’une guerre mondiale.

      Au point où nous en sommes, la mission de Kofi Annan a atteint un tournant sensible, après avoir apporté des éléments positifs que les agresseurs du camp de la coalition anti-syrienne aimeraient continuer à ignorer. Implicitement, elle consiste en une reconnaissance internationale de la légitimité de l’État syrien et de ses institutions, et de l’existence de gangs et d’une violence armés qui n’ont rien à voir avec la réalité d’une révolution. C’est là un scandale qui dérange les médias ennemis ; embarrasse les puissances régionales qui ont appelé à armer l’opposition et ce, en totale contradiction avec la mission de paix de Mr Annan ; et redessine la carte politique des équilibres régionaux et internationaux pour les différents États concernés par la crise syrienne, en mettant l’accent sur ​​le rôle influent de l’Iran, de la Russie, et de la Chine.

      1. Ceci dit, cette nouvelle donne a suscité une inquiétude et des craintes qu’il est impossible de ne pas aborder :

      1.1. Elle a permis au Conseil de sécurité, dont l’accès a été bloqué deux fois de suite par le veto russo-chinois empêchant toute velléité d’un scénario à la Libyenne, de lancer une séquence de déclarations présidentielles quasi hebdomadaires – déclarations non contraignantes ne dépassant pas la valeur d’un vœu pieux – que l’actuel Président américain du Conseil s’évertue de présenter comme des décisions à portée obligatoire en s’aidant des médias. C’est ainsi que certaines puissances internationales se sont remises à parler d’ultimatums et d’avertissements adressés à la Syrie au nom du Conseil de sécurité ; ce qui devrait raviver les espoirs de « l’opposition syrienne » en une ingérence étrangère qu’elle réclame, et pourrait entretenir les illusions de tous les simplistes quant aux chances grandissantes d’une possible intervention internationale sans en préciser les modalités.

      1.2. Usant du prétexte des camps de réfugiés syriens aux frontières turques, elle a donné à la Turquie l’occasion de revenir sur le dossier syrien sous l’apparence d’un acteur influent qui, après une longue torpeur, élève la voix et réitère ses menaces. Ceci en dépit du fait que les initiés savent que ses menaces d’une action militaire contre la Syrie, individuellement ou dans le cadre d’une action internationale conjointe, sont des menaces creuses et inopérantes pour toutes les raisons objectives et subjectives liées au contexte actuel de la Turquie et à son environnement.

      1.3. En cette période de bataille électorale, elle a accordé à la France et aux États-Unis la trêve dont ces deux pays ont besoin pour masquer leur échec et continuer à faire croire qu’ils contrôlent toujours la situation internationale. Trêve sur laquelle ils comptent pour réexaminer et relancer un nouveau mode de confrontation, une fois les élections achevées.

      2. Ces constats font craindre une éventuelle supercherie en cours de préparation et dont le metteur en scène serait Kofi Annan. Ce, d’autant plus que nous assistons à une sorte de distribution des rôles dans le camp des agresseurs de la Syrie ; distribution dans laquelle nous remarquons trois prises de position sans connexions apparentes mais qui pourraient bien être tacitement coordonnées. Ces prises de positions sont les suivantes :

      2.1. L’engagement de l’Arabie saoudite et du Qatar à armer et à soutenir l’opposition syrienne tout en persistant à jouer leur rôle criminel à travers leurs médias, particulièrement Al-Arabiya et Al-Jazira qui fabriquent toutes sortes de mensonges incitant à semer la mort et le chaos en Syrie. Par conséquent, rien qui puisse inspirer confiance, rien qui indique que ces deux pays soient revenus à la raison et dans la bonne direction en ce qui concerne la crise syrienne ; leur position n’a toujours pas changé malgré tous les contacts et efforts des uns et des autres.

      2.2. L’escalade dans les déclarations des dirigeants turcs qui sont allés jusqu’à appeler l’OTAN à assumer ses responsabilités dans la défense de la frontière turco-syrienne. Les raisons et les arguments évoqués pour lancer un tel appel sont certes ridicules (quelques coups de feu tirés sur des terroristes s’étant infiltrés en Syrie à partir de la Turquie) ; mais il n’en demeure pas moins qu’un tel comportement a des implications que nous ne pouvons ignorer.

      2.3. Le soutien des USA et de l’UE au plan de Kofi Annan, associé à leur déclaration refusant d’armer l’opposition, et à leur accord unanime avec ce dernier lorsqu’il appelle à éviter la militarisation de la crise syrienne parce que, selon ses dires, ce serait une catastrophe pour la région !!!

      3. Pour toutes ces raisons, il faudrait rester vigilant pour éviter une possible supercherie qui pourrait déboucher sur les situations suivantes :

      3.1. Permettre de nouveau au Conseil de sécurité d’intervenir dans la crise syrienne en vertu du chapitre VII (de la Charte des Nations Unis, Ndt) comme l’a demandé le Secrétaire général de la Ligue arabe lors de la conférence d’Istanbul, ou se contenter d’impliquer l’OTAN. Malgré le fait que le contexte international actuel sape totalement les deux versants de cette hypothèse et que nous ne voyons pas aujourd’hui ce qui pourrait la rendre réaliste, il faudrait la garder à l’esprit par simple précaution.

      3.2. Piéger l’État syrien en cas d’opérations de sécurité civile sous prétexte du cessez-le-feu en vigueur, et exercer des pressions pour qu’il soit le seul à le respecter alors qu’il n’y a personne pour faire pression sur les gangs armés ou les sommer d’obéir. Ici, nous pouvons craindre que ne se répète la mise en scène qui a suivi la mission des observateurs arabes.

      3.3. Faire en sorte d’arrêter le processus de réforme politique, décidé par la loi et la nouvelle constitution avec des élections législatives en perspective, sous prétexte qu’il faudrait attendre le dialogue national ; dialogue qui ne semble pas pouvoir se réaliser tel que formulé par Annan, et qui est rejeté par ceux qui sont restés sourds aux appels au dialogue en Syrie et sous l’égide des Syriens.

      4. Malgré toutes ces réserves et inquiétudes, la Syrie qui aspire à une solution pacifique de la crise a poursuivi sa coopération positive avec Kofi Annan et a offert, selon les déclarations du ministre russe des Affaires étrangères, le maximum de ce qu’elle pouvait lui offrir pour le succès de son initiative jusqu’à déclarer la cessation effective des opérations armées sur tout le territoire syrien à partir du 12 Avril 2012 au matin ; ce en quoi nous voyons du courage et de la clairvoyance car cela prouve la capacité de la Syrie à décider par elle-même, à faire échouer les faux prétextes, en plus de pouvoir tirer le tapis sous les pieds des conspirateurs. En effet, cette déclaration :

      4.1. Prouve que la Syrie est fermement déterminée à faire cesser la violence armée et cherche la paix et la sécurité, non les combats ou la guerre.

      4.2. Ne doit pas être comprise comme le résultat d’un accord, d‘une signature, ou d’un engagement quelconque suite à des contacts avec les groupes armés. C’est là une décision d’un État souverain, prise une fois que ses autorités militaires ont vérifié la possibilité de son adoption suite à leur gestion efficace des cas de criminalité et de terrorisme sur le terrain.

      4.3. Confirme que les forces armées syriennes sont toujours aussi déterminées et préparées pour faire face à toute attaque contre les citoyens et les institutions de l’État, comme elle confirme l’essence même du contenu de la mission d’Annan : c’est exclusivement à l’État syrien que revient le maintien de la loi et de l’ordre sur son territoire.

      4.4. Adresse un message fort à ceux qui souhaiteraient duper la Syrie. Les forces militaires syriennes n’abandonneront pas le terrain comme certains pourraient le souhaiter, mais resteront de garde pour affronter n’importe quelle urgence. Leur décision est là pour confondre les faux prétextes, non pour ouvrir le pays à l’inconnu.

      5. Et maintenant, quelles sont les perspectives ?

      La supercherie occidentale est destinée à l’échec, maintenant que la Syrie et son cercle d’amis ont démontré leur vigilance et leur subtilité dans la gestion de ce dossier ; sans oublier que la Syrie ne considère pas que le plan Annan soit le seul moyen de sortir de la crise et n’a pas jeté d’autres cartes en sa possession. C’est pourquoi nous voyons que son avenir sera soumis à l’une ou l’autre de deux éventualités qui seront considérées, toutes les deux, comme une victoire pour la Syrie.

      5.1. Première éventualité : succès de Mr. Annan dans sa mission (en dépit de tous les obstacles rencontrés), soumission des groupes armés aux exigences de cette mission de paix par le respect du cessez-le-feu et la remise des armes aux autorités étatiques, dialogue en interne suivi de tout ce qui garantit la souveraineté et l’indépendance de la Syrie loin de toute dictée étrangère.

      5.2. Deuxième éventualité : échec de la mission de Mr. Annan, refus d’obtempérer des groupes armés avec poursuite des tirs et des abus, obligation pour la Syrie de poursuivre ses opérations militaires sans que personne ne puisse la blâmer. Avec l’action militaire se poursuivra le processus de réforme qui a commencé. Il ne restera plus aux agresseurs qu’à se débattre dans leurs misérables opérations terroristes qui leur permettront de continuer à assassiner pendant encore quelques semaines ou quelques mois, mais ils resteront sans effet sur la suite de la crise dont l’image finale confirme l’échec de l’agression sur la Syrie.
      http://www.silviacattori.net/article3095.html

      Dr. Amin Hoteit
      Cham Press, 13 avril 2012.

      Amin Hoteit est libanais, analyste politique, expert en stratégie militaire, et Général de brigade à la retraite.

      Article proposé et traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal (Biologiste)

      Texte original en arabe :
      http://www.champress.net/index.php ?q=ar/Article/view/117694

  2. sowhat dit :

    Merci Louis pour cet excellent article.

    Mais pourquoi « boutons virtuels » dites-vous ? non boutons bel et bien rééls et vraie crise d’urticaire voire sclérose en plaque peste bubonique et fièvre quarte !

    D’ailleurs ça commence , il n’y a qu’à observer leurs visages décomposés
    et vous êtes bien placé cher Louis pour savoir qu’on est très nombreux à leur souhaiter de crever dans leurs poisons car ils ne font pas que mentir ou fantasmer. Ils sont les commanditaires sinon les complices directs de la racaille terroriste.

  3. Charles dit :

    Beaucoup de choses pertinentes dans les propos de Fabrice Balanche, cependant il se trompe lorsqu’il dit que la Russie « soutiendra le régime tant qu’il montrera sa capacité à rétablir l’ordre. Si Bachar Al-Assad se montre trop faible, incapable de venir à bout de la révolte, elle arrêtera de le soutenir. » Car la Russie ne peut s’arrêter de soutenir la Syrie, tant pour des raisons économiques (les routes du gaz et du pétrole) que militaires (le bouclier antimissile angloaméricain).
    Par ailleurs le génie de Bachar al-Assad consiste justement à ne pas chercher à rétablir l’ordre ou venir à bout de la révolte comme fait un pouvoir qui a peur et qui ne songe qu’à se maintenir. Quand il y a presque un an, il a annoncé qu’il allait lever l’état d’urgence en vigueur depuis quatre décennies, il y a certainement quelques (vieux) généraux qui sont tombés de leur chaise (et même un qui lui a dit : « Bachar va dans ta chambre et copie cent fois « je ne dois pas levé l’état d’urgence quand la guerre civile commence » »). Lever l’état d’urgence dans une situation où le bon sens étatique prescrit de l’instaurer, c’est proprement génial, une idée et une pratique révolutionnaires. (Je ne sais s’il existe ne serait-ce qu’un autre exemple.) Il l’a fait et continue dans le même fil, qui est exactement le contraire du fameux « tout changer pour que rien ne change ».

    • sowhat dit :

      oui tout à fait d’accord. Il y avait en effet du génie politique (et beaucoup d’audace) à lever l’état d’urgence et à maintenir libre l’accès à internet et aux médias en général.

      « ne pas chercher à rétablir l’ordre ou venir à bout de la révolte comme fait un pouvoir qui a peur et qui ne songe qu’à se maintenir. »

      Cette méthode même si elle a entraîné de lourds sacrifices est aussi le plus sûr moyen d’en finir une fois pour toute avec l’ennemi intérieur salafiste et Frère Musulman en Syrie . La direction syrienne a été très avisée de ne pas mater la révolte d’emblée, de ne pas pratiquer la répression à grande échelle et de ne pas répéter le scénario catastrophe de Hama en 1982 ce vers quoi les pseudo-révolutionnaires entendaient l’engager. Le régime a déconcerté tous ses ennemis. C’est la marque du génie politique.

      • l'ingenue dit :

        Bravo Sowhat

      • betehem dit :

        Moi, j’ai le coeur tordu à cette idée, de génie politique avec levée de l’état d’urgence juste à ce moment là.
        Comme ça, tout le monde pourrait constater ce qui se passerait sans couvre-feu ?
        J’ai du mal à comprendre.
        Ceci dit, je ne pense pas que le gouvernement y revienne ensuite, à cet « état d’urgence ».
        Mais je suis très troublée de ce génie.
        Je ne comprends pas non plus pour le gouvernement a imposé cet état pendant 40 ans ! Ca fait un peu long.

    • NO PASARAN dit :

      Bravo, Charles pour ce commentaire !!! Très bien analysé et vraiment, oui, Bachar el Assad est une bête en politique ! Encore plus que son père !!!

      • sowhat dit :

        Pas seulement le président Bachar mais les hommes et les femmes qui forment la direction syrienne (« les hommes du président » en quelque sorte)

  4. halabi dit :

    Les meilleurs analyses sur la Syrie viendront apres la chute de ce regime.
    On ne peut etablir des opinions sures en ce moment,l’analyste francais bien qu’un peu favorable à la dictature syrienne,ne cache pas ses doutes ,la seule certitude est que ce regime partira ,pour le comment ,on ne peut predire avec certitude ,cela depend de la contingence historique.

    • sowhat dit :

      « Les meilleurs analyses sur la Syrie viendront apres la chute de ce regime »

      ça n’a aucun sens et vous risquez probablement d’attendre longtemps.

      « la seule certitude est que ce regime partira  »

      qu’est-ce qui à la lecture de cet article vous permet d’être aussi péremptoire ? vous prenez vos désirs pour la réalité.

      • Halabi dit :

        Sowhat,je n’ai pas dis que le régime partirait volontairement,en général,les régimes dictatoriaux paranoïaques(ila al abadists) et arrogants finissent dans le sang.
        Certes ,le régime a su durer suite à une logique sécuritaire absolue ,mais le changement de régime est inéluctable en histoire.
        Les statues d’Assad et leurs portraits mégalomaniaques doivent bien certainement être détruits.

    • Cécilia dit :

      Damas, vendredi 13 avril

      Ghalyoun a promis des millions de manifestants !

      Les Damascènes sont dehors profitant du beau temps comme vous constatez dans cette vidéo. Comme d’habitude, ils n’ont rien à cirer avec la pipe ou son CNS !

      http://www.youtube.com/watch?v=ZWmzyDSNO6o&feature=youtu.be

      • NO PASARAN dit :

        Like !

      • lafleuriel dit :

        Merci Cecilia c’était très agréable cette balade dans Damas.A Alep mon amie me dit que les chaises sont sorties sur les terres pleins où les gens s’installent surtout le jeudi et le vendredi pour pique-niquer mais Alep n’es pas tranquille…Depuis que l’armée s’est retirée, les gens ne sont pas rassurés pour circuler et en plus aller à Damas par la route qui n’est plus sécurisée, ce n’est pas sans danger. Et il y a des tirs.Les gens redoutent que les bandes armées se vengent sur Alep …

    • Kegan dit :

      Alep de vomit niaiseux!!

  5. GEORGES dit :

    moi ce qui m’etone c’est la fourberie d’erdogan quand israel a tué des turques sur le navi marmara ce dernier n’avait pas vraiment envie d’entré en guerre a part quelques parole pour faire croire qu’il etait en colere et dans le cas de la syrie tous le monde sait que la syrie ne fait que répliqué à des attaques venu de l’exterieur, mais la le chevalier erdogan est pret à entré en guerre curieux non.et les saoudien et le quatar n’ont pas l’air choqué par ce qui ce passe en palestine il ne parle pas d’envoyer des armes au peuple palestiniens curieux non on ne les enttend meme pas condamner les crimes sionnistes mais quand il sagit de faire mal a un pays arabe d’un coup il sont heroique et parle de droit de l homme !

  6. ransdoc dit :

    La survie des minorités chiites, dont les alaouites au pouvoir, chrétiennes, druzes et kurdes, qui représentent peut-être 40% de la population syrienne, dépend du maintien du régime soutenu aussi par les bourgeois sunnites des grandes villes. C’est à côté du nationalisme syrien, l’autre raison du soutien dont bénéficie Bachar. S’il saute, les frères et la majorité sunnite feront sauter ces minorités. Hypothèse qui fait trembler l’Iran chiite et la Russie pour d’autres raisons même si elle entend protéger les chrétiens orthodoxes. Les frères qui entrent, et reçoivent des soutiens, par la Turquie et la Jordanie où ils ne sont pas interdits, poussent à la confrontation dans l’espoir d’une interbvention armée. Pour l’heure, il n’est pas sûr que l’Occident veuille intervenir et se réfugie derrière le refus russe. Pour l’heure, Israël ni tient pas trop, sa frontière avec la Syrie est calme depuis trente ans. Toujours pour l’heure, les Saouds et le Qatar réfléchissent et sont hésitants à réclamer une une intervention. Il n’y a que les frères, qui islamisent le conflit dans un état laïque comme l’est la Syrie, qui s’efforcent pour pour provoquer une intervention.

    • betehem dit :

      Ces frères, ou islamistes ou je ne sais quoi sont tous manipulés.
      Les Occidentaux (désolée, mais je dois bien l’admettre) et les USA seraient ravis de faire exploser la Syrie en petits morceaux incapables de se défendre. En arguant de problèmes ethniques ou religieux qui n’existent pas. C’est si facile. Toute la presse occidentale cherche a opposer sunnites, chiites et autres. C’est leur Ba-aba pour diviser et faire exploser les sociétés qui n’obéissent pas aux puissances régnantes et insatiables des richesses d’autrui. La survie de la Syrie tient à son unité nationale, avec toutes ses minorités.
      Les hypocrites qui lui font la guerre détestent la laïcité et la tolérance, ça ne sert pas leurs intérêts.
      J’ai honte pour la France.
      Aussi parce que même sur son territoire, le principe de laïcité n’est pas appliqué : Tolérance prétendue envers l’islam mais crainte et méfiance délibérément encouragée. Attaques personnelles publiques pour cause de croyance à certaines personnalités. Critique systématique d’extrémisme religieux aux chrétiens qui n’aiment pas qu’on se fiche de la gueule du Christ et n’ont pourtant rien cassé ni brûlé, seulement manifesté leur désaccord
      Le Qatar, qui finance largement, lui entre autres, les prétendus révolutionnaires de Syrie, a même déclaré non seulement armer mais salarier les terroristes, pour quoi, pour qui travaille-t-elle ?

      Israël est fou, inconscient et criminel.
      Vivement la révolution en Israël. Beaucoup d’israéliens en ont assez de ce régime fasciste et impérialiste, toujours sur le pied de guerre.

      • betehem dit :

        J’ajoute : Israël qui n’a jamais autorisé qu’on contrôle ses armes nucléaires ou autres, qui sont légion, n’a jamais signé un accord pour la non prolifération de ces armes, comme l’Iran. N’a jamais respecté aucun accord.
        Je précise : le gouvernement d’Israël, pas les Israéliens.
        Ce serait aussi faux que dire que tous les sunnites de Syrie détestent les minorités de leur pays et veulent les éradiquer.

        Et n’oublions pas la Palestine et tous ces gens ruinés, déplacés, tués.

  7. Frantz Fanon dit :

    Cet interview nous devrait bel et bien faire réfléchir sur la soi-disante ‘liberté’ dans les pays occidentaux: la liberté de presse, avant tout, qui n’est que la liberté des propriétaires, du capital. Je me demande, après la lecture de cet excellent article, si ce n’est pas ici, en Europe, qu’il nous faut nous lever pour la liberté. Pour une démocratie au service des majorités et non des nantis qui font des guerres à notre nom: des guerres que nous ne voulons pas, mais que nous payons. La Révolution: c’est nous, les européens, qui en avons besoin! Et laissons les peuples arabes régler eux-mêmes leurs problèmes.

    • betehem dit :

      Tout à fait d’accord que les événements en Syrie sont très révélateurs aussi pour nous, occidentaux. Et font réfléchir sur la ‘démocratie’, la ‘liberté’ et la déontologie de nos médias.
      C’est pourquoi la lutte de la Syrie me paraît si importante et exemplaire pour beaucoup de peuples, et de pays, et de civilisations.

      Je trouve personnellement que notre démocratie française est réduite à une peau de chagrin. Que le mot est de plus en plus vide de sens.
      Que les libertés, idem, ne sont plus qu’un grand et vain mot.
      Voyez toutes les arrestations illicites subites après Toulouse. La subite découverte de terroristes soi-disant connus depuis des années par les services français, tous ou presque relâchés aussi subitement qu’ils ont été « découverts ». Et l’appel systèmatique à la peur et la haine contre les ‘étrangers’ chez nous, en France.

      L’Europe et ses institutions se complaisent dans un brouillard d’ombre; qui sait, parmi les citoyens, ce qui s’y passe ou fomente réellement ?
      Notre débat politique est absolument vide, même l’Angleterre se dit choquée et déçue par une telle nullité de débats.
      Les infos internes sont surtout des faits divers. Les infos extérieures surtout de la propagande.

      Que oui, il y a du travail a faire en France et en Europe.
      Tout à fait d’accord.

      Et les Syriens préfèrent à juste titre une évolution qu’à une révolution, non seulement sanguinaire, mais commanditée, financée et armée de l’extérieur. Tout le monde sait par qui. Tout le monde sait quel exemple de démocratie et de liberté, dont de la presse, ces pays là proposent à leurs propres citoyens.
      Cette prétendue révolution profiterait-t-elle aux Syriens ? Voire aux Américains, Français, Qatari etc ? Certainement pas.
      Evidemment non. Elle ne profiterait qu’à quelques-uns, toujours les mêmes.

    • betehem dit :

      A lire sur mondialisation.ca

      La controverse autour de l’achat des chasseurs F-35 du géant étasunien de la défense Lockheed Martin prend de l’ampleur. Le Pentagone a commandé 2, 443 avions « afin de fournir la majeure partie de la force tactique aérienne de la US Air Force, du Corps des Marines et de la Marine pour des décennies à venir ». L’importante commande de systèmes d’armes de pointe s’inscrit dans le cadre de la « guerre sans frontières» des États-Unis, visant surtout la Chine, la Russie, la Corée du Nord et l’Iran.

      Le coût total du programme atteindrait un montant effarant de 1,51 mille milliards de dollars au cours du soi-disant cycle de vie du programme, soit $618 millions par avion. (Shalal-Esa, Andrea, Government sees lifetime cost of F-35 fighter at $1.51 trillion Reuters, 2 avril 2012.)

      Plusieurs proches alliés des États-Unis, dont le Royaume-Uni, l’Australie, l’Italie, le Canada, les Pays-Bas, la Norvège, la Turquie, Israël et le Japon, ont prévu acheter ces avions d’attaque F-35.

      Les implications économiques et sociales de ce programme sont potentiellement dévastatrices. Outre le fait que les avions de chasse furtifs seront employés dans les futures guerres des États-Unis et de l’OTAN, qui provoqueront inévitablement la mort de civils, leur acquisition, aux frais des contribuables, auront pour conséquence d’exacerber la crise fiscale en cours. À moins d’être uniquement financées par une augmentation de la dette (ce qui est fort improbable), ces dépenses en systèmes d’armes perfectionnés nécessiteront l’adoption de mesures d’austérité concordantes pour une période allant jusqu’à trente ans, au détriment d’une génération entière.

      Le coût d’approvisionnement militaire se fait toujours aux dépens des programmes sociaux, des investissements publics dans les infrastructures et de la création d’emploi dans l’économie civile. En revanche, très peu d’emplois seront créés par les entrepreneurs du secteur de la défense. La création d’un emploi dans l’industrie de l’armement aux États-Unis (2001) coûte entre 25 et 66 millions de dollars. (Michel Chossudovsky, War is Good for Business, Global Research, septembre 2001.)

      À l’heure actuelle, des mesures budgétaires draconiennes sont appliquées aux États-Unis et dans les pays membres de l’OTAN dans le but de financer « l’économie de guerre ». Ces mesures économiques, adoptées en plein cœur d’une dépression économique mondiale, contribuent également à mener des économies nationales entières à la faillite et ont des conséquences sociales dévastatrices.

  8. Cécilia dit :

    On dirait que notre chercheur et universitaire est un bon lecteur d’infosyrie !

    – les Syriens nationalistes,
    – l’armée nationaliste, restée unie et fidèle au régime.
    – l’influence islamiste du mouvement de la contestation.
    – la Syrie, auto-suffisante économiquement.
    – aucune intervention militaire envisageable dans le contexte géopolitique actuel.

    Quant à son emploi du « guerre médiatique », nous ne dirons pas mieux que lui.

    Par contre, je serais plus sévère en ce qui concerne le CNS qui est selon lui « peu crédible » auprès des Syriens, j’ose même dire qu’il n’est pas du tout crédible auprès des Syriens

    Merci, cher universitaire, pour votre courage et honnêteté intellectuelle espérant que d’autres collègues arabisant oseraient casser la barrière du silence imposée par la politique actuelle. Je connais assez bien le milieu arabisant et je reconnais que cela n’est pas si bien facile ni bien évident.

    Nous avons déjà un avec nous qui se passionne pour les vieilles pierres mais qui ne se passionne pas de la même manière pour la Vérité. Pourtant, les vieilles pierres sont des bons témoignes de la vérité de jadis qui a résisté à l’Homme et au Temps.

    Merci encore, monsieur Ballanche pour votre action car le mot est une action et le monde a l’habitude de faire de la place à l’homme dont les paroles et les actions montrent un courage pour une Vérité longuement mal traitée alors le combat de la France de Lumière était pour la Vérité, pour dénoncer le Mal, l’injustice et l’intolérance.
    Il est temps, en effet, de dénoncer la Pensée Unique.

    Salutations syriennes d’une Syrienne fièrement syrienne !

  9. hadi dit :

    intervention ce matin de M. Ballanche sur France info,

    • lafleuriel dit :

      Oui, c’est le seul à parler clairement et depuis le début ;Dommage oui que tant d’autres soient si silencieux ! il faut dire que les medias ne les invitent pas non plus. Il fallait entendre les propos bien conforme au politiquement correct de la brochette interrogée par « C dans l’ air ». Cela valait largement un tour de table à France 24.Il y avait d’ailleurs Mme Randa Kassis (anthropologue ?et exilée en France (sic) mais comme les Kodmani, Ghalioun et les autres. Pour Mme Kassis, c’est un exil confortable tout près d’un beau et grand jardin dans quartier chic…

      • سوريا.خالدة-Syrie.Eternelle dit :

        Je ne connais pas Madame Randa KASSIS.
        Il m’est indifférent qu’elle soit riche ou non, qu’elle habite dans un palais ou sous les ponts de Paris. Mais, à l’entendre exprimer avec une indécente gourmandise la demande que des interventions étrangères militaires soient entreprises contre la Syrie, cela m’a donné la nausée.

  10. Djazaïri. dit :

    Merci pour cet éclairage.

  11. Mohamed Ouadi dit :

    TÉMOIGNAGE
    Syrie : « Si l’armée quitte notre village, nous risquons d’être égorgés »
    Nous avons demandé à un Syrien originaire de Homs (*) qui réside aujourd’hui dans un village de la province de Homs, de nous expliquer pourquoi l’armée de Bachar el-Assad bombarderait et réprimerait violemment son propre peuple, comme le répètent sans cesse les médias internationaux.
    14 AVRIL 2012 | THÈMES (S.CATTORI) : RÔLE DES MÉDIAS SYRIE

    Silvia Cattori : Les images diffusées par les chaînes télévisées et les commentaires des journalistes sont, comme vous devez le savoir, immanquablement en faveur des rebelles. Des images très impressionnantes d’immeubles en feu, des panaches de fumée noire, des maisons qui s’écroulent nous sont montrées. Homs est présentée comme « ville martyr et symbole de la révolution syrienne » [1]. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi l’armée syrienne bombarde – si l’on en croit nos médias – aveuglément des lieux habités ?

    Réponse : Madame, pardonnez-moi ; l’armée syrienne ne bombarde pas à l’aveugle ; elle ne bombarde pas des maisons qui sont habitées. On ne sait jamais si les images diffusées par al-Jaziira, al-Arabya ou vos chaînes télévisées, sont véridiques ou sont des images montées. Si elles correspondent vraiment avec ce qui s’est passé tel jour à tel endroit. Sachez que, quand on voit des panaches de fumée noire, ce sont des pneus de voitures que font brûler les mercenaires.

    L’armée bombarde les lieux où elle a localisé des mercenaires. Il est difficile pour l’armée de les approcher et de les arrêter autrement. Les mercenaires utilisent des armes très sophistiquées, munies de viseurs, qui touchent le cœur de la cible. A Zabadani, les mercenaires ont tué plus de 150 soldats avec ces armes-là.

    L’armée bombarde actuellement un endroit précis du quartier el-Hamidiyyé, [cet entretien a été réalisé le 11 avril, à la veille du cessez-le -feu] à majorité chrétienne, qui est pratiquement vide de ses habitants. Vous savez qu’il n’y a pas à Homs de quartier à 100 % chrétien, alaouite, ou sunnite.Tout le quartier el-Hamidiyyé est entre les mains des mercenaires. Les maisons ont été détruites à 80 % par les mercenaires. Ils ont détruit, dans ce même quartier, la maison d’une de mes nièces qui avait fui et tout ce qu’elle possédait. Ils ont mis le feu à tout l’immeuble. Voilà dans quelles circonstances l’armée bombarde en Syrie.

    Depuis décembre les mercenaires ont peu à peu pris le contrôle de toute la zone d’el-Hamidiyyé, Bustan el-Diwan et d’el-Arzoun. L’armée n’a pas pu entrer dans cette zone jusqu’à présent. Les mercenaires circulent à l’intérieur des maisons vides et presque toutes détruites. Ils campent en ce moment dans le soubassement de deux églises. Dans l’église grecque catholique, déjà en partie brûlée par les mercenaires ; et dans l’église syriaque. L’une est fameuse pour sa très ancienne peinture de la Sainte vierge. Ce n’est pas la seule église qu’ils ont ruinée. Ils ont également détruit une église très ancienne à l’est de Homs, Mar Elias [saint Elias, un martyr de Homs]. C’est une situation très pénible pour les habitants.

    Silvia Cattori : L’armée ne peut-elle pas les déloger ?

    Réponse : L’armée a fait savoir aux patriarches syriaque et grec catholique que, pour déloger les mercenaires, elle est obligée de mener des opérations à cet endroit. Elle est en train de les déloger aussi du quartier de Bab Sebaa. Il n’y aurait là que quelques dizaines de mercenaires, au plus une centaine. Ils détruisent les maisons. Ils font des trous dans les murs pour passer de maison en maison sans être repérés par l’armée. La population a peur, veut qu’on en finisse avec ces gangs. Mais cela prend beaucoup de temps car l’armée doit éviter de détruire et de faire des victimes. Si l’armée veut entrer dans un quartier où elle a localisé des mercenaires pour libérer les gens qu’ils tiennent en otages, elle commence par leur faire savoir qu’elle veut rendre ce quartier à la population, et que les mercenaires qui veulent sortir auront la vie sauve. Les soldats attendent un jour, trois jours. Voilà pourquoi et comment l’armée finit par bombarder. Elle n’agit pas contre les gens qui vivent paisiblement. Avant chaque opération militaire les soldats avertissent les mercenaires. Ils ne sont pas tués s’ils sortent. Dans notre précédent entretien [2] je vous avais dit comment cela s’était passé avec ce jeune homme dont le père et deux frères ont été égorgés par les mercenaires. Il s’est livré à l’armée ; deux jours après il a été libéré. Il avait porté les armes mais n’avait pas tué. 327 hommes qui ont rendu les armes ont été libérés récemment.

    Si l’armée tuait, simplement pour tuer ou réprimer, pourquoi les soldats seraient-ils les bienvenus dans les villages ? Les soldats sont entrés dans un village à majorité sunnite qui se trouve à quelques kilomètres du nôtre ; des gens que nous connaissons nous ont dit que tout le monde entretient de très bonnes relations avec les soldats ; et que, dès leur arrivée au village, les hommes, les femmes, les vieux, beaucoup de jeunes gens leur ont ouvert leur porte. L’armée vient dans nos villages, elle les entoure pour nous sauvegarder ; aucun soldat n’est jamais venu dans notre village tuer les habitants. Tout le monde a de très bonnes relations avec les soldats. Ils viennent chez nous pour nous protéger de ces gangs qui viennent la nuit pour tuer. Nous n’avons pas d’armes. Quand les mercenaires viennent dans nos villages taper aux portes la nuit pour demander aux gens la clé de leurs voitures, ceux-ci sont obligés de la donner. Des gens que nous connaissons dans un village à majorité musulman, à 12 kilomètres de chez nous, nous ont raconté qu’une cinquantaine de mercenaires armés ont pu faire taire et tenir sous leur contrôle ses 5’000 habitants.

    Silvia Cattori : Néanmoins, les ONG, l’ONU, les médias traditionnels continuent à présenter votre armée, le gouvernement el-Assad, comme des assassins ; et les « opposants » que vous qualifiez de gangs ou de mercenaires, comme les victimes d’une intense répression. Alors que selon vous ce sont…

    Réponse : Pourquoi madame l’armée du gouvernement n’a-t-elle jamais attaqué notre village ? Pourquoi l’armée ne bombarde-t-elle pas notre village ? Pourquoi n’a-t-elle jamais bombardé non plus le village en majorité musulman, situé à l’est, à deux kilomètres du nôtre [3] ? Parce que l’armée est là pour entourer ce village et protéger ses habitants de la même manière qu’elle le fait avec notre village à majorité chrétienne. Quand leur four à pain a eu une panne ils sont venus dans notre village. Il y a deux semaines nous avons eu une panne d’eau. Ils nous ont apporté leur eau. L’armée est là dans nos villes et nos villages pour nous sauver la vie, pour déloger ces mercenaires, pas pour nous tuer. Voilà la vérité. Grâce à Dieu nous pouvons maintenant aller depuis notre village à Damas sans plus nous sentir en danger ; c’est redevenu, depuis quelque temps, sûr comme par le passé. À Alep, à Deraa, ce n’est pas encore calme. Nous espérons que dans deux ou trois mois toute la Syrie sera pacifiée.

    Silvia Cattori : Ces gens que vous qualifiez de « mercenaires » les journalistes entrés clandestinement en Syrie n’en continuent pas moins de les présenter comme les combattants légitimes d’une idyllique « armée syrienne libre » (ASL). Qui sont-ils vraiment ?

    Réponse : Ce sont des mercenaires qui tuent, terrorisent la population. L’armée doit trouver le moyen de les chasser. Ce sont des Syriens qui ont pour la plupart entre 16 et 28 ans et qui reçoivent un salaire [Les hommes reçoivent 600 livres par jour, soit 10 dollars US et les femmes 400]. L’argent est offert par le Qatar et l’Arabie Saoudite avant tout. Parmi eux il y a des non Syriens ; des Libanais fanatiques, des Turcs fanatiques, des Afghans fanatiques, des Libyens fanatiques, des Jordaniens fanatiques…

    Silvia Cattori : Mais alors le plan de l’ONU exigeant de Damas le retrait des forces régulières qui assurent votre défense est aberrant ?

    Réponse : Oui, c’est cela. Figurez-vous que, si l’armée quitte notre village, nous risquons d’être égorgés. Nous ne pouvons pas aller à Homs parce que certains quartiers sont entre les mains des mercenaires. Auparavant, même l’armée avait peur d’approcher ces mercenaires postés sur les toits qui leur tiraient dessus avec des canons, des missiles antichars. Les mercenaires ne sont jamais partis de Homs. Ils ont quitté Baba Amro mais ils sont encore dans une partie de Homs. L’armée a entouré cette région de la Syrie depuis à peu près 5 à 6 mois. Homs est une ville très ancienne ; il y a des tunnels depuis l’époque romaine. C’est comme cela que les mercenaires ont contourné l’armée et fait entrer les armes.

    L’armée est actuellement près de notre village et ses environs. Elle est là pour ne laisser aucune voiture passer et entrer dans les villages avant de vérifier s’il y a des armes. Chaque nuit les mercenaires viennent tirer sur notre armée. Si moi et ma femme allons faire une visite au village nous devons nous dépêcher ; nous devons rentrer avant la tombée de la nuit. Dès 18 heures plus personne ne bouge dans notre village.

    Madame, pourquoi les mercenaires viennent-ils tirer sur cette armée qui est venue chez nous pour nous défendre ? C’est pour cette raison que notre gouvernement demande : comment pouvons-nous retirer l’armée des quartiers et des villages si les gangs armés sont toujours en position de tuer et si l’on continue de leur fournir des armes ? Nous avons appris hier que l’armée jordanienne a arrêté des gens qui étaient en train de faire entrer des armes en Syrie et 20 millions de rials. C’est cela la situation que nous vivons !

    La France, la Grande Bretagne, les USA sont associés avec les pays du Golfe, ils sont contre nous. Derrière tout cela il y a Israël. Ils s’attaquent à la Syrie parce que c’est un des derniers pays qui s’oppose à l’emprise d’Israël, qui résiste à ces colonisateurs qui sont venus de toutes les parties du monde pour accaparer nos terres.

    Silvia Cattori : Avez-vous le sentiment que les puissances qui soutiennent la rébellion armée ont définitivement échoué ? Le peuple syrien, uni derrière son gouvernement, n’a-t-il pas pratiquement réussi à mettre leurs plans peu démocratiques en échec ?

    Réponse : Oui, comme je vous l’ai dit nous sommes un peuple uni. Ces mercenaires ne sont pas des gens qui défendent la démocratie. Ce sont des gangs qui se sont infiltrés dans nos villes et villages et qui n’ont aucun soutien populaire. L’armée pourrait les liquider en deux jours. Elle ne le fait pas car cela n’irait pas sans grandes pertes humaines, ces bandes étant installées au milieu de la population, dont elles se servent comme bouclier.

    Silvia Cattori : Maintenant que l’armée est sommée de se retirer, la peur grandit ?

    Réponse : Bien sûr que nous avons très peur. Dans notre village, tout comme dans les villages voisins à majorité sunnite, tout le monde vit dans la peur de ces mercenaires.

    Silvia Cattori : Ce que vous racontez peut difficilement être mis en doute. Toutefois, peu de gens chez nous peuvent savoir que ce ne sont pas vos soldats qui vous terrorisent et vous égorgent, mais les bandes de l’ASL. Les médias dans leur ensemble se fient à ce que rapporte quotidiennement l’OSDH [un organe de propagande en faveur des rebelles, basé à Londres]. Par conséquent le mal est fait si l’opinion publique a été totalement trompée ?

    Réponse : Madame, moi je vous parle de ce que je vis. De ce que je vois. Tout le monde ici – chrétiens ou musulmans – vous dirait la même chose. Quand, en mars 2011, notre peuple a demandé pacifiquement des réformes, le gouvernement a dit oui ; il a répondu positivement. Mais ces bandes violentes sont arrivées ; elles ne sont pas intéressées par les réformes. Nous voudrions retrouver la paix que nous avions avant. La paix est plus précieuse que le pain que nous mangions.

    Témoignage recueilli le 11 avril 2012.

    Silvia Cattori

    (*) Le Syrien cultivé et posé qui s’exprime ici est âgé de 75 ans. Il vit maintenant dans la province de Homs. Voir un précédent entretien :
    http://www.silviacattori.net/article3000.html

    http://www.silviacattori.net/article3094.html

  12. Cécilia dit :

    La lucidité de notre universitaire et chercheur, monsieur Fabrice Balanche concernant la Syrie ne date pas d’aujourd’hui. En effet, dans son intervention auprès du LICRA en date du 21 février dernier, il disait à peu près la même chose :

    http://www.youtube.com/watch?v=LBiKipnhMmA

    Et voici un tableau de ses travaux, en grande partie sur la Syrie.
    Un seul mot, impressionnant !
    BRAVO !

    Thèmes de recherche :

    Géographie politique du monde arabe et musulman
    Métropoles et mondialisation au Moyen-Orient
    La gestion de l’eau au Moyen-Orient
    Le développement durable en Syrie

    Travaux en cours :

    Atlas du Proche-Orient
    L’émirat du Qatar : un nouveau pôle de la mondialisation ?
    Les métropoles du Proche-Orient entre ville « orientale » traditionnelle, modernisation à l’Européenne et modèle du Golfe.

    Enseignement :

    1e année – Licence de Géographie : Géographie humaine (Population et Société)
    2e année – Licence de Géographie : Géographie et géopolitique du Monde Arabe
    2e année – Licence de Géographie : Les Suds dans la mondialisation
    3e année – Licence de Géographie : Géographie du développement
    Cycle de conférences à l’Université Tous Ages : Géographie politique du Proche-Orient

    Enseignement à l’Université de Franche-Comté :

    Master – « Aménagement et gouvernance dans les Pays des Suds » : Unité et diversité des Sud

    Principales publications et thèse en ligne

    Ouvrage
    La région alaouite et le pouvoir syrien , Karthala, Paris, 2006, 313 p.

    Collectifs
    – « La région côtière : d’une périphérie délaissée à une périphérie assistée », in Baudouin Dupret, La Syrie au présent, Actes Sud, Arles, 2007, p. 87-98.

    – « Intégration nationale, discontinuités et clivages communautaires en Syrie », in Gervais-Lambony Marie Anne (Ed.), La Méditerranée, Atlande, Paris, 2002, p. 123-127.

    Revues scientifiques

    – « L’Etat au Proche-Orient arabe entre communautarisme, clientélisme, mondialisation et projet de Grand Moyen Orient », L’Espace Politique, 11 | 2010/2, mis en ligne le 18 novembre 2010,

    – « L’habitat illégal dans l’agglomération de Damas et les carences de l’Etat », Revue de géographie de l’Est, octobre 2010,

    – « Clientélisme, communautarisme et fragmentation territoriale en Syrie », A Contrario, mars 2009.

    – « La pénurie d’eau en Syrie : compromis géopolitiques et tensions internes », Maghreb-Machrek,
    septembre 2008, 19 p.

    – « Les municipalités dans la Syrie Baathiste », Revue Tiers Monde, n°193, janvier-mars 2008, p. 169-187.

    – « La Syrie de Bachar El Assad », Eurorient, n°24, Paris printemps 2007, p. 41-56.

    – « Damas : chronique d’une pénurie annoncée », Confluences Méditerranée, Paris, été 2006, p. 91-101.

    – « La Syrie : un potentiel touristique peu développé pour le plaisir des initiés », Téoros, Montréal,
    septembre 2006, p. 26-31

    – « Les Alaouites : une secte au pouvoir », Outre Terre, n°14, Paris, mars 2006, p. 73-96

    – « Syrie–Liban : intégration régionale ou dilution ? », Mappemonde, septembre–octobre 2005, 13 p.

    – « Refondation urbaine : Damas dans le sillage du Caire », Urbanisme, juillet–août 2005, p. 24-27.

    – « La fragmentation spatiale en Syrie : entre patrimonialisme et communautarisme rampant », Revue de l’Economie Méridionale, juin 2005, p. 203-210.

    – « La prise en compte du facteur communautaire dans l’analyse de l’espace syrien », Géographie et Culture, mai 2005, p. 5-22.

    – « Transports et espace syrien », Annales de Géographie, mars-avril 2003, p. 146-166.

    Autres articles

    – « Alaouites de Syrie : une revanche sur l’histoire », Libération, Paris, 1er juillet 2011

    – « Le nouveau lion de Damas ne fera pas de la Syrie un tigre économique » (en espagnol), Revista culturas numéro 8, Dix ans de Bachar El Assad, Sevilla, septembre-octobre 2010.

    – « Syrie-Liban : des relations complexes », Moyen-Orient, Paris, numéro 2, octobre-novembre 2009.

    – « Le Liban : la nouvelle cible de Georges Bush », Al Akhbar, Beyrouth, 25 mai 2008 (en arabe)

    – « Les travailleurs syriens au Liban », Le Monde diplomatique, édition arabe, mars 2007 (en arabe)

    – « Cessons la caricature : pro syriens et anti syriens au Liban », La Presse, Montréal, 13 décembre 2006

    – « Espace et pouvoir au Proche-Orient », Vox geographi, novembre 2006,

    – « Damas la tentaculaire », Villes et territoires du Moyen-Orient, Beyrouth, mars 2006,

    – « La destruction du Liban », La Presse, Montréal, juillet 2006,

    – « Damas et le désert syrien », Al Bank Wa Al Mustathmer (La Banque et l’investissement), Beyrouth, (en arabe) septembre 2005.

    – « La destruction de la forêt syrienne ou l’irresponsabilité collective », Al Bank Wa Al Mustathmer (La Banque et l’investissement), Beyrouth, (en arabe) novembre 2004.

    – « La population syrienne : une bombe à retardement », Al Bank Wa Al Mustathmer (La Banque et l’investissement), Beyrouth (en arabe), avril 2003.

  13. Cécilia dit :

    Cher Louis

    Pour plus d’exactitude, le nom de monsieur Fabrice Balanche s’écrit avec un seul « l ».

    Bien Cordialement

  14. سوريا.خالدة-Syrie.Eternelle dit :

    Que reste-t-il de l’exception française, notamment en matière de politique étrangère ?
    Depuis les surlendemains du 14/02/2003, après le sursaut remarquablement exprimé par le discours de D. de Villepin au CS de l’ONU, la politique des gouvernements français, quasiment sans exception, a glissé de renoncements en renoncements, trahissant les valeurs fondamentales de la République : Droits universels de l’homme, indépendance nationale, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et notamment leur droit à l’autodétermination.
    Par décision improvisée de son gouveenement, la France a rejoint sans nécessité et sans aucune contrepartie, le commandement unifié de l’OTAN ; on maintient contre toute logique des soldats français patriotes dans un Afghanistan où les USA ont réduit leurs forces mettre la paquet sur l’IRAK et le détruire.
    On complote contre la Syrie (Fausses accusations et faux témoignages dans l’enquête Rafic HARIRI) dont on exige le retrait du Liban, sans exiger d’Israël le moindre respect de la souveraineté libanaise.
    Et maintenant, les USA (Ultra Sionistes Addictifs) français – hommes politiques, hommes des médias, hommes du pouvoir financier – se joignent à ceux d’Amérique, d’Europe et des Royaumes, Emirats et autres « démocraties modèles » d’Arabie, pour promouvoir, financer, et armer ceux-là mêmes qui, sur notre sol national, viennent commettre les forfaits les plus odieux.
    Pour ne pas abuser de l’hospitalité de ce site, j’en reste là pour aujourd’hui.
    Je reviendrai sur ces sujets sur ce site si l’occasion m’en est, à nouveau, offerte.

  15. سوريا.خالدة-Syrie.Eternelle dit :

    Erratum :

    Au lieu de :

    « on maintient contre toute logique des soldats français patriotes dans un Afghanistan où les USA ont réduit leurs forces mettre la paquet sur l’IRAK et le détruire. »

    Lire :

    « on maintient contre toute logique des soldats français patriotes dans un Afghanistan où les USA ont réduit leurs forces pour mettre le paquet sur l’IRAK et le détruire. »

  16. سوريا.خالدة-Syrie.Eternelle dit :

    Mère Marie-Agnès de la Croix, aide, sans distinction de religion, les victimes des violences en Syrie.
    Il convient de l’aider. Y compris par des dons.
    Qui sait comment faire ?

  17. Nasser dit :

    Le terrorisme anti-syrien et ses connexions internationales
    Bahar Kimyongür, 15 avril 2012

    Depuis le début du printemps syrien, le gouvernement de Damas prétend combattre des gangs terroristes. La plupart des médias occidentaux dénoncent, dans cette thèse, une propagande d’Etat servant à justifier sa répression contre le mouvement de contestation. S’il est évident que celle-ci tombe comme du pain béni pour l’Etat baassiste de réputation peu accueillante envers les mouvements d’opposition qui échappent à son contrôle, elle n’en est pas fausse pour autant. Plusieurs éléments objectifs accréditent en effet la thèse du gouvernement syrien.

    D’abord, il y a le facteur laïcité. La Syrie est en l’occurrence le dernier Etat arabe laïc. (1) Les minorités religieuses y jouissent des mêmes droits que la majorité musulmane. Pour certaines sectes sunnites championnes de la guerre contre l’Autre quel qu’il soit, la laïcité arabe et l’égalité inter-religieuse, incompatibles avec la charia, sont une injure à l’islam et rendent l’Etat syrien plus détestable qu’une Europe « athée » ou « chrétienne ». Or, la Syrie compte pas moins de dix églises chrétiennes différentes, avec des sunnites qui sont arabes, kurdes, tcherkesses ou turkmènes, avec des chrétiens non arabes comme les Arméniens, les Assyriens ou les Levantins, avec des musulmans syncrétiques et donc inclassables comme les alaouites et les druzes. Par conséquent, la tâche qui consiste à maintenir sur pied cette charpente ethnico-religieuse fragile et complexe s’avère si ardue que seul un régime laïc, solide et forcément autoritaire peut y parvenir.

    Ensuite, il y a le facteur confessionnel. En raison de l’origine du président Bachar El-Assad, le régime syrien est abusivement décrit comme « alaouite ». Cette qualification est totalement fausse, calomnieuse, sectaire voire raciste. Elle est avant tout fausse parce que l’état-major, la police politique, les divers services de renseignements, les membres du gouvernement sont majoritairement sunnites de même qu’une partie non négligeable de la bourgeoisie. Nos médias à sensations ne manquent pas de parler de Mme Asma El-Assad, l’épouse du président d’origine sunnite dans un but de la diaboliser. Mais ils évitent délibérément de citer la vice-présidente de la République arabe syrienne, Mme Najah Al Attar, la première et unique femme arabe au monde à occuper un poste aussi élevé. Mme Al Attar est non seulement d’origine sunnite mais elle est aussi la sœur de l’un des dirigeants exilés des Frères musulmans, illustration emblématique du paradoxe syrien. En réalité, l’appareil d’Etat baassiste est le reflet quasi parfait de la diversité ethnico-religieuse qui prévaut en Syrie. Le mythe à propos de la « dictature alaouite » est tellement grotesque que même le grand mufti sunnite, le cheikh Bedreddine Hassoune ou encore le chef de la police politique Ali Mamlouk, lui aussi de confession sunnite, sont parfois classés parmi les alaouites par la presse internationale. (2)
    Le plus étonnant est que cette même presse apporte de l’eau au moulin de certains milieux salafistes (sunnites ultra-orthodoxes) syriens qui propagent le mensonge selon lequel le pays aurait été usurpé par les alaouites lesquels seraient, selon eux, des agents chiites. Ces mêmes salafistes taxent les chiites de négateurs (rawafidhs) parce que ces derniers rejettent, entre autres, la légitimité du califat, c’est-à-dire du gouvernement sunnite des origines de l’islam. Or, d’une part, il existe des différences notables entre alaouites et chiites tant sur le plan théologique que de la pratique religieuse. La divinisation d’Ali, la doctrine trinitaire, la croyance en la métempsychose ou encore le rejet de la charia propres aux alaouites, sont sources de critiques de la part des théologiens chiites qui ne manquent pas de les taxer d’exagérateurs (ghoulat). D’autre part, s’il y a une religion d’Etat en Syrie, c’est bien l’islam sunnite de rite hanéfite représenté entre autres par le cheikh Muhammad Saïd Ramadan Al Bouti et le grand mufti de la République, le cheikh Badreddine Hassoune dont la sage parole tranche avec les appels au meurtre et à la haine des cheikhs wahhabites. Mais qu’à cela ne tienne, pour expliquer l’alliance anti-US et antisioniste formée par l’axe Damas-Téhéran-Hezbollah, la presse aux ordres et les milieux sunnites ultra-conservateurs répètent en chœur que la Syrie est dominée par les alaouites qui formeraient une « secte chiite ». La Syrie étant soutenue par la Chine, la Russie, le Venezuela, Cuba, le Nicaragua ou encore la Bolivie, il faudrait logiquement en conclure que Hu Jintao, Poutine, Chavez, Castro, Ortega ou Morales sont eux aussi des alaouites, au moins des crypto-chiites.

    Troisièmement, il y a le facteur nationaliste. Il convient de rappeler que pour les salafistes, la Syrie n’existe pas. Ce nom serait comme celui de l’Irak une fabrication athée. Dans leur jargon inspiré du Coran, l’Irak s’appelle Bilad Al Rafidaïn (le pays des deux Fleuves) et la Syrie, Bilad Al Cham (le pays de Cham).
    Celui qui adopte l’idéologie nationaliste et se consacre à la libération de sa patrie commet un péché d’association (shirk). Il viole le principe du tawhid, l’unicité divine et à ce titre, il mérite la mort. Pour ces fanatiques, le seul combat agréé par Allah est le djihad, la guerre dite « sainte » livrée au nom d’Allah et visant à étendre l’Islam.
    En tant que corollaire du nationalisme arabe, le panarabisme, cette idée progressiste d’unité et de solidarité interarabe est à fortiori un sacrilège parce qu’il mine l’idée de « oumma », la mère patrie musulmane. Comme le rappelait récemment le président Bachar El-Assad dans une interview accordée au journal Sunday Telegraph, le combat qui se livre actuellement sur le sol syrien oppose deux courants inconciliables: le panarabisme et le panislamisme (3).

    Ce conflit originel introduit un facteur historique fondateur de la menace terroriste en Syrie. Depuis 1963, la Syrie baassiste mène en effet une véritable guerre contre les mouvements djihadistes. L’armée gouvernementale et les Frères musulmans se sont affrontés dans de nombreuses batailles qui se sont toutes soldées par la victoire du pouvoir syrien. Ces victoires ont été arrachées au prix de nombreuses victimes, l’armée n’hésitant pas à semer la terreur pour parvenir à ses fins. En 1982, l’armée de Hafez El-Assad a pilonné des pans entiers de la ville de Hama pour venir à bout de la résistance djihadiste, massacrant sans distinction militants et civils innocents. On dénombre au moins dix mille morts dans les bombardements et les batailles de rue. De véritables chasses à l’homme ont ensuite été lancées contre les Frères musulmans syriens à travers le pays, contraignant ces derniers à l’exil. La répression n’est pas pour autant parvenue à éradiquer la tradition guerrière ni l’esprit revanchard des djihadistes syriens.
    A présent, voyons pays par pays quels sont les mouvements terroristes auxquels les troupes syriennes sont aujourd’hui confrontées.

    Le front libanais

    En avril 2005, l’Occident s’est réjoui de voir les troupes syriennes quitter le territoire libanais après 30 ans de présence ininterrompue. Cet événement avait été déclenché par l’attentat visant l’ex-premier ministre libano-saoudien Rafiq Hariri connu pour son hostilité envers la Syrie, attentat immédiatement imputé au régime de Damas par l’Europe et les Etats-Unis sans la moindre preuve et avant même le début de l’enquête. Une « révolution du Cèdre » soutenue par les officines droitsdelhommistes de la CIA poussa l’armée syrienne à quitter le Liban. A peine les chars syriens se sont-ils retirés que les groupes salafistes refirent surface, dégainant leurs sabres et leurs prêches sectaires. Ces mouvements se sont implantés dans le Nord-Liban du côté de Tripoli majoritairement sunnite puis, peu à peu, dans les camps palestiniens du Liban, profitant des divisions politiques et de la faiblesse militaire des organisations palestiniennes ainsi que de la politique de non-intervention de l’armée libanaise dans ces camps. Entre 2005 et 2010, les groupes djihadistes ont mené la guerre contre tous les soutiens réels ou supposés du régime de Bachar el-Assad comme les populations chiites, alaouites ou les militants du Hezbollah. Certains de ces mouvements ont été jusqu’à franchir la frontière syro-libanaise pour harceler les troupes du pouvoir baassiste sur leur propre territoire. L’activisme anti-syrien des groupes salafistes libanais armés connut ensuite une recrudescence avec le début de la crise syrienne de 2011. Ils furent relayés par des mouvements salafistes non armés. Le 4 mars 2012, quelques deux mille salafistes conduits par Ahmad Al Assir, un prédicateur de la ville de Saïda devenu l’étoile montante du sunnisme libanais, ont défilé à Beyrouth pour protester contre le régime de Bachar El Assad. Derrière un impressionnant cordon de sécurité composé de policiers et de militaires, quelque centaines de contre-manifestants du Parti baas libanais ont protesté contre ce défilé. D’Aarida à Naqoura, tout le Liban retint son souffle. Comme son cœur se resserre à chaque fois que des tirs retentissent depuis les quartiers tripolitains de Bab Tebbaneh et Djebel Mohsen. Car dans ce pays où la ligne de fracture politique est également confessionnelle avec des sunnites majoritairement anti-Assad et des chiites majoritairement pro-Assad et puis aussi avec des chrétiens divisés qui se retrouvent dans les deux camps, la hantise de la guerre civile est omniprésente. Mais le gouvernement d’union nationale tente de calmer le jeu et veille à rester neutre face au conflit syrien. Pour autant, certains groupes salafistes ne ratent pas une occasion pour semer le chaos dans ces deux pays géographiquement interdépendants et complémentaires.

    Voici une brève description de certains de ces mouvements sectaires actifs au Liban et qui menacent la Syrie depuis plusieurs années :

    Groupe de Sir El-Dinniyeh
    Ce mouvement sunnite dirigé entre 1995 et 1999 par Bassam Ahmad Kanj, un vétéran d’Afghanistan et de Bosnie, est apparu à la suite de luttes entre différents courants islamiques voulant contrôler les mosquées de Tripoli. En janvier 2000, le Groupe de Dinniyeh a tenté de créer un mini-Etat islamiste dans le Nord du Liban. Les militants ont pris le contrôle des villages du district de Dinniyeh, à l’Est de Tripoli. 13.000 soldats libanais ont été envoyés pour mater cette rébellion djihadiste. Les survivants de l’assaut se retranchèrent dans le camp palestinien d’Ayn El Hilwé dans le sud du Liban. Après le retrait des forces armées syriennes en avril 2005, les combattants du groupe de Dinniyeh sont revenus à Tripoli où se trouvaient encore des cellules clandestines. La même année, le ministre libanais de l’intérieur par intérim, Ahmed Fatfat qui est précisément originaire de Sir El-Dinniyeh et qui, par ailleurs, dispose de la citoyenneté belge, a mené campagne pour obtenir la libération des prisonniers du groupe de Dinniyeh et ce, dans le but d’obtenir l’appui politique des groupes sunnites et salafistes du Nord-Liban.

    Fatah Al Islam
    Mouvement sunnite radical du Nord du Liban. Le Fatah Al Islam a littéralement occupé la ville de Tripoli avec la complicité de Saad Hariri et son parti, le Courant du futur. Hariri voulait se servir de ces radicaux sunnites pour combattre le Hezbollah chiite libanais et le gouvernement syrien. Parmi les alliés de Hariri, le groupe appelé « Fatah El Islam » dissident du mouvement national palestinien s’est emparé du camp de Nahr El Bared. Ce mouvement terroriste a assassiné 137 soldats libanais de manière brutale notamment lors de sataniques rituels se soldant par des décapitations. Le 13 février 2007, le Fatah El Islam fit également exploser deux bus dans le quartier chrétien d’Alaq-Bikfaya.
    De mai à septembre 2007, l’armée libanaise fit le siège du camp palestinien de Nahr el Bared où étaient retranchés les combattants djihadistes et ce n’est qu’après d’intenses combats dignes de l’opération syrienne de Baba Amro qu’elle parvint à les neutraliser. Pas moins de 30.000 Palestiniens ont dû fuir les combats. Quant à Nahr el Bared, il fut réduit à l’état de ruines.
    Quelques mois plus tard, le Fatah al Islam est impliqué dans un attentat meurtrier qui secoue Damas. Le 27 septembre 2008, le sanctuaire chiite de Sayda Zainab à Damas est en effet la cible d’un attentat à la voiture piégée où 17 pèlerins sont tués. Le Fatah Al Islam est souvent cité lorsque des affrontements éclatent à Tripoli entre le quartier sunnite de Bab Tabbaneh et le quartier alaouite de Djébel Mohsen.

    Jounoud Al Cham (Les soldats du Levant)
    Mouvement sunnite radical du Sud du Liban aux origines multiples. Certains de ses membres seraient issus du groupe Dinniyeh tandis que d’autres seraient des vétérans d’Afghanistan ayant combattu sous le commandement d’Abou Moussab Al Zarqawi. La plupart de ses combattants seraient des Palestiniens « takfiristes », c’est-à-dire en guerre contre les autres religions et les non-croyants. Jounoud Al Cham serait responsable d’un attentant en 2004 à Beyrouth qui a tué un responsable du Hezbollah. Depuis plusieurs années, il tente de prendre le contrôle du camp palestinien d’Ayn El Hilwé situé à proximité de la ville de Sayda. En 2005, le groupe fait parler de lui pour ses accrochages quotidiens avec l’armée syrienne. Jounoud al-Sham se trouve sur la liste des organisations terroristes émise par la Russie. Il n’est pas sur la liste des organisations terroristes étrangères du Département d’Etat nord-américain. (4)

    Ousbat Al Ansar (Ligue des partisans)
    Présent sur la liste des organisations terroristes, Ousbat al-Ansar lutte pour « l’établissement d’un Etat sunnite radical au Liban ». Connu pour ses expéditions punitives contre tous les musulmans « déviants », Ousbat al-Ansar fait assassiner des personnalités sunnites comme le cheikh Nizar Halabi. Il fait également plastiquer des établissements publics jugés impies : salles de théâtre, restaurants, discothèques… En janvier 2000, il attaque à coups de roquettes l’ambassade de Russie à Beyrouth. Héritier du groupe de Dinniyeh, il infiltre le camp palestinien d’Ayn El Hilwé dans le Sud du Liban. Lorsqu’en septembre 2002, je visitai les camps palestiniens du Liban, l’inquiétude des résistants palestiniens était palpable. Nombre d’entre eux avaient été tués lors de tentatives de prises de contrôles par ce groupe réputé proche d’Al Qaïda. En 2003, quelque 200 membres d’Ousbat Al Ansar attaquèrent les locaux du Fatah, le mouvement palestinien de Yasser Arafat. Il y eut huit morts dont six membres du Fatah.

    Le mythe de l’ASL
    Il faut le reconnaître: les chasseurs de dictateurs qui peuplent les rédactions des grands organes de presse sont passés maître dans l’art du camouflage quand il s’agit de présenter des « résistants » qui servent les intérêts de leur camp. En véritables chirurgiens esthétiques, ils vous transforment l’Armée syrienne libre (ASL) en mouvement de résistance démocratique brave et sympathique composé de déserteurs humanistes dégoûtés par les atrocités commises par l’armée syrienne. Il n’y a aucun doute que l’armée du régime baassiste ne fait pas dans la dentelle et commet d’impardonnables exactions contre des civils, qu’ils soient terroristes, manifestants pacifistes ou simples citoyens pris entre deux feux. A ce sujet, les médias mainstream nous abreuvent ad nauseam de crimes imputés aux troupes syriennes parfois à raison mais le plus souvent à tort. Car en termes de cruauté, l’ASL ne vaut pas vraiment mieux. Seuls quelques rares journalistes comme le néerlandais Jan Eikelboom osent montrer l’envers du décor, celui d’une ASL sadique et crapuleuse. La correspondante à Beyrouth du Spiegel, Ulrike Putz vient, elle aussi, d’égratigner la réputation de l’ASL. Dans une interview mise en ligne sur le site de l’hebdo allemand, Ulrike Putz a mis en lumière l’existence d’une « brigade d’enterrement » chargée d’exécuter les ennemis de leur sinistre révolution à Baba Amr, le quartier insurgé de Homs repris par l’armée syrienne. (5) L’égorgeur interrogé par Der Spiegel attribue 200 à 250 exécutions à sa brigade des croque-morts, soit près de 3% du bilan total des victimes de la guerre civile syrienne depuis un an. Du côté des institutions humanitaires, il a fallu attendre la date fatidique du 20 mars 2012 pour qu’une éminente ONG, à savoir Human Rights Watch, dont la traduction signifie bien « guetteur des droits de l’homme » reconnaisse enfin les tortures, exécutions et mutilations commises par les groupes armés opposés au régime syrien. Après 11 mois de terrorisme insurgé… A la bonne heure ô infaillible sentinelle ! «Sah Al Naum», comme on dit en arabe à quelqu’un qui se réveille.
    Passons à une autre info qui écorne un peu plus la renommée de l’Armée syrienne libre et leurs appuis atlantistes. D’après des sources diplomatiques et militaires, l’ASL, cette armée dite de « déserteurs » manquerait d’effectifs militaires. Pour pallier cette pénurie de combattants, l’ASL enrôlerait des salafistes à tour de bras. C’est le cas du bataillon Al Farouq de l’ASL qui s’était rendu célèbre par ses enlèvements d’ingénieurs civils et de pèlerins iraniens, par ces tortures et ces exécutions sommaires. La difficulté de recruter des conscrits est somme toute fort logique puisqu’un déserteur est par définition un homme qui abandonne le combat. Déserter signifie quitter la guerre. Dans le cas syrien, de nombreux déserteurs se constituent réfugiés et quittent le pays. La propagande de guerre occidentale affirme que s’ils quittent l’armée ou ne répondent pas aux appels sous les drapeaux, c’est parce qu’ils refusent de tuer des manifestants pacifiques. En réalité, ces jeunes recrues craignent autant de tuer que de mourir. Ils affrontent un ennemi invisible rompu aux techniques de guérilla, qui tire aveuglément sur des pro- et des anti-régime et qui n’hésite pas à liquider ses prisonniers selon un rituel sordide de décapitation et de dépeçage. La terreur qu’inspirent les groupes armés dissuade légitimement de nombreux jeunes de risquer leur vie en circulant en uniforme. Alors, ils choisissent de quitter l’armée et le pays.
    Par exemple, les déserteurs kurdes syriens se réfugient dans la région autonome du Kurdistan irakien. A Erbil surtout, dans un quartier peuplé de Kurdes syriens que l’on surnomme « le petit Qamishli ». D’autres rejoignent les camps de réfugiés d’Irak, du Liban, de la Turquie ou de la Jordanie. Le terme de «déserteur » servant à désigner les militaires qui ont fait défection pour rejoindre le camp adverse et tirer sur leurs anciens camarades est donc inapproprié. Il serait plus correct de parler de transfuges.
    Voici une analyse de Maghreb Intelligence, une agence que l’on ne peut soupçonner de collusions avec le régime de Damas et qui appuie la thèse de la démobilisation des jeunes appelés, de la faiblesse de l’ASL et de la présence de salafistes armés sur le champ de bataille:
    D’après un rapport émanant d’une ambassade européenne à Damas et corroboré par des enquêtes menées par des centres de recherches français à la frontière turque, l’Armée Libre Syrienne -ALS- ne compterait en tout et pour tout que quelque 3000 combattants. Ils sont pour la plupart armés de fusils de chasse, de Kalachnikov et de mortiers de fabrication chinoise provenant d’Irak et du Liban. D’après ce rapport, l’ALS n’a pas pu enrôler la majorité des 20 milles militaires qui auraient déserté l’armée de Bachar Al Assad. D’ailleurs, l’ALS est particulièrement présente dans les camps de réfugiés établis sur le territoire turc. A Hama, Deraa et Idlib ce sont davantage des groupes armés salafistes qui donnent la réplique à l’armée syrienne. Ces salafistes, particulièrement violents et déterminés, proviennent dans leur grande majorité de la mouvance sunnite radicale active au Liban. (6)
    A part le fait d’être impitoyable, infiltrée par des groupes sectaires et en manque d’effectifs, l’Armée syrienne libre est désorganisée. Elle n’est pas chapeautée par une direction centrale et unifiée. (7)
    De nombreuses indications, notamment les saisies d’armes réalisées à divers postes-frontières du pays, montrent que l’ASL reçoit des armes de l’étranger et ce, depuis le début de l’insurrection, ce que l’ASL démentait avant de demander ouvertement une intervention militaire étrangère sous forme de bombardements, d’appui logistique ou de création de zones-tampons. Au début de son insurrection, le groupe armé dissident ne voulait visiblement pas donner l’image d’une cinquième colonne agissant pour des forces étrangères ni compromettre ces généreux mécènes que l’on devine. On se souviendra que dans le documentaire de propagande anti-Bachar réalisé par Sofia Amara, intitulé « Syrie : Permis de tuer » et diffusé sur la chaîne franco-allemande Arte en octobre 2011, un soldat de l’ASL est sur le point de révéler ses fournisseurs étrangers quand son supérieur le somme de se taire.

    Le front jordanien

    L’allégeance de la monarchie hachémite à Washington et Tel-Aviv relève du lieu commun. Pour satisfaire ses alliés, la Jordanie a d’ailleurs été le premier régime arabe à appeler Bachar El-Assad à quitter le pouvoir. Le 22 février 2012, le correspondant du Figaro, Georges Malbrunot révélait que la Jordanie avait acheté à l’Allemagne quatre batteries anti-missiles Patriot américains « pour protéger Israël contre d’éventuelles attaques aériennes menées depuis la Syrie. » (8) Ces missiles devraient être installés à Irbid, non loin de la frontière syrienne.
    Déjà en 1981, la monarchie sécuritaire alliée des Etats-Unis avait laissé faire l’aviation israélienne qui avait violé son espace aérien pour aller bombarder le réacteur nucléaire irakien d’Osirak.
    En politique intérieure, la Jordanie n’affiche pas une posture plus progressiste. Ainsi, des décennies durant, Amman a encouragé les Frères musulmans selon un calcul politique motivé par le souci d’éradiquer l’ennemi principal, à savoir l’opposition de gauche laïque (communiste, baathiste et nassérienne). Selon M. Abdel Latif Arabiyat, ancien ministre et ex-porte-parole du Parlement jordanien : « La confrérie n’était pas une organisation révolutionnaire, elle prônait la stabilité. Avec la montée en puissance des partis nationalistes et de gauche, nous avons conclu une alliance officieuse avec les autorités » (9). En 1970, les Frères musulmans se rangèrent du côté de la monarchie lorsque le roi Hussein ordonna l’écrasement des fédayins palestiniens. Motus donc de la part des Frères musulmans devant le massacre dit du « Septembre noir » dans lequel près de vingt mille Palestiniens ont été massacrés. De cette stratégie d’instrumentalisation des Frères musulmans jordaniens, ce sont finalement ces derniers qui sont sortis vainqueurs puisqu’ils représentent aujourd’hui le principal mouvement d’opposition du pays. Pour le royaume hachémite, les Frères musulmans constituaient un moindre mal à la fois par rapport à la gauche mais aussi par rapport aux mouvements djihadistes. Ce mariage de raison n’a pas tenu longtemps. Et finalement, la monarchie se vit contrainte de réprimer un mouvement devenu trop puissant. Entretemps, la Jordanie subit plusieurs attentats terroristes. En 2005, ce sont des hôtels de la capitale Amman qui furent visés par des groupes salafistes. Abou Moussab Al Zarqawi, l’ancien chef d’Al Qaïda en Irak, est lui-même originaire de Zarqa, une ville jordanienne située au Nord-est d’ Amman. La révolte syrienne contre le régime ayant éclaté à Deraa, une ville méridionale proche de la frontière jordanienne, elle a éveillé l’appétit de conquête du courant djihadiste basé en Jordanie qui s’était essoufflé suite aux nombreuses pertes essuyées dans les rangs d’Al Qaïda. On y trouve entre autres la Brigade Tawhid, une petite armée djihadiste formée de plusieurs dizaines de combattants naguère actifs au sein du Fatah Al-Islam et s’infiltrant en Syrie pour attaquer l’armée gouvernementale. (10) Le portail d’info libéral jordanien Al Bawaba révèle que la ville frontalière de Ramtha accueille des mercenaires libyens payés par l’Arabie saoudite et le Qatar.
    Par ailleurs, étant situé entre la Syrie et l’Arabie saoudite, le royaume hachémite est un passage obligé pour tous les djihadistes, les instructeurs et les convois militaires envoyés par Riyad.

    Le front saoudien

    A l’instar du royaume hachémite, la fidélité de la dynastie Saoud à l’Oncle Sam n’est un secret pour personne et ce depuis le Pacte du Quincy signé sur le croiseur américain du même nom entre Roosevelt et Abdelaziz Ben Saoud en février 1945. Cet accord allait permettre aux Etats-Unis de s’assurer un approvisionnement énergétique sans entrave moyennant une protection de son vassal face à leurs adversaires régionaux communs, notamment le nationalisme arabe et l’Iran dont certains territoires passaient sous influence soviétique. Lorsque la crise syrienne éclata, Etats-Unis et Arabie saoudite fêtaient leurs noces de jasmin pour leurs 66 années de vie commune en scellant le plus grand contrat d’armement de l’histoire : 90 milliards de dollars, impliquant la modernisation de la flotte aérienne et de la marine saoudiennes.
    On s’en doutera, l’Etat wahhabite ne pouvait rester les bras croisés face aux événements qui secouent la Syrie, un pays phare du nationalisme arabe et de surcroît, ami de l’Iran, son ennemi juré.
    Riyad alimente le terrorisme anti-syrien sous diverses formes : diplomatique, économique, religieux, logistique et bien sûr militaire.
    La Maison des Saoud parraine les djihadistes actifs en Syrie en les encourageant par le biais de ses propagandistes attitrés à mettre le pays à feu et à sang.
    Par exemple, après avoir autorisé le djihad en Libye et appelé à l’élimination de Mouammar Kaddhafi, l’une des plus grandes autorités juridiques et fatalement religieuses du pays, le Cheikh Saleh Al Luhaydan s’est dit favorable à l’extermination d’un tiers des Syriens pour en sauver les deux tiers.
    Sur la chaîne télévisée saoudienne Al-Arabiya TV, le prédicateur Aidh Al-Qarni a déclaré que « Tuer Bachar est plus important que tuer des Israéliens ». (11)
    C’est depuis Riyad et via la chaîne Wessal TV qu’Adnan Al Arour appelle à hacher les alaouites et à donner leur chair aux chiens.
    Les récentes déclarations christianophobes du Cheikh Abdul Aziz bin Abdullah, rapportées par Arabian Business, ne vont sans doute pas rassurer les chrétiens de Syrie : s’appuyant sur un hadith décrivant le prophète Mahomet sur son lit de mort, déclarant qu’il « ne devrait pas y avoir deux religions dans la péninsule arabique », le cheikh saoudien Abdullah qui n’est autre la plus grande autorité wahhabite au monde, en a déduit qu’il fallait détruire « toutes les églises de la région ». Les chrétiens de Syrie en proie à la haine religieuse, trouvent dans cette déclaration, une raison de plus pour soutenir Bachar el-Assad.
    Nombreux sont les citoyens syriens hostiles au régime de Bachar el-Assad qui s’inquiètent du parrainage de leur mouvement démocratique par une théocratie qui décapite encore des femmes pour sorcellerie, qui torture ses opposants politiques dans les prisons et qui ne connaît ni Parlement ni élection.
    Sous le soleil de Riyad, il y a aussi Bandar que l’on ne présente plus.
    Son rôle trouble dans les attentats de Londres, le financement de groupes salafistes armés revendiqué par l’intéressé, ses collusions avec le Mossad, sa haine du Hezbollah, de la Syrie et de l’Iran font du prince saoudien Bandar Ben Sultan, secrétaire-général du Conseil national de sécurité, une pièce maîtresse du plan de destruction de la Syrie laïque, multiconfessionnelle, souveraine et insoumise.
    Il n’y a donc pas vraiment de quoi s’étonner lorsque la dictature saoudienne s’engage aux côtés de son voisin et concurrent qatari, à verser les salaires des mercenaires antisyriens lors de la réunion des « amis de la Syrie » à Istanbul.

    Le front qatari

    Le Qatar, c’est avant tout, une gigantesque base militaire US, la plus grande qui se trouve en dehors des Etats-Unis. Et puis, accessoirement, c’est le royaume d’un petit émir médiocre, fourbe et cupide. Dans son royaume, il n’y a ni Parlement, ni Constitution, ni partis, ni élections. En 1995, il organise un coup d’Etat contre son propre père. A peine arrivé au pouvoir, le pétromonarque putschiste se lance dans un vaste programme de partenariat économique avec l’Etat sioniste prévoyant notamment la commercialisation du gaz qatari en Israël. En 2003, l’émir du Qatar autorise l’administration Bush à se servir de son territoire pour lancer l’assaut sur l’Irak. Avec le reste de sa famille, il contrôle l’ensemble de la vie économique, politique, militaire et culturelle du pays. La célèbre chaîne télévisée Al Jazeera est son joujou personnel. En peu de temps, il en a fait une puissante arme de propagande anti-syrienne. Grâce aux bidonnages d’Al Jazeera, la CIA et le Mossad peuvent s’offrir des vacances. Le nom de sa Majesté : Hamad Ben Khalifa al Thani. Le printemps arabe ? Il en est le principal bâilleur de fonds. Car pour lui, tout s’achète : le sport, l’art, la culture, la presse et même la foi. Alors, vous pensez bien, une révolution…
    L’année dernière, l’émir Hamad envoya 5.000 commandos pour appuyer la rébellion djihadiste contre la Libye souveraine. A présent, son nouveau jeu de casino, c’est la Syrie et les rebelles de ce pays, des jetons de mise. Lorsque ces derniers subissent un revers de la part de l’armée arabe syrienne, il hurle au génocide. Hamad et sa clique, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Et à propos de charité, il a justement embauché un prédateur notoire de la paix et de la démocratie, le cheikh Al Qardawi, histoire d’islamiser le message de la chaîne. Mais malgré ses dollars et ses campagnes de mobilisation contre la Syrie, Al Jazeera est une armée en déroute.
    Les coulées de désinformation qui se déversent à propos de la Syrie depuis les studios de la chaîne ont entraîné la démission de ses plus grandes vedettes. De Wadah Khanfar à Ghassan Ben Jeddo, de Louna Chebel à Eman Ayad, Al Jazeera a subi d’importantes défections qui passent inaperçues dans la presse occidentale.
    En mars 2012, Ali Hachem et deux de ses collègues quittent eux aussi le navire de la piraterie informative qatarie. Certains des courriels d’Ali Hachem fuités font état de mesures de censure prises par Al Jazeera concernant des images de combattants anti-Bachar s’infiltrant en Syrie depuis le Liban qui datent d’avril 2011. Ces images font donc remonter la présence d’une opposition armée de type terroriste aux débuts du « printemps syrien ». Leur publication aurait fait voler en éclats l’imposture selon laquelle le mouvement anti-Bachar ne se serait radicalisé qu’à la fin de l’année 2011, une thèse reprise en chœur par toutes les chancelleries occidentales.
    En dépit de ces scandales à répétition, « nos » médias continuent de considérer Al Jazeera comme une source fiable et son patron, l’émir Hamad, comme un apôtre de la démocratie syrienne.

    Le front irakien

    L’invasion de l’Irak par les troupes américano-britannique en mars 2003 a joué un rôle crucial dans l’augmentation du nombre de djihadistes syriens. Les poste-frontières comme Bou Kamal sont devenues des points de passage pour les djihadistes syriens allant combattre les forces d’occupation en Irak. Nombre de Syriens ont été grossir les rangs des bataillons d’Abou Moussab al-Zarqawi. Depuis l’été 2011, le processus s’est visiblement inversé puisque désormais, les militants sunnites irakiens franchissent la frontière pour aller combattre les troupes syriennes.

    Al Qaida
    La branche irakienne d’Al Qaida appelée Tanzim Qaidat al-Jihad fi Bilad al-Rafidayn (Organisation de la base du Jihad au Pays des deux fleuves) comptait de nombreuses recrues syriennes. On dit que 13% des volontaires arabes en Irak étaient syriens. (12) Leur terreur fut à l’égal de leur réputation. Al Qaida causa de tels dégâts au sein de la résistance irakienne sunnite que ces derniers durent se résigner à ouvrir un front anti-Al Qaida. En 2006, un Conseil de secours d’Anbar regroupant la majorité des clans et tribus de la province rebelle vit le jour. Son but était de nettoyer la province des terroristes d’Al Qaida. (13) A Falloujah et à Qaim, les chefs de tribus qui initialement ouvrirent les bras à la bande à Zarqawi finirent par retourner leurs armes. Pour avoir déclaré la guerre à Al Qaida, ils reçurent même le soutien du gouvernement irakien. La terreur aveugle d’Al Qaida a ainsi grandement neutralisé la résistance patriotique irakienne. Tous ces vétérans de la guerre contre les Américains mais aussi contre l’Iran, les chiites et les patriotes sunnites irakiens ont trouvé un nouveau salut dans la guerre contre le régime de Damas.
    De décembre 2011 à mars 2012, les villes de Damas, Alep et Deraa ont été la cible de plusieurs attentats suicides ou à la voiture piégée faisant des dizaines de morts et de blessés. Ces attaques ont été revendiquées par Al Qaida ou attribuées à l’organisation takfiriste par les autorités syriennes et les experts internationaux en anti-terrorisme qui confirment l’infiltration de terroristes depuis l’Irak.

    Jabhat Al-Nusra Li-Ahl al-Sham (Front de soutien à la population du Levant)
    Le 24 janvier dernier, ce groupe a annoncé son apparition dans divers forums islamistes. Mais ce nom à rallonge semble être un diminutif de Jabhat Al Nusra li Ahl Al Sham min Mujahideen al Sham fi Sahat al Jihad ou Front de soutien à la population du Levant par les Moudjahidines de Syrie dans les lieux du Jihad.
    D’après les experts en terrorisme, l’expression «Lieux du Djihad» suggère que les membres de ce groupe mènent leur guerre sainte sur d’autres fronts comme l’Irak. C’est d’ailleurs ce que révèle le leader du groupe Abou Mohammed al Julani dans une vidéo mise en ligne au milieu du mois de mars. Al Julani signifie le Golanais, référence syrienne explicite. Comme tous les groupes terroristes, Jabhat Al Nusra dispose d’un organe de presse: Al Manara al Bayda, le phare blanc. (14)
    Jabhat Al Nusra reçoit l’appui d’un cyber-salafiste éminent dénommé Abou Moundhir al Shanqiti. Ce dernier a émis une fatwa appelant les musulmans à se ranger dans le camp de ceux qui élèvent le drapeau de la charia en Syrie.

    Le front turc

    En Turquie, pays membre de l’OTAN depuis 60 ans qui accueillera bientôt le bouclier anti-missile, c’est l’Armée syrienne libre qui tient le haut du pavé. Son chef présumé, Riyad Al Assaad est hébergé dans la province turque anciennement syrienne du Hatay et bénéficie de la protection directe du ministère des affaires étrangères. La Turquie est comme chacun sait l’un des plus ardents ennemis du régime de Damas. Craignant de « passer pour des impérialistes », les forces de l’OTAN poussent Ankara à franchir le Rubicon ou disons l’Oronte en la circonstance, dans la guerre contre la Syrie.
    De nombreuses sources font état d’un axe Tripoli-Ankara dans la guerre contre Damas. Un trafiquant d’armes libyen évoque l’achat d’équipements militaires légers par des Syriens à Misrata (15). L’ex-officier de la CIA et directeur du Conseil de l’intérêt national US Philip Giraldi parle carrément d’un transport aérien de l’arsenal de l’ex-armée libyenne vers la Syrie via la base militaire américaine d’Incirlik située dans le sud de la Turquie à moins de 180 km de la frontière syrienne. Il affirme que l’OTAN est déjà clandestinement engagée dans le conflit syrien sous direction turque.
    Giraldi confirme aussi l’information parue en novembre dernier dans le Canard enchaîné, à savoir que des forces spéciales françaises et britanniques assistent les rebelles syriens tandis que la CIA et les Forces spéciales US leur fournissent des équipements de communications et d’espionnage.
    Un autre ex-agent de la CIA, Robert Baer, dont les mémoires (16) ont inspiré le film Syriana de Stephen Gaghan avec George Clooney en tête d’affiche, a déclaré à l’été 2011 que des armes sont envoyées aux rebelles syriens depuis la Turquie. (17)
    Sibel Edmonds, cette interprète de la FBI censurée pour avoir dénoncé des abus commis par les services de renseignement américains, affirme que la livraison d’armes aux rebelles syriens est assurée par les Etats-Unis depuis mai 2011. Les Etats-Unis auraient également installé en Turquie une « division de communication » dont la mission est de convaincre les soldats de l’armée syrienne à rejoindre la rébellion. (18)
    L’implication des mercenaires libyens ne serait pas uniquement logistique. Selon plusieurs témoins oculaires dont un reporter du quotidien espagnol ABC, des djihadistes libyens, dont certains membres du Groupe islamique combattant libyen (GICL) sont concentrés aux frontières syro-turques. (19)
    Dans la région majoritairement arabophone d’Antioche en Turquie qui jouxte la Syrie, la population locale croise un nombre exceptionnellement élevé de Libyens. Occupant les plus luxueux hôtels de la région, ils ne passent pas inaperçus. Certains de ces Libyens multiplient les actes de vandalisme dans certaines zones touristiques comme à Antalya. Des miliciens libyens séjournant en Turquie ont plusieurs fois attaqué et occupé leur ambassade à Istanbul pour réclamer leur solde. A ce tableau étrange vient s’ajouter l’arrestation d’un Libyen de 33 ans à l’aéroport d’Istanbul en possession de 2,5 millions de dollars. Le 1er avril, ce Libyen faisait escale à Istanbul. Sa destination finale : la Jordanie, un pays où l’on signale un grand nombre de mercenaires libyens massés à la frontière syrienne. Tiens, tiens… (20)

    Et les USA dans tout ça?

    Comte tenu des allégations de certains agents de la CIA concernant l’implication US dans la déstabilisation de la Syrie, est-il raisonnable de croire que l’administration Obama serait indifférente voire complaisante à l’égard d’un pays qui figure pourtant dans la liste des « Etats voyous » pour son soutien à la résistance palestinienne et son alliance stratégique avec le Hezbollah et l’Iran ? La Syrie est à ce titre cité parmi les sept pays contre lequel « l’utilisation de l’arme nucléaire est envisageable ». A ceux qui croient en l’inaction des forces occidentales en Syrie et à leur bonne foi dans leur défense des civils syriens, il convient de leur rappeler qu’il y a un an, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) sous commandement américain jurait par tous les saints vouloir agir par « responsabilité de protéger » le peuple libyen et promettait de s’en tenir à la résolution 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies afin d’ « empêcher le dictateur Kadhafi de bombarder sa population » et que, subitement, la protection des citoyens libyens s’est muée en engagement militaire dans une guerre civile, en coup d’état, en attentats ciblés et en bombardements aveugles.
    On se souviendra aussi qu’après avoir anéanti la ville libyenne de Syrte où le dirigeant libyen s’était retranché, les forces de l’OTAN le livrèrent en pâtures à des bandes criminelles qui le torturèrent à mort. Cette sordide exécution avait été facilitée par les USA et l’OTAN puisqu’ils ont préalablement traqué et bombardé son convoi. Pourtant, Andres Fogg Rasmussen et ses comparses qui se félicitèrent de la mort de Kadhafi répétèrent des mois durant que le dirigeant libyen n’était pas leur cible.
    La cynique stratégie des USA et de l’OTAN en Libye qui consistait à « ne pas dire ce que l’on fait et ne pas faire ce que l’on dit » est manifestement celle qui a été choisie pour la Syrie.
    En effet, officiellement, l’OTAN n’a pas l’intention d’intervenir dans ce pays. Rasmussen a même rappelé que son organisation n’armera pas les rebelles. Pourtant, certains courriers électroniques de l’agence de renseignement privée américaine Stratfor révélés par WikiLeaks le 27 février dernier indiquent la présence de forces spéciales occidentales en Syrie.
    Le compte-rendu d’une réunion, daté du 6 décembre 2011, sous-entend que des forces spéciales auraient été présentes sur le terrain dès la fin de l’année 2011. A ce propos, le courriel du directeur d’analyse de Stratfor Reva Bhalla est sans équivoque. (21) Il est question d’une réunion regroupant «quatre gars, niveau lieutenant colonel dont un représentant français et un britannique »:
    Au cours d’un entretien qui dura près de deux heures, ils auraient insinué que des équipes des Forces spéciales étaient déjà sur le terrain, travaillant à des missions de reconnaissance et à l’entraînement des forces de l’opposition.
    Les stratèges occidentaux réunis aux Etats-Unis sembleraient rejeter l’hypothèse d’une opération aérienne sur le modèle libyen et privilégier l’option d’une guerre d’usure sous forme d’attaques de guérilla et de campagnes d’assassinat afin « provoquer un effondrement de l’intérieur. »
    Ils auraient jugé la situation syrienne beaucoup plus complexe que celle de la Libye et le système de défense syrien trop performant, surtout ses missiles sol-air SA-17 disposés autour de Damas et le long des frontières israélienne et turque. En cas d’attaque aérienne, l’opération serait conduite depuis les bases de l’Otan à Chypre, conclut l’agence Stratfor.
    Si jusqu’à présent, les Etats-Unis n’ont pas envoyé leurs bombardiers sur Damas, ce n’est donc pas parce que le maintien du régime syrien les arrange mais parce que ce régime n’est pas une bouchée facile. En apportant leur appui aux groupes armés, les USA se rendent néanmoins complices des massacres en Syrie.
    L’OTAN et les Etats-Unis viennent ainsi compléter la très sympathique photo de famille du terrorisme anti-syrien aux côtés des monarchies du Golfe, des mercenaires libyens, des propagandistes salafistes et d’Al Qaida.

    Conclusions

    Le terrorisme anti-syrien est une réalité qui crève les yeux au sens propre comme au sens figuré. Son apparition est antérieure au printemps arabe. Durant les années 70 et 80, les Frères musulmans syriens en furent les principaux acteurs. Après avoir mis le pays à feu et à sang, ils furent écrasés par l’armée syrienne principalement à Hama en 1982. La dictature baassiste misa sur des moyens militaires pour éradiquer ce fléau mais comme bien souvent, la répression a au contraire eu pour effet d’ajourner voire d’amplifier la menace. Avec le retrait syrien du Liban en 2005, les mouvements djihadistes se sont implantés et renforcés dans la région libanaise de Tripoli puis dans les camps palestiniens du pays du Cèdre. Ils y ont retrouvé une nouvelle jeunesse et l’occasion de prendre leur revanche sur le régime baassiste en lançant des attaques en territoire syrien. Puis ils ont connu une troisième renaissance avec le printemps syrien de mars 2011.
    Composés de toutes les nationalités qui peuplent la région, les courants djihadistes anti-syriens affichent un antinationalisme radical qui ne reconnaît aucune limite territoriale. Ils ne peuvent donc être associés strictement à un seul pays de la région. On trouve ainsi dans leurs rangs des Saoudiens, des Maghrébins, des Jordaniens, des Libyens, mais aussi de nombreux Palestiniens ultraconservateurs qui rejettent l’idée de lutte de libération nationale en Palestine à la faveur d’une stratégie de guerre de religions « contre les Juifs et les Croisés ».
    Ces groupes politico-militaires ont causé des dommages significatifs à de nombreux mouvements de libération ainsi qu’à tous les gouvernements nationalistes arabes. En Irak par exemple, les militants d’Al Qaida ont farouchement combattu la résistance sunnite qui pourtant luttait contre les troupes américaines.
    Aujourd’hui, les gouvernements libanais et irakien, alliés objectifs du régime syrien et en proie à ces mêmes groupes armés, tentent de bloquer le passage des djihadistes vers la Syrie.
    Mais la connaissance du terrain de ces derniers disposant d’un soutien logistique sophistiqué de la part de l’OTAN et de ses alliés du Golfe rend ses frontières poreuses. Par exemple, certaines tribus sunnites transfrontalières, naguère en lutte contre les troupes d’occupation américaines et contre les chiites et aujourd’hui hostiles au régime de Damas pour des motifs essentiellement sectaires, acheminent armes, équipements et combattants depuis la province irakienne d’Anbar vers le district syrien de Deir Ez-Zor.
    L’OTAN est donc bel et bien militairement engagée en Syrie par l’intermédiaire de ses alliés arabes mais aussi et surtout par le biais de la Turquie qui, selon les propres déclarations du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, est un acteur clé dans la réalisation du Projet américain du Grand Moyen-Orient, un plan qui vise à abattre les dernières poches de résistance anti-US de la région.
    Eviter de comparer les scènes de destruction, de massacres et de désolation qui nous parviennent de Syrie avec la guerre civile algérienne des années 90 devient de plus en plus difficile. D’autant que la Syrie et l’Algérie, pays phare du nationalisme arabe, sont tous deux dotés de gouvernements politico-militaires issus d’une guerre de libération contre la France coloniale et sont tous deux confrontés à un terrorisme d’un même genre. Les djihadistes algériens étaient des vétérans d’Afghanistan qui avaient combattu les troupes soviétiques alors que les djihadistes aujourd’hui actifs en Syrie ont fait leurs armes sur les fronts irakien, afghan ou libyen. Dans l’Algérie des années 90 comme dans la Syrie de 2012, les groupes terroristes procèdent à un nettoyage ethnique, idéologique et confessionnel méthodique. Une différence de taille tout de même entre les deux pays: s’il demeure une menace, le terrorisme algérien a malgré tout pu en grande partie être neutralisé grâce à des moyens politiques basés sur le dialogue et la réconciliation. L’un des architectes de la paix algérienne fut Ahmed Ben Bella, héros révolutionnaire et premier président de l’Algérie indépendante. Il nous a quittés le 11 avril dernier. Osons espérer que la Syrie trouvera son Ahmed Ben Bella.

    Bahar Kimyongür, auteur de Syriana, la conquête continue, Ed. Couleur Livres et Investig’action, 2011
    bahar_kimyongur@yahoo.fr

    Sources
     
    1. Avec un bémol : le président de la République doit obligatoirement être musulman. Cet article de la Constitution a été maintenu malgré la nouvelle réforme pour ne pas s’aliéner la majorité musulmane du pays.
    2. A propos du mensonge sur l’appartenance religieuse du cheikh Hassoune, voir Envoyé Spécial, 19 janvier 2012. A propos d’Ali Mamlouk, voir Le Figaro, 31 juillet 2011
    3. Sunday Telegraph, 29 octobre 2011
    4. Voir U.S. Department of State, Foreign Terrorist Organizations, 27 janvier 2012
    5. Ulrike Putz, The Burial Brigade of Homs in Der Spiegel, 29 mars 2012
    6. Maghreb Intelligence, 17 février 2012
    7. Nir Rosen, Al Jazeera online, 13 février 2012
    8. Georges Malbrunot, Le Figaro, 22 février 2011
    9. Vicken Cheterian, Le Monde diplomatique, mai 2010
    10. David Enders, McClatchy Newspapers, 1er avril 2012
    11. Sabq (journal saoudien en ligne), 26 février 2012
    12. The Jamestown Foundation, Terrorism Monitor, 2 décembre 2005
    13. Peter Beaumont, The Guardian, 3 octobre 2006
    14. Ayfer Erkul, De Morgen, 20 mars 2012
    15. Ruth Sherlock, The Telegraph, 25 novembre 2011
    16. Robert Baer, La chute de la CIA: les mémoires d’un guerrier de l’ombre sur les fronts de l’islamisme (trad. Daniel Roche de See not evil, Three Rivers Press, New York, 2001) collection Folio documents, Ed. Gallimard, 2002
    17. Hürriyet, 8 mars 2012
    18. Interview de Sibel Edmonds, Russia Today, 16 décembre 2012
    19. Daniel Iriarte, Islamistas libios se deplazan a Siria para « ayudar » a la revolucion, 17 décembre 2011
    20. Milliyet, 2 avril 2012
    21. Russia Today, 6 mars 2012

  18. El Djazaïri. dit :

    Purée, quelle superbe analyse.
    Mais, c’est Christophe Ayad (le propagandiste du Monde faisant office de journaliste spécialisé sur la Syrie)qui ne pas pas être content.

  19. arnaud dit :

    Bonjour,
    Le lien vers l’article en question svp ?
    Ne figure pas dans le journal du 13 et introuvable sur le site internet
    Ou peux t’on SVP trouver cet article dans son intégralité ?
    Pensez SVP à ajouter les « références » de vos sources
    Cdt
    AM

Commenter Mohamed Ouadi