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          Nous avions rendu compte de la dernière livraison de l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, où il était beaucoup question du Qatar, d'al-Jazeera et donc de la Syrie (voir notre article "Et une démission de plus  (et non des moindres) à al-Jazeera !", mis en ligne le 4 janvier). Dans le même numéro de ce journal de la droite pro-américaine et sarkozyste, Frédéric Pons, en charge des pages étranger, grand ami de l'Amérique, d'Israël et des monarchies du Golfe - et donc adversaire [...]



Quand Aoun et Geagea débattent de la Syrie

Par Droits réservés,



Samir Geagea, la voix du Liban américano-compatible...

 

... et Michel Aoun, celle du refus de l'ingérence, du fondamentalisme et du chaos...

 

 

 

 

Nous avions rendu compte de la dernière livraison de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles, où il était beaucoup question du Qatar, d’al-Jazeera et donc de la Syrie (voir notre article « Et une démission de plus  (et non des moindres) à al-Jazeera ! », mis en ligne le 4 janvier). Dans le même numéro de ce journal de la droite pro-américaine et sarkozyste, Frédéric Pons, en charge des pages étranger, grand ami de l’Amérique, d’Israël et des monarchies du Golfe – et donc adversaire déterminé sinon cohérent de la Syrie bachariste -, Frédéric Pons a eu tout de même la bonne idée de réunir physiquement les deux pôles opposés – sur la Syrie notamment – de la communauté chrétienne libanaise : le général Michel Aoun et Samir Geagea.

 

L’entretien prend assez vite l’aspect d’un dialogue de sourds – de sourds relativement courtois – tant les positions et analyses sur la Syrie sont opposées. Sans surprise, nous nous reconnaissons dans l’argumentation développée par Michel Aoun : le général, qui combattit « courageusement » (dixit F. Pons) contre l’armée syrienne en 1989/90, a désormais rallié le camp pro-syrien, apportant le soutien de sa formation, le « Courant patriotique libre » – et d’une partie importante des chrétiens libanais -, à la coalition formée autour du Hezbollah qui gouverne le Liban à la place des Hariri depuis juin 2009.

Dans les colonnes de V.A. il dénonce le recrutement, majoritairement islamiste, de l’opposition syrienne, dit que « la réforme et le changement ne se font pas dans une atmosphère d’anarchie » et que « la démocratie ne peut pas se fonder sur le chaos et les armes« , met en garde contre un renversement de Bachar qui aurait des conséquences graves, en termes de déstabilisation, sur toute la région. Le général Aoun rejette sans surprise toute ingérence dans les affaires syriennes, comme il l’avait fait naguère pour le Liban.

Les analyses originales de Samir Geagea

Samir Geagea, lié au clan Hariri, et, au-delà, à la coalition occidentale, commandant des « Forces libanaises« , milice muée en parti de la coalition minoritaire de Saad Hariri, voit les choses tout différemment. Pour lui, ce qui arrive en Syrie est un authentique « soulèvement populaire« , pour les droits de l’homme que lui, Geagea a constamment soutenu au cours de sa carrière. Curieusement, Geagea prétend que son attitude n’est nullement dirigée contre le régime Assad (!) Avant de prédire que le renversement du dit régime sera « un facteur de stabilisation dans la région, notamment pour le Liban » (!!) D’ailleurs, assure le chef des Forces libanaises, c’est la Syrie d’Assad père et fils qui a toujours déstabilisé la région et le Liban en particulier, ce qui n’est pas l’avis de la plupart des connaisseurs du Proche-Orient, même opposés au régime syrien. Geagea reproche pêle-même à Damas son soutien aux Palestiniens, ses liens avec le Hamas, le gouvernement irakien : ce qui équivaut, en creux, à revendiquer pour le Liban une relation privilégiée avec Israël, dont l’action pourtant a été assez déstabilisatrice depuis un demi-siècle, au Proche-Orient.

A un moment, Frédéric Pons pose la question d’une éventuelle arrivée au pouvoir à Damas d’une majorité sunnite « qui serait sous l’influence de fondamentalistes« . Michel Aoun répond que lui et ses amis ne craignent pas la majorité sunnite mais les Frères musulmans, « qui considèrent que la démocratie est contre les principes islamiques« . Et le général va au fond de ces choses : « Nous ne voyons que cette alternative (l’arrivée au pouvoir des Frères) si Assad est renversé« . Geagea plaide, on s’en doute, pour une opposition sunnite modérée, et prétend que l’action de la dite opposition « à l’intérieur comme à l’extérieur » de la Syrie, « atteste que les modérés sont majoritaires » : cette analyse originale laisse planer quelques doutes sur la lucidité – ou l’honnêteté – de M. Geagea. Qui évacue la menace fondamentaliste en arguant du fait que 30% des Syriens appartiennent à des minorités non sunnites : on a vu ce que ce genre de calcul valait en Irak, notamment pour les chrétiens !

Justement, Pons conclut ce entretien couplé par une question sur le sort des chrétiens syriens en cas de changement de régime, faisant allusion précisément au « modèle » irakien. Aoun a beau jeu de faire un panorama des persécutions et menaces pesant sur les différentes communautés chrétiennes, de l’Egypte à l’Irak en passant par la Palestine. Et donc en Syrie, où la disparition des chrétiens « changerait profondément l’identité de toute la région ».

Que peut dire Geagea contre ces évidences ? Que les chrétiens de Syrie, s’ils « veulent tirer profit du changement de régime« , « doivent contribuer maintenant au processus de démocratisation en cours« . Car Geagea ne voit qu' »une menace sérieuse » pesant sur les chrétiens syriens : rester « en marge » de ce qui se passe, et c’est pourquoi ils doivent s’engager dans les rangs de l’opposition radicale « dès maintenant« .

Nous dirons donc que les « arguments » de Samir Geagea crédibilisent ceux de Michel Aoun, par simple effet de juxtaposition. Merci donc à Frédéric Pons et à Samir Geagea pour leur contribution involontaire à une meilleure perception, par les lecteurs de Valeurs Actuelles, des véritables enjeux de la crise syrienne.



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9 commentaires à “Quand Aoun et Geagea débattent de la Syrie”

  1. Purpan dit :

    Concernant le Liban, c’est vrai que la Syrie dirigée par le père Assad n’a pas été très a l’aise avec le dossier. Il a déstabilisé le Liban en participant au conflit inter-communautaire qu’il y avait alors.

    Par contre, la Syrie dirigée par le fils, Bachar al-Assad a parcourut un chemin plutôt inverse : il a retiré l’armée du pays et il a soutenu la résistance du Hezbollah contre la tentative d’invasion du territoire par Israël en 2006.

    Si le Liban a put s’en sortir tant bien que mal, ce n’est surement pas avec l’aide de l’occident. Michel Aoun l’a bien compris.

    • sowhat dit :

      « Il a déstabilisé le Liban en participant au conflit inter-communautaire qu’il y avait alors. »

      Faux Assad le père a stabilisé le Liban. Sans l’intervention de la Syrie, le Liban serait aujourd’hui divisé en plusieurs entités confessionnelles comme cela est d’ailleurs le plan pour la Syrie.

      • fatima dit :

        Assad, le père est entré au Liban suite à l’appel de Pierre Gemayel pour protéger les chrétiens maronites . bien que Hafez Alassad n’est qu’après avoir reçu le feu vert de Giscard D’Etaing , alors président de la France.
        Et si les phalangistes ont tourné leur veste, c’est à cause d’Israël. Et les phalangistes ont attaqué l’armée syrienne pendant qu’elle était entrain de monter leurs tentes dans une vallée (dont j’ai oublié le nom ).
        Je peux vous assurez cela car le mari de l’amie de ma soeur était lieutenant et il est décédé à cause de ces frappes.
        Les syriens quoiqu’on dise, ont toujours voulu l’unité du Liban.

    • Byblos dit :

      On oublie trop souvent des faits pourtant avérés. La défaite arabe de juin 1967 a été suivie simultanément de l’arrivée de Sadate au pouvoir, de la fondation sous l’impulsion de l’Arabie Saoudite, de la Conférence islamique qui a mis en veilleuse la Ligue Arabe, et de la formidable entreprise qui s’en est suivie, de création d’écoles coraniques et de mosquées wahhabites à travers tout le monde arabe et islamique, et même en Europe.

      De 1967 à 1973, on prépare Camp David. Sadate rompt avec l’URSS et «congédie» ses conseillers. Il se rapproche parallèlement des USA qui entreprennent dès lors de soutenir financièrement l’Égypte. Kissinger met au point la mise en scène de la prétendue victoire de la ligne Bar Lev lors de la guerre du Kippour en 1973, victoire dont l’avantage militaire est vite effacé par l’opération dite du déversoir initiée par Ariel Sharon.

      Tout est en place pour la signature par l’Égypte du traité de paix de Camp David, suivie rapidement par la Jordanie. Dès lors, l’Égypte est alignée scrupuleusement sur la diplomatie islamo-wahhabite de l’Arabie Saoudite. Il en est de même pour le petit royaume hashémite. DE CE FAIT, LA SYRIE EST TOTALEMENT ISOLÉE. Qui est au pouvoir en Syrie? Depuis 1970, c’est Hafez el Assad.

      Tous les efforts de la Syrie depuis lors (41 ans) tendront à sortir de son isolement SANS BRADER LA QUESTION PALESTINIENNE, comme l’ont fait les monarchies du Golfe, l’Égypte, la Jordanie, et même Mahmoud Abbas.

      Ce n’est pas la Syrie qui a déstabilisé le Liban en 1975, pour la simple raison que le Liban déstabilisé risquait alors, risque encore aujourd’hui, de déstabiliser la Syrie elle-même. C’EST LA SYRIE QUI SE DÉBAT -PARFOIS MALADROITEMENT PEUT-ÊTRE- CONTRE LES EFFORTS DÉPLOYÉS POUR LA RAMENER À L’INSTABILITÉ QUI DURAIT DEPUIS 1948, et dont Hafez el Assad l’avait sortie, lui assurant malgré vents et tempêtes une stabilité qui dure jusqu’aujourd’hui..

  2. sowhat dit :

    Ce prétendu « docteur » Geagea devrait être en prison. Il ne doit sa libérté qu’aux pourris du 14-mars, de Feltman et des français. Dans tout autre pays que le Liban, il aurait été passé par les armes. Ce type est un grand criminel directement responsable de dizaines d’assassinats et d’attentats meutriers dont l’exécution sur son ordre et sous ses yeux des enfants Frangié et Chamoun, ses anciens adversaires politiques eux-mêmes assassinés par ses sbires. Cette ordure était reçue régulièrement à bras ouverts par l’ancien patriarche maronite Nasrallah Sfeir qui lui témoignanait beaucoup d’affection, lequel patriarche a été viré sur ordre du Vatican et qui pendant des années a ignominieusement couvert ses crimes, à la face de tous les libanais.

  3. l'ingenue dit :

    l’idéologue de la révolution syrienne a mourir de rire ou de tristesse
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=6PsO-WLOc1g
    la démocratie qui attend les syriens. Ils sont prêt a tuer tous ceux qui ne pense pas comme eux une fois au pouvoir
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=fuvggHhwZnc

  4. khodr dit :

    QUEL CHIEN CE SAMIR!!!!!!!!!!
    une vraie merde!!!!!!!!!!!!!!!!!!
    ca c est un virus avec son ami joumblatt!!!!
    heureuse que nos freres libanais et druzes ne sont pas comme ca!!!!!
    quand je pense que ces 2 ordures passent à la télé ou que des journalistes s y interesse!!!!
    ca me degoute
    Entre les hariri , les samir et les joumblatt , on est bien servit en guignol!!!
    heureusement qu il y a des mecs comme aoun et nassrallah au liban

  5. Kataeb dit :

    Heureusement qu’il ya des héros comme Geagea au Liban sans qui les chrétien ne serait plus aussi nombreux !!

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