Franchissant tranquillement un nouveau degré dans l’arrogance et la menace (à peine) voilée, Hillary Clinton, chef de la diplomatie américaine, a exhorté, vendredi 12 août, les partenaires commerciaux de la Syrie à boycotter Damas et ainsi à se ranger « du bon côté de l’Histoire ». On doute que la Russie, la Chine, l’Iran, l’Irak, le Liban, la Turquie (mais oui, jusqu’à présent) et pas mal d’autres suivent ce « conseil d’ami » émanant d’un pays en pleine débâcle financière et principal propagateur, via le dollar et sa dette, du désordre monétaire et économique mondial.
L’Amérique, l’URSS et le reste du monde
Mas il est piquant – et significatif – de voir une haute responsable des Etats-Unis, patrie charnelle du capitalisme, reprendre à son compte le « sens de l’Histoire » cher à Karl Marx et à ses disciples. A vrai dire, le paradoxe n’est qu’apparent : les Etats-Unis ont toujours eu en commun avec feu l’URSS une dimension messianique, estimant que leur philosophie socialement individualiste et économiquement (ultra) libérale était la seule valable et avait donc vocation à s’imposer dans le monde entier, par delà les différences culturelles, ethniques et historiques. Exactement comme le communisme. L’URSS ayant défunté, il ne reste plus qu’une idéologie « universelle », l’américaine, au service du seul impérialisme encore disponible « sur le marché ».
D’ailleurs, s’il y a vraiment un sens de l’Histoire, on n’est pas aussi sûr que madame Clinton qu’il aille dans le sens de la Maison Blanche, du Département d’Etat, du Pentagone, de l’OTAN et de Wall Street : en Afghanistan, ce sens ne va pas vraiment dans la bonne direction, du point de vue « clintonien » – pareil, semble-t-il, pour l’Egypte, le Liban et plusieurs pays d’Amérique latine et centrale – et en Libye, l’Histoire a plutôt tendance à hésiter, c’est le moins qu’on puisse dire…
Quant à la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde, ces grandes nations suivent, avec succès, le sens de LEUR histoire, qui n’est certes pas celle planifiée par Hillary Clinton !
Et la Syrie ? Petit pays mais grande nation arabe, on lui souhaite de maintenir le cap qui est le sien, en montrant au monde arabo-musulman, malgré les problèmes et des erreurs, l’exemple d’un pays indépendant, c’est-à-dire ferme par rapport aux pressions américaines et aux menées israéliennes, et moderne, c’est à dire gérant la coexistence pacifique des communautés et traditions religieuses via une laïcité effective et assurant l’égalité citoyenne aux femmes et à toutes les minorités. C’est cela le « sens de l’histoire » syrienne, n’en déplaise à Hillary Clinton !
Quand Hillary nous soutenait qu’il existait des Armes de destruction massives en Irak et de l’existence de liens entre Al Qaida et Saddam Hussein
« intelligence reports show that Saddam Hussein has worked to rebuild his chemical and biological weapons stock, his missile delivery capability, and his nuclear program. He has also given aid, comfort, and sanctuary to terrorists, including Al Qaeda members, though there is apparently no evidence of his involvement in the terrible events of September 11, 2001. It is clear, however, that if left unchecked, Saddam Hussein will continue to increase his capacity to wage biological and chemical warfare, and will keep trying to develop nuclear weapons. Should he succeed in that endeavor, he could alter the political and security landscape of the Middle East, which as we know all too well affects American security. » — Hillary Clinton, October 10, 2002
https://secure.wikimedia.org/wikiquote/en/wiki/Iraq_and_weapons_of_mass_destruction
Bonjour,
Très bien. Un peu d’ironie.
Outre l’hypocrisie et les mensonges que vous soulignez, je pense que cette formule est à attribuer à la crasse inculture de cette dame.
Puissance impérialiste, les américains pensent qu’ils sont capables d’imposer leur dogme néo-obscurantiste à toute la planète. Non seulement ils sont en faillite et prospèrent sur le dos des autres nations, mais sur le plan extérieur, ils vont d’échec en échec.