• Décryptage
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Nous proposons ici une version un peu abrégée du discours prononcé lundi 20 juin par le Président Bachar al-Assad à la télévision syrienne. Discours assez long, mais non discours fleuve à la Castro, dans lequel le chef de l'Etat syrien propose sa vision, son analyse du mouvement de contestation qui agite le pays depuis le mois de mars. Nous présentons donc les lignes force de son intervention, via de larges extraits de son discours, ayant trait notamment aux raisons et [...]

Al-Assad: "J'ai constaté une grande volonté d'éradiquer la corruption."

"64 000 personnes, c'est le nombre de recherchés arrêtés pour des raisons diverses."

"Je vous dis d’essayer de communiquer avec l’Etat, vous y trouverez tolérance et accueil favorable, même ceux qui ont porté les armes sans les utiliser."


Ce qu’il faut retenir du discours de Bachar al-Assad

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Nous proposons ici une version un peu abrégée du discours prononcé lundi 20 juin par le Président Bachar al-Assad à la télévision syrienne. Discours assez long, mais non discours fleuve à la Castro, dans lequel le chef de l’Etat syrien propose sa vision, son analyse du mouvement de contestation qui agite le pays depuis le mois de mars. Nous présentons donc les lignes force de son intervention, via de larges extraits de son discours, ayant trait notamment aux raisons et aux caractéristiques qui sont, selon lui, celles du mouvement anti-gouvernemental : pour Bachar al-Assad, le complot international – assimilé à une maladie contagieuse – ne fait pas de doutes même s’il s’abstient soigneusement de désigner un ou des pays. Et ce qui est à l’origine de tout, ce sont, dixit Bachar al-Assad, les positions politiques syriennes « fermement attachées à ses principes et ses intérêts. »

On constatera en lisant les passages de cette intervention que le président syrien n’occulte pas systématiquement les problèmes rencontrés par la société syrienne ; par exemple, il fait allusion à l’insurrection des Frères musulmans à Hama, en 1982, réprimée dans le sang par son père, et déplore que les habitants de cette région paient encore les conséquences de ce drame, presque trente ans après. Plus loin, à propos de l’amnistie, le président reconnaît que certains exilés continuent d’avoir peur de rentrer. Il s’efforce aussi de donner des informations précises, comme le nombre – 64 000 – de personnes impliquées, selon ses services, dans des actions violentes à but crapuleux ou subversif. Et là encore, le premier Syrien se dit surpris par le nombre élevé de ces personnes. Enfin il isole la frange politisée des activistes violents, qu’il désigne clairement comme des fanatiques islamistes. Bachar al-Assad semble marquer une volonté sincère de renouer le dialogue avec le citoyen syrien qui, reconnaît-il là encore, a parfois le sentiment qu’on fait fi de ses opinions et desiderata, bref qu’on l’exclue « du processus d’édification dont il est le but ultime. » Et pour remédier à cet état de fait, le président syrien propose plusieurs réformes, dont l’institution d’un « organisme de dialogue national » dont la forme n’a pas été précisée.

Bachar al-Assad insiste beaucoup, tout au long de son intervention, sur le souci qu’il a de maintenir et d’amplifier le dialogue avec son peuple : il évoque les nombreuses délégations, des villes et des provinces qu’il ne cesse de recevoir depuis le début de la crise.

Au final, et au delà des exercices de style obligés inhérents à ce genre d’intervention, il émane du discours présidentiel une volonté apparemment sincère de réformer le pays, d’associer plus étroitement le peuple aux décisions, de lutter contre le fléau de la corruption. Et il n’est pas indifférent, à ce stade, de rappeler que Bachar al-Assad n’a pas cherché le pouvoir, puisque c’est son frère qui devait succéder à son père. Le président syrien est certainement un  homme de bonne volonté, confronté à une situation difficile, son pays se retrouvant, de par son importante démographique et sa situation géographique, au coeur d’une région stratégique où s’opposent les Etats-Unis et leurs alliés israéliens, saoudiens et émirati, voire turcs, l’Iran, le Liban, les Palestiniens et jusqu’à la Russie. L’enjeu demeurant que la Syrie ne devienne pas un nouvel Irak.

(Les titres de paragraphes et le découpage du discours sont de notre responsabilité. Les extraits surlignés en caractères gras l’ont été par nos soins.)

 

-Sur les victimes

« Plusieurs martyrs sont tombés parmi les citoyens, les agents de sécurités, les policiers et l’armée. Il y a eu beaucoup de blessés. C’était une grande perte pour leurs parents, leurs familles et pour la patrie… C’était pour moi personnellement une lourde perte. J’implore à tous les martyrs la miséricorde et le pardon de Dieu, et présente mes sincères condoléance à leurs familles et parents. »

 

-Sur le complot

« Il est évident que la question qui se pose aujourd’hui est celle de savoir ce qui se passe et pourquoi. Est-ce qu’il s’agit d’un complot ? Et qui l’a tramé ? Ou est-ce que c’est de notre faute ? Le cas échéant, où réside-t-elle?

« Je ne pense pas que la Syrie soit passée par une étape où elle ne fut pas l’objet de divers complots avant comme après l’indépendance, et ce pour plusieurs raisons dont certaines sont liées à son important statut géopolitique. D’autres sont liées à ses positions politiques fermement attachées à ses principes et ses intérêts. Les complots sont comme des microbes, ils se reproduisent à tout instant et à tout endroit. Ils ne peuvent être exterminés, mais on peut œuvrer à renforcer l’immunité de notre corps pour les repousser. Les positions politiques et médiatiques que nous avons vues n’ont pas besoin d’être longuement analysées pour confirmer l’existence de tels complots. Pour y faire face, on ne doit pas perdre du temps à en parler ni à en avoir peur. Il faut plutôt chercher les points faibles internes à travers lesquels les complots peuvent passer, et y remédier. Il ne sera plus important alors de parler d’un complot tramé à l’extérieur et ultérieurement exécuté dans le pays. C’est bien le déséquilibre qui a encourage les autres à tenter d’intervenir. La solution consiste à ce que nous remédions nous-même à nos problèmes et à éviter les accumulations qui affaiblissent notre immunité nationale.

« Les germes se trouvent partout, sur l’épiderme, dans les intestins. Les savants à travers l’histoire n’ont jamais pensé les éradiquer complétement. Ils ont toujours réfléchi sur la manière d’améliorer l’immunité du corps humain. C’est ce à quoi nous devons réfléchir. C’est plus important que de faire des analyses relatives au complot. Je ne pense pas d’ailleurs que les données révéleront prochainement tous les détails, qui ne paraitront peut-être pas pour plusieurs années. Cependant, certains disent qu’il n’y a pas de complot. Ce n’est pas non plus objectif, non pas en raison de la crise mais à l’égard des circonstances et du contexte historique syrien. Que dit-on des positions politiques extérieures flagrantes pour les pressions qu’elles exercent sur la Syrie, et des tentatives d’ingérence dans ses affaires intérieures, non pas dans l’intérêt du citoyen syrien mais pour atteindre un objectif bien connu : renoncer à tous les principes, les droits, les intérêts et les politiques auxquels vous tenez.

« Que dire de ces positions politiques ? Que dire des pressions médiatiques ? Que dire des cellulaires développés que nous commençons à repérer en Syrie et qui sont largement utilisés par les saccageurs ? Que dire de la falsification dont nous avons été tous témoins ? Nous ne pouvons les qualifier d’actes de bienfaisances ! Il s’agit sans aucun doute d’un complot. Mais nous n’allons pas perdre notre temps à en parler. »

« Il s’agit sans aucun doute d’un complot. »

 

-Sur la structure du mouvement contestataire

a) les manifestants sincères et pacifiques

« Dans mon discours aujourd’hui je n’évoquerai que la situation intérieur, et je n’accorderai aucune importance à ce qui est extérieur, ni positivement ni négativement.

« Ce qui se passe dans la rue a trois composantes : d’abord il y a ceux qui ont des besoins ou des demandes auprès de l’Etat. J’ai déjà évoqué les demandes légitimes. L’Etat a le devoir d’œuvrer inlassablement à satisfaire ces demandes dans les limites du possible. Nous devons tous en tant que responsables écouter nos concitoyens, dialoguer avec eux et les aider sous le toit de l’ordre public. L’effort déployé par l’Etat pour appliquer la loi et imposer l’ordre ne justifie pas qu’on néglige les demandes des gens. De même, les besoins urgents de certains ne justifient nullement qu’on cherche à répandre le désordre, à violer la loi ou à porter atteinte aux intérêts publics.

« Cette composante, j’en ai rencontré des représentants. Lorsque je parle de la composante de ceux qui ont des besoins, je ne veux pas dire nécessairement par-là les manifestants, mais quiconque a besoin de quelque chose. Certains d’entre eux ont manifesté, mais la grande majorité ne l’a pas fait, tout en ayant des besoins à satisfaire. Nous devons communiquer avec eux. J’ai rencontré plusieurs délégations. Certaines avaient manifesté, d’autres non. Elles étaient venues de toutes les régions syriennes et appartenaient à toutes les catégories de la société.

« Je peux dire qu’il faut les distinguer des saccageurs. Ces derniers ne sont que minoritaires. Ils étaient bien sûr influents et ont tenté d’exploiter les autres, qui sont bons et majoritaires, en vue d’atteindre plusieurs visées. Il est donc particulièrement important de distinguer les deux catégories. Cette composante (pacifique) est donc patriotique. Toutes les demandes que j’ai recueillies ont été formulées sous le chapiteau de la Nation. Il n’y a pas d’agendas extérieurs, ni de liens avec l’étranger. Ils s’opposent à toute ingérence extérieure sous quelle forme qu’elle soit. Ils souhaitent participer et ne pas être marginalisés. Ils veulent la justice. Beaucoup de points ont été soulevés, par exemple des choses accumulées depuis trois décennies, depuis l’époque des conflits avec les frères musulmans. Cette période noire des années quatre-vingts. De nouvelles générations en payent toujours le prix : pas d’emploi, pas de permission de sécurité. (…) Bien entendu, nous avons commencé à régler ce type de problèmes que j’ai entendus de la part de plusieurs délégations, en particulier celles d’Idleb et de Hama. Nous avons commencé à résoudre ce problème. Nous allons le régler une fois pour toute, car il est inadmissible qu’après trois décennies on continue à vivre dans une époque noire.

« Ce sont des questions relatives à la justice et à un sentiment d’injustice ressenti par tout citoyen. Certaines questions sont relatives aux passeports. Il y a deux ans, si je me souviens bien, nous avons donné à toutes nos ambassades à l’étranger des directives pour donner des passeports aux personnes qui font objet de poursuites, qui sont donc en fuite ou qui ne le sont pas mais qui croient être recherchées. Beaucoup d’entre eux avaient peur et ne se sont pas présentés aux ambassades pour recueillir leurs passeports, même après la dernière amnistie générale décrétée. La peur persiste toujours, ce qui empêche les gens de prendre l’initiative envers les institutions de l’Etat. Ils ressentent parfois une injustice qui n’existe pas. Puisqu’on évoque l’amnistie générale, j’ai senti à travers mes dernières rencontres que beaucoup n’en étaient pas satisfaits. En effet c’était l’amnistie la plus générale décrétée depuis vingt-trois ans. Je pense qu’il y en a eu une similaire en 1988. Cependant, on a souhaité qu’elle soit plus générale. D’habitude, nous n’évoquons pas de noms mais des critères. Nous disons : « l’amnistie est générale, mais ne touche pas les crimes de drogue, de terrorisme, de crimes moraux… ». Mais étant donné les circonstances actuelles, et d’après ce que j’ai entendu de plusieurs personnes, ou de ce qui m’est parvenu d’autres personnes que je n’ai pas rencontrées, je demanderai au ministre de la Justice d’effectuer une étude de la marge qu’on peut avoir pour élargir cette amnistie, même par un autre décret, et de manière à englober les autres, sans porter atteinte pour autant à l’intérêt et la sécurité de l’Etat, ni aux intérêts des personnes touchées par ces crimes. »

b) Les manifestants – de droit commun – violents

« La deuxième composante est celle des hors-la-loi, des recherchés par la justice pour de divers actes criminels. Ils ont trouvé dans l’Etat un rival et un objectif à viser, car il constitue un obstacle qui les empêche d’atteindre leurs objectifs illégitimes, et parce qu’ils sont recherchés par ses organes. Pour eux, le désordre est une occasion précieuse à ne pas manquer, pour qu’ils restent en liberté et renforcent leurs activités illégales. S’il est évident qu’on œuvre à appliquer la loi à tout le monde, cela ne doit pas nous empêcher de chercher des solutions à dimensions sociales susceptibles d’écarter ces gens de la mauvaise voie, et de les inciter à être de bons citoyens bien intégrés dans leur société

« La question pourrait être celle de savoir le nombre de ces personnes. Personnellement, j’ai été surpris par ce nombre. Je croyais qu’elles étaient quelques milliers. Au début de la crise, elles dépassaient les 64 mille personnes. Imaginez ce nombre de recherchées pour des raisons variées, avec des peines qui pourraient aller de quelques mois de prison jusqu’à la peine capitale. Ce sont des personnes en fuite, dont 24 mille sont condamnées à trois ans de prison au moins. Bien entendu, ce chiffre a un peu baissé depuis quelques jours. Il y en a désormais moins de 63 mille, car certains se sont rendus aux autorités compétentes. 64 mille, cela correspond dans le contexte militaire à environ cinq divisions, presqu’une armée entière. Si quelques milliers seulement veulent porter des armes et perpétrer des actes de sabotage, vous imaginez les dégâts que l’Etat risque de subir ! »

c) les activistes politiques

« Quant à la troisième composante, elle est la plus dangereuse malgré sa petite dimension. Il s’agit des extrémistes et des takfiristes. Nous avons connu et expérimenté cette idéologie depuis des décennies lorsqu’elle a tenté de s’infiltrer en Syrie. Notre pays a pu s’en débarrasser grâce à la lucidité et à la sagesse de son peuple.

« Aujourd’hui, cette idéologie n’est pas différente de celle que nous avons connue depuis des décennies. Elle est bien la même. Ce qui a changé ce sont les outils, les méthodes et les visages. Cette idéologie se cantonne dans les coins sombres et se révèle au grand jour chaque fois qu’elle en a l’occasion, chaque fois qu’elle trouve le bon masque pour se déguiser. Elle tue au nom de la religion, sabote au nom de la réforme et répand le désordre au nom de la liberté.

« Il est tout à fait désolant qu’il y ait dans n’importe quelle société des groupes appartenant à des siècles révolues, qui nous sont parfaitement étrangers. C’est à vrai dire le plus grand obstacle qui entrave la réforme, le développement commence par l’homme et non par les ordinateurs. Il ne commence pas par la machine, ni par les législations, mais par l’être humain. Nous devons donc cerner cet esprit, si nous voulons vraiment nous développer. De toute manière, il y a d’autres composantes, dont la composante extérieure et son rôle dans la crise, dont je n’ai pas parlé. Je n’ai pas évoqué les composantes que nous connaissons tous. Il y a des gens qui sont payés pour prendre des photos et traiter avec les médias. Certains leur versent de l’argent pour qu’ils prennent part à des manifestations de quelques minutes, ce rien que pour prendre des photos. Ce sont des composantes qui ne nous intéressent pas beaucoup. »

d) les méthodes de la subversion

« C’est ainsi qu’en observant le déroulement des événements, on constate que l’escalade et le désordre étaient la réponse à toute mesure de réforme annoncée ou réalisée. Lorsqu’il n’y avait plus aucune justification, le recours aux armes était leur seul choix pour exécuter leur plan. Les manifestations pacifiques étaient parfois utilisées comme une couverture sous laquelle se cachaient des personnes armées. Dans d’autres cas, ils agressaient les civils, la police et les militaires, en attaquant des postes militaires ou en perpétrant des assassinats. Les écoles, les commerces et les voies publiques ont été fermés par la force des armes. Les biens publics ont été saccagés, pillés et délibérément incendiés. Les villes ont été disloquées les unes des autres en coupant les routes nationales. Cela a constitué une menace directe du mode de vie quotidien des citoyens, de leur sécurité, de leur éducation, de leur économie, et les a empêchés de communiquer avec leurs familles (…) Bien entendu, sauf pour ce qui est de la première composante, je ne parle là que d’une toute petite minorité. La question n’est donc pas inquiétante, mais je répète qu’il convient d’y remédier. Lorsqu’ils ont échoué dans la première étape, alors qu’ils cherchaient à exploiter la première composante, celle des personnes qui ont des demandes légitimes, ils sont passés au conflit armé et aux actes de violence. Ayant aussi échoué, ils sont passés à un nouveau type d’action à Jisr al Choughour, en perpétrant des massacres horribles dont on a vu les images, tuant des agents de sécurité, saccageant le bureau de poste, or les bureaux de postes sont des biens publics, la ville où ils vivent en profite. C’est là l’expression d’une grande rancune. L’important c’est qu’ils possèdent des armes sophistiquées inexistantes auparavant, et des appareils de communication développés. Ils sont passés à un autre type d’action. Ils ont essayé, à proximité de Ma’arat al- Nou’man, de s’emparer des dépôts de carburant. Ils ont même pu les occuper, et ont encerclé les forces armées intervenues pour les récupérer. Nous avons été surpris de repérer chez eux des véhicules 4X4 tout-terrain modernes porteurs d’armes sophistiquées destinées aux hélicoptères, ainsi que des appareils de communication. Ils ont tenté de commettre une nouveau massacre à Ma’arat al- Nou’man contre un groupe d’agents de sécurité, et ont failli réussir ; mais la population est intervenue et a défendu les agents de sécurité en leur donnant refuge chez eux. Certains l’ont payé cher ; ils ont été torturés, battus jusqu’à se faire casser les os. Je les salue pour leur patriotisme et j’espère les rencontrer prochainement. Bien sûr, il y en a d’autres qui ont essayé d’agir de la même manière et d’empêcher la discorde dans plusieurs régions de la Syrie. Beaucoup ont réussi, d’autres non. Sans ce sentiment de patriotisme chez beaucoup de Syriens, la situation aurait été bien pire. »

 

-Sur le dialogue du pouvoir avec les Syriens

« Aussi ai-je commencé par une longue série de rencontres incluant toutes les catégories sociales issues de diverses régions et gouvernorats syriens, en vue de comprendre et de voir la réalité tel quelle, ou le mieux possible et sous tous ses angles, et de manière à nous permettre d’établir les priorités des institutions étatiques en fonction des priorités des citoyens.

« J’ai voulu comprendre les détails directement de la bouche des citoyens, loin de tous les canaux qui pourraient filtrer certaines informations, ou qui pourraient transmettre toute l’information mais non les émotions. J’ai voulu bâtir sur ces rencontres tout ce j’allais dire. Pratiquement, mes propos, mon discours s’appuient au fond sur mes conversations avec les gens. J’ai rencontré des manifestants et des non manifestants. A vrai dire je considère que ces rencontres étaient la chose la plus importante que j’ai jamais pu faire depuis que j’assume mes responsabilités, malgré les circonstances difficiles, malgré les peines, et les frustrations. Mais je peux dire que ces rencontres étaient étonnement utiles, l’affection et l’amour que j’ai constatés auprès de ces personnes qui s’expriment au nom de la plupart du peuple syrien, je ne les ai jamais sentis de ma vie. Il est certain que j’éprouve les mêmes sentiments à leur égard, et à l’égard de tout citoyen syrien que je ne connais pas mais que je souhaite rencontrer dans des rencontres similaires. Mais j’espère davantage pouvoir transformer cet amour en action, ce qui sera possible grâce à votre aide.

« Mes rencontres étaient utiles, franches, profondes et globales. Elles ont évoqué toutes les questions posées sans exception. Certaines concernaient la question de la corruption locale au niveau de la ville et du gouvernorat ; d’autres étaient générales au niveau du pays. En ce qui me concerne, les questions qui touchent les catégories les plus larges du peuple étaient prioritaires, plutôt que les questions locales si importantes soient-elles. Les citoyens ont exprimé une colère mêlée à leur affection. Ils ont exprimé des reproches mélangés à la fidélité. Ils ont le sentiment que leur Etat s’est éloigné d’eux par certaines politiques ou pratiques. J’ai constaté une amertume liée à plusieurs aspects dont les conditions de vie, les services, mais aussi à l’atteinte portée à la dignité du citoyen, le fait de faire fi de ses opinions, et son exclusion du processus de l’édification dont il est le but ultime. Mais j’ai constaté aussi l’amour que ce peuple me témoigne, lui qui m’a tant appuyé par sa sincérité et ses positions fermes et fières, et qui m’a inspiré force et détermination à aller en avant dans notre ligne politique résistante. »

a) la question de la corruption

« J’ai constaté une grande volonté d’éradiquer la corruption, une des causes principales de l’inégalité des chances et de l’iniquité. Elle crée un sentiment d’injustice et d’oppression, outre ses graves implications morales sur la société. Ce qu’il y a de plus grave c’est la discrimination injuste engendrée dans certain cas par la corruption et qui distingue les citoyens sur des bases restreintes et détestables. Cela est susceptible en soi de détruire les nations les plus invincibles. La corruption provient d’une détérioration morale, d’une propagation du favoritisme et de l’absence des institutions ce qui entraine un délitement de la citoyenneté qui sera de ce fait remplacée par d’étroites appartenances. Il faut donc œuvrer sur le champ pour renforcer les institutions par des législations développées, et les doter de responsables qui assument pleinement leurs responsabilités et soient à la hauteur de leur poste, plutôt que d’être un fardeau pour la fonction qu’ils occupent. Nous serons très fermes à l’égard de ceux qui sont incapables d’assumer cette responsabilité. Cependant, pour y parvenir, il faut trouver des canaux à travers lesquels le citoyen peut contribuer, contrôler et relever les erreurs.

« J’ai dit à beaucoup de délégations : « L’Etat est capable de lutter contre la corruption ou de l’atténuer aux niveaux supérieurs ; mais aux niveaux inférieurs, il faut absolument trouver des canaux, ce qui relève de la responsabilité de l’organisme de lutte contre la corruption, dont la commission a terminé récemment l’étude des mécanismes« . Tout ce que j’ai dit sur la lutte contre la corruption est fort beau, mais comment y parvenir ? Il est facile de dire «on doit faire ceci», mais l’exécution reste le facteur décisif. »

b) les conditions d’un véritable dialogue pouvoir-population

« Comme je viens de le dire, mes rencontres avaient pour but de mieux connaitre à fond la réalité. Mais je me suis trouvé au cœur d’un véritable dialogue national. Le dialogue national ne se limite pas à une élite, ni au dialogue entre l’opposition et le pouvoir, ni aux seules questions politiques. C’est le dialogue de toutes les catégories sociales sur toutes les questions intéressant la Nation. A supposer que le pouvoir a certaines dimensions, et que l’opposition en a d’autres. Partout dans le monde et dans toutes les sociétés, la plupart du peuple n’appartient ni à l’un ni à l’autre. Nous ne pouvons donc parler de dialogue national, ni planifier un avenir, ni tracer l’avenir de la Syrie pour des générations et des décennies, en négligeant la majorité du peuple. D’où l’émergence de l’idée du dialogue national sous la forme récemment adoptée.

« Tout en faisant indubitablement partie de ce dialogue national, je ne saurais prétendre l’avoir achevé. Je ne suis après tout qu’un individu et ceux que j’ai rencontrés ne dépassent pas les centaines ou les milliers de personnes. Mais, la Nation en compte des dizaines de millions, d’où l’idée principale de lancer un dialogue national auquel prennent part de manière institutionnelle les catégories sociales, intellectuelles et politiques les plus vastes. Un organisme de dialogue national a été créé à cette fin, avec pour mission d’établir les principes et mécanismes susceptibles d’entreprendre un dialogue global sur les diverses questions intéressant tous les citoyens ; un dialogue qui permet d’un côté de discuter les projets de lois proposés à l’étape actuelle ; et de l’autre, de contribuer à la conception de l’avenir de la Syrie dans le sens global du terme, pour les prochaines décennies et générations, de nous aider tous à mûrir une vision claire de cet avenir, et de lancer une dynamique nationale politique, sociale et économique, jusqu’à ce que les partis puissent jouer un rôle plus large dans la vie publique, après l’adoption d’une nouvelle loi sur les partis.

« Beaucoup d’idées ont émergé quant aux formules possibles du dialogue. L’organisme de dialogue national aura pour première mission de se concerter avec les diverses activités pour parvenir à la formule la plus adéquate qui nous permettra de réaliser notre projet de réforme dans le cadre de programmes précis et dans des délais limites. Comme je l’ai dit devant le conseil des ministres, tout doit avoir une échéance ; je crois que vous souhaitez tous qu’il y ait un calendrier pour tout ce que nous évoquons. Nous pouvons donc dire que le dialogue National est le grand titre de l’étape actuelle. En commençant par cette idée, nous avons pensé que le dialogue devait se faire au niveau des gouverneras. J’ai constaté, cependant, à travers mes rencontres avec les citoyens de divers gouverneras que les mêmes questions ne se voient pas dans la même perspective. Il existe plutôt quelques différences ce qui nous a emmené à penser que le dialogue devait d’abord se faire au niveau des gouvernorats, pour passer ensuite à un dialogue central fondé sur ce qui a été convenu ou sur ce qui a requis l’unanimité dans le dialogue des gouverneras. Mais plus tard et après la création de l’organisme de dialogue, étant donné la volonté de réduire le temps et vu les circonstances actuelles que traverse la Syrie, on a estimé qu’il était plus opportun d’entamer directement le dialogue central.

« Certaines interrogations demeuraient et relevaient désormais des compétences de l’organisme. Si nous voulons entreprendre le dialogue, qui va y prendre part ? Quels sont les critères ? Comment établir les différents axes ? Qui participe au dialogue dans chacun des axes ? Ainsi que d’autres détails techniques. Une certaine confusion demeure encore sur le rôle de l’organisme, bien que cela fût expliqué à la télévision. L’organisme ne dialogue pas, il supervise le dialogue, établit les mécanismes et le calendrier. Une fois le dialogue achevé, les points convenus seront soumis à l’organisme. S’il s’agit de lois, elles seront promulguées pas le Président. S’il y a d’autres questions nécessitant des mesures particulières, l’Etat en assurera le suivi. De toute manière, l’organisme n’a pas voulu monopoliser la question des critères et a voulu tenir une réunion de concertation durant les prochains jours, à laquelle seront invitées plus de cent personnalités de toutes les tendances, avec lesquelles il se concertera sur les critères et les mécanismes. Tout de suite après, le dialogue commencera. L’organisme fixera le calendrier et la durée du dialogue qui sera d’un ou de deux mois, selon la décision des participants à cette séance de concertation.

« Ce dialogue est un processus très important. Il faut lui donner une chance. Il en va de tout l’avenir de la Syrie. Si nous souhaitons qu’il réussisse, il faut qu’y prennent part toutes les parties existant sur la scène syrienne. Il ne faut pas s’attendre toujours à une vision émanant de l’Etat ou du gouvernement. Une dizaine de personnes ne pourront pas tout planifier pour des dizaines de milliers d’individus. C’est là où réside l’importance du dialogue. Quant aux demandes urgentes du peuple, elles ont été mises en exécution avant le début du dialogue. Nous avons levé l’état d’urgence et supprimé le tribunal pour la sécurité de l’Etat, ce qui est susceptible d’organiser l’action des organes compétents de manière à renforcer la dignité du citoyen sans porter atteinte à la sécurité de la Nation. Nous avons promulgué la loi qui organise le droit à la manifestation pacifique et renforce la liberté d’expression et de prise de position. Cela permet de rétablir le déséquilibre et de redresser l’orientation.

« Je reste convaincu de la nécessité de parvenir à une meilleure représentation des citoyens dans les institutions élues, et en premier lieu à l’assemblé du peuple et aux conseils de l’administration locale, une commission de préparation d’un nouveau projet de loi sur les élections a été mise en place, ce qui renforce le rôle de ces institutions dans l’intérêt public, les rend plus efficaces, leur assure une plus large participation, et consacre les valeurs de justice, d’égalité, d’intégrité et de transparence. L’équité, la justice, la transparence et l’intégrité sont les titres de l’avenir que nous escomptons pour notre pays. Cette question fait actuellement l’objet d’un débat public. La commission a terminé la préparation du projet. Je pense que cette loi sera importante, car la plupart des critiques que j’ai entendues des citoyens portaient sur leurs représentants dans les divers conseils. Cette loi permettra aux citoyens d’élire leurs représentants qui veillent à leurs intérêts. »

Le président syrien s’étend ensuite sur diverses autres réformes qui devraient  avoir rapidement force de loi :  réforme de l’administration locale dans le sens d’une décentralisation ; extension de la nationalité syrienne aux Kurdes d’origine étrangère ; mise en place d’une commission chargée de réformer les partis politiques ; Bachar al-Assad envisage aussi la possibilité de modifier la constitution, qui remonte à la fin des années 60…

c) sur la répression

« Certains s’interrogeaient sur la question des arrestations qui se sont poursuivies après la levée de l’état d’urgence. Je pense que la plupart des gens, aussi bien à l’état dans les organes compétents ou ailleurs, n’ont pas compris le sens de l’état d’urgence, ni celui de la levée de l’état d’urgence. Mais nous avons insisté sur son sens profond, à savoir que toute arrestation doit se faire par une autorisation du procureur général. L’enquête se fait dans un délai précis prolongeable par l’autorisation du procureur général ou de la justice. Mais il y a une limite, sauf si la personne est arrêtée en flagrant délit. Le cas échéant l’autorisation ne s’impose pas, et les mêmes procédures se poursuivent suite à une autorisation du procureur général. La levée de l’état d’urgence ne signifie pas enfreindre la loi. C’est un point qu’il convient de connaitre. La levée de l’état d’urgence ne concerne pas les sanctions ni leur contenu. »

d) quelques mesures pour améliorer le quotidien des Syriens

« Au milieu de ce grand atelier de réforme, de lois et de dialogue, nous n’avons pas oublié que les préoccupations de la vie quotidienne du citoyen syrien restent les plus urgentes. Le gouvernement a, en effet, pris plusieurs décisions allant dans la direction de l’amélioration des conditions de vie, notamment celle relative à la baisse des prix du mazout, répondant ainsi à une demande formulée par toutes les délégations que j’ai rencontrées. Nous espérons que ses répercussions se feront sentir à court terme sur le niveau de vie des couches populaires en particulier. Nous avons également œuvré à baisser les coûts de construction en révisant les droits relatifs à cette activité en collaboration avec l’ordre des ingénieurs et en vue d’alléger les charges financiers qui pèsent sur les citoyens dans les limites du possible, et dans l’espoir de relancer l’économie, de fournir des emplois supplémentaires et de surmonter les grandes pertes affligées à l’économie syrienne durant les derniers événements, lesquelles augmenteront l’endurance des citoyens si nous n’ y faisons pas rapidement face.

« C’est une série de mesures destinées à atténuer la crise et à alléger les charges des citoyens. D’autres mesures sont entreprises par le gouvernement. L’important à présent c’est d’œuvrer tous ensemble pour restituer la confiance en l’économie syrienne. La chose la plus grave à laquelle nous faisons face durant la prochaine étape c’est l’affaiblissement ou l’effondrement de l’économie syrienne. Une grande partie du problème est psychique. Il ne faut pas se laisser se décourager. Nous ne serons pas vaincus par la peur. Il faut vaincre le problème par le retour à la vie normale. »

 

Défendre l’Etat dans l’immédiat pour mieux le réformer ensuite

« Tels sont quelques principaux titres marquant la prochaine étape, lesquels constituent des axes à d’autres titres. Il va sans dire qu’un seul discours ne peut pas tout aborder. Aussi, le dialogue national sera-t-il le lieu où sera posée toute autre question pouvant enrichir ce qui a été évoqué dans mon discours.

« La prochaine étape est celle qui consiste à transformer la Syrie en un chantier pour compenser le temps perdu, réparer les dégâts, combler les brèches et guérir les plaies. Lorsqu’un citoyen syrien saigne, quel qu’il soit et quelles que soient les circonstances, c’est toute la Nation qui saigne. Arrêter l’hémorragie est une responsabilité nationale qui incombe à tous. Rester neutre c’est approfondir les plaies. Nous sommes tous responsables de la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité de la Nation, indépendamment de nos positions et de nos opinions. Nous poursuivrons et demanderons des comptes à tous ceux qui ont versé le sang ou chercher à le faire. Quant au retard dans les procédures juridiques dû à la bureaucratie, il ne signifie nullement ni atermoiement ni relâchement. Tout le monde a subi des dégâts et il incombe à l’Etat d’en demander des comptes. C’est son droit comme celui des citoyens.

« La commission spéciale d’enquête judiciaire fait son travail sans la moindre intervention. Elle jouit d’une immunité totale. Elle procède en toute indépendance et je suis de près son travail de temps en temps. Elle ne fonctionne pas selon des critères politiques mais judiciaires et cherche donc les preuves avant d’inculper les gens. Certains pensent qu’elle n’a rien fait jusqu’à présent. Ce n’est pas vrai. Elle a arrêté plusieurs personnes impliquées, et elle poursuit l’enquête. Appliquer la loi ne signifie an aucun cas se venger de ceux qui ont transgressé la loi sans tuer ni saccager. L’Etat, comme une mère ou un père, embrasse tous ses enfants. Il entretient avec eux des liens fondés sur la clémence et l’amour, non sur la rancune et la vengeance. Lorsqu’il pardonne aux fautifs, c’est dans le but de consacrer cette relation saine, sans que cela ne signifie qu’il renonce à la vigueur lorsqu’il s’agit de porter atteinte à l’intérêt public.

« Certains disent que quelques manifestants continuent à le faire parce qu’ils se croient poursuivis par l’Etat. Nous avons annoncé une amnistie générale pour quiconque se rend pendant les mois d’avril et de mai. Certains ont renoncé aussi à leurs armes et ont tout de suite bénéficié du pardon. Je vous dis d’essayer de communiquer avec l’Etat, vous y trouverez tolérance et accueil favorable, même ceux qui ont porté les armes sans les utiliser. Quant à la terreur et aux meurtres perpétrés contre les citoyens, c’est une autre affaire et l’Etat ne peut qu’appliquer vigoureusement la loi.

« En même temps, j’invite toute personne ayant déserté sa ville ou son village à y revenir. C’est crucial, car la ville meurt sans ses habitants.il n’est pas possible de reprendre la vie normale et les activités économiques avec des gens qui quittent leurs régions. J’appelle toute personne, toute famille ayant quitté sa ville ou son village à y revenir le plus rapidement possible, notamment les habitants de Jesr al-Choughour et des villages environnants qui ont quitté pour la Turquie. Certains leurs disent que l’Etat se vengera d’eux. Moi je leur affirme que ce n’est pas vrai et que l’armée sera là pour assurer leur sécurité et celle de leurs enfants. Nous espérons les voir bientôt à Jesr al-Choughour.

« Nous souhaitons la solution politique. Nous souhaitons que l’armée retourne à ses casernes le plus rapidement possible. Nous espérons voir regagner leurs bureaux et leurs postes les agents de sécurité. Il faudrait que la police et la justice traitent avec les citoyens. Ces derniers ne doivent pas avoir affaire à l’armée ni aux services de sécurité, mais à la police et à la justice. Le problème c’est que l’organe de police en Syrie n’est pas bien formé pour ce genre de situations. Nous avons tout de suite procédé au recrutement de policiers, mais le nombre des recrutés reste encore limité et le processus de formation est assez long. Indépendamment de la crise, si nous voulons organiser la relation entre le citoyen et l’Etat dans cette direction, cela prendra du temps.

« Je m’adresse aux citoyens, au peuple pour leur dire que nous voulons qu’ils appuient la réforme, ce qui est normal car c’est le peuple qui réclame la réforme. Soutenir la réforme signifie isoler les réformateurs des saccageurs et de ceux qui prétendent vouloir la réforme pour la tourner à leur profit. Nous voulons qu’ils œuvrent à empêcher le chaos, les parents avec leurs enfants, le frère avec ses frères, l’ami avec ses amis. Il s’agit d’un processus de sensibilisation. Nous voulons transformer les manifestations en articles, nous voulons les remplacer par des idées, les transformer en un dialogue, en un travail sur le terrain. Je ne parle pas de choses théoriques mais pratiques. Dans plusieurs régions les citoyens ont œuvré côte à côte avec l’Etat pour le processus de développement et la lutte contre la corruption. Ils ont œuvré à maintenir la sécurité de leurs villes et villages. Cela nécessite des canaux de communication entre les citoyens et l’Etat. (…)

« Mes rencontres intensives avec les délégations populaires m’ont permis d’élargir les canaux de communication directs que je maintenais déjà avec les citoyens. Ils ont constitué une source d’informations très riche sur la réalité des choses. C’est ce dont chaque responsable a besoin.

« Dans l’étape à venir, je tâcherai de maintenir ces rencontres qui me donnent confiance et constituent une boussole orientant nos politiques intérieures et extérieures, que j’ai toujours voulues inspirées du pouls du peuple et exprimant sa volonté. Ce peuple qui n’admet qu’une Syrie indépendante par sa décision et sur son territoire ; qui refuse que sa patrie devienne un ballon de jeu plutôt qu’un joueur sur son propre terrain ; et qu’elle soit mesurée à sa superficie géographique et encerclée à l’intérieur de ses frontières plutôt que de prendre toutes ses dimensions régionales vitales et naturelles, pour devenir un Etat de tributs s’arrachant les miettes qui lui sont jetées de l’extérieur. »

-En guise de conclusion…

« Nous devons donc être conscients du fait que la réforme et le développement ne constituent pas seulement un besoin intérieur mais une nécessité vitale pour faire face à tous les complots. Notre seul choix est donc de réussir notre projet intérieur pour mener à bien notre projet extérieur. Les pressions visent le rôle résistant de la Syrie face aux plans de division confessionnelle dans la région où il n’y a ni résistance ni droits, mais effondrement et capitulation. Etablir la sécurité est le point de départ de tout acquis. Le peuple est le plus apte à sauvegarder la sécurité et la patrie. Je le dis en m’appuyant sur l’expérience et les faits, et non par courtoisie. C’est en fait le peuple qui a protégé le pays durant les années difficiles, et qui le protège aujourd’hui. Ce sont ces jeunes qui ont fait face, pris l’initiative et exécuté, formant par leur propre initiative des comités populaires et des groupes de jeunes, hissant bien haut le nom de la patrie, et reflétant son âme et le pouls de son peuple et de sa jeunesse. L’Etat puise sa force à son peuple qui puise la sienne à sa dignité, sa dignité à sa liberté, sa liberté à la force de son Etat. Que le peuple et l’Etat s’enlacent ; que les mains de l’armée, des forces de sécurité et de la police se croisent avec celles des citoyens pour empêcher la discorde, sauvegarder la patrie et la maintenir glorieuse.
 
« Le destin de la Syrie est de subir les malheurs. Mais son destin est aussi de s’en sortir la tête haute, forte, résistante et victorieuse ; de s’en sortir plus forte grâce à sa solidarité sociale, à ses valeurs bien fermes, à la détermination de son peuple clairvoyant, civilisé et ouvert. C’est vous qui avez empêché qu’on confonde les convoitises des grandes puissances avec la volonté de réforme et de changement chez les peuples. Vous avez protégé l’élan de la jeunesse et empêcher qu’il ne périsse sur l’autel de la cupidité internationale. C’est vous qui avez arrêté toutes les tentatives de discorde confessionnelle mobilisées contre la Nation, et décapité le serpent qui menaçait de mordre le corps syrien et de le tuer. Je vous dis : tant que vous jouissez de cet esprit, de cette grandeur d’âme et d’une telle appartenance profonde …. La Syrie sera saine et sauve. »

(Traduit de l’arabe par l’agence Sana ; discours disponible en français dans son intégralité ici)

 

 

 

 

 

 



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3 commentaires à “Ce qu’il faut retenir du discours de Bachar al-Assad”

  1. Victor 974 dit :

    La Troisième République est à la portée de main.

    Le 21.06.2011.

    Un discours clair, précis et avec une feuille de route programmée. Monsieur le Président de la Répuplique syrienne a mis une fois de plus les points sur les i et les barres sur les t.

    Après l’indépendance où la « Première République » est née ; après la « Deuxième République » où la constitution est née en 1972 avec une volonté avérée pour un état laïc ; voici la « Troisième République » en train de naître avec un couple inséparable « Laïcité – Liberté ».

    La troisième république va dire certainement un « niet définitif » aux salafistes, elle sera dotée des lois de libre expression et permettant la formation des nouveaux partis politiques ( non éthniqe, anti-confessionnel, sans appartenance religieuse et contenant des citoyens de tous les bords), pas trop loin des partis politiques en France. La troisième république syrienne sera un modèle moderne pour un proche orient moderne.

    L’accueil du discours de Monsieur Assad a été immense dans la rue syrienne.

    Pendant que des dizaines des milliers des citoyens convergeaient afin de remplir les grandes places du pays, Oummayades à Damas, Saad Allah Al Jabri à Alep, le rond point de la Poste à Darra pour soutenir la feuille de route du Président…..Et le voilà, ce matin, Bernard Guetta, chroniqueur de France inter dans l’émission de Patrick Cohen 7 – 9 nous annonce, exactement en même temps, à quelques minutes près, avec surêté que des manifs anti-Assad se déroulent à Alep et Damas. Quelle tristesse, pourquoi mépriser et mentir pour autant au peuple de la France ? Toutefois, Le proverbe dit : »Si vous n’avez plus honte, faites à votre guise ».

    Se décrédibiliser soi-même, ce n’est pas grave, mais utiliser une radio publique, notre radio à nous tous, pour raconter des contre vérités c’est trop grave. La Haute autorité de l’Audio Visuelle doit se poser des questions quand même.

  2. balous farida dit :

    discours sain et sincere;

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