• Décryptage
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Le site du quotidien Le Monde a publié le 1er juin un article sur la crise syrienne peu favorable au régime de Bachar al-Assad. Jusque-là rien que de très ordinaire. Sauf que l'auteur, Peter Harling, un géopolitologue anglo-saxon installé à Damas,  apporte, entre les traditionnelles accusations de dictature et de corruption, une ou deux précisions intéressantes : évoquant le régime baasiste mis en place par le père de l'actuel président, M. Harling a cette phrase : "Ce régime que Bashar [...]



Deux ou trois aveux du Monde

Par Louis Denghien,



Le site du quotidien Le Monde a publié le 1er juin un article sur la crise syrienne peu favorable au régime de Bachar al-Assad. Jusque-là rien que de très ordinaire. Sauf que l’auteur, Peter Harling, un géopolitologue anglo-saxon installé à Damas,  apporte, entre les traditionnelles accusations de dictature et de corruption, une ou deux précisions intéressantes : évoquant le régime baasiste mis en place par le père de l’actuel président, M. Harling a cette phrase : « Ce régime que Bashar a hérité, il l’a en partie démantelé, écartant les barons (baasistes, NdA) des services et tempérant les abus de leurs agents. » Peter Harling sait certainement de quoi il parle : il travaille depuis des années sur le Proche-Orient et singulièrement sur tout ce qui touche au Liban, à l’Irak – où il a vécu 7 ans – et à la Syrie, et a même été consultant – de 1998 à 2004 – pour le ministère français des Affaires étrangères.

« Le gouvernement syrien n’a pas tort sur tous les plans »

Un peu plus loin, le même Peter Harling reconnait que dans son analyse de l’origine des troubles qui agitent la Syrie, l’actuel gouvernement n » »a pas tort sur tous les plans. », notamment quand il pointe « une insurrection à dominante islamique sponsorisée par l’étranger. » (A la fin de son article, Harling évoque même la « militarisation de certaines (des) franges » de l’opposition). Et si le lecteur du Monde.fr continue sa lecture, il tombe sur cette paragraphe ô combien éclairant : « La majorité silencieuse soutient tacitement le régime par crainte que sa chute ne précipite aussi l’effondrement de ce qu’il existe d’une structure étatique. C’est le cas d’une portion importante des minorités (qui tremblent à l’idée d’un agenda islamiste hégémonique), des classes moyennes (dont le statut est largement tributaire de l’Etat) et des hommes d’affaires (qui craignent pour leurs intérêts prosaïques). La révolte des provinces les inquiète et l’opposition en exil ne les rassure pas, appelant au renversement du régime tout en se passant d’articuler la moindre alternative crédible. »

En quelques lignes (presque) tout est dit. Bravo, M. Harling !



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