L’édition (papier) du 23 novembre du Monde consacre un supplément de huit grandes pages à la Syrie, dont le ton et le fond sont donnés dès la une du quotidien : « Syrie : huit mois de massacre à huis clos« . Et le premier appel de Une qui ressort est de la même veine nuancée et objective : « Etat de barbarie : la répression a fait plus de 3 600 morts« . La plupart des titres des articles du supplément participent évidemment de cette même hystérie journalistique : « Le régime mise tout sur la répression » ; « Une mobilisation populaire qui n’a jamais faibli » ; « Le double visage de Bachar al-Assad » ; « Un clan familial élargi qui confisque le pouvoir ».
Un « dossier » en forme de tract (de l’opposition radicale)
Tout le reste, le corps des articles, est à l’avenant, d’un degré de manichéisme et de mauvaise foi qui pourrait faire croire que ce dossier a été rédigé au Pentagone ou au Département d’Etat américain – ou dans les studios d’Hollywood. Un exemple entre cent : dans l’article d’ouverture de son huit pages, le rédacteur du Monde ose écrire que l’exclusion de la Ligue arabe dépouille (le régime syrien) « de ce qui lui restait des oripeaux d’un nationalisme arabe orgueilleux brandi en direction d’Israël et de l’Occident« , ajoutant : « Plus que jamais, l’armée syrienne fait moins la guerre à l’Etat juif qu’à sa propre population« . Alors que chacun sait, et c’est une raison majeure de l’acharnement euro-américain sur ce ce pays, que la Syrie fait justement partie de l’axe de résistance, avec l’Iran et le Hezbollah libanais, aux menées de l’Etat hébreux et de son parrain américain dans la région ; qu’elle a accueilli des centaines de milliers de réfugiés palestiniens sur son territoire ; qu’elle soutient la résistance libanaise face à Israël. Quand dans le même temps, les monarchies pétrolières qui constituent la direction politique de cette Ligue arabe à laquelle Le Monde décerne un brevet de moralité n’ont, elles, rien fait, et pas dit grand chose, contre la politique israélienne, réservant l’essentiel de leur énergie à travailler, main dans la main avec leur protecteur américain, hier contre l’Irak, aujourd’hui contre la Syrie et l’Iran.
En page 2, on énumère – pour les déplorer – les raisons qui font que le régime continue de résister aux pressions extérieures et intérieures, « contrairement à l’Egypte, la Libye ou la Tunisie« . Le Monde en trouve cinq mais s’abstient soigneusement d’en évoquer une sixième, qui pourrait du reste être la première : le soutien d’une large part, majoritaire, de la population, soutien dont témoigne, depuis des mois, de nombreuses et imposantes manifestations dans tout le pays ; mais pour les négationnistes « humanistes » du Monde, ces centaines de milliers de Syriens n’existent tout simplement pas ! Non, car nous explique-t-on (en page 5), le « clan Assad » ne tient que par le « soutien de la communauté alaouite, des principaux chefs religieux » et… au silence de la bourgeoisie d’affaires » ! Les centaines de milliers de Syriens modestes descendus, volontairement, dans la rue cinq ou six fois depuis le début de la crise pour soutenir leur président, et qui eux n’ont certes pas été silencieux, apprécieront cette analyse du Monde.
Autre mensonge : dans sa chronologie des événements, le quotidien transforme l’attaque, suivi du massacre d’une centaine de policiers et militaires, du QG de la police de Jisr al-Choughour, le 6 juin, en « combats » entre « les forces de sécurité et les déserteurs« . Les déserteurs et l’ASL, justement, Le Monde leur consacre tout un article : certes, il reconnait les limites de cette fantomatique « armée » qui, déplore-t-il, n’en est même pas encore au stade d’une guérilla, et dont « la plupart des dirigeants, dont aucun ne dépasse le grade de colonel, ne sont pas issus d’unités combattantes« . Et dont le chef, le colonel Ryad al-Asaad, « vit sous la protection des autorités turques« . Mais comme bien d’autres, Le Monde parle de l’ASL pour évacuer – pas la moindre allusion dans tout le dossier – les bandes armées islamistes salafistes, équipées et subventionnées par le Qatar, la Turquie ou la faction libanaise d’Hariri. Or ce sont ces bandes, inspirées par les diatribes et les prêches du cheikh syrien sunnite radical al-Aroor, exilé en Arabie Séoudire, qui ont assuré, depuis le début du mouvement, l’essentiel de la guérilla anti-régime. Combien de vidéos témoignent, à Hama ou Homs que les actions et exactions de ces groupes se font aux cris d' »Allah o Akbar ! » (voir notamment notre article « Les massacrés de Hama interdits de télévision française« , mis en ligne le 3 août) Le Monde se voit obligé de parler des combats de Jisr al-Choughour, début juin : or on a commencé à parler de l’ASL et du mouvement des déserteurs en septembre (voir notre article « Dernières tendances de la désinformation : bienvenue aux déserteurs !« , mis en ligne le 22 septembre). Pas avant. Alors, messieurs du Monde, qui a frappé à Jisr ? Des « proto-déserteurs » ?
On a beau savoir depuis longtemps qu’il n’y a rien de vrai ou de simplement équilibré à attendre de cette classe journalistique à recrutement néo ou paléo-gauchiste et à orientations – en politique étrangère – résolument atlantiste et sioniste, on est quand même gêné ou consterné de voir un journal comme Le Monde, « quotidien de référence« , ne pas être capable de pondre autre chose, sur le sujet syrien, que des tracts engagés, enragés, approximatifs et manichéens.
Patrick Seale remet quelques pendules médiatiques à l’heure
Arrêtons là. Et, avec toute la positivité dont nous sommes encore capable, voyons ce qu’on peut tirer de ce dossier à charge.
Ainsi Le Monde est bien obligée d’écrire noir sur blanc que l’opposition syrienne est « disparate et divisée« . On apprend – enfin plutôt les lecteurs du Monde – qu’une tendance de l’opposition intérieure – le CNCD – reproche au CNS des « allégeances externes et islamistes« . On rappelle que toutes les tendances ou presque sont divisées sur la question d’une intervention étrangère, de la violence contre les forces du régime. Et il y a encore les opposants réformistes de l’intérieur comme Michel Kilo qui se tiennent à l’écart tant du CNCD que du CNS – dont des militants ont d’ailleurs agressé physiquement Kilo au Caire.
Mais l’élément le plus intéressant – le moins « langue de bois bien pensante » – du dossier du Monde est sans conteste l’entretien accordé par le journaliste britannique – et biographe d’Hafez al-Assad – Patrick Seale. Tout en accusant Bachar et son régime de n’avoir pas été « à la hauteur de la situation » (mais qu’aurait-il dû faire, lui qui a hérité d’une situation nationale et régionale pour le moins difficile, offrir le pouvoir aux Frères musulmans, abandonner les villes aux snipers ?), en insistant sur les origines sociales du mouvement de contestation (pourtant, le développement économique des années Bachar n’a pas profité qu’à une élite de corrompus) et en considérant qu’il y a un réel risque de guerre civile et de « démembrement du pays« , Seale estime qu’il n’y a pas de solution militaire et que la seule issue est le retour au calme par le dialogue. C’est notamment le discours des Russes et des Chinois, n’en déplaise au Monde et d’ailleurs Seale dit clairement que ce dialogue ne peut être organisé que par la Russie et les nations du BRICS et non par des pays de la Ligue arabe car « nombre d’entre eux ont déjà pris position contre le régime » !
Interrogé sur les causes de révolte et les desiderata des Syriens, Seale dit que ceux-ci espèrent « des emplois, une répartition équitable des ressources du pays, une vie meilleure pour leurs enfants plutôt qu’un modèle de démocratie à l’occidentale » : autant pour nos politiques et journalistes français et leurs stéréotypes politiques ! Au fait, ces demandes, le président syrien est-il moins qualifié, et moins bien placé que les boycotteurs arabo-européens ou les Frères musulmans pour les satisfaire ?
Seale dit que le Proche-Orient, toutes nations confondues, souffre avant tout d’un « échec de la politique américaine sur le dossier palestinien comme sur le dossier iranien. » « Au lieu de faire la paix, assène le journaliste britannique, les Etats-unis ont préparé la région à de nouvelles guerres« . Bref, c’est peut-être la Russie, la Chine ou le Brésil qui peuvent apporter une solution à la crise syrienne, certainement pas les Américains et leurs comparses européens et arabes.
A ce sujet, Patrick Seale est très net : « Oui, il y a la la volonté de certains Etats, d’ennemis extérieurs, de renverser le régime syrien « . Et Seale fait défiler les coupables : « D’abord Israël, soutenu à fond par les Etats-Unis« . Et puis « plusieurs pays arabes sunnites, l’Arabie Séoudite et ses alliés du Golfe » qui cherchent à atteindre l’Iran à travers la Syrie. Tout ceci est évident pour un lecteur d’Infosyrie, mais a encore des couleurs de vérité révolutionnaire dans les pages normalisées du Monde !
A une dernière question sur les appuis sur lequel peut encore compter le régime syrien, Seale fait un développement sur la situation sur le terrain. Et là non plus, pas de doxa médiatique : il observe que les défections militaires demeurent « limitées » en nombre (et en qualité). Il reconnait qu’une partie de l’opposition est armée et « que les armes affluent du Liban« . La ville de Homs, dit-il encore, « est devenue un champ de bataille« , et il cite le chiffre du gouvernement syrien de « plus d’un millier de soldats et policiers abattus par des groupes armés depuis le début de la contestation« . Violence qui, estime Seale, « joue en faveur du régime« . Car, et on croirait relire ce que nous avons déjà écrit sur ce site : « Aucun régime ne peut tolérer une insurrection armée sans réagir« .
Et comme s’évertue à le rappeler Infosyrie, et le dit Seale, « la Syrie continue de bénéficier du soutien de la Russie et de la Chine (…) et même du Brésil et de l’Inde« . Et « dans la région, la Syrie a des alliés en Irak et au Liban, sans parler de l’Iran« , pays « qui pourraient l’aider à contourner les sanctions« .
Patrick Seale conclut en insistant à nouveau sur l’extrême division – reflet de son hétérogénéité – de l’opposition. Et il dresse un inventaire à la Prévert des soutiens intérieurs de Bachar : « la bourgeoisie des grandes villes (…), les grands marchands sunnites de Damas (…), les fonctionnaires, l’armée, la communauté alaouite (Seale oublie les chrétiens) et… la majorité silencieuse qui ne veut pas subir le sort de l’Irak » ! Voilà, il suffisait de tenir jusqu’à l’avant-dernière page de ce dossier-réquisitoire pour entrevoir des lueurs de réalité sur la Syrie ! Mais ce « tour du Monde » est éprouvant pour les amis de la Syrie, et de l’objectivité journalistique !
In fine, les infos sortent et transparaissent.
C’est le lien de l’histoire du petit Sary, un petit garcon de la ville de Homs, tue par les gangs armes mais filme et diffuse tout de suite sur la chaine aljazerra en signalant que l’armee syrienne a tue le petit garcon.
A noter que le garcon est un chretien
Merci pour l’equipe infosyrie.fr
http://www.rtv.gov.sy/index.php?d=100010&id=83282
cette info au sujet du petit Sary m’a été confirmée par des amis syriens témoins de la scène, à Homs
Finalement, Patrick Seale voit les choses différement… car tout au début, il parlait de répression gouvernementale sur site http://www.agenceglobal.com
Même Rami Khouri, qui écrit sur le site d’ Agence Global se mèle les pinceaux…
« avec l’Iran et le Hamas libanais »
Louis avant que quiconque ne vous tombent dessus à cause de cette petite erreur de frappe, je vous signale que vous avez écrit le « Hamas libanais » au lieu d’écrire le Hezbollah libanais…
Rambo-juppé vient de reconnaitre le CNS made in france, il voudrait que les autres petits moutons, comme lui le reconnaisse, il a du recevoir l’ordre de son maître états-uniens apparemment pour mettre « la pression » sur le peuple syrien…vue également le déchainement des médias français…
Ca y est le terme est lache : le monde parle de guerre froide :
http://www.lemonde.fr/international/article/2011/11/23/la-russie-menace-de-deployer-des-missiles-nucleaires-en-europe_1608122_3210.html
Un remake !!! On verra s’il est mieux ou moins bien que le premier !
Bonjour,
Je tiens à vous féliciter pour le remarquable travail d’analyse et de désinformation concernant ce qui se passe en Syrie.
Hier, le mardi 22 novembre, j’écoutais France Inter dans sa plage matinale. Une correspondante de la RTBV relatait très objectivement ce qui se passait à Homs. Elle tend le micro à des habitants de Homs. L’un de ces témoins décrit, en arabe, la situation normale dans la ville, à part quelques quartiers chaud. Il a raconté comment des éléments armés sont entrés dans un hôpital, enlevé des infirmières alaouites qu’ils ont traînées nues dans la rue avant de les égorger. Or, ce passage n’a pas été traduit. Je vous invite à enquêter sur ce grave acte de désinformation. C’est vérifiable. Il suffit de demander l’enregistrement à cette radio dite de service public ou, en cas de refus de coopération, de déposer une plainte auprès du CSA. Il ne faut pas que l’argent du contribuable français serve à financer une entreprise de désinformation aussi grossière pour le compte des Etats-Unis, d’Israël et leurs valets du Golfe.
Jean Tourel, Paris
Merci, Jean, cette denonciation est tres importante !!!
Bonjour,
N’y aurait-il pas une faute dans le texte?
Paragraphe 2, ligne 8: « le Hamas libanais ». Vous ne vouliez pas plutôt parler du Hezbollah?
Effectivement ce n’est pas le Hamas mais le Hezbollah libanais.
La faute est corrigée.
Bonne soirée.
F.D
Merci Monsieur… IL A RAISON, MILLE FOIS RAISON !!!
Bonjour,
Je tiens à vous féliciter pour le remarquable travail d’analyse et de désinformation concernant ce qui se passe en Syrie.
Hier, le mardi 22 novembre, j’écoutais France Inter dans sa plage matinale. Une correspondante de la RTBV relatait très objectivement ce qui se passait à Homs. Elle tend le micro à des habitants de Homs. L’un de ces témoins décrit, en arabe, la situation normale dans la ville, à part quelques quartiers chaud. Il a raconté comment des éléments armés sont entrés dans un hôpital, enlevé des infirmières alaouites qu’ils ont traînées nues dans la rue avant de les égorger. Or, ce passage n’a pas été traduit. Je vous invite à enquêter sur ce grave acte de désinformation. C’est vérifiable. Il suffit de demander l’enregistrement à cette radio dite de service public ou, en cas de refus de coopération, de déposer une plainte auprès du CSA. Il ne faut pas que l’argent du contribuable français serve à financer une entreprise de désinformation aussi grossière pour le compte des Etats-Unis, d’Israël et leurs valets du Golfe.
Jean Tourel, Paris
De la crédibilité et de l’impartialité des soi-disant organisations dites humanitaires:
« Suzanne Nossel, ancienne assistante de Richard Holbrooke lorsqu’il était ambassadeur à l’ONU et actuelle assistante d’Hillary Clinton pour les organisations internationales, devient directrice exécutive d’Amnesty International USA. Elle s’est appliquée dans ses fonctions au département d’État à instrumenter les Droits de l’homme au service des ambitions impériales.
Mme Nossel avait travaillé par le passé pour Human Rights Watch, ainsi que pour Bertelsmann Media Worldwide et pour l’administration du Wall Street Journal.
Le Conseil d’administration d’Amnesty International USA a considéré que l’engagement de Suzanne Nossel au sein des administrations Clinton et Obama était un gage de compétence et ne lui a pas tenu rigueur des crimes commis en Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Liban etc.
Mme Nossel est à l’origine de diverses campagnes contre l’Iran, la Libye et la Syrie. Au cours des derniers mois, elle s’est illustrée en intoxiquant le Conseil des Droits de l’homme de Genève de manière à faire adopter par le Conseil de sécurité une résolution autorisant la guerre contre la Libye. Les imputations de Mme Nossel ont été démenties depuis. »
les disciples de Goebbels à l’œuvre contre la Syrie :
http://www.voltairenet.org/Les-disciples-de-Goebbels-a-l
Quelle est la nature du conflit qui investit la Syrie depuis quelques mois ? Je voudrais avec cet article inviter tous ceux qui ont à cœur la cause de la paix et de la démocratie dans les rapports internationaux à se poser quelques questions élémentaires, auxquelles, de mon côté, j’essaierai de répondre en laissant la parole à des organes de presse et journalistes qu’on ne peut suspecter de complicité avec les dirigeants de Damas.
1. Il convient en premier lieu de se demander quelle était la condition du pays moyen-oriental avant l’arrivée au pouvoir, en 1970, des Assad (père puis fils) et du régime actuel. Eh bien avant cette date, « la République syrienne était un État faible et instable, une arène pour les rivalités régionales et internationales » ; les événements des derniers mois signifient le retour à la « situation précédant 1970 ». En ces termes s’exprime Itamar Rabinovitch, ancien ambassadeur d’Israël à Washington, dans The International Herald Tribune [1]. Nous pouvons tirer une première conclusion : la révolte appuyée en premier lieu par les USA et l’Union européenne risque de ramener la Syrie dans une condition semi-coloniale.
2. Les condamnations et les sanctions de l’Occident et son aspiration au changement de régime en Syrie sont-elles inspirées par l’indignation pour la « brutale répression » de manifestations pacifiques dont le pouvoir se serait rendu responsable ? En réalité, en 2005 déjà, « George W. Bush désirait renverser Bachar al Assad ». C’est ce que rapporte encore l’ex-ambassadeur israélien à Washington, lequel ajoute que la politique de regime change en Syrie est maintenant celle que poursuit aussi le gouvernement de Tel Aviv : il convient d’en finir avec un groupe dirigeant qui appuie depuis Damas « le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza » et qui a des liens étroits avec Téhéran. Oui, « profondément préoccupé par la menace iranienne, Israël pense qu’enlever la brique syrienne du mur iranien pourrait déboucher sur une nouvelle phase de la politique régionale. Il est clair que soit le Hezbollah soit le Hamas avancent à présent avec davantage de prudence ». Donc, la cible de la révolte et des manœuvres qui lui sont connexes n’est pas seulement la Syrie, mais aussi la Palestine, le Liban et l’Iran : il s’agit d’asséner un coup décisif à la cause du peuple palestinien et de consolider la domination néo-coloniale d’Israël et de l’Occident dans une aire d’importance géopolitique et géo-économique décisive.
3. Comment poursuivre cet objectif ? Guido Olimpio nous l’explique dans le Corriere della Sera du 29 octobre : à Antakya (Antioche), dans une région turque frontalière de la Syrie, est déjà à l’œuvre « l’Armée syrienne libre, une organisation qui mène la lutte armée contre le régime d’Assad ». C’est une armée qui a l’usufruit des armes et de l’assistance militaire de la Turquie. De plus —ajoute Olimpio (dans le Corriere della Sera du 13 novembre)— Ankara « a exercé des menaces contre la création d’une zone tampon de trente kilomètres en terre syrienne ». Donc, le gouvernement de Damas non seulement doit faire face à une révolte armée, mais une révolte armée appuyée par un pays qui dispose d’un dispositif militaire de première importance, qui est membre de l’OTAN et qui menace d’envahir la Syrie. Quelles qu’aient été les erreurs et les fautes de ses dirigeants, ce petit pays est à présent l’objet d’une agression militaire. Depuis des années en forte croissance économique, la Turquie depuis quelques temps montrait des signes d’impatience à l’égard de la domination exercée au Moyen-Orient par Israël et les USA. Obama répond à cette impatience en poussant les dirigeants d’Ankara à un sous-impérialisme néo-ottoman, contrôlé évidemment par Washington.
4. Comme il résulte des analyses et témoignages que j’ai rapportés, la Syrie est contrainte à lutter dans des conditions assez difficiles pour garder son indépendance, elle doit d’ores et déjà affronter une formidable puissance économique, politique et militaire. De plus, l’OTAN menace, directement ou indirectement, les dirigeants de Damas de leur infliger le lynchage et l’assassinat qui ont scellé la mort de Kadhafi. L’infamie de l’agression devrait être claire pour tous ceux qui sont disposés à accomplir un ne serait-ce que modeste effort intellectuel. Si ce n’est que, se prévalant de sa terrible puissance de feu multimédiatique et des nouvelles technologies de manipulations rendues possibles par Internet, l’Occident présente la crise syrienne en cours comme l’exercice d’une violence brutale et gratuite contre les manifestants pacifiques et non-violents. Il ne fait aucun doute que Goebbels, le maléfique et brillant ministre du Troisième Reich, a fait école ; il convient même de reconnaître que ses disciples à Washington et Bruxelles ont même à présent dépassé leur maître jamais oublié.
Domenico Losurdo
Traduction
Marie-Ange Patrizio
Spéciale dédicace à Etudiant qui admire Amnesty international pour sa lutte des droits de l’homme !
à moins que Suzanne Nossel ne soit la réincarnation de Ghandi …
Une assistante d’Hillary Clinton prend la tête d’Amnesty International
Suzanne Nossel, ancienne assistante de Richard Holbrooke lorsqu’il était ambassadeur à l’ONU et actuelle assistante d’Hillary Clinton pour les organisations internationales, devient directrice exécutive d’Amnesty International USA. Elle s’est appliquée dans ses fonctions au département d’État à instrumenter les Droits de l’homme au service des ambitions impériales.
Mme Nossel avait travaillé par le passé pour Human Rights Watch, ainsi que pour Bertelsmann Media Worldwide et pour l’administration du Wall Street Journal.
Le Conseil d’administration d’Amnesty International USA a considéré que l’engagement de Suzanne Nossel au sein des administrations Clinton et Obama était un gage de compétence et ne lui a pas tenu rigueur des crimes commis en Yougoslavie, Afghanistan, Irak, Liban etc.
Mme Nossel est à l’origine de diverses campagnes contre l’Iran, la Libye et la Syrie. Au cours des derniers mois, elle s’est illustrée en intoxiquant le Conseil des Droits de l’homme de Genève de manière à faire adopter par le Conseil de sécurité une résolution autorisant la guerre contre la Libye. Les imputations de Mme Nossel ont été démenties depuis.
« Elle s’est appliquée dans ses fonctions au département d’État à instrumenter les Droits de l’homme au service des ambitions impériales. »
C’est quoi ta source lol !
voltaire ?
Allez Akyliss, va répandre ton ramassis de saleté ailleurs.
Si cette femme est nommée c’est qu’elle doit être compétente.
Faut pas voir le mal partout.
« C’est quoi ta source lol !
voltaire ?
Allez Akyliss, va répandre ton ramassis de saleté ailleurs.
Si cette femme est nommée c’est qu’elle doit être compétente.
Faut pas voir le mal partout. »
ben excusez moi votre gracieuse majesté de vous offenser avec mes sources…
je crois que c’est moi qui va mourir de rire à force de lire tes réactions à deux balles l’Etudiant, mais bon comme tu as les oeillères d’un bourricot et que tu ne veux pas voir le mal là où il est libre à toi.
c’est vrai avec tes affirmations sortis de « sources sûr » on ne peut que s’incliner devant tant de professionnalisme
en attendant le site ne t’appartenant pas ton conseil tu peux te l’appliquer et nous fiche la paix avec tes remarques débiles.
Like !
Etudiant, votre communication me frappe par sa naïveté. En effet, est-il besoin de citer une source, une autorité, une référence, pour constater ce que n’importe qui est capable de voir, que l’idéologie des droits de l’homme est instrumentalisée par les puissances occidentales dans le but de perpétuer un rapport de force qui leur est favorable? Ce fait a d’ailleurs été dénoncé par de nombreux professeurs de droit, en France (Michel Villey) et ailleurs, notamment en Inde, en Chine, en Indonésie. Je ne sais pas en quoi vous êtes étudiant, mais si vous voulez vraiment une « source » récente et compétente, je vous conseille de lire le livre de Bertrand Badié: « la diplomatie de la connivence » La découverte. 2011. En espérant que vos yeux se dessilleront.
Merci Kawkeb, pour le lien :
Syrie : Autant en emporte le vent…
Par Contribution | 23/11/2011 | 16:31
Guerre de l’information, propagande et média-mensonges : la Syrie est plus que jamais le terrain d’un journalisme à géométrie variable.
Depuis le début des troubles qui ont éclaté en Syrie dans le contexte du » Printemps arabe « , l’information, la ré-information et la désinformation s’affrontent sur ce terrain que rendent particulièrement mouvant les intérêts multiples des différentes communautés et confessions qui y cohabitent, mais aussi les rôles ambigus de plusieurs acteurs internationaux et, notamment, ceux de la Turquie et de l’Arabie saoudite, comme celui du Qatar et de sa chaîne de télévision de plus en plus controversée, Al-Jazeera.
Face à cette situation critique, le gouvernement baathiste avait opté pour une politique d’opacité, la fermeture des frontières et l’interdiction des journalistes et autres observateurs.
Vérifier la fiabilité des informations qui parvenaient de Syrie était dès lors souvent très difficile. Mais pas impossible : en juillet, j’avais obtenu un visa et l’autorisation de me déplacer librement à travers tout le pays, de Deraa à Alep et de Latakieh à Der-ez Zor –et je n’étais pas le seul sur place : François Janne d’Othée, Alain Gresh du Monde diplomatique, ou encore Gaëtan Vannay de la Radio suisse romande.
J’avais observé la situation à Homs, où les manifestants » pacifiques » munis d’armes à feu s’en étaient pris à l’armée, et, le vendredi 15 juillet, à Hama, dont les quelques milliers de manifestants que j’avais pu y dénombrer s’étaient miraculeusement démultipliés en 500.000 opposants dans les dépêches de l’AFP, » information » benoîtement reprise par Euronews, France 24 et la plupart des journaux » mainstreams » ; seul Le Monde faisait exception, renchérissant avec l’annonce de 600.000 manifestants (Hama compte à peine plus de 340.000 habitants).
Cette politique d’opacité s’est ainsi rapidement révélée contreproductive pour le gouvernement syrien, dans la mesure où l’opposition a peu à peu diffusé des rapports fallacieux, grossissant l’importance des mouvements de contestation dans des proportions colossales : concernant le nombre des morts et celui des manifestants, la bataille des chiffres a atteint des degrés confinant à l’absurde, comme l’illustre bien l’exemple évoqué, relatif à la mobilisation de l’opposition à Hama.
Absents du terrain et manifestement peu enclins à critiquer leurs sources, les médias occidentaux n’ont en effet pas soupçonné les » informations » qu’ils recevaient par les canaux de l’opposition, rejetant en revanche les communications du gouvernement syrien, considérées comme propagandistes ; entre autres cas d’école, aucun doute n’a jamais été émis à propos des vidéos transmises par l’opposition et supposées témoigner d’une Syrie à feu et à sang, de manifestations de dizaines ou centaines de milliers de participants, alors que, systématiquement, les images diffusées étaient constituées de gros-plans présentant quelques centaines de personnes seulement. Et les rares observateurs qui ont pu entrer en Syrie et faire part de leurs constatations ont généralement été désavoués et discrédités, comme des affabulateurs ou des supporters de la dictature.
Parmi les sources principales des médias, on trouve l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH), presque toujours cité en référence par les journalistes et qui domine largement » l’information » sur la Syrie (c’est cette organisation, basée à Londres, qui avait annoncé le nombre de 500.000 manifestants à Hama, le 15 juillet 2011).
Or, il n’est pas très difficile de se renseigner sur l’identité de l’OSDH et des personnes qui se cachent derrière ce label aux apparences honorables, à commencer par son président, Rami Abdel Rahmane, un opposant de longue date au régime baathiste, très connu en Syrie comme étroitement associé aux Frères musulmans, organisation islamiste radicale dont l’influence grandissante sur le mouvement de contestation en Syrie laisse entrevoir de plus en plus clairement l’ambition de ce groupe que d’aucun croyait presqu’éteint, du fait de son interdiction par le régime, mais qui couvait dans la clandestinité.
Le 17 novembre, les Frères musulmans sont sortis du bois : alors que plusieurs observateurs estimaient le mouvement exsangue et sans plus aucun poids, le porte-parole des Frères, Mohammad Riad Shakfait, en exil en Turquie, s’exprimant au nom du » peuple syrien « , a annoncé qu’une » intervention était acceptable pour protéger la population civile « . Il en a précisé les contours : l’intervention serait mieux reçue si elle venait de la Turquie plutôt que des puissances occidentales (la Turquie, gouvernée par un parti islamiste qualifié de » modéré « , l’AKP).
En juillet, j’avais également pu constater l’implication grandissante des Frères musulmans dans les mouvements de contestation, à tel point que les minorités communautaires (Chrétiens, Druzes, Kurdes, Chiites… outre les Alaouites et une partie de la bourgeoisie sunnite) s’en étaient désolidarisées et revendiquaient même leur soutien au régime, par crainte de la montée en puissance des islamistes syriens, dont les intentions sont sans équivoque : l’instauration en Syrie d’une république islamique.
Plus encore, les Frères musulmans, membres du Conseil national syrien (CNS), qui rassemble les principaux courants de l’opposition, très hétéroclites et aux objectifs divergents, et se présente comme une alternative au gouvernement de Bashar al-Assad, ont entamé au nom de ce CNS des négociations avec la Turquie, mais aussi avec des gouvernements occidentaux, pour l’établissement en Syrie d’une zone d’exclusion aérienne pour protéger les civils, alors que la ligne du CNS avait été, jusqu’à présent, de refuser toute ingérence étrangère. Il ressort clairement de ces événements que les islamistes ont pris une influence non négligeable sur l’ensemble de l’opposition et de ses structures exécutives.
En d’autres termes, il apparaît sans ambiguïté que, durant ces derniers mois, les médias occidentaux ont été » informés » par les Frères musulmans syriens via l’OSDH et ont, complaisamment ou non, servi leur agenda pour la Syrie.
Conscient de la nécessité de contrer efficacement la propagande de l’opposition, et ce de manière crédible et imparable (c’est-à-dire autrement que par des démentis officiels), le gouvernement syrien a semble-t-il décidé, depuis plus d’une semaine, de laisser à nouveau entrer sur son territoire des observateurs étrangers, et ce dans un contexte de plus en plus tendu : la Ligue arabe a sévèrement critiqué la Syrie, motivée par l’Arabie Saoudite et le Qatar, très impliqué dans le soutien aux mouvements islamistes libyens, tunisiens et syriens ; Israël, silencieuse depuis le début des évènements, a accepté de recevoir les représentants du CNS et d’entamer avec eux des négociations ; la Russie, pourtant alliée historique du régime syrien, a fait de même (tout en déployant toutefois sa marine de guerre dans les ports syriens, message très clair à ceux qui envisagent, à Ankara ou ailleurs, une intervention militaire sur le sol syrien) ; enfin, la militarisation de la contestation en Syrie : l’opposition semble avoir décidé de passer à l’offensive et de plus en plus d’attaques ont lieu contre les forces armées gouvernementales syriennes, dont certaines à l’arme lourde, dont aussi des tirs de snipers sur les policiers, des enlèvements et des assassinats, et une » Armée syrienne libre « , constituée de » déserteurs « , a commencé la lutte contre le gouvernement et demandé au CNS de la recevoir sous son commandement (un doute subsiste cependant quant à la constitution de cette Armée syrienne libre, dont le gros des forces pourrait être en réalité composé d’éléments étrangers ayant revêtu l’uniforme syrien, majoritairement islamistes et armés par le Qatar).
Si certains médias ont commencé de changer leur point de vue sur les événements en Syrie (voir, par exemple, l’article de Christophe Lamfalussy publié par La Libre Belgique ce 19 novembre ou le reportage de la RTBF, encore timide cela dit, diffusé lundi 21, qui confirment à présent les propos des » affabulateurs » de juillet), cette ouverture n’a cependant pas réussi à enrayer la guerre de propagande hostile au régime baathiste, qui n’a pas seulement pour moteur l’organisation des Frères musulmans et les divers courants de l’opposition regroupés dans le CNS.
Déjà très impliqué dans le renversement du gouvernement de Libye, où, suite à un accord bilatéral avec la France, il a armé plusieurs mouvements islamistes, le Qatar utilise désormais son bras médiatique, Al-Jazeera, pour soutenir la contestation en Syrie, comme il l’avait fait en Tunisie, contre Zine Abidine Ben Ali (au Maroc, en revanche, Al-Jazeera avait abandonné à leur sort les manifestants qui dénonçaient la monarchie ; même silence d’Al-Jazeera sur le massacre des protestataires au Bahreïn, qui furent écrasés par les chars, appuyés par des troupes saoudiennes envoyées en renfort).
Ainsi en témoigne ce tout récent exemple d’un média-mensonge » made in Qatar » : ce dimanche 20 novembre, Al-Jazeera (et Al-Arabia : Dubaï – Émirats arabes unis) a diffusé un reportage annonçant l’attaque du siège du parti Baath, à Damas.
Selon Al-Jazeera, deux hommes en moto ont tiré deux roquettes au moins sur le bâtiment, qui s’est embrasé ; et l’attentat a été revendiqué par l’Armée syrienne libre, qui a ciblé ce symbole du pouvoir, dans le centre de Damas, la capitale, jusqu’alors totalement épargnée par ces neuf mois de contestation.
Le régime de Bashar Al-Assad, touché en plein cœur et pour la première fois à Damas, serait-il au bord du gouffre ?
À nouveau, à l’appui de cette » information « , concoctée par Al-Jazeera cette fois, la caution de l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, qui a même apporté des précisions : deux roquettes supplémentaires ont encore été tirées, mais ont manqué leur cible…
Comme d’ordinaire, » l’information » a été reprise en chœur par tous les médias mainstreams.
Ce même dimanche au soir, un de mes contacts à Damas m’a téléphoné : » ma famille habite tout près du siège du parti Baath ; le bâtiment est intact ; c’est un mensonge « .
Lundi 21, j’ai demandé à une amie qui habite également Damas de vérifier pour moi l’information et de prendre une photographie du siège du Baath, en présentant à l’avant-plan l’édition du jour d’un journal occidental connu, de telle sorte qu’il ne puisse y avoir le moindre doute quant à la date à laquelle cette photographie a été prise.
Résultat : le bâtiment du siège du parti Baath à Damas est effectivement intact ; aucune roquette n’a frappé ni incendié l’immeuble.
L’Armée syrienne libre, après avoir revendiqué dimanche l’attentat sur sa page Facebook, a supprimé lundi sa revendication.
Entre désinformation organisée par une opposition islamiste, qui a reçu l’appui des monarchies du Golfe et des médias arabes dominants, et l’incompétence politiquement correcte des médias occidentaux, Damas peut toujours rouvrir ses frontières…
Pierre PICCININ
Historien – Politologue (Bruxelles)
Pour lire d’autres articles sur le sujet, voilà le lien :
http://www.algerie-plus.com/passerelle/syrie-autant-en-emporte-le-vent%E2%80%A6/
Avec tous les mensonges que ce type à diffusé au départ, il n’est plus crédible.
Rappelez vous, il avait parlé d’une importante population turcomane en Syrie, avec des chiffres frôlant l’absurde.
De plus ce type apparaît comme un mytho-maniaque, mentant sur sa fonction… Bref, une espèce de BHL Bacharocrate.
« Avec tous les mensonges que ce type à diffusé au départ, il n’est plus crédible.
Rappelez vous, il avait parlé d’une importante population turcomane en Syrie, avec des chiffres frôlant l’absurde.
De plus ce type apparaît comme un mytho-maniaque, mentant sur sa fonction… Bref, une espèce de BHL Bacharocrate. »
un peu comme toi qui affirme de fausse vérité quoi …
Soyez factuel Etudiant, qu’est-ce que vous contestez précisément de cet article là de Piccinin ?
Quant aux mensonges, si tant est que l’on puisse en imputer à Piccinin, il me semble que l’OSDH et le CNS, ainsi qu’al-Jazeera et les médias occidentaux, ne sont pas en reste !
Pour une fois je reconnais qu`etudiant tape dans le mille, en effet les infos fournis par Piccinin vers les mois de juin-juillet concernant la population turque du cote syrien sont totalement errones. Les inexactitudes ont ete confirmees par les chercheurs de l`IFPO. Mais son temoignage de l`epoque est interessant en ce qui concerne la situation globale decrite par les medias comme catastrophique alors qu`il n`en etait rien. De meme sa presence a Hama et Homs ainsi que dans toutes les villes secouees par des mouvements de contestation revelent les exagerations des medias. C`est en tant que temoin direct que ses propos sont interessants et non pas en tant que specialiste.
A contrario son analyse actuelle est bien plus correcte que la precedente.
Hamed, le problème ce n’est pas tant l’erreur de Piccinin qui est embétente mais le fait Etudiant met cette erreur et la gonfle et que tout le reste pour lui n’est que mensonge!
après des erreurs tous le monde peut en commettre à commencer par Bachar El Assad qui l’a reconnu avec la répression des manifestations au début, mais dans ce cas aussi les « révolutionnaires » de ce site veulent sa tête malgré tout ce qu’il tente de faire pour surmonter ce complot !
Hamed, nous avons déjà eu cette conversation avec Etudiant au sujet du nombre de turkmènes relativement à l’article antérieur de Piccinin. Je partage globalement votre point de vue que j’avais développé dans ma réponse.
Mais je rappelle deux choses, si Piccinin a probablement exagéré les chiffres du nombre de turkmènes au sens linguistique (nombre de syriens turcophones) – comme le lui reprochait le chercheur Thomas Pierret, il faut tout de même garder en tête le fait que ce nombre n’est qu’une estimation puisqu’il n’y a pas de recensement ethnique en Syrie. Ensuite le nombre de Syriens d’origine turkmènes, mais arabisés, est certainement beaucoup plus important. Il est à mon avis peu probable que cette population arabisée d’origine turkmène offre un bataillon significatif au nationalisme turkmène, mais Piccinin a montré que, même s’il en a certainement exagéré l’importance (pour expliquer l’attitude d’Ankara), il existait. En passant ces chiffres sur la population syrienne turkmène ont été donnés par le démographe Youssef Courbage qui travaille à l’INED et non à l’IFPO, me semble-t-il.
Mais vous avez raison, l’intérêt des articles de Piccinin est plutôt dans sa dimension testimoniale (il était, entre autres à Hama, au moment où celle-ci était insurgée) que dans celle d’être l’analyse d’un spécialiste de la Syrie, qu’il n’est pas.
Article très intéressant du quotidien El Pais, sous la plume de la journaliste Angeles Espinosa, envoyée à damas, en date du 19/11 et qui évoque non seulement les violences de l’opposition mais le fait que la majorité silencieuse syrienne craint fort les violences de l’opposition :
http://internacional.elpais.com/internacional/2011/11/19/actualidad/1321727831_520151.html
En voici la traduction française réalisée par l’auteur du blog Mounadil Jazaïri (http://mounadil.wordpress.com/2011/11/20/une-majorite-silencieuse-pour-assad-en-syrie/):
La ‘majorité silencieuse’ syrienne craint l’extrémisme de l’opposition
Par Angeles Espinosa (envoyée spéciale à Damas)
El Pais (Espagne) 19 novembre 2011 traduit de l’espagnol par Djazaïri
«Au début, j’ai eu de la sympathie pour la contestation, mais quand j’ai découvert sa nature violente, j’ai changé d’avis,» confie un fonctionnaire Syrien. « Ce régime a commis beaucoup d’erreurs. Mais quel choix nous proposent ceux qui le combattent ? Le chaos ? Les islamistes ? Non merci, je préfère le régime avec tous ses défauts.» C’est une opinion commune dans la ‘majorité silencieuse’, qui comprend certains détracteurs de la dictature de Bachar el-Assad. Cette attitude semble indiquer que la militarisation de l’opposition jour en sa défaveur, mais qu’elle profite aussi à un régime de plus en plus isolé internationalement.
«Bien sûr que nous avons besoin d’un changement politique. Nous avons besoin de la liberté de la presse, du multipartisme et, par-dessus tout, de transparence pour en finir avec la corruption,» déclare un politologue qui appartient à la minorité druze. Ce dernier craint cependant qu’un « changement radical sans une transition organisée » n’emporte au passage les droits individuels dont ils bénéficient dans une Syrie nominalement laïque (quoique sa législation fasse des concessions à la charia).
«Sous ce régime, nous pouvons prendre une bière à une terrasse, avoir une petite amie ou afficher notre athéisme sans que personne ne puisse sous faire quoi que ce soit, » affirme-t-il, persuadé que les islamistes, qui s’avèrent être le cœur du Conseil National Syrien (CNS), vont détruire ces avancées. « Je ne me fie pas à leurs promesses et ce qui se passe en Tunisie et en Egypte n’est pas encourageant non plus,» souligne-t-il. « Après quarante années de dictature, nous n’avons pas de culture politique. Nous avons besoin de créer des institutions avant de faire le changement, » ajoute-t-il.
«Ce que je crains le plus, ce sont les barbus, » insiste le fonctionnaire qui refuse de nous dire son affiliation religieuse « c’est sans importance, je ne suis pas pratiquant »). Les barbus sont les islamistes et ce père de famille est convaincu que ce sont eux qui sont derrière les révoltes et qui les financent. « Ce qui est honteux, c’est que les manifestants sortent des mosquées et que ce soient des imams qui encouragent les gens, » explique-t-il.
La même inquiétude est exprimée par Mayed Nyazi, présidente du mouvement syrien La Patrie qui veut jeter des ponts entre «opposants et loyalistes.» «Le parti unique est inacceptable, mais l’extrémisme islamique ne cous convient pas, » explique-t-il. Cette femme, qui se présente comme artiste plasticienne et militante sociale » et a été membre du Conseil Provincial de Damas de 2006 à 2007, insiste sur son indépendance à l’égard du pouvoir. « Nous attendons toujours l’agrément officiel, » dit-elle dans le bureau financé par les 50 fondateurs de l’organisation.
L’avocat et militant des droits de l’homme Anwar al Bounny considère que la crainte des islamistes est exagérée. « Je suis Chrétien, et je n’en ai pas peur, » assure-t-il. «Quelque 40 % des Syriens appartiennent à des minorités et 60 % d’entre eux sont Arabes sunnites dont la moitié ne se préoccupe pas de religion. Alors même si tous ceux de l’autre moitié étaient des islamistes et votaient en bloc, ils se pourraient pas nous imposer leur système, » explique-t-il. Il signale qu’en plus, « tous les partis islamistes ont changé de discours et parlent maintenant de société civile et de démocratie parce qu’ils savent que les discours radicaux ne leur rapporteront pas de soutien.»
Cependant, à Homs, baptisée capitale de la révolution, on a commencé à voir des signes inquiétants de vengeances sectaires la chaîne télévisée Dunia a rapporté la mort de 11 travailleurs dans une attaque nocturne contre la camionnette dans laquelle ils circulaient. Un militant des droits de l’homme a confirmé l’incident à Reuters et a fait part de ses soupçons selon lesquels les victimes avaient été choisies pour leur appartenance à la confession alaouite (la secte de la famille au pouvoir).
Mais même sans le facteur islamiste, il existe une crainte du désordre que pourrait générer un soulèvement généralisé. « Ce régime nous a protégés, il nous permet de célébrer nos fêtes et de vivre tranquillement. J’ai peur de ce qui peut arriver, » affirme M., une Chrétienne mariée à un étranger. « Nous avons perdu la sécurité, » affirme de son côté un policier. « Si ce pays va bien, c’est parce que son leader est bien, » déclare le père d’un soldat blessé.
« Je les comprends. 95 % de ceux qui ont moins de 65 ans n’ont pas connu la liberté. Ils en ont seulement entendu parler et on a toujours peur de l’inconnu, » explique Al Bounni. « Quand le changement se produira, je suis convaincu qu’ils le soutiendront, » dit-il. Selon lui, ce n’est qu’une question de temps. Nyazi pense toutefois qu’il est encore possible d’éviter un basculement dans l’extrémisme qu’elle perçoit comme imposé du dehors «ce qui compte pour l’occident, ce ne sont pas nos droits mais ses intérêts »). « Il n’est jamais trop tard, » conclut-elle.
Lutter pour le régime
Des bandes armées, des bandits, des éléments étrangers… La version officielle de ce qui se passe en Syrie dresse un panorama aux antipodes de ce que dénonce l’opposition. Dans l’impossibilité d’accéder aux zones de conflit, il est risqué de se hasarder à une évaluation mais le directeur de l’hôpital militaire Techrin de Damas, le général Fayçal Hassan, assure que les insurgés ont blessé 4 168 membres des forces de sécurité et tué 600 (bilan au 31 octobre). Voici les histoires de trois des 36 agents admis dans cet établissement.
Muhiddin Hanwa, officier des forces de l’ordre, 35 ans. Blessé par balles à la poitrine et aux deux bras le 8 novembre à Abou Kamal (province de Deir ezZohr, à la frontière avec l’Irak. J’avais pour mission de contrôler une voie de circulation pour détecter des charges explosives. Je m’étais rendu sur place avec ma motocyclette quand ils m’ont tiré dessus dans une rue d’Abou Kamal. Quelqu’un me surveillait apparemment, » se souvient Hanwa qui était seul et s’était retrouvé étendu à terre sans que personne ne vienne à son aide. « J’ai appelé avec mon téléphone portable et une ambulance de l’armée est venue. »
Rashad Said al Dgesh, sergent de réserve de l’armé, 23 ans. Blessé par balle aux deux jambes le 25 octobre à Kherbet al Joss (province d’Ibleb) à la frontière avec la Turquie. J’ai failli perdre la jambe droite. « Je circulais dans un camion militaire avec mon unité et nous transportions de la nourriture pour nos autres compagnons quand nous avons été surpris par un groupe armé qui nous a attaqués avec des fusils, des lance grenades et des bombes aux cris de Allah ou Akbar. Ils étaient une vingtaine. Ils sont partis, nous laissant pour morts, » se souvient-il. Qui vous a attaqués ? Des gens qui parlaient arabe mais qui n’ont ni religion, ni morale. Ils étaient masqués. » Deux de ses camarades sont morts et, comme lui, cinq autres ont été blessés.
Raed Munzer Salum, sous lieutenant des forces de l’ordre, 27 ans, originaire de Homs. Blessé à la jambe gauche par un franc tireur à Harasta. «J’avais été dépêché là-bas avec mon unité après que quelques habitants aient dénoncé la présence d’hommes armés dans les rues. Nous nous y étions rendus pour les arrêter et ils nous ont tendu une embuscade. Ils m’ont atteint avec une arme si sophistiquée que nous n’en avons même pas pour les forces de police. Comme c’était une zone résidentielle, nous ne pouvions pas riposter sans risquer de blesser des civils, » assure-t-il. « L’occident devrait se souvenir que si en Syrie nous jouissons d’une sécurité que beaucoup de pays nous envient, c’est précisément grâce au peuple et à son président, » dit-il.
Meme discours de sympathie puis de rejet de l`opposition du cote de la bourgeoisie d`affaire chretienne d`alep, meme discours de volonte de reformes.
L`analyse d`Anwar al Bounny est reprise par certains dans le milieu d`affaire (au maroc qui vit ses premieres elections legislatives post-constitution aujourdh`hui).
Pourquoi ne pas poster cette analyse, d’Anwar al-Bounny, Hamed ? J’aimerais bien la lire…
cette analyse est totalement lucide pour moi.
En mai 1968, nous avons vécu la même chose en France: chômage, libertés… la Société se trouvait alors bloquée pensaient certains.
Des enseignants voulaient suivre le mouvement de grève qui se déclarait à cette même période. Mais lorsque ces enseignants ont vu l’orientation que ces mouvements sociaux prenaient, à savoir une guerre civile proche avec intervention de l’armée à la demande du Président DE GAULLE,( pour faire face aux révoltés, dirigés par…. devinez… Mr Daniel COHN BENDIT, aujourd’hui homme politique aux côtés d’un magistrat dit intègre, avec une autre candidat appelé candidat PS.), ces enseignants n’ont pas fait grève pour que leur mouvement social ne soit pas détourné de son but.
« Erdugan, tu finiras comme Moubarak ! »
C’est ce que la Vice-Présidente du Parti Démocratique pour la Paix (pro Kurde), Coltane Kachanak a dit en réponse à des arrestations dans 16 provinces turcs.
http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=38986&frid=20&seccatid=35&cid=20&fromval=1