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En "partenariat" avec les Etats-Unis, plusieurs pays européens - la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal - ont présenté mercredi 8 juin devant le conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution exigeant "la fin immédiate des violences" et condamnant "les violations systématiques des droits de l'homme" en Syrie. On ne s'attardera pas sur cette langue de bois diplomatique, qui fait condamner les violences - sans s'interroger sur son origine et ses responsables principaux - chez les uns (la Syrie, [...]

les Américains et leurs obligés européens s'acharnant visiblement à reproduire en Syrie, et notamment dans le nord du pays, le scénario libyen : on s'appuie sur des factions, de préférence islamiques, pour détacher une région du pouvoir central et en faire une base de la subversion du gouvernement légitime.


ONU : Washington manipule, Paris s’agite…

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En « partenariat » avec les Etats-Unis, plusieurs pays européens – la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Portugal – ont présenté mercredi 8 juin devant le conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution exigeant « la fin immédiate des violences » et condamnant « les violations systématiques des droits de l’homme » en Syrie.
On ne s’attardera pas sur cette langue de bois diplomatique, qui fait condamner les violences – sans s’interroger sur son origine et ses responsables principaux – chez les uns (la Syrie, ou la Libye) et qui ne dit rien, ou si peu, des violations répétées des résolutions de l’Onu et des droits de l’homme chez l’autre (Israël).

Manoeuvres américaines

Les Etat-Unis, qui sont passé maître dans l’art exigeant de la manipulation géopolitique, ont dans un premier temps voulu laisser placer un doute sur leur vote de la résolution européenne, histoire de se donner le beau rôle de « modéré », alors que chacun sait qu’ils sont à la tête du mouvement diplomatique antisyrien. Une attitude à rapprocher de celle qu’ils ont adopté dans le conflit libyen, où ils ont laissé le « sale boulot » militaire à Paris et à Londres, afin de sans doute se refaire une virginité après leurs menées en Irak et en Afghanistan, et leurs menaces répétées contre l’Iran et le Soudan. Mais très vite Susan Rice, ambassadrice américaine à l’ONU, a « rassuré » tout le monde en confirmant que son pays voterait avec les Européens. Mme Rice s’en est même pris, sans les nommer, à d’autres membres du conseil de sécurité, hostiles au projet de résolution anti-syrien : la Russie, la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil. Et l’ambassadrice américaine n’a pas craint de mettre en doute la « moralité » de ces opposants, dont certains avaient osé, pour justifier leur refus de condamner Damas, rappeler l’agression euro-américaine contre la Libye. Pas mal de la part d’une puissance qui a utilisé des photos truquées pour mette à feu et à sang l’Irak… en attendant la Libye qui serait à la veille d’une intervention militaire terrestre de l’OTAN : les masques tombent tellement vite en ce moment que c’est à se demander s’ils ont jamais été portés !

Mais, pour en revenir à la Syrie, s’il n’est pas question – pour le moment – d’une intervention militaire, les Américains sont plus que jamais à la manoeuvre pour obtenir du conseil de sécurité une condamnation de Damas, première étape d’un processus de mise au ban du régime de Bachar al-Assad légitimant tôt ou tard une agression armée. Et pour ce faire, ils jouent la montre, retardant le moment du vote du projet de résolution pour pouvoir ramener les opposants à de « meilleurs » sentiments. Nouveau « caniche », après Tony Blair, de Washington, le Premier ministre anglais David Cameron a joué sa partition en s’élevant,lui aussi, sur le terrain moral : « Si quelqu’un vote contre cette résolution ou tente d’y opposer son veto, il devra en référer à sa conscience« . Visiblement, M. Cameron n’a rien oublié ni rien appris de la désastreuse expérience irakienne, une autre « guerre du bon droit » comme chacun sait.

Sergei Lavrov

Bon sens géopolitique russe…

En dépit de toutes ces manoeuvres et pressions il semble malgré tout que le projet européen n’a aucune chance d’être adopté, la Russie ayant d’ores et déjà fait savoir, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (en photo ci-contre), qu’elle userait de son droit de veto : « Nous ne sommes pas persuadés, a déclaré M. Lavrov, que cela (le projet de résolution) peut établir un dialogue, permettre un accord politique et mettre fin à la violence en Syrie. »

On ne saurait mieux dire. Car l’initiative anglo-franco-allemande ne peut avoir d’autre effet que de mettre de l’huile sur le feu, en encourageant les opposants, à commencer par les opposants armés, au régime de Damas dans leurs efforts de déstabilisation. Mais c’est sans doute l’effet recherché, les Américains et leurs obligés européens s’acharnant visiblement à reproduire en Syrie, et notamment dans le nord du pays, le scénario libyen : on s’appuie sur des factions, de préférence islamiques, pour détacher une région du pouvoir central et en faire une base de la subversion du gouvernement légitime.

… et déshonneur français

De telles menées n’ont hélas rien d’étonnant de la part de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne, respectivement, et depuis longtemps, « porte-avions » et base logistique du Pentagone en Europe. On est d’avantage déçu de l’attitude de la France, qui sous Nicolas Sarkozy est vraiment devenue le harki de l’Otan et de Washington. Dans des guerres perdues d’avance (Afghanistan) ou sans but politique défini (Libye). Le président français croit qu’il va enfin acquérir la stature d’homme d’Etat que l’opinion lui conteste – à raison – en disputant à David Cameron la place de meilleur ami et élève de Barak Obama, quitte à faire couler le sang arabe. On a les ambitions qu’on peut…



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2 commentaires à “ONU : Washington manipule, Paris s’agite…”

  1. Akyliss dit :

    Merci beaucoup pour ce site, je l’attendais depuis longtemps et que je recommande à tous mes amis ! expliquer la stratégie états unienne de destruction et d’avilissement des pays arabes notamment la Syrie qui résiste encore et toujours aux pressions etats uniennes et à ses sbires français et anglais!

  2. joseph dit :

    Votre analyse est juste et courageux. Moi aussi je suis profondément déçu par la position des ces pays européens et particulièrement de la France présenté, comme vous l’avez bien dit, par un harki de Washington.
    Merci

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