L’opposition radicale à Bachar al-Assad et son régime a tenu, samedi 16 juillet, une nouvelle réunion sur le sol turc, baptisée cette fois « Conférence de Salut national« . Les 350 participants, réunis à Istanbul, ont élu finalement, « dans la douleur et les controverses« (dixit Libération) un « conseil national » de 25 membres censé représenté toutes les sensibilités et communautés syriennes – à l’exception notable des Baasistes et de leurs alliés. Reste que cette opposition, toujours dominée, sous la démocratie de façade, par les Frères musulmans, a étalé aussi ses divisions : les représentants des Kurdes, s’estimant négligés, ont notamment quitté la réunion, tandis que d’autres opposants – comme Haitham Manna, porte-parole d’une « Commission arabe des droits de l’homme » – l’avaient boycottée, la jugeant bâclée. Outre les Frères et les (ou plutôt des) kurdes, on trouvait à Istanbul des conservateurs (néo ?) et des « libéraux ». La plupart ayant en commun d’être exilés, un seul des organisateurs, l’avocat de 80 ans Haitham al-Maleh, venant de Syrie. Et puis, d’une manière générale, quoi de commun, à part c’est vrai le rejet du régime en place, entre les barbus salafistes sunnites et les blogueurs occidentalisés ?
Il existe quand même un point fédérant malgré tout les congressistes d’Istanbul, le refus d’une intervention militaire étrangère. Une exigence qui doit embarrasser les protecteurs américano-saoudiens de ces opposants, et chagriner au plus haut point un Bernard-Henri Lévy.
Dimanche 17 juillet, le tout nouveau Conseil de Salut national devait à son tour élire un comité de 11 membres chargé de mener à bien « l’élection d’un gouvernement en exil » voué à assurer la transition « après la chute du régime ». On retiendra que l’auteur de cette dernière précision est Adib Chichakli, présenté comme « militant démocrate ». Un militant démocrate installé en Arabie Saoudite, ce qui donne la mesure de la sincérité de l’engagement « démocratique » de M. Chichakli, comme de celui de ses camarades congressistes d’Istanbul. Du reste l’amical salut délivré à ces derniers par Hillary Clinton, qui passait justement à Istanbul au même moment, devrait achever d' »interpeller » les patriotes syriens sincères autant qu’égarés dans la capitale turque. Trop modeste, Madame Clinton a déclaré à la filiale turque de CNN que ni son pays ni un autre n' »avait vraiment d’influence (sur l’évolution interne de la Syrie) ». Ce ne serait pas faute d’avoir essayé !
On notera que certaines des revendications des opposants d’Istanbul – comme la modification de la Constitution, la levée de l’état d’urgence ou la fin de « pratiques discriminantes » à l’égard des Kurdes – ont été prises en compte déjà par Bachar al-Assad.
Dotée désormais d’un « conseil de Salut national », cette opposition sous influence religieuse et étrangère, et coupée du pays qu’elle prétend gouverner, ne fera pas longtemps l’économie d’un – vrai – leader – et c’est sans doute alors que l’unité de façade risque pour le moins de se fissurer, ce N°1 risquant fort de porter la barbe…