Nabil al-Arabi doit se rendre samedi 28 janvier à New York pour y demander officiellement le « soutien » du Conseil de sécurité à son tout dernier « plan de paix arabe » – encore appelé « feuille de route » – lequel prévoyait, entre autres, un retrait du pouvoir de Bachar al-Assad afin de permettre un dialogue entre l’actuel gouvernement syrien et l’opposition radicale. Lundi 30, le dit Conseil de sécurité devrait se prononcer sur le plan en question, Nabil al-Arabi et ses amis du Golfe espérant qu’il « ratifiera » leur texte.
Le chef des communistes russes : « maintenir la position russe sur la Syrie »
Ce n’est pas gagné, compte tenu de ce qu’on sait de l’attitude constante de Moscou et de Pékin vis-à-vis des textes présentés par les occidentaux et leurs prête-noms arabes. Les Russes et les Chinois n’ont aucune raison de croire à l’objectivité et à la sincérité d’un « plan » qui reprend, avec des précautions de formes, les « buts de guerre » de la Ligue arabe à direction qatarie : le départ, même sous les « honneurs », de Bachar al-Assad, prélude évident à une plus totale subversion de l’Etat syrien.
Et puisqu’on parle de la Russie, et puisque nos médias, à l’occasion des dernières législatives russes, ont beaucoup brodé sur le thème de l' »affaiblissement » électoral et politique du binôme Medvedev/Poutine, penchons nous avec intérêt sur les déclarations faites le 26 janvier au cours d’une conférence de presse, à propos de la Syrie, par Guennadi Ziouganov, patron du Parti communiste russe et candidat à l’élection présidentielle à venir. Que dit Ziouganov ? Eh bien qu’il a eu l’occasion de s’entretenir à plusieurs reprises du dossier syrien avec le président Medvedev, le premier ministre Poutine et le ministre des Affaires étrangères Lavrov et que tous sont tombés d’accord sur la nécessité de maintenir fermement la position russe sur la Syrie.
Ziouganov a été très clair : si la Russie renonçait à soutenir la Syrie comme elle l’avait fait pour la Libye – et là, c’est l’opposant à la direction russe qui s’exprime – cela signifierait une « défaite impériale » pour son pays, hypothèse inacceptable a-t-il précisé.
Le secrétaire général du Parti communiste de Russie a même accusé les puissances occidentales de tenter de se tirer de – ou de faire oublier – leur crise économique par des aventures militaires visant à s’emparer des ressources de pétrole et de gaz, aux Proche et Moyen-Orients ainsi qu’en Afrique du Nord. Et, très logiquement, Guennadi Ziouganov a exprimé le souhait que la Russie coopère sur le dossier syrien avec la Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres pays, afin de bâtir ensemble un monde multipolaire et, dans l’immédiat, lutter contre l’hégémonisme occidental.
Réinformons un peu aussi sur la Russie…
On sait que nos médias, qui souffrent d’un fort tropisme « BHLo-atlantiste » en matière de politique étrangère, et qui donc détestent le duo Medvedev/Poutine qui a redressé la Russie, ont salué la « défaite historique » de ceux-ci aux élections législatives du 4 décembre dernier, certains osant même écrire (le Journal du Dimanche, si notre mémoire est bonne) que le gouvernement russe craignait une situation « à l’égyptienne » en Russie !
C’est vraiment prendre ses délires pour des réalités politiques ! Il faut rappeler quand même que des sondages pour la présidentielle de mars prochain donnent Poutine élu dès le premier tour. Il faut rappeler surtout qu’avec 19,9% des suffrages aux dernières élections législatives, le Parti communiste de la Fédération de Russie est la première force d’opposition au gouvernement russe, dont la formation, Russie unie, a recueilli elle 49,3% de voix. Que la 2e force d’opposition – avec 13,2% – est Russie juste, une formation qui soutient officiellement Medvedev et Poutine, mais conteste l’hégémonie de leur formation Russie libre, et critique le dirigisme économique. Que la 4e force est le Parti libéral-démocrate de Russie, la formation nationaliste de Jirinovski, couramment estampillée « extrême droite » dans les salles de rédaction de France et d’Occident, qui a obtenu 11,7%. Que le plus important des petits partis, Patriotes de Russie – scission « de gauche » du Parti communiste qui a obtenu 3,5% – a notamment pour cheval de bataille la lutte contre l’OTAN et l’hégémonisme américain.
Et donc que toutes ces forces – qui représentent en tout près de 100% de l’électorat russe – sont d’accord sur une ou deux choses, l’affirmation d’une Russie puissante face à Washington et ses alliés. Et le soutien à la Syrie telle qu’elle est.
Salutaire mise au point. je voudrais juste attirer l’attention sur un détail : Patriotes de Russie a obtenu 0.5% des voix et non 3.5 , qui est le score du parti libéral IABLOKO ( le IA désignant par ailleurs son fondateur et candidat refusé à la présidentielle Grigori Iavlinski) qui lui est plutôt « occidentalo-compatible ». Il n’y donc « que » plus ou moins 95 % des électeurs hostiles à l’hégémonie américaine.
« Et donc que toutes ces forces – qui représentent en tout près de 100% de l’électorat russe – sont d’accord sur une ou deux choses, l’affirmation d’une Russie puissante face à Washington et ses alliés. Et le soutien à la Syrie telle qu’elle est. »
Est-ce donc trop vous faire des compliments, cher Louis, que de vous dire le plaisir que j’ai.. de lire l’article et surtout de savourer la conclusion?!
Souriya Allah hamiha.
D’accord avec votre analyse. Les partis Russie Unie (Poutine/Medvedev), Communiste (Zyouganov) et Libérale-Démocrate (Zhirinovsky) sont hostiles aux projets de dominance des Etats-Unis et loyaux avec la Syrie. Ensemble ils ont la majorité absolue dans la Douma. Poutine, Zyouganov et Zhirinovsky sont candidats à la présidentielle.
Ce qui concerne le candidat milliardaire Prokhorov, il ressort du même milieu confessionnel comme les Ex-Oligarches Khodorkovsky et Beresovsky et les « opposants » chouchous de l’occident Boris Nemcov et Garry Kasparov alias Weinstein, plutôt hostile à la Syrie…
A mon avis, la position du candidat Serguey Mironov du parti Russie Juste n’est pas claire.
Grigori Yavlinski du parti Yabloko a été exclu de la présidentielle. Trop des signatures nécessaires pour une candidature étaient nulles.
Mais vous le savez bien, NED, Soros & co. sont actifs en Russie. Une nouvelle manifestation des opposants est prévue pour le 4 février…
Bonjour
Merci à Louis Denghien pour cet article très intéressant qui fait le point sur le paysage politique russe. Il nous rassure sur le soutien de Moscou, Pékin et plusieurs grands pays.
Je suis française, mais je déplore la dérive criminelle prise par le gouvernement Sarkozy en politique étrangère.
Je pense qu’il vaut mieux conclure avec tous les pays des accords ÉQUITABLES, d’avoir des rapports d’égal à égal : gages de paix, plutôt que ce qui s’est passé au Kosovo, en Irak, en Libye, et ailleurs et ce que les euro-améicano-qatari-sionistes font subir aux Syriens avant de s »en prendre à l’ Iran.
C’est pourquoi, je partage le souhait exprimé par Guennadi Ziouganov :[que la Russie coopère sur le dossier syrien avec la Chine, l’Inde, le Brésil et d’autres pays, afin de bâtir ensemble un monde multipolaire et, dans l’immédiat, lutter contre l’hégémonisme occidental.]… Un monde de pays égaux en droits et en dignité, dignité que cette hégémonie occidentale-US leur dénie… Je crois la France n’aurait rien à perdre, bien au contraire, à s’associer à cette construction d’un monde multipolaire..
Sur l’impérialisme américain qui date de l’émergence des USA :
http://salam-akwaba.over-blog.com/article-pax-americana-43127512.html
http://salam-akwaba.over-blog.com/article-qui-peut-mettre-fin-a-l-imperialisme-americain–43836162.html
Cordialement
Enfin, la Russie s’est exprimé d’une manière claire sur le sujet d’un appel à la démission d’Assad dans une résolution du Conseil de Sécurite. C’est NIET, hors question!
http://interfax.ru/politics/news.asp?id=227935
Interfaks 27 janvier 2012 16:43 (traduction de la langue russe)
La Russie ne soutiendra pas une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU contenant un appel à la démission d’Assad.
Moscou 27 janvier. INTERFAKS – La Russie juge inacceptable l’appel dans le projet de résolution du Conseil de Sécurité, préparée par des états occidentaux et arabes, à la démission du Président actuel Bachar Assad, a déclaré le Vice-Ministre des Affaires Etrangères Russe Gennadiy Gatilov.
« Toute décision sur le règlement politique future en Syrie doit être prise par un procès politique sans implication des conditions préalables, mais l’appel à la démission d’Assad serait une condition préalable. Un tel appel en faveur d’une démission d’Assad de son poste dans une résolution quelconque du Conseil de Sécurité ne peut pas être soutenu de notre part » – a dit Gatilov à INTERFAX.
Le gouvernement syriens a dû peut-être lancer son offensive contre les rebelles armés avec l’accord de la partie russe et après la parution du rapport des observateurs de la ligue arabe. Ceci pour protéger le pays de toute tentative d’ingérence étrangère directe qui compromettrait sa sécurité et sa stabilité. De toute façon il était temps que l’armée intervienne parceque trop de mal a été fait et trop de gens vivent dans l’effroi et le désepoir. Le problème c’est qu’après le nettoyage, les rebelles continueront peut-être à s’armer et à provoquer des attentats et je ne sais quoi encore. Il faut donc accélérer les réformes, organiser très rapidement peut-être aussi des procès équtables pour juger les assassins impitoyables et ceux qui les ont soutenu volontairement (dans les 2 camps), augmenter les contrôles aux frontières et fouiller tout ce qui bouge (véhicules, individus, etc…) à l’intérieur du pays. Et aussi développer l’économie pour créer de l’emploi et de la richesse. Mais c’est vrai que se ne sera pas du tout facile.
C’est vrai que la Russie est un exemple de démocratie, pour vouloir aider une telle dictature… C’est vrai que bombarder des quartiers entiers est normal… Pour les Russes… Grozny… Etc… Qui se ressemble s’assemble…
Bravo, félicitation ! bien trouvé !
il vaut mieux être une démocratie et allé bombarder des pays comme l’Irak, l’Afghanistan,la Libye sous la bannière de délivrer les peuples des tyrans, ça passe mieux dans les cerveaux des gens bien pensants comme toi par exemple…
Je crois plus dans la démocratie que dans une dictature de plus de 20 ans avec parti unique et cie, dirigée par une minorité pour une minorité… Et la Russie est mal placée pour nous donner des leçons… Désolé on ne peut citer en exemple de tels pays… Jusqu’à preuve du contraire on peut encore s’exprimer ce qui n’est pas le cas en Syrie ou en Russie. Il y a des gens qui pensent mal… là-bas et qu’on fait taire…