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Dans le contexte difficile qu'on connait, le gouvernement syrien poursuit son calendrier de réformes : dimanche 12 février, la commission planchant sur le projet de nouvelle constitution a présenté le fruit de ses travaux à Bachar al-Assad. Ce texte prévoit explicitement la transformation de la vie politique du pays dans le sens de plus de libertés publiques et de pluralisme politique. Ce qui passe notamment par la modification de l'article 8 de l'actuelle constitution légitimant la suprématie du Parti Baas. La [...]



La nouvelle constitution est prête….

Par Louis Denghien,



Dans le contexte difficile qu’on connait, le gouvernement syrien poursuit son calendrier de réformes : dimanche 12 février, la commission planchant sur le projet de nouvelle constitution a présenté le fruit de ses travaux à Bachar al-Assad. Ce texte prévoit explicitement la transformation de la vie politique du pays dans le sens de plus de libertés publiques et de pluralisme politique. Ce qui passe notamment par la modification de l’article 8 de l’actuelle constitution légitimant la suprématie du Parti Baas.

La réforme, au milieu de la tempête

Une fois adopté par l’Assemblée du Peuple – le parlement syrien -, le projet sera soumis à référendum populaire début mars. L’actuelle offensive militaire en cours, notamment à Homs, peut s’expliquer par le désir de rendre possible les opérations  de vote dans un maximum de centres urbains. Le texte devra être promulgué deux ou trois mois après son adoption par référendum, et des élections législatives, avec la participation de nouveaux partis, pro-gouvernementaux ou d’opposition, seront organisées dans la foulée.

C’est le 16 octobre dernier que le président syrien avait promulgué un arrêté portant formation d’une commission nationale chargée de préparer un projet de constitution, ce dans un délai de quatre mois maximum. Et le 25 juillet, le parlement syrien avait adopté un projet de loi autorisant le multipartisme en Syrie et ayant vocation à « enrichir la vie politique syrienne » et même »permettre l’alternance« . Un multipartisme rompant avec celui en place au sein du Front national progressiste, coalition de six partis autour du Baas, formation  hégémonique. Le 4 août suivant, Bachar avait officiellement promulgué la nouvelle loi sur les partis. Depuis plusieurs nouvelles formations, dirigées par de vrais opposants à Hafez ou Bachar al-Assad, ont vu le jour (voir notamment nos articles « Création du premier des nouveaux partis« , et « L’opposition légale continue de se structurer« , mis en ligne le 16 août et le 14 septembre). Certes les partis autonomistes et surtout les partis religieux, au premier rang desquels les Frères musulmans, ont été exclus du champ de la nouvelle loi. Mais les Frères musulmans veulent une révolution intégrale, et s’appuient pour ce faire sur l’étranger.

Le 12 novembre ont eu lieu des élections municipales et locales avec la participation de ces nouveaux partis, dont nous ne connaissons pas les résultats dans le détail, mais qui ont été ouvertes à plusieurs dizaines de milliers de nouveaux électeurs, Kurdes de Syrie naturalisés pour une grande part.

Bref, Bachar réforme, comme le réclame sur tous les tons l’Occident et comme devraient le faire les monarchies arabes. Il faut bien sûr que ces lois débouchent sur des réalités politiques et sociales. Mais ce qui s’est dit, ce qui a été signé à la tête de l’Etat syrien est de toute façon historique, sans précédent, et ne peut se comparer qu’aux changements intervenus au début des années 90 du côté de l’URSS. C’est une révolution culturelle autant que politique que s’efforce de conduire Bachar al-Assad, sans sacrifier l’essentiel, qui est la souveraineté, l’unité et la laïcité qui constituent l’identité syrienne. Une voie difficile, étroite, semée d’embûches par les nombreux et puissants ennemis de la Syrie indépendante et résistante : les Américains et les Qataro-séoudiens se moquent bien des droits de l’homme syrien, de la démocratie syrienne : ils veulent juste soumettre et affaiblir un pays trop proche de l’Iran et pas assez proche d’Israël. Aucune constitution syrienne ne sera bonne pour eux tant qu’elle ne légitimera pas la domination d’un gouvernement plus ou moins  islamiste occidentalo-compatible.

De toute façon, le bon déroulement de cette perestroïka à la syrienne suppose, évidemment, qu’un niveau minimum de sécurité et d’ordre soit d’ici là rétabli dans tout le pays.



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15 commentaires à “La nouvelle constitution est prête….”

  1. Aghiles Zitouni dit :

    Pour obama, sarkozy , cameron et leurs maîtres sionistes ces réformes sont toujours insuffisantes. Alors que dans le même temps on célèbre la « sagesse » de M6 au Maroc pour ses réformettes constitutionnelles, qui ne servent qu’à induber et à atténuer le vrai ras-le-bol du peuple marocain contre cet hérétique. Pourquoi cette différence ? Cela parce que les réformes que veut le parti du diable n’ont rien à voir avec la liberté ou le pluralisme politique. Ce qu’ils veulent c’est la soumission, c’est la logique de la force qui prime, le reliquat c’est du vent. Les puissances veulent obliger la Syrie à reconnaître Israël et à cesser son soutien à la réfraction du Hezbollah et du Hamas. Surtout il faut rompre ses liens avec l’Iran l’obsession israélienne par excellence. Et rappelez vous le double langage du pseudo gauliste juppé en juillet dernier, qui saluait l’éclosion du pluralisme politique qu’il considerait comme un progrès symbolique en matiere de paix et qui se rétracte le lendemain en qualifiant cette concession d’insultante face aux actes d’oppressions oniriques du regime el assad.il avait raté une occasion d’être censé quand il le voulait.

    La Syrie est un pays qui joue un rôle-clé, dans des dossiers cruciaux de la région, en Irak, en Palestine, au Liban, en Jordanie, et même, en Turquie. Il ne sera pas facile de la faire tomber, même pour les plus brillants stratèges israélo-US.

    • pop dit :

      D’ailleurs après la soumission de la Syrie (ce qui ne va certainement pas arriver), les illuminati passeront à l’offensive sur l’Iran!

      En fait l’Iran et la Syrie constituent les dernières obstacles au nouvel ordre mondial (NOVUS ORDO SECLORUM) après ils pourront assujettir facilement la Russie et la Chine par des blocus économiques d’où l’hostilité de ces deux pays!

  2. pop dit :

    Le seul problème reproché à la Syrie est bien sa proximité avec l’Iran et son refus de signer un traité de pays avec Israel!

    Nous soutenons fermement les alliances militaires de la Syrie, sa politique anti-sioniste.

    Nous soutenons les reformes du président Assad!

  3. Souriya ya habibati dit :

    Allah Souriya Bachar wbass.

  4. Gallus dit :

    Je ne suis pas sûr qu’à terme il soit raisonnable d’interdire les partis ethniques, ni religieux. Je dis bien à terme, car je comprends bien que dans la situation actuelle, ce soit impossible. Il me semble qu’il faudrait pour ce type de courant une représentation d’un type différent, dans lequel la loi du nombre serait modérée, afin d’éviter la dictature de la majorité sur les minorités, type chambre fédérale. En effet, on ne peut durablement priver un courant de pensée de représentation.

    • NO PASARAN dit :

      Au contraire, il faut penser à long terme et cadenasser les choses par la Constitution. Regardez, par exemple, en Belgique, ça fait plus de 25 ans (et encore avant, même) qu’on est dans un processus où rien n’est fini et déterminé : plus de véritable unité nationale, mais pas de véritable séparation pour le moment. On a vu ce que ça donnait : plus de 3 ans sans gouvernement !!! Et tout ça, pour que, à terme, à l’avenir, il y ait une séparation. La question est juste de savoir quand ??? C’est le problème quand on laisse une petite brèche. Je comprend votre raisonement, mais, personnellement, à l’analyse, je préfère ne pas répéter ce genre d’erreur et être ferme dès le départ…

      Normalement, la politique, c’est fait pour défendre des options de vie en commun pratique (économique, enseignement, santé, politique extérieure, etc.) : alors, pourquoi permettre des partis sur une base religieuse ??? (En Europe, on est partis d’un phénomène inverse : historiquement, je vais encore parler de la Belgique puisque c’est ce que je connais le mieux, désolée, il y avait des partis chrétiens. Peu à peu, ceux-ci se sont un peu déconfessionalisés et défendent des options politiques non directement liées à la religion (même s’ils gardent leurs valeurs de base) Personnelement, je ne trouve ça pas très sain ni très positif d’avoir des guerres politico-religieuses comme nous en avons vécu dans l’après-guerre lorsque l’on excommuniait les parents qui ne mettaient pas leurs enfants dans une école catholique.) C’est le même genre de chose qui risque d’arriver si on autorise les partis sur base religieuse, c’est un grand risque pour la laïcité, surtout ici. On peut très bien respecter la religion et les minorités ethniques sans forcément passer par l’autorisation de partis sur cette base. Je préfère le pragmatisme…

  5. Marie-Christine dit :

    Pas d’accord avec vous Gallus. Cela dépend de l’option que l’on choisit. Si l’on choisit l’option laïque et citoyenne, il n’y a pas de place pour des partis religieux et ethniques en tant que tels. Les sensibilités de chacun dans la vie politique devraient se retrouver ailleurs, ou du moins on doit y travailler.

    • Gallus dit :

      Vous avez parfaitement le droit de ne pas partager mon avis. Cependant, le présupposé jacobin n’est pas sans danger. En effet, rester totalement aveugle à une diversité et refuser toute représentation à une minorité expose un régime à l’instabilité et à la frustration. L’Afrique est secouée aujourd’hui par des conflits sanglants causés par la dictature des majorités ethniques sur les minorités. Encore faut-il que cette représentation soit compatible avec le fonctionnement de l’état.

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